Par Marc VERGIER.
C’est l’un des slogans qu’ADIDAS fait afficher dans nos villes. Pester contre cet usage de l’anglais et tout ce qu’il représente, et ce qu’il implique pour notre langue française, à quoi bon ? Le public l’accepte, les autorités ne le combattent que pour la forme. Qui se souvient de la loi Toubon ? Nos institutions éducatives sont sans force contre l’emprise publicitaire sur les esprits. Le peu que l’éducation inculque à nos enfants est vite effacé par les heures passées devant les écrans. Il reste bien une petite élite cultivée, mais pour combien de temps ? Toutes ces questions sont vainement posées depuis des années, je n’ai rien à ajouter.
Je n’écris donc pas ce billet contre l’anglais mais contre le mauvais anglais. Notre français est à la peine mais la langue anglaise est elle aussi abîmée par cette course au créole mondialiste d’une partie du monde des affaires. Dans ce domaine, il ne faut pas se tromper sur les responsabilités : à côté de marchands de soupe comme ADIDAS, il y a de puissantes sociétés dont le développement mondial se fait dans un respect exemplaire des langues. Je pense à MICROSOFT. Je pense au soin mis par ses responsables pour acclimater leurs produits à tous les pays. Les manuels d’utilisation en français proposés par ce fabricant, sous la forme papier les premières années, aujourd’hui « en ligne » sont , sur le plan de la langue absolument irréprochables. Il en est sûrement de même pour beaucoup d’autres fabricants.
On se souviendra qu’ADIDAS est allemand. ORANGE , elle, est française. Je pense à Orange car il me souvient d’avoir vu sur les mêmes panneaux leur slogan « OPEN ». Cet « OPEN », aussi bête qu’un abattant de toilettes a dû leur coûter très cher en honoraires de « créateurs » ou « créatifs ». Leur a-t-il rapporté ? je l’ignore et je m’en fiche. Ce qui me revient aussi, c’est l’hypocrite « traduction » de ce slogan proposée, en bas de l’affiche en très petits caractères : « s’ouvrir ». Sans être agrégé d’anglais, je sais que qu’ « open » ne peut pas se traduire ainsi et que jamais un anglais n’oserait laisser imprimer de telles nullités. Imagine-ton, sur une porte ou sur une boîte une plaque « bilingue » ainsi composée, « open / s’ouvrir , close / se fermer » ? C’est pourtant ce qu’Orange enseignait aux jeunes Français. Peut-on faire pire ?
Oui, et ADIDAS nous le montre. Leur slogan est nul, peut-être, archi-nul, mais surtout barbare. Impossible n’est pas rien, sous quelque forme qu’on le considère. D’abord, c’est un adjectif, donc quelque chose . Comment un adjectif pourrait-il ne pas être alors qu’il est lui-même ? Beau est, cruel est, impossible est … C’est encore plus vrai pour l’adjectif substantivé. Oui ! l’impossible existe, comme l’impensable, la nullité intellectuelle ou le ridicule, il est quelque chose. Non ! cet impossible n’est vraiment pas français ! ■
La loi Toubon a-t-elle été abrogée ? Sinon pourquoi n’est-elle pas appliquée ?
Qui peut porter plainte contre les transgressions ?
Il y a là un beau sujet pour les associations franco-phones…
Pour avoir été au Cabinet du ministre en ce temps-là, je peux dire deux mots.
La Loi Toubon était bien au programme de la Droite parlementaire mais, si je puis dire, elle faisait partie des mesures dont l' »État profond » ne voulait pas ; au plus en faire un instrument clinquant et impossible à appliquer concrètement, mais qui permet de « cocher une case » du programme. Les médias « mainstream » (comme on ne devrait pas dire ! » rivalisaient de sarcasme sur la volonté (réelle !) de Jacques Toubon de défendre la langue française. D’ailleurs ils l’avaient surnommé « Allgood » et ce surnom ridicule a été partout repris.
Édouard Balladur était profondément opposé à toute limitation forte (comparable à la Loi 101 du Québec) et, à chaque réunion interministérielle d’arbitrage, il tranchait en faveur des ministres opposés à des contraintes. Je me souviens particulièrement de son refus déterminé d’obliger les films anglo-saxons à traduire leurs titres.
La plupart des ministres 93-95 considéraient que toute mesure autoritaire en faveur de la langue française était une lubie ridicule et que tout le monde se ficherait de ceux qui la mettraient en oeuvre. Il n’y a donc pas lieu de s’étonner que ce texte législatif, pourtant bien accommodant, du fait des réticences que j’ai dites, soit maintenant complétement tombé dans la désuétude.
C’est un peu partout que l’on voit de ce « franglais » dans le paysage urbain sous forme d’affichage publicitaire , d’indications sur les enseignes et les vitrines de magasins de vêtements pour moins de 4O ans et autres boutiques ( téléphones , articles de sport , restauration rapide .) Ceci venant en plus de ce que l’on peut voir et entendre à la télévision. Impossible d’y échapper . Le souci , n’est pas pour les anciennes générations imperméables à ce langage mais plutôt les nouvelles : n’y prenant garde , elles se préparent à une langue abâtardie .
La loi Toubon ; il était évident que ce ne pouvait être qu’ un os à ronger pour le côté Cour de la droite ; côté Jardin on est internationaliste en tout .
Le franglais n’est ni français ni anglais souvent la prononciation et le sens sont faux dans les deux langues et personne n’est satisfait. Une langue ce n’est pas seulement que du vocabulaire et des règles de grammaires c’est une façon de penser une manière de s’exprimer une culture. Or nous sommes influencés non par la résurgence de certains mots ou l’invention des autres mais nous sommes influencés au travers de la langue par un courant de pensée venant des U.S.À qui ne change pas seulement notre vocabulaire mais aussi notre comportement.