Par Pierre de Meuse.
Mgr de Moulins-Beaufort a tenu récemment des propos prévisibles au sujet de la confession, dans le cadre de la commission Sauvé : le secret de la confession est « plus fort que les lois de la république ». Ce à quoi M. Darmanin a répondu catégoriquement que rien n’est plus fort que les lois de la république, ce dialogue motivant une série de commentaires indignés de la presse de Gauche.
En fait il y a de fortes chances que ce dialogue dans lequel chacun s’attribue le rôle de gardien des principes ne soit qu’un jeu de rôles, une saynète convenue destinée à démontrer que, du point de vue de la France, le catholicisme ne vaut pas mieux que l’Islam ; en clair, une manœuvre contre Eric Zemmour. Ainsi Romain Herreros, du « Huffington Post » qui pose la fine question : « si un imam disait ça…. ». Au-delà de cette manipulation politicienne à laquelle s’est prêté, volontairement ou non, le président de la conférence des évêques, interrogeons-nous sur la pertinence de ces questionnements orientés.
D’abord, à quel niveau se trouve le secret de la confession pour le Droit français ? La réponse depuis 1803 et même bien avant, si l’on fait abstraction de la période révolutionnaire, est qu’il se situe au niveau des autres secrets professionnels, du médecin et de l’avocat pour ne citer que les plus rigoureux. Non seulement ils sont protégés par la loi, mais il est interdit à ceux qui en sont dépositaires de les enfreindre sous peine de sanction pénale. Mais que se passe-t-il si ce secret couvre un crime qui continue d’être commis, et pour lequel le silence peut être considéré comme un refus d’assistance à personne en danger ? Il faudrait qu’un juge judiciaire soit saisi par le ministère public à cette fin. En France, il est arrivé que le secret médical fût levé, mais jamais celui des prêtres ni des avocats, pour des raisons évidentes. Dans les pays totalitaires, il en est différemment. La question posée est donc purement théorique. Si, en dépit de son caractère improbable, on se la pose tout de même, à savoir si un prêtre ou un avocat seraient punissables en cas de refus de dévoiler le secret du confessionnal ou du parloir de l’avocat. C’est le contenu des paroles de M. Darmanin : « Il est évident qu’il ne peut y avoir aucune sanction contre tout religieux qui a connaissance de faits d’abus sexuels contre des enfants et que ceux-ci doivent le porter, pour la protection des enfants, à la justice de notre pays ». Pas de sanction pour celui qui dénonce, mais doit-il exister une sanction pour celui qui ne dénonce pas ? Dans la pratique, il est difficile d’imaginer une telle situation, qui d’ailleurs ne s’est jamais produite, mais s’il en était ainsi, on se trouverait devant un cas similaire aux procès pour rapt intentés à des prêtres devant les Parlements dans tout le courant du XVII° siècle pour avoir célébré des mariages clandestins.
Même sous la Monarchie Très Chrétienne, il y avait des cas où le Droit Canon et le Droit Civil ne coïncidaient pas. C’est ce qu’on appelle la normalité du tragique.
Deux autres observations peuvent être faites. D’abord, si « rien n’est plus fort que les lois de la République », comme le dit Darmanin avec grandiloquence, on voit mal pourquoi le Conseil Constitutionnel et le Conseil d’État ont jugé que l’on pouvait y contrevenir légalement pour « raisons d’humanité » à propos des immigrants illégaux. Ensuite, il est impossible de soutenir cette maxime lorsque ces lois sont bafouées sans cesse par les Cours européennes, dont la jurisprudence prétend les rendre inopérantes, le juge, quel qu’il soit, ne pouvant en France s’affirmer législateur. ■
Le parallèle qui est fait entre le secret de l’avocat ou celui du médecin et d’autre part celui du prêtre à la confession serait acceptable si le sacrement se réduisait à du « conseil spirituel ». Mais en réalité c’est un sacrement c’est-à-dire un acte surnaturel du Christ dont le prêtre n’est qu’un « tenant lieu ». Un prêtre qui « alerterait le monde » à la suite d’une confession ferait bien pire que la plus abjecte des déviations sexuelles.
Trahir, la confiance d’un homme est un mal, mais un mal relatif ; trahir Dieu et les canaux de Grace qu’il a institués est un mal infiniment plus grave.
De même la « loi républicaine » cherche à nous persuader que le blasphème contre le Dieu transcendant est moins grave que « le haine » d’autres hommes. Cela implique que l’athéisme est le « fond » implicite de nos lois.
