Par Pierre Builly.
Retour sur l’article de François Marcilhac LE-GROS-QUI-TACHE.
Pour avoir été pendant 8 ans le patron du Fichier National des permis de Conduire et avoir été un des principaux artisans de la politique de sécurité routière, je note qu’il s’agit là d’une des très rares « politiques publiques » réussies, une des rares, donc, qui ait donné des résultats. des résultats remarquables : en 1972, 17000 morts, en 2020, moins de 3000.
Certes, c’est multifactoriel (amélioration de l’état des routes et des véhicules, sécurité passive des voitures et bien d’autres choses) ; mais on ne peut pas nier que l’action déterminée et – pour une fois ! – obstinée de l’État ait été pour rien dans ce progrès.
Zemmour a dit de grosses bêtises sur un sujet sur quoi tout le monde a une opinion, généralement non étayée. Il y a plein de données contre-intuitives dans ce domaine (du style : sur une ligne droite, je ne risque rien et je pourrais rouler bien plus vite que 90 ; malheureusement, c’est justement sur ce genre de routes-là qu’on se tue ; en aucun cas sur les routes tortueuses de montagne où on roule plus lentement et où les dégâts ne sont souvent que matériels).
C’est, comme souvent, un domaine où la démagogie droitière, individualiste et la beaufitude s’expriment le mieux… ■
Erreur! Une politique publique réussie, c’est une politique qui met en place des moyens d’aboutissement qui n’emmerdent pas le peuple. Par exemple au lieu de baisser la vitesse, adapter le réseau routier.C’est ce qui s’est fait en Allemagne, où il existe de nombreuses portions de route et autoroute non limités, les agglomérations petites et moyennes systématiquement contournées, les pneus neiges obligatoires dès novembre depuis toujours, des autoroutes sans péage et une fiscalité raisonnable sur les prix des carburants.
C’est à dire tou le contraire de ce qui se pratique chez nous.
Certes, mais la vitesse limitée à 😯 km – d’efficacité discutable- partout me semble une goutte d’eau inutile pour tous ceux qui maitrisent leurs véhicules, et qui ne mettaient pas en cause celle à 9O. ( Les jeunes qui se tuent en province – voire les bouquets de fleurs sur les routes,- se tuent parce ce qu’ils mangent leurs marges. Ils ont plus besoin d’une vraie éducation renforcée sur les risques que de limitations qu’ils ne respectaient pas de toutes façons déjà du temps des 90 km. Maintenant on peut aussi réduire la vitesse partout à 6O km , voire 3O km sur les routes pour éviter les accidents corporels. A 3O km en ville on pollue aussi.. A l’arrêt encore plus. Fluidité et incitations à une maitrise ;raisonnable ‘c’est le cas de la a très grande majorité des conducteurs. Quant aux minorités irréductibles , éducation renforcée, mais non mise en tutelle de tous c’est aussi à considérer.
la première mesure efficace a été l’obligation du port de la ceinture par Messmer. Du jour au lendemain, les services de chirurgie ont noté une baisse . Les jeunes femmes qui passaient à travers le pare brise à 2h du matin à coté du conducteur qui faisait le marriole, ont presque disparu ( y compris la modification de la structure coupante du pare Brise pour la feuilletée ).
Le pire ennemi de Zemmour, c’est Zemmour lui-même. Il ne peut se maitriser face à la meute. Il répond par l’insulte au lieu du mépris. Lui qui admire tant Chateaubriand devrait se souvenir qu » Il faut être économe de son mépris, étant donné le grand nombre de nécessiteux. » …La solitude est la patrie des forts.
Bien , les chiffres sont des éléments objectifs mais l’Allemagne a de très bons chiffres ( voire meilleurs ) que la France , avec une grande liberté pour les vitesses . Mais , il y a manque « d’auto- discipline » au volant . Et c’est ce « travers » qui impose ( imposerait ) de réprimer .
Si l’on veut (voulait) aller jusqu’au bout du raisonnement , il y aurait matière en bien d’ autres domaines .
Eh bien non ! Non ! Et encore non ! Et ce, parce que, statistiquement, le plus grand nombre d’accidents se produit à proximité du domicile et en milieu urbain, comme quoi la limitation de vitesse n’entre pas en ligne de compte exact. D’autre part, je ne sache pas qu’il y eût jamais de statistiques établies sur l’implication des camions : n’importe quel conducteur d’automobile sait parfaitement que, sur route, la prudence obligatoire majeure tient à la surveillance hypnotique des écarts habituels des camions, de leurs embardées, des dépassements subits qu’ils effectuent, jusques et y compris sur les routes où ces dépassements leur sont interdits. On m’objectera que les «morts» ne sauraient avoir lieu qu’à grande vitesse, mais cela est faux (un seul exemple : une amie est morte en raison d’un choc à faible vitesse lié à un “stop” non respecté, portière légèrement enfoncée seulement). Pour ma part, j’ai eu quatre accidents : deux en ville, très légers, au