Par Jean de Maistre
[Repris des commentaires du 12 octobre]
En France, le progrès progresse d’une façon progressistement progressiste et cela fait chaud au cœur.
Je salue le courage du ministre de l’éducation nationale (je ne sais pas vous, mais moi, ce mot de national me gêne, il sent un peu trop sa fachosphère, vous ne trouvez pas ?) qui a pris ce problème du transgenrisme à bras le corps (mais attention, je ne veux imposer aucune identité de genre à ce corps et le verrais plutôt quant à moi non-genré).
Un nouveau tabou vient de tomber et c’est une nouvelle étape dans le démontage des sociétés machistes patriarcales dans lesquelles règne encore hélas le privilège blanc.
Mais cette mesure me paraît ne pas aller assez loin, et d’autres avancées sociétales me semblent souhaitables.
Ainsi, on ne voit pas pourquoi, sous prétexte que cette position est majoritaire, il faudrait céder devant cette assignation autoritaire et identitaire à l’espèce homo sapiens sapiens.
Certains adolescents après tout se sentent peut-être plus mulot ou scarabée ou ragondin qu’humain, auquel cas, il faudrait alors respecter leur démarche de transition d’espèce. S’ils se sentent plutôt chien, prévoir à l’école un carré de sable dans lequel ils pourront aller faire leur crotte à la récréation de dix heures, s’ils se sentent chauve-souris, leur construire une grotte obscure dans laquelle ils pourront réviser leurs leçons.
Mais faut-il en rester là ? Nous subissons en effet l’assignation à une identité de règne qui me paraît bien oppressive ! Si un adolescent ne se sent pas appartenir au règne animal, mais plutôt au végétal ou minéral, de quel droit l’empêcherions-nous de se redéfinir ? Moi-même, certains matin de printemps, je me sens assez magnolia ou forsythia.
Peut-être y a-t-il parmi les élèves de nos écoles des enfants qui se sentent plutôt nuage (quelle richesse alors de nouveaux prénoms, Cumulo-Nimbus, Strato-Cumulus) ou sable ou granit. Pourquoi ne pas souscrire à leur désir de redéfinition. Après la lutte contre la transgenrophobie, voici venu le temps de la lutte contre la trans-spécismophobie et le transrégnophobie.
Que de combats en perspective, que d’avancées à faire avancer vers l’avant ! J’aurai vécu assez vieux pour voir cette aurore se lever. ■
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Je suis dépassé, je l’avoue , par le brio des commentateurs de la circulaire de notre grand maître de l’Education Nationale, et qui savent si bien (mieux que moi!) par leur progressisme échevelé, jusqu’où l’identité peut se nicher , du sexe choisi au grain de sable, sans oublier les nuées . Comme le dit Pascal « le silence éternel de ces espaces infinis me terrifie ». Bonne journée quand même!
Jean de Maistre est tout à fait spirituel mais, en dépit du bel et grinçant à-propos dont il fait montre, il oublie de vilipender un insoutenable scandale discriminatoire ayant cours en pleine Éducation nationale, pourtant si bien éclairée : ni les plantes ni les bestiaux n’ont accès à l’enseignement ! Alors, les félicitations adressées à la progression progressiste du progrès me semblent passablement prématurées, quand même, en effet, Jean de Maistre, admet pour un prochain avenir que les merdeux du julesferrysme puissent virer la cuti hominidienne pour un bon sérum Pfizer d’opportune bestialité ou d’un bien planté Moderna de derrière les fagots afin de mieux “fagoter” (justement) d’écorce ou de chlorophyle les subtiles inclinations végétalistes des prochains docteurs d’université. Pensons encore avec émotion à la vie rêvée par tant de chiens (quel temps de chiens!) de se faire amibes ou protozoaires et, pour l’heure, encore en vain espoir de reconnaissance… Aaaaaah ! que d’évolution socio-darwinienne en perspective !… Moi, par exemple, si vous voulez bien que je le confesse publiquement, j’ai toujours éprouvé mon état en qualité de planète ! À quand l’entrée en lice du cosmologisme, que nous puissions transiter d’un Signe astrologique à l’autre commodément, sans rester cloué à la sclérosante constellation du jour de notre naissance… Et, d’ailleurs, pourquoi être né ? Silène avait livré le secret à Midas, roi de Phrygie : « Il est absolument impossible à l’homme d’obtenir
le bien suprême et de participer à la nature de ce qui est parfait ; le bien suprême pour tous, hommes et femmes, c’est de ne pas naître ; il y a cependant un bien qui vient après, le premier de ceux que l’Homme peut atteindre, mais qui, néanmoins, n’occupe que le deuxième rang, c’est, après être nés, de mourir au plus vite. »
Dommage que les genrophobes n’aient pas mis leur appendice respiratoire dans la «Vie des hommes illustres» de Plutarque, autrement, ils s’emploieraient diligemment à revendiquer la crevaison pour de bon, et nous la leur accorderions bien volontiers.
Je précise pour terminer, afin d’éviter tout amalgame entre ma façon de vivre et de penser et celle des éventuels grossiers bonshommes dont j’ai eu du mal à éviter la pléthore d’exemplaires, je précise que je sais bien comment, depuis belle lurette, les “gays” (comme on dit en bêlant, sans savoir que le terme remonte au Moyen Âge et désigne les adeptes de la “gaya scienza”, c’est-à-dire l’alchimie, science opérative qui permet la transmutation [Eh oui!], ce qui signifie immortalité, via, qui plus est, le “regresso in utero” !) n’ont pas attendu les trous du cul indigestes d’académiciens (pseudo “immortels”) du jour pour exister (lire un peu “Le Banquet” de Platon, d’il y a plus de deux millénaires, s’il vous plaît!) tandis que mesdames les tribades (belles et gentes disciples de Sappho, la “Dixième Muse”, selon Platon) n’ont jamais eu besoin de recourir à quelque implant intra-utérin, prélevé sur semence cryogénisée, pour aller à l’enfantement.
La gent authentiquement libre, messieurs les plébéiens incultes à face de “deuxième figure” (comme Lamme Godzack, l’acolyte de Till l’Espiègle, appelait le fondement qu’il lui plaisait de sortir de son pantalon, quelquefois), la gent libre s’est toujours battu contre les infections de la “chose” publique, et elle se battra encore… Force est d’admettre, et amèrement, que la liberté (qui est essentiellement INTÉRIEURE, s’il vous plaît de vous le rappeler, bande d’exhibitionnistes!) n’a pas gain de cause dans les cervelles à circonvolutions de gonades !
Pardon, précieux amis du roi d’ici, je voulais y aller de ma rage contre l’Adversaire en multitudes (son “nom est Légion”), en multitudes démocrates crottant, lesquelles, évidemment, ne risquent pas de venir renifler de la proboscide par chez nous.
Vive Dieu, la France et le Roi !
Que voilà un joli texte plein d’esprit !