Cette tribune de Gilles-William Goldnadel est parue hier. [FigaroVox 11.10] La circulaire du ministre de l’Éducation nationale concernant l’accueil des élèves transgenres à l’école, publiée fin septembre, montre bien, selon Gilles-William Goldnadel, que Jean-Michel Blanquer ne fait que poursuivre la déconstruction entamée par Najat Vallaud-Belkacem.
La lecture du quotidien Sud Ouest du 24 septembre ne nous rassure pas dans notre conviction que le temps est à la folie et que notre société ne peut plus être envisagée que sous un angle quasi psychiatrique. C’est ainsi qu’un collège inauguré en Gironde dans la commune de Marsas, a décidé, à l’instigation du Conseil Général socialiste, de «dégenrer» l’école communale. Les toilettes deviendront «mixtes», les urinoirs masculins supprimés et la cour de récréation perdra son terrain de football. Il paraît que le maire, esprit simple, est dubitatif.
Voilà qui nous invite à tenter fort immodestement d’arbitrer l’aigre polémique ayant opposé cette semaine sur cette question du genre à l’école, Jean-Michel Blanquer à Eric Zemmour. Pour épargner au lecteur un insupportable suspense, écrivons d’ores et déjà que nous donnons raison au premier sur la forme et au second sur le fond. Bien qu’il soit, à l’accoutumée, peu sensible au conformisme et à l’idéologie gauchisante, le ministre le plus estimable de ce gouvernement a bel et bien cédé, ainsi que l’en accuse son contradicteur, aux sirènes stridentes du militantisme LGBT s’agissant des transgenres. Il suffit de lire la Circulaire parue le 30 septembre au Bulletin Officiel pour s’en convaincre et s’en lamenter. Morceaux choisis : « La transidentité est un fait qui concerne l’institution scolaire. Celle-ci est en effet confrontée, à l’instar de leur famille, à des situations d’enfants, parfois dès l’école primaire, ou d’adolescents qui se questionnent sur leur identité de genre »…
Répondre aux demandes de changement de prénoms, mais aussi aux normes vestimentaires et l’usage de lieux d’intimité, comme les toilettes, vestiaires et chambres d’internat : le ministère tente de fixer un cadre pour que recteurs, inspecteurs, directeurs d’école, chefs d’établissements ou encore enseignants puissent répondre à ces questions sur le terrain ( Courrier Picard 1/10/21). Bref ce sera bientôt Marsas dans toute la France.
En réalité, Jean-Michel Blanquer, ne fait que poursuivre la construction – ou plutôt la déconstruction – idéologique de Najat Vallaud-Belkacem en la matière. En 2012, la ministre du droit des femmes voulait que la question qui fâche soit abordée dès l’âge le plus tendre : « La cible des enfants de moins de trois ans se doit d’être au cœur des politiques publiques dans la mesure où les assignations à des identités sexuées se jouent très précocement ».
Pour se convaincre du bien-fondé de la critique acerbe d’Éric Zemmour, je recommande les pétitions publiées dans Marianne et l’Express par d’éminents psychiatres qui mettent en garde contre la dangerosité psychologique pour les enfants d’entériner précocement socialement un questionnement à présent obsessionnel qui ne procède dans l’existence que par tâtonnements progressifs.
Je recommande également la lecture édifiante de l’article de Didier Desrimais dans le Causeur de ce mois «Giulia Fois (journaliste de France Inter), l’idéologie du genre pour les nuls»: «De la même manière que certains soixante-huitards ébranlèrent le tabou de l’inceste en promouvant ardemment la sexualité partagée avec les enfants et le “plaisir obligatoire” – avec les résultats que l’on sait – les croyants de la théorie du genre et du féminisme le plus bête ne conçoivent pas les bouleversements à venir … Des expérimentations tout aussi douteuses dont les résultats sont déjà perceptibles : les catastrophes médicales, psychiatriques et juridiques consécutives à la propagation genrée commencent à poindre aux États-Unis et au Royaume Uni, pays qui, après avoir vu exploser le nombre de consultations pour “dysphorie de genre” et de “transitions” de leurs très jeunes concitoyens voient aujourd’hui se multiplier les consultations psychiatriques et les demandes de “détransition” Même l’ultra- progressiste Suède commence à s’inquiéter sérieusement pour ses adolescents dressés à tous les “dégenrages” possibles et inimaginables ; psychiquement (et parfois physiquement) dévastés…»
On rappellera, dans ce cadre insensé, que Judith Butler, la papesse féministe des luttes intersectionnelles, dont le combat pour le genre choisi, n’a pas craint d’écrire que les femmes afghanes qui refusaient la burqa sous le régime taliban étaient «complices du préjugé culturel américain »…
Dès lors, comment donner tort à Eric Zemmour sur le fond, lui qui, avec une sévérité justifiée a mis en garde contre les apprentis sorciers de l’Éducation Nationale, coupables de jouer avec la santé de nos enfants ? Mais comment dans le même temps lui donner raison sur la forme, dès lors où il a cru devoir fort inutilement enrôler dans sa démonstration le fantôme du Dr Mengele. Lui, plus qu’un autre, devait laisser à l’extrême gauche le procédé dégradant de la nazification de l’adversaire. Ce faisant, il a offert à Jean-Michel Blanquer une balle immanquable au filet, tout en lui permettant de botter en touche en évitant de répondre sur le fond.
