PAR MATHIEU BOCK-CÔTÉ.
Cette tribune est parue dans Le Figaro de ce samedi 28 août. Elle coïncide avec l’installation de son auteur en France, ses premières interventions sur C News, et ses participations à venir sur Europe 1 dont Dimitri Pavlenko dirige désormais les matinales. Manifestement, dans la galaxie Bolloré un dispositif se met en place. Il promet d’être remarquablement efficace. À cette chronique, nous n’ajouterons rien sauf qu’elle nous paraît importante et juste.
Une grande étude de France Stratégie, portant sur la proportion de la population d’origine extra-européenne en France, montre que dans certains quartiers et certaines villes, elle est très clairement majoritaire.
Ils se disent étonnés, surpris, bouleversés, ébaubis. Qui? Tous ceux qui font semblant de découvrir la grande mutation démographique dans laquelle la France s’est engagée depuis des décennies. Vraiment? Pourquoi personne ne leur avait rien dit? Ils veulent bien le croire, désormais, suite à la révélation par Causeur d’une grande étude à partir des données de l’Insee de France Stratégie, un organisme de prospective rattaché au premier ministre et réalisée en 2020, portant sur la proportion de la population d’origine extra-européenne en France. Dans certains quartiers et certaines villes, elle est très clairement majoritaire. Et le phénomène dépasse largement, désormais, la Seine-Saint-Denis. Des villes, comme Rennes et Limoges et bien d’autres, sont concernées par cette mutation démographique. Le parti médiatique est désemparé.
Auparavant, il voulait voir dans l’immigration massive un fantasme et ceux qui osaient le contredire d’une manière ou d’une autre étaient accusés de basculer dans le complotisme nauséabond et de relayer une théorie conspirationniste. Ils risquaient l’extrême-droitisation, le bannissement civique. Ils devenaient les parias et les maudits d’une classe politico-médiatique fonctionnant au déni sur ce sujet.
Une forme de sécession
Aujourd’hui, les «dénieurs» prennent acte de cette mutation mais la jugent lumineuse en répétant que «la diversité est une chance pour la France». Ils accusent évidemment ceux qui s’en inquiètent de vivre dans le passé, de cultiver la nostalgie, d’appartenir au monde d’hier, et de sentir la poussière. Fier rallié à la diversité en marche, c’est avec des trémolos dans la voix que Jean-Luc Mélenchon parlait il y a quelque temps de la créolisation de la France.
Certes, cette grande mutation cause quelques soucis chez ceux qui habitent encore, au moins à temps partiel, le monde réel. François Hollande n’avait-il pas déjà osé parler d’une situation objective de «partition» ethnique? La formule est confirmée par les faits et l’étude de France Stratégie parle pudiquement quant à elle de ségrégation résidentielle. Les prénoms d’origine étrangère qui deviennent la norme dans certains quartiers ne témoignent-ils pas d’une forme de sécession, les codes culturels du pays d’origine s’imposant même au-delà d’une génération? La transformation des territoires perdus de la République en zones perdues de l’identité française n’est-elle pas au cœur de l’actualité depuis des années? Un islam conquérant n’est-il pas en train d’imposer ses mœurs dans un nombre croissant de quartiers ?
Tout n’est donc pas rose. Mais s’il s’agit de reconnaître quelques ratés à cette mutation, pourquoi ne pas en faire porter la responsabilité à la population historique française ? Tel est le pari des élites diversitaires qui l’accuseront donc de manquer d’enthousiasme pour la «mixité sociale». Elles insistent: les vrais coupables ne seraient-ils pas ces Français qui goûtent bien peu l’exil culturel dans certains quartiers de leur propre pays et font ce qu’ils peuvent pour continuer de vivre encore dans une France ressemblant culturellement à ce qu’on appelait traditionnellement la France? Parce qu’ils fuient les quartiers démographiquement modifiés, ne sont-ils pas les premiers responsables de cette France morcelée? Ceux qu’on appelait hier les « Français de souche » sont les vrais séparatistes, osent-ils affirmer.
Patrie de rechange
Évidemment, le parti du «circulez, y a rien à voir» ne désarme pas. Les démographes lyssenkistes répètent que le pourcentage d’étrangers en France ne varie pas, en oubliant de préciser qu’il n’en est ainsi qu’en raison du nombre très élevé de naturalisations et à la législation sur le droit du sol.
