Le fossé Pays légal – Pays réel n’a plus à se creuser. Il est béant. Patent. La cinglerie de la mouvance gouvernementale écolo ne sert évidemment pas Emmanuel Macron dans cette période de précampagne présidentielle. Il fallait verdir sa politique. Macron en a la conséquence. C’est son affaire.
On sait que la ministre déléguée au Logement Emmanuelle Wargon, dans un discours du jeudi 14 octobre, a qualifié les maisons individuelles de « non-sens écologique, économique et social » provoquant de vives réactions notamment chez les professionnels de la construction.
Plus précisément, Emmanuelle Wargon a déclaré que les maisons individuelles, « ce rêve construit pour les Français dans les années 70 », « ce modèle d’urbanisation qui dépend de la voiture pour les relier », sont un « non-sens écologique, économique et social ». « Le modèle du pavillon avec jardin n’est pas soutenable et nous mène à une impasse ».
Suite à ce discours, le pôle Habitat de la Fédération française du bâtiment (FFB) a naturellement « déploré la stigmatisation persistante de l’habitat individuel, à contresens des aspirations des Français », tandis que la Fédération des constructeurs de maisons individuelles s’est dite « révoltée contre de tels propos tenus par une élite parisienne dite écologique et pourtant très loin des territoires, des habitants et de leurs préoccupations ».
En dehors de ces professionnels du domaine, les sondages constatent une réprobation quasi unanime du pays.
Emmanuelle Wargon
Née Stoléru (fille de Lionel Stoléru) le 24 février 1971 à Neuilly-sur-Seine. Haut fonctionnaire, représentante d’intérêts et femme politique française.
La caste progressiste se révèle donc héréditaire avec toujours le même mépris pour le peuple de France , ses traditions, ses valeurs. On nous gargarise des « valeurs de la république » dont on ne sait pas trop ce qu’elles recouvrent mais nous avons là les valeurs françaises, entre autres liberté, propriété individuelle, foyer familial; c’est cela qui s’oppose à l’uniformisation et que les « élites autoproclamées » voudraient voir disparaitre. Come d’habitude on lance un ballon d’essai pour voir les réactions, puis on proteste à grands cris de son incompréhension mais on continue à faire avancer le sujet à bas bruit
Héréditaire oui. Bien vue. Mais quel héritages ! Quels héritiers !
Je ne voudrais pas trop passer pour l’avocat du diable de Mme Wargon, mais on peut tout de même se demander si la construction continue de milliers de maisons individuelles de plus en plus éloignées, par la force des choses, des métropoles où l’essentiel du travail s’est concentré ne pose pas question.
On va me dire qu’il suffit pour ça de déconcentrer le boulot. Certes. Vaste programme !
On va me dire aussi que l’essor du télétravail pourra permettre à beaucoup de personnes de résider dans de charmantes petites bourgades où elles auront « fait construire ». Je ne dis pas non.
Mais beaucoup d’emplois ne peuvent pas être « télétravaillés ».
J’ai professionnellement connu beaucoup d’employés modestes qui s’acharnaient à leur rêve d’habitat individuel et allaient se loger dans des endroits invraisemblables, où les prix du foncier et de la construction – étaient à leur portée. La galère des transports en commun leur convenait encore tant qu’elles étaient assez jeunes ; mais à partir d’un certain âge, les quatre heures de transport quotidiennes – sur deux ou trois modes différents, voiture, train, métro – pesait lourd. Maladie, absentéisme, énervement.Tout cela encore accru par les périodes de grèves, les incidents techniques, etc.
Plus le temps passait, plus j’ai vu les gens aller se loger loin : nord de l’Oise, Eure et Loir, Orne, Marne… On ne peut pas dire que tout ça ne mérite pas une réflexion, au moins sur la possibilité d’un aménagement du territoire qui sera compliqué et difficile. Bien davantage qu’aux temps bénis de la DATAR et du Commissariat au Plan.
Naturellement j’ai été aussi estomaqué que tout le monde en entendant le propos de Mme Wargon avec sa brutalité sotte de « Première de cordée ».
N’empêche que rien n’est simple.
Il faut se méfier de ces réflexes pavloviens qui empêchent de bien appréhender le problème. Ce n’est pas parce que Mme Emmanuelle Wargon affirme une chose que celle-ci est forcément une ineptie. En effet, au sujet des maisons individuelles, c’est loin d’être le cas.
Remontons le fil du temps jusqu’aux XIIIème et XIVème siècles, période où furent construites les Bastides. C’étaient des villes neuves construites sur la base d’un lotissement dont la plan régulier comporte une place centrale entourée d’un passage couvert ouvrant par des arcades. Toutes les maisons individuelles étaient accolées les unes aux autres ce qui fait que l’augmentation de la population ne pouvaient se faire qu’en hauteur, en créant de nouveaux étages aux maisons.
En Provence et dans les régions montagneuse les villages se créent sur des éperons rocheux, les maisons toujours accolées les unes aux autres. De même pour les ports.
Il faut aussi noter que, sous l’Ancien Régime, les maisons des ouvriers étaient construites à coté des manufactures comme, par exemple, aux Cristallerie de Baccarat et aux Salines Royales d’Arc et Senans.
On peut donc dire que, sous l’Ancien Régime, c’est la densification de l’habitat qui a été privilégié.
Sous le Second Empire et la 3ème République il en a été de même avec les corons qui ont été batis à proximité des mines.
Le principe est le même pour les échoppes bordelaises construites entre le Second Empire et l’immédiat avant-guerre.
Ce n’est qu’à la fin de la Seconde Guerre Mondiale, en 1945, que le Gouvernement lance la politique des lotissements individuels et ceux-ci vont se construire sur tout le territoire avec un présupposé qui allait de soi c’est qu’avec cette maison individuelle au milieu de sa parcelle il fallait obligatoirement posséder une voiture pour aller travailler, faire les courses, les démarches administratives, emmener les enfants à l’école, etc…. Au fil du temps, dans cette France Périphérique, les distances parcourues, la pollution, le stress et les coûts liés n’ont fait qu’augmenter.
La politique des lotissements individuels, initié en 1945, nous a mené à une impasse.
Quels sont les défenseurs de cette politique des lotissements individuels : le pôle Habitat de la Fédération française du bâtiment, la Fédération des constructeurs de maisons individuelles dont les liens d’interêts ne sont plus à démontrer et divers sondages plus ou moins orientés. Ce n’est pas sérieux car il y va de l’aménagement du territoire et du bonheur des français.
Quelles solutions alors ? Pendant près de mille ans, l’habitat densifié a été privilégié et ce n’est que depuis 75 ans que les maisons individuelles représentent le Graal de chaque français. Le bon sens exige que l’on revienne à ce qui a permis le développement et le rayonnement de notre Nation.