Nombre de pages : 80
Prix : 13 € (frais de port inclus)
Ce texte remarquable parut en 1916, en pleine Première guerre mondiale. Les Français, subissant les tranchées et son lot d’horreurs, avaient besoin d’une figure à même de les rassurer, de les galvaniser, autant que de les rassembler.
« Il n’y a pas un Français, quelle que soit son opinion religieuse, politique ou philosophique, dont Jeanne d’Arc ne satisfasse les vénérations profondes. Chacun de nous peut personnifier en elle son idéal. Etes-vous catholique ? C’est une martyre et une sainte, que l’Eglise vient de mettre sur les autels. Etes-vous royaliste ? C’est l’héroïne qui a fait consacrer le fils de Saint Louis par le sacrement gallican de Reims. Rejetez-vous le surnaturel ? Jamais personne ne fut aussi réaliste que cette mystique ; elle est pratique, frondeuse et goguenarde, comme le soldat de toutes nos épopées… Pour les républicains, c’est l’enfant du peuple qui dépasse en magnanimité toutes les grandeurs établies. […] Enfin les socialistes ne peuvent oublier qu’elle disait : « J’ai été envoyée pour la consolation des pauvres et des malheureux. « Ainsi tous les partis peuvent réclamer Jeanne d’Arc. Mais elle les dépasse tous. Nul ne peut la confisquer. C’est autour de sa bannière que peut s’accomplir aujourd’hui, comme il y a cinq siècles, le miracle de la réconciliation nationale. »
Maurice Barrès, le 14 avril 1920
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Maurice Barrés que ses détracteurs appelaient « le littérateur du territoire » ! Bonne occasion pour se souvenir de son fils Philippe, grièvement blessé en 1914-18, ami du fils de Jaurès (Louis Paul) mort pour la France à 20 ans en 1918, mais aussi de penser au petit fils de Barrés, Claude, Engagé à l’âge de 17 ans, en 1943, il s’engage dans les Forces françaises libres où il sert comme parachutiste et intègre le SAS durant la Seconde Guerre mondiale. Puis il prend part à la guerre d’Indochine au sein de l’État-major opérationnel (EMO) des forces spéciales aéroportées, en Corée et enfin en Algérie (9e RCP). Le capitaine Claude Barrès est tué en donnant l’assaut, le 26 mai 1959, au Djebel Harraba, sur la frontière tunisienne. Son oraison funèbre à Charmes est prononcée par le Maréchal Koenig.
je retrouve dans Turquetto, ces pages de Léon Blum sur Barrés:
Léon Blum, « Le vrai monument de Maurice Barrès », Le Populaire, 25 septembre 1928 :
« Je ne parlerai jamais de Barrès sans émotion. Je l’ai connu à vingt ans, quand il en avait trente. Il était un jeune homme glorieux et déjà magistral, le prince nonchalant et dédaigneux de ma génération comme de la sienne. Je l’admirais sans doute alors plus qu’aujourd’hui, mais je reste aussi touché qu’en ce temps-là de sa grâce si fière, de son charme câlin et un peu rude, de ce ton d’égalité autoritaire qu’il savait introduire dans l’amitié. L’affaire Dreyfus nous sépara brutalement, mais l’affection avait été assez vive (de part et d’autre, je le crois) pour que nous en ayons gardé plus que le souvenir. Nous en sentions en nous la racine encore intacte, et quand le hasard nous réunissait dans un couloir de la Chambre, ce n’était pas sans une sorte d’attendrissement. « Comment oublier, me disait-il un jour, que vous avez aimé ma jeunesse et qu’elle vous le rendait bien ? » Je ne l’avais pas oublié plus que lui, et je me souvenais aussi que c’est moi qui l’avais reçu devant le lit funèbre de Jaurès et qu’il m’avait dit : « Votre deuil est aussi le mien. » Cela avec des larmes dans les yeux, de vraies larmes qui effaçaient bien des choses.
J’évoque ces souvenirs, par un mouvement d’expansion naturelle dont la cérémonie de Sion-Vaudemont me fournit l’occasion, et aussi pour bien montrer que devant le nom de Barrès je ne suis ni critique hostile ni même spectateur impartial : sa mémoire m’est restée chère comme sa personne. »