Le droit devient étranger aux mœurs, au point même de se définir contre elles et de les assimiler à un système discriminatoire à déconstruire. Beaucoup parleront lyriquement de la France d’aujourd’hui, à laquelle il faudrait s’adapter. Le peuple français historique, lui, devient finalement une composante parmi d’autres de cette nouvelle France. Le fait est là: bien des Français se sentent désormais étrangers là où ils vivent, en leur propre pays, le seul qu’ils aient, car ils n’ont pas de patrie de rechange. Ils s’inquiètent: seront-ils un jour un résidu historique, puisqu’on leur promet un destin de moignon démographique ?
L’assimilation des immigrés est possible seulement si le peuple historique d’un pays impose encore sans ambiguïté sa culture de référence. Il n’en est plus ainsi. Un pays ne saurait être indifférent à la population qui le compose. Et devenir minoritaire chez soi est un drame pour n’importe quel peuple. ■
Mathieu Bock-Côté
Mathieu Bock-Côté est docteur en sociologie, chargé de cours aux HEC à Montréal et chroniqueur au Journal de Montréal et à Radio-Canada. Ses travaux portent principalement sur le multiculturalisme, les mutations de la démocratie contemporaine et la question nationale québécoise. Il est l’auteur d’Exercices politiques (éd. VLB, 2013), de Fin de cycle: aux origines du malaise politique québécois (éd. Boréal, 2012) et de La dénationalisation tranquille (éd. Boréal, 2007). Ses derniers livres : Le multiculturalisme comme religion politique, aux éditions du Cerf [2016] – le Le Nouveau Régime (Boréal, 2017) – Et La Révolution racialiste et autres virus idéologiques, Presses de la Cité, avril 2021, 240 p., 20 €.
Sélection photos © JSF
« Etre colonisé, c’est d’abord être colonisable. »
Quand les élites trahissent leur mission, quand le peuple est atteint de SIDA mental, il n’y a plus qu’à espérer en un miracle: une femme peut être, comme Sainte Geneviève face à Attila ( juin 451) ou Sainte Jeanne d’Arc ( juin 1429) face aux Anglais, donc à mille ans de distance entre elles.
« Les voies de Dieu sont impénétrables…. Dieu leur a donné un esprit de torpeur, des yeux pour ne pas voir et des oreilles pour ne pas entendre, jusqu’à aujourd’hui. »
Comme la vie est lente
Et comme l’Espérance est violente. (Guillaume Apollinaire ).
Il est un fait objectif que le « grand remplacement » fut réalisé aux Amériques, au Quebec et Canada aussi, par les européens. Il est un fait que le multiculturalisme est une réalité européenne depuis la Grèce antique. Il est un fait que les immigrants prennent le travail et la place sociale en France avec le cas par exemple d’un immigré tel que Mathieu Bock-Côté lequel immigre chez nous pour prendre la place d’un français dans CNews et Europe 1, le Figaro etc… il y a un manque de cohérence chez MBC ou alors il a de la chance parce qu’il est blanc et catholique…Pourquoi les étrangers, les immigres, québécois ou autres ont-ils a juger notre pays? Laissons la France aux français de souche non aux étrangers qui immigrent chez nous. Le Quebec devrait garder leurs citoyens chez eux parce que les québécois ne sont pas des damnés de la terre dans l’obligation de tout quitter pour vivre en sécurité et mieux dans d’autres pays. L’immigration des américains francophones n’est pas différente de celle des autres pays arabes ou autres. La pensée de l’immigrant américain tel que MBC devrait servir son pays parce que sa problématique n’est pas française, elle est américaine. Tout ceci est bien démagogique sinon plus. Merci.
« Il est un fait que le multiculturalisme est une réalité européenne depuis la Grèce antique », dites-vous. Où avez-vous trouvé cela? Bien au contraire les cités grecques, qu’elles fussent aristocratiques, tyranniques ou démocratiques, étaient fondées sur une stricte discrimination entre les citoyens et les métèques, lesquels n’avaient aucun droit civique et pouvaient être expulsés sur une simple décision des autorités. Pour le reste, vos efforts ironiques tombent à plat. Vous relevez que » le « grand remplacement » fut réalisé aux Amériques, au Quebec et Canada aussi, par les européens. » Croyez-vous que nous l’ignorions? Il y a 25 ans, Le Pen répondait à un journaliste qui lui faisait la même observation que, justement, il était là pour défendre les autochtones, « le chef des indiens » en quelque sorte. Et vous ironisez encore sur les « immigrés québécois », feignant de ne pas apercevoir qu’un québécois « blanc et catholique » était précisément l’exemple parfait d’un français de souche. La prochaine fois, essayez d’être un peu plus percutant que cela si vous espérez nous mettre en contradiction.
