Par Luc Compain.
Cet article fait partie d’une suite de neuf. Les 9 articles paraissent en feuilleton, à dater du mercredi 22 septembre et les jours suivants. Fil conducteur : l’écologie. Les auteurs sont de jeunes cadres du mouvement royaliste, engagés à l’Action française. Vous apprécierez leur réflexion. Au besoin, vous en débattrez. Ces articles seront constitués en dossier, toujours consultable ici.
Lorsqu’on associe immigration et écologie, on pense spontanément à la question des migrants climatiques, dont on nous dit qu’avec la montée des eaux et autres calamités, ils se déverseront par centaines de millions dans les pays occidentaux.
Alors que l’écologie est aujourd’hui largement préemptée par le gauchisme, certains sont amenés à croire, par réaction, qu’il existe une incompatibilité entre la lutte contre l’immigration de masse et la préservation de l’environnement : « Croyez-vous au grand remplacement ou au grand réchauffement ? Voulez-vous protéger les frontières ou le climat ? » Tel serait le nouveau clivage qui s’imposerait désormais à nous. Disons-le, il n’est pas pertinent. Il est possible, et même urgent, de développer une critique écologiste de l’immigration. Celle-ci est plus cohérente que l’immigrationnisme des écolos cathodiques ; et plus judicieuse que l’approche strictement économique, laquelle ne connaît que des individus interchangeables, puisque dépourvus de mœurs, de culture, de religion, et réduits au rôle de producteurs-consommateurs. Elle est seulement intéressée par le fait de savoir ce que coûte ou rapporte l’immigration, tout en étant indifférente à la protection des ressortissants nationaux, notamment des plus vulnérables.
Loin de s’opposer, réchauffement climatique et immigration doivent être appréhendés de pair. D’abord, parce que le changement climatique va, selon toutes vraisemblances, conduire à l’intensification des dynamiques migratoires, en raison de la disparition de territoires et du développement de conflits nourris de l’aggravation des conditions physiques. Mais cela n’a rien d’inéluctable, en dépit de l’effet de sidération recherché par ceux qui veulent faire accroire qu’il est vain de lutter aujourd’hui contre des flux migratoires moindres. Il est encore possible de les limiter. La Banque mondiale estime ainsi que l’adoption d’une politique volontariste en matière de réduction des émissions de carbone peut permettre de réduire de 80 % le nombre de migrants climatiques.
Voyages et migrations polluent
Ensuite, qu’il s’agisse du tourisme de masse ou de l’immigration, les déplacements humains exercent une formidable pression sur l’environnement, par eux-mêmes ou par leurs effets. À l’exception des réfugiés, l’immigration est en effet essentiellement motivée par des considérations économiques : ceux qui migrent cherchent à augmenter leur niveau de vie, non à décroître. Passer une frontière équivaut à une promotion sociale. C’est la promesse d’intégrer la société de consommation. Dès lors, le postulat selon lequel tout étranger a droit au niveau de vie des Occidentaux et qu’il serait égoïste de le leur refuser — quand l’empreinte carbone annuelle d’un Français est estimée à 10,7 tonnes équivalent CO2 et celle d’un Somalien à 0,7 —, reviendrait à accroître les émissions de CO2 de 1 500 %. Soutenir l’immigration, c’est universaliser un mode de vie gourmand, quand, dans le même temps, les Occidentaux se sont engagés à réduire leurs émissions à 2 t d’équivalent CO2 pour limiter le réchauffement à 2° C.
On entend souvent dire que, pour réduire l’immigration, il faut développer le tiers-monde. Dans les faits, la croissance n’est pas l’antidote au phénomène migratoire, mais ce qui le favorise : le développement, en accroissant la productivité et la production, libère des bras, dope la natalité et offre un avant-goût de la société de consommation et les moyens d’en rejoindre le cœur – contrairement à l’idée reçue, ce ne sont pas les plus pauvres, les damnés de la terre, qui émigrent. L’aide occidentale, tournée vers la création d’infrastructures et le soutien à l’économie, doit être revue de manière à favoriser le maintien sur place et à mettre un frein à la natalité galopante de ces pays, en insistant notamment sur l’instruction des femmes.
