VIDÉO env. 18′ – Bucoliques.
1967 : La sagesse des bergers érudits | INA.
Nous n’ajouterons rien à notre titre. La Crau mistralienne évoquée ici a bel et bien existé. Et les bergers érudits aussi. Simplement : l’on peut ne pas croire à l’irréversibilité apparente des évolutions du monde. Sinon dans leurs formes qui, en effet, ne se reproduisent jamais à l’identique, du moins dans leur substance, il n’est pas interdit de penser que les constituants essentiels de la vie sociale et personnelle se reconstituent toujours. Ainsi, l’on peut croire ou ne pas croire en la sagesse supérieure d’Horace : « Multa renascentur, quae jam cecidere, cadentque quae nunc sunt in honore ». [Bien des choses renaîtront qui sont déjà tombées et tomberont qui sont maintenant en honneur]. Y croire peut aussi bien n’être qu’une espérance. Ou un fait d’expérience observé en Histoire. Au choix !
Bibliothèque de poche | ORTF | 08/02/1967 Michel Polac est parti à la rencontre des bergers pour discuter de leurs lectures. Un berger de Haute-Provence, 65 ans, lui confie d’abord qu’il ne lit pas. Un jeune berger de Camargue dit être entré dans la lecture essentiellement par les poètes : avec Rimbaud qui lui a permit de sortir de sa période de crise à 18 ans, et surtout avec René Char, qu’il a lu intégralement et qu’il juge essentiel pour lui. André, le maître berger du précédent est dans le métier depuis son enfance en 1914. Il aime surtout les livres qui disent la réalité du monde. Un jeune berger de 25 ans dit avoir assez de temps pour lire. Il a lu Jean Paul Sartre pour ses opinions qui semblent correspondre à son idéal et Jean Giono qu’il a bien aimé pour ses descriptions de la vie pastorale, mais un peu trop lyrique à son goût. Il lit aussi des ouvrages sur les fourmis de Maeterlinck. Enfin, Jean Noé, berger philosophe dans la Crau dit s’intéresser à ce qui peut le « mettre sur la voie ».
Merci à Marc VERGIER !
Rien d’irréversible, sans doute ; on peut l’espérer et même le croire.
Tout en songeant que cette année 1967 – qui fut celle de mes vingt ans – n’était que la veille du funeste 1968.
Notre France avait accumulé tant et tant de vigueur et d’intelligence que le capital n’est pas encore tout à fait consommé.