Tous ceux qui adhèrent et militent à la seule école de pensée de la Tradition qui tienne – le courant maurrassien, l’école d’Action Française – se rendent-ils compte que leur héritage procède de tels hommes, de tels maîtres, eux-mêmes héritiers et créateurs à leur tour, selon la dialectique du maître et des disciples, qui se renouvelle continument au fil des générations ?
Il faut écouter ici la pensée jaillissante de Boutang, quasi spontanée, avec ses circonvolutions, ses correctifs, ses retours en arrière, ses remises en cause, toujours orientés vers l’unique souci de la plus parfaite vérité.
Il s’agit ici d’un retour sur la période historique qui s’étend de la grande dépression de 1929 à la guerre d’Espagne, et, pour lui, de son enfance, son adolescence, sa toute première jeunesse. Comment a-t-il vécu ces événements, qu’en a-t-il pensé, qu’a-t-il fait ?
Il faut écouter, comprendre, faire son miel de ces réflexions d’une extrême richesse.
Cet entretien avec Pierre Boutang fait partie d’une série à nos yeux extrêmement précieuse. Nous y reviendrons.
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Pourquoi affirmer que l’AF est « la seule école de pensée de la Tradition « qui tienne ?
Cette affirmation est inexacte et susceptible de nous aliéner pas mal de sympathie…
Tout compte fait, Michel Michel a raison. L’affirmation qu’il critique est inutile.
Expliquez moi , SVP, pourquoi affirmer que « l’AF est la seule école de pensée de la Tradition » est inutile ?
Est ce parce que c’est une évidence , une tautologie, et qu’enfoncer le clou ne sert à rien ? Ou est ce parce qu’il y a d’autres voies intellectuelles vers la « tradition », tout aussi efficaces ou valables.
Et d’abord, comment définir la « Tradition ».
Certes, le sous titre du site annonce la couleur : « la Tradition pour un Français qui se définit comme tel, c’est la Monarchie ». C’est clair, mais qui , mieux que Maurras et son école, ont su expliquer celà ?. Bonald et son sociologisme scientifique et son structuralisme linguistique, Joseph de Maistre encore plus radical et théocratique ? Ne parlons pas du « pestiféré » Gobineau pour qui la Tradition repose sur la transmission génétique de la race.
Mais la « Tradition » française pour d’autres peut être différente, et d’abord le Catholicisme depuis la conversion de Clovis mais avec son avatar « les Droits de l’Homme » ( sans Dieu) produit de la Révolution Française, et donc ces DDH et le jacobinisme qui l’accompagnait seraient alors dans la « Tradition » de notre Histoire, la « Terreur » n’étant qu’une suite logique de la saint Barthelemy. C’est la thése de Tocqueville qui croit au sens de l’Histoire et à l’égalité inéluctable, la Révolution n’étant qu’un incident violent dans une continuité vers la démocratie.
Autre possibilté: la « Tradition française » , serait un assemblage heteroclite et artificielle de sociétés diverses par l’action millénaire des Rois et le grand remplacement actuel mélangeant les ethnies ne serait que la suite des invasions romaine, germaine ( Wizigoths, Francs !) , scandinave ( Normands, Wikings) , arabe ( les Maures à La Garde Freinet). Alors la Tradition française voudrait que la France ne soit que le réceptacle ultime de la péninsule du Continent asiatique, qu’est l’Europe, d’où les écolos immigrationnistes actuels.
Ou encore, pour Emmanuel Todd dans la « diversité du Monde » , « la tradition » c’est un ensemble de structures familiales fondées sur le mariage ‘( par exemple, endogamie), et un mode de transmission du patrimoine , mais là encore, cela n’est pas homogéne en France ou plutôt a été « homogénéisé », comme la langue, par les Rois puis par la Révolution jacobine.
J’arrête là les différentes possibilités de définition de la « Tradition », sans parler du mode de désignation du » Monarque » , par élection, par hérédité, par filiation ( orléaniste et légitimiste) , par conquête et même par constitution puisque la trouvaille de la 5ème serait un » Monarque » redesigné tous les 7 ans puis tous les 5, et pourquoi pas tous les 8 jours tant qu’on y est , avec le « trop plein » inéluctable des candidats de Droite, de gauche ou de nulle part.
Il me semble qu’il y a dans ce débat une ambiguïté, aussi bien chez ceux qui justifient le terme de « seule école de pensée de la Tradition qui tienne » que ceux qui le rejettent. En effet, il y a une confusion entre la tradition et le discours sur la tradition. Pierre Barisain Monrose montre combien de discours différents sont tissés autour de la tradition française, et il a raison, d’ailleurs ces discours contradictoires s’entrecroisent à l’intérieur même de l’Action Française. Remarquons d’ailleurs que Michel Michel met une majuscule à tradition, ce qui en change le sens, car, avec cette majuscule, le mot désigne l’enseignement de l’Église catholique à travers les siècles, d’où sans doute sa défiance.
Cependant la tradition n’est pas un discours, mais une habitude vénérable à raison de sa répétition. Elle n’a besoin ni de cohérence ni de logique, ni même de mémoire, car elle est à la fois souvenance et oubli. Sa confirmation ou sa critique, ne résultent que d’une chose, le succès ou l’échec. Dès lors le discours pour la justifier est secondaire à partir du moment où la démarche traditionnelle est acceptée. Par conséquent il est futile de s’en attribuer le monopole ou de le réserver pour une école unique.
» La Tradition. C’est « ce qui a été cru par tous, toujours et partout » selon l’adage de Saint Vincent de Lérins ; non seulement dans l’Eglise catholique mais dans toutes les traditions, dans les sociétés dites « primitives », chez Platon ou chez Karl-Gustave Jung. Son noyau métaphysique ? Les hommes ne sont pas leur propre origine ni leur propre fin ; ils sont finis et mortels. mais un autre monde (ou plusieurs) double le monde dans lequel nous vivons ; un autre plan plus « réel » que le notre et avec lequel il entre en relation. La tradition ne se manifeste pas seulement dans ces considérations métaphysiques mais dans les mythes et symboles qui traduisent dans les différentes cultures cette métaphysique.
Nous avons notre tradition en France qui se manifeste dans notre Histoire, et nous donne une « constitution » (au sens maistrien du terme) qui nous est propre..
Enfin, l’AF a su fédérer les forces susceptibles de s’opposer à ce qui subvertit notre pays (Régionalisme, nationalisme, fédéralisme, anarcho-syndicalisme, corporatisme, etc.) et montrer leur compatibilité avec le courant contre-révolutionnaire. Cette synthèse, nous devons la refaire à chaque génération, c’est pourquoi, bien loin de prétendre à « exclusivité » d’une pensée traditionnelle, l’AF doit rechercher l’intégration ou l’alliance avec tous les courants traditionnels qui peuvent s’opposer à la décadence de la France.
« Notre force est d’avoir raison », certes, mais cette raison doit nous conduire à une grande ouverture envers tout ceux qui disent des choses vraies.
« L’ouverture envers tous ceux qui disent des choses vraies » doit elle aller jusqu’à assister à la « fête de l’Huma », avec sa nouvelle épouse, comme je l’ai noté avec surprise , du prétendant au Trône de France que j’avais croisé, lieutenant en uniforme, avenue de Richelieu à Constantine en 1959 . Faut-il rappeler que le Parti communiste pactisa et soutint le FLN qui d’ailleurs ne lui en témoigna aucune reconnaissance car il y a incompatibilité entre Marxisme et l’Islam.
« Quand on mange avec le Diable, il faut une longue cuillére. »