S’enraciner ou surconsommer ?
En exprimant le souhait que les pays émergents cessent de se développer, c’est-à-dire de polluer, au nom de l’urgence climatique, on nous reprochera de camper le rôle du privilégié qui désire bénéficier seul des fruits de la croissance. Ce serait vrai si nous n’étions pas, nous aussi, contraints de réduire de manière drastique notre train de vie, de revoir notre conception du développement : celui-ci ne saurait se mesurer en quantité de biens consommés. Cette sobriété qui s’annonce doit être pour nous l’occasion de redécouvrir l’existence de richesses autrement plus grandes que la Porsche Cayenne et la piscine individuelle, et de parvenir à la conviction que notre salut est plus précieux que notre confort. Ce faisant, l’Europe sera également moins attractive, moins considérée comme un Eldorado à rejoindre par tous moyens.
Le champ de l’écologie ne se limite pas à la banquise et aux forêts tropicales. Elle intéresse aussi l’homme, son développement, son appartenance à un environnement et sa responsabilité vis-à-vis de celui-ci. L’un des besoins les plus importants de l’âme humaine est celui de racines. Il faut rappeler, contre le suprémacisme travesti en générosité des immigrationnistes, qui considèrent que la terre entière s’en porterait mieux si elle rejoignait le paradis européen, que l’immigration est aussi douloureuse pour ceux qui abandonnent leurs enracinements pour rejoindre notre continent, que pour celui que l’on a arraché à ses déterminismes et à qui on enjoint de cohabiter avec ces premiers, chez lui. Enfin, en rompant les liens des hommes à leurs terres, l’immigration détruit la relation complexe entre les cultures humaines et les territoires qui les ont vu naître, mettant ainsi en péril la diversité culturelle. Une approche intégrale de l’écologie doit considérer que, non seulement, la diversité des espèces et des habitats est une richesse, mais qu’il en est de même avec les sociétés humaines. L’immigration massive ne permet pas un dialogue des cultures et une ouverture à l’altérité, mais une réduction de la richesse culturelle, par les phénomènes simultanés d’homogénéisation et de crispation identitaire qu’elle produit.
En définitive, puisque tout est lié, préservons l’environnement pour combattre le phénomène migratoire, et engageons-nous contre l’immigration pour protéger la maison commune. (Série à suivre) ■
À lire dans cette série Écologie …
Écologie : feu la gauche
Écologie : Pouvoirs et écologies
Écologie : Bête comme un homme antispéciste
Écologie : Les angoissés du climat
Écologie : Le salut par les machines
Écologie : Décroître pour grandir
Article précédemment paru dans Présent [17 mars 2020]
© JSF – Peut être repris à condition de citer la source
Publié le 23 avril 2020 – Actualisé le 29 septembre 2021
En effet , c’est juste de noter que l’immigration est aussi un arrachement pour celui qui abandonne la terre natale autant que c’est un déchirement pour celui qui est sommé d’accueillir et voit son pays se dénaturer ; bien entendu il n’est point question des personnes mais bien plutôt de l ‘ environnement au sens du milieu dans lequel on vit .
Anecdote concernant l’ « assimilation » : aprés la fin des conflits qui signèrent la fin de l’ex -yougoslavie , des français originaires de cette fabrication et qui étaient en France depuis des lustres , vivaient , du reste , comme des français se dirent du jour au lendemain , les uns monténégrins , les autres croates , ou encore serbes . Ils avaient retrouvé leur identité profonde .
Et si on s’inspirait d’une parole censée du Pape François: en gros que ces populations du tiers monde arrêtent de se conduire comme des lapins ,tant que l’on n’aura pas limité la reproduction dans les pays pauvres, il y aura toujours d es millions de personnes qui voudront venir profiter de l’Occident en général, de la France en particulier
Il me semble que l’on endiguera l’immigration lorsque l’on se décidera à aider les pays qui en ont besoin à se développer eux-mêmes dans le respect du principe de subsidiarité, principe si souvent proclamé et si souvent trahi.