Pour ce qui est de Mathieu-Bock-Côté , il n’est pas seulement « blanc et catholique » ; cela ne suffirait pas pour rencontrer du succès ( ce serait trop facile ) : il a aussi des idées , une culture , des talents d’analyse et d’expression ; sans même parler du doctorat .
@Antiquus
« Où avez-vous trouvé cela? » je comprends que vous n’en savez rien mais voyez le colonialisme grec antique et par extension l’Empire romain. Les textes nous le démontrent. Chez les grecs on avait la même langue mais pas les memes origines ainsi voyez les textes grecs anciens ou la Constitution d’Athènes. Plus tard le fondateur de l’église catholique était d’origine berbère etc…oui, je sais le « français de souche » ne peut être asiatique, africain, etc…cela pose un problème pour les fondateurs de la France d’un point de vue politique et culturel voire ethnique. Je ne cherche pas a « être percutant » seulement objectif. MBC passe devant les memes obligations qu’un immigré notd africain s’il desire travailler en France et y vivre. Il est donc un immigre comme un autre du point de vue administratif. Cela ne s’invente pas.
@Richard
Je possède trois doctorats mais cela ne fait pas un génie seulement un étudiant d’Université en fin de cursus. Le succès de MBC n’est connu et re-connu que par les forces conservatrices, de Droite et d’Extreme-Droite. C’est très peu vraiment.. il n’est pas un succès de librairie non plus si vous connaissiez ses statistiques de vente de ses livres. On l’invite par ironie mais sans le prendre au sérieux. D’ailleurs on se demande comment cela se fait-il que ses articles fermes pour abonnes se retrouvent sur ce site systématiquement. J’attends la réponse de quelques amis du Figaro a ce sujet. Cela fera l’objet d’un article dans un journal connu, tres connu, bientôt. Il reste que je suis content que la France ait besoin d’immigres pour tenter de retrouver sa grandeur perdue. Merci.
Désolé, mais dans votre premier commentaire, vous avez parlé des anciens grecs comme d’une société animée par le multiculturalisme. C’est à cela que je répondais, et que je mets en doute: les Grecs étaient tout le contraire d’une société multiculturelle, puisque le « barbare », c’est celui qui parle mal le grec, ou qui le parle avec un vilain accent. Les peuples non-grecs n’ont pas accès aux jeux olympiques, les cités ne sont pas ouvertes aux étrangers non-grecs, sauf à leur accorder un statut précaire et coûteux. Et vous savez que j’ai raison, puisque dans votre défense, vous ne parlez plus de multiculturalisme, mais cherchez ailleurs un terrain plus solide. Alors vous me parlez du colonialisme grec, qui n’était pas davantage multiculturel, et vous glissez « par extension » pour parler des Romains, qui ne l’étaient pas non plus. Et finalement, vous passez de cette thèse à une autre, en disant que « Chez les grecs (sic) on avait la même langue mais pas les mêmes origines « . Le but de votre exposé est toujours de prouver que nous renierions notre héritage spirituel en maintenant des barrières avec les autres peuples. Il faut que vous trouviez d’autres exemples que les Grecs anciens pour étayer votre raisonnement, car jusqu’au bout la constitution d’Athènes maintint la discrimination entre les Athéniens de filiation et les métèques. Quant à la fondation de l’Eglise catholique, je vois mal le rapport avec votre sujet.
Dommage car ce matin je vous avais mis une réponse avec références mais vous ne la publiez pas. C’est souvent, très souvent voire systématique, cette impossibilité du tenir un commentaire dans les sites d’Extreme-Droites ou autres de même nature. L’expérience est éloquente et c’est ainsi que vous faites en sorte que l’idéologie conservatrice ou royaliste n’ont guère d’affinité avec la liberté d’expression. On a l’impression que vous avez peur; que vois cachez…MBC réagit dans la même guise d’être que vous. Cela parle. Vous pouvez détruire cette réponse. Cependant, je vous souhaite le meilleur pour vos activités et existence. Cordialement. Merci.
Cela ne parle pas du tout. Nous n’avons aucun commentaire en attente de validation et n’en avons rejeté aucun. Voyez de votre côté. (Technique et méthode).