Combattons l’Islam parce qu’il menace notre identité oui. Mais reprocher à un musulman de mettre les lois de Dieu au dessus des « lois de la république » est lui faire insulte. Le laïcisme est une mauvaise défense ; il ne s’attaque pas seulement aux musulmans mais à toute religion. D’ailleurs même les agnostiques peuvent reconnaître que les « lois non-écrites » d’Antigone l’emportent sur les lois de circonstance de Créon.
Les «deux observations» conclusives de Pierre de Meuse tourneboulent comme il faut ce qu’il faut ensuite piétiner énergiquement des déclarations républicaines imbéciles (épithètes conjointes en pléonasme, Dieu me pardonne) des tenants de l’imbécilité républicaine.
Mais ce n’est pas là le véritablement important ni, non plus, la question juridique du «secret professionnel» dont Pierre de Meuse a, néanmoins, dit le nécessaire. L’important tient à ce qu’EST la confession et à ce que représente le prêtre dans cette circonstance… On ne se confesse pas à un humain exerçant la prêtrise, on se confesse à Dieu ! À cet instant, il n’y a qu’une seule personne dans l’espace confessionnal : le confessé. En ce lieu, le confesseur brille lumineusement par son absence fondamentale, car sa présence corporelle relève de l’instant qui ne s’inscrit dans aucun temps, par conséquent, il ne saurait relever de quelque considération temporelle (à tous les sens du terme) que ce soit. Moyennant quoi, privé de tous ses sens, le confesseur ne saurait absolument prêter la moindre oreille au dialogue entre le pécheur et Dieu, si bien que, en tant qu’humain, il ne sait rien de rien et serait bien empêché d’en relater le millième du millième. Aucune question ne saurait donc se poser au sujet de la confession. Le confesseur doit répondre invariablement, avec tout la puissance de vérité emportant l’ânonnante formule de Rimbaud, qui s’est vaguement approchée de la notion : «JE n’a rien entendu.»
L’Église – s’il vous plaît ! – n’a aucun autre compte à rendre que celui de TÉMOIGNER que les confesseurs ne sont pas là. Et la sottise républicaine devra bien se contenter de cela.
Par ailleurs, lorsqu’il y avait des abus, aux temps des temps de la civilisation régulière, le talion suffisait à les punir et, surtout, à les prévenir.
Quant à «la pédophilie dans l’Église», selon la malpropre formule des républicains, c’est une question trop complexe pour la donner en pâture à la chose publique ; question, d’ailleurs, mal posée, comme toujours, dès lors que les laïcs se mêlent de ce qui dépassent leur qualification. Mais, sur ce point, nul n’y peut désormais rien. Alors, «que faire ?», aura-t-on raison de me demander… Mais c’est que, justement, je ne suis pas qualifié pour le dire, aussi, aurais-je tendance à me tenir sur la réserve, comme tout ce vilain monde d’inqualifiables devrait avoir le bon ton de se comporter.
Et si les Lois de la République imposaient à tous, dans quelques décennies, que les vieillards de plus de 75 ans devaient être vigoureusement euthanasiés, parce qu’ils coûtent cher et ne rapportent rien, qui ne dirait pas que les lois divines sont supérieures à tout ! J’écris bien « imposaient », non pas « donnaient la faculté ».
Je respecte les lois de l’État tant qu’elles sont conformes – ou non-opposées – à mes convictions religieuses ; mais à partir du moment où elles se dressent contre..
Il y a une nouvelle religion officielle en France : la Laïcité ! Et tous d’ y sacrifier .
S ‘il n’y avait que les « frères Trois-Points » cela n’aurait plus d’importance que telle ou telle secte mais s’y joignent les partis ( pas seulement de Gauche : la Droite qui est Charlie surenchérit .) Rajoutons les conseillers et invités de plateaux TV . Le cas de Cniouz est emblématique à cet égard : comment font ils pour trouver autant de maghrébins zélateurs de la république laïque ? ( K.Zéribi , dans ce genre , serait à déposer au pavillon de Breteuil à côté du mètre étalon.)
Je suis soulagé de lire que Richard attrape solidairement les mêmes crises prurigino-intellectuelles que les miennes face aux périodiques numéros numériques de l’assez dégoûtant K. Zéribi, dont le vilain goût s’accentue à mesure qu’Éric Zemmour apparaît plus nettement… Je pense que ledit Zéribi éprouve des démangeaisons laïco-républicaines dans la gamberge dont je suis bien heureux qu’elles lui désespèrent l’épiderme, peut-être autant que lui-même nous exaspère.
Mort aux pourceaux ! Vive Dieu !