Les Lundis.
Par Louis-Joseph Delanglade*.
Vient donc de s’ouvrir le procès des attentats du 13 novembre 2015. 130 morts et 400 blessés !
Ils sont vingt accusés, présents ou absents, certains même présumés morts, la plupart des « belgo-marocains » (l’immigration est une chance, paraît-il ; en tout cas, pour l’islamo-terrorisme, cela est évident). On a bien compris que Salah Abdeslam, dans le rôle principal du fait qu’il serait le seul survivant des commandos terroristes (ce qui lui confère l’auréole d’une gloire certaine aux yeux des dizaines ou des centaines d’apprentis-jihadistes qui sommeillent dans nos banlieues), Salah Abdeslam n’est sans doute qu’un second couteau un peu minable.
Les parents d’Anna et Marion, deux jeunes femmes assassinées par les terroristes ce soir du 13 novembre 2015*, confient à la presse qu’ils n’assisteront pas au procès parce qu’ils n’en attendent rien. Ils ne sont pas tendres pour l’Etat trop souvent impuissant face à ceux qui ont décidé de faire parler les kalachnikovs et pour certains politiques qui les ont ignorés et dont ils ont senti le mépris, notamment M. Cazeneuve et Mme Taubira, alors ministres de l’Intérieur et de la Justice. Il est vrai que ces deux-là, au gouvernement entre l’attaque de Charlie Hebdo de janvier 2015 et les attentats de novembre, ont leur (grande) part de responsabilité dans l’insuffisance évidente de la lutte contre le terrorisme, sans doute à cause des œillères idéologiques du « pas d’amalgame » et du « vivre ensemble ».
En fait, il y a au moins deux écoles, deux réponses aux actes terroristes qui, de façon récurrente, frappent les pays dits « occidentaux ». A la suite du 11 septembre 2001, les Etats-Unis ont utilisé, pour s’affranchir à titre exceptionnel de leur propre système judiciaire fédéral, le statut d’extraterritorialité de la base de Guantanamo, base où croupissent toujours, dans l’attente d’un improbable procès, les cinq hommes accusés d’avoir planifié l’attaque contre New-York. Ils ont aussi traqué Ben Laden, chef du réseau terroriste Al-Qaïda et responsable des attentats du 11 septembre 2001, pendant dix ans avant d’avoir sa peau, sans autre forme de procès. Méthodes de cow-boys pense-t-on ici. La France, victime régulière et semble-t-il privilégiée de l’islamo-terrorisme, a certes pris des mesures d’ordre sécuritaire ; elle a surtout choisi de privilégier la réponse judiciaire, jugée plus convenable pour un Etat de droit et pour le pays des Lumières
Pour un peu, on devrait remercier les accusés de terrorisme qui nous permettent de manifester notre sagesse et d’en illuminer le reste de la planète. Mais à quel prix ? Les chiffres sont là. Une instruction qui aura duré plus de cinq ans pour un dossier de 542 tomes et un million de pages ! Neuf mois d’audience, 330 avocats, 1800 parties civiles, une salle aménagée spécialement dans le Palais de justice, d’exceptionnelles mesures de sécurité, etc. Un vrai délire pour en arriver à la conclusion que tous les prévenus, forcément coupables d’avoir participé, ou prêté la main, à un acte de guerre (revendiqué comme tel) contre la France, méritent la plus extrême sévérité – ce qu’un tribunal d’exception (paraît-il inconstitutionnel) aurait eu tôt fait de décider. Que de temps perdu, que de dépenses, que de gens (im-)mobilisés !
Cette « justice » à la française se veut la « réponse démocratique » au terrorisme. On peut se demander quel est l’intérêt, autre qu’idéologique, de « montrer qu’il est possible de juger démocratiquement le terrorisme » (Le Monde, 8 septembre). Nombrilisme démocratique, nombrilisme judiciaire : dormez en paix, ou plutôt mourez en paix, braves gens, on vous protège mal, mais la Justice fonctionne bien. On le dira aux parents d’Anna et Marion. ■
*Attentats du Bataclan. l’espérance qui nous fait vivre (Artège)
** Agrégé de Lettres Modernes.
Retrouvez les Lundis précédents de Louis-Joseph Delanglade.
© JSF – Peut être repris à condition de citer la source.
Excellent angle d’attaque sur ce sujet d’actualité.
Tout le monde brame sur l’encombrement des tribunaux, la charge de travail des magistrats et tout le tremblement. Mais, comme il est très bien exposé dans l’article, ce procès Moloch va n’avoir d’autre intérêt que permettre aux familles des victimes de « faire leur deuil » , c’est-à-dire de s’enfermer dans la délectation morose, sans nommer les racines du Mal, sans nommer l’ennemi.
Un Guantanamo français serait très approprié. Il y a quelques années, je suggérais Clipperton : pour une fois qu’un confetti nous aurait servi à quelque chose ! J’ai eu la bonne surprise il y a quelque temps de voir que Dupont-Aignan suggérait les Kerguelen.
On pourrait y placer islamistes et racailles de banlieue. Qu’ils se dévorent ou se convertissent, qu’en a-t-on à faire ?
En tout cas, merci beaucoup pour l’article.
Il me semble que L.-J.-D. avait suggéré les Kerguelen bien avant Dupont-Aignan.
L’Etat de droit, c’est le droit pour les voyous, qui n’apporte rien aux proches des victimes.
Au fait combien d’accusés ont bénéficié de l’aide juridictionnelle ou judiciaire, bref avocat payés par NOUS
Je trouve intéressante l’idée d’expédier ces racailles hors de notre pays, à la rigueur rouvrir l’ile du Diable à Cayenne, ou comme signalés plus haut >Clipperton ( Pacifique??) ou les Kerguelen
Disons que la caution de Dupont-Aignan, qui a quelques titres médiatiques et républicains avait ouvert une porte ; son impact avait eu – hélas ! – un peu plus d’impact que nos propres propositions.
Quand le pays légal rejoint le pays réel, c’est toujours agréable.
Puisque c’est un acte de guerre, c’est un Tribunal Militaire qui devrait les juger. Leur sort serait réglé. Ils méritent la peine de mort immédiate.
La République sera tôt ou tard jugée néfaste. Sa fin est inéluctable.
Quel que soit le gouvernement, ils ont tous été complices des attentats qui eurent lieu. Au Bataclan, on a empêché les secours d’arriver. Et, ce n’est qu’un exemple.