Puisque nous en sommes à Éric Zemmour, comme souvent actuellement, deux remarques d’actualité: la gaffe de l’éditorialiste de France Info, Gilles Bornstein qui a avoué, avant de tenter maladroitement de se reprendre, que le journaliste était interdit d’antenne sur cette télévision de service public. Le plus tristement farce, est que cette déclaration était faite pour apaiser l’ire d’Ian Brossat, de l’extrême gauche communiste, qui se plaignait démocratiquement présence de l’intéressé dans les médias. Mentionnons également la « plaisanterie » de l’humoriste du théâtre du Point VirguleGaëtan Matis : « Si j’avais une machine à remonter le temps , je bookerai le Bataclan pour la soirée du 13 novembre 2015 afin d’y organiser une soirée rencontre entre Eric Zemmour et son public ». Voilà un humoriste qui satisfait pleinement aux qualités requises pour œuvrer dans l’audiovisuel public. ■
Gilles-William Goldnadel est avocat et essayiste. Son récent ouvrage, Névroses Médiatiques. Le monde est devenu une foule déchaînée, est paru chez Plon.
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Vu sur internet ( vidéo ) première expérimentation médicale transgenre en 1966 pratiquée sur un enfant élevé en fille ( + « opération » et traitement hormonal ) , son jumeau laissé en garçon ; comment ne pas penser aux expériences du docteur Mengele ?
En France, le progrès progresse d’une façon progressistement progressiste et cela fait chaud au coeur. Je salue le courage du ministre de l’éducation nationale (je ne sais pas vous, mais moi, ce mot de national me gêne, il sent un peu trop sa fachosphère, vous ne trouvez pas ?) qui a pris ce problème du transgenrisme à bras le corps (mais attention, je ne veux imposer aucune identité de genre à ce corps et le verrais plutôt quant à moi non-genré). Un nouveau tabou vient de tomber et c’est une nouvelle étape dans le démontage des sociétés machistes patriarcales dans lesquelles règne encore hélas le privilège blanc. Mais cette mesure me paraît ne pas aller assez loin, et d’autres avancées sociétales me semblent souhaitables. Ainsi, on ne voit pas pourquoi, sous prétexte que cette position est majoritaire, il faudrait céder devant cette assignation autoritaire et identitaire à l’espèce homo sapiens sapiens. Certains adolescents après tout se sentent peut-être plus mulot ou scarabée ou ragondin qu’humain, auquel cas, il faudrait alors respecter leur démarche de transition d’espèce. S’ils se sentent plutôt chien, prévoir à l’école un carré de sable dans lequel ils pourront aller faire leur crotte à la récréation de dix heures, s’ils se sentent chauve-souris, leur construire une grotte obscure dans laquelle ils pourront réviser leurs leçons. Mais faut-il en rester là ? Nous subissons en effet l’assignation à une identité de règne qui me paraît bien oppressive ! Si un adolescent ne se sent pas appartenir au règne animal, mais plutôt au végétal ou minéral, de quel droit nous l’empêcherions-nous de se redéfinir ? Moi-même, certains matin de printemps, je me sens assez magnolia ou forsythia. Peut-être y a-t-il parmi les élèves de nos écoles des enfants qui se snetent plutôt nuage (quelle richesse alors de nouveaux prénoms, Cumulo-Nimbus, Strato-Cumulus) ou sable ou granit. Pourquoi ne pas souscrire à leur désir de redéfinition. Après la lutte contre la transgenrophobie, voici venu le temps de la lutte contre la trans-spécismophobie et le transrégnophobie. Que de combats en perspective, que d’avancées à faire avancer vers l’avant ! J’aurai vécu assez vieux pour voir cette aurore se lever.
J’allais vous agresser, Jean de Maistre, sur vos premières lignes, trouvant que vous vous confiniez aux règnes vivants. Moi qui me sens irrésistiblement grain de sable (surtout dans notre monde d’aujourd’hui), je vous vouais aux gémonies pour n’avoir pas pris en compte le silice.
Mais vous vous rachetez dans la dernière partie de votre propos. Nous demeurons ainsi complices dans la lecture de JSF. Gaudeamus igitur !
Et l’oiseau-lyre joue
Et l’enfant chante
Et le professeur crie :
Quand vous aurez fini de faire le pitre!
Mais tous les autres enfants
Écoutent la musique
Et les murs de la classe
S’écroulent tranquillement.
Et les vitres redeviennent sable
L’encre redevient eau
Les pupitres redeviennent arbres
La craie redevient falaise
Le porte-plume redevient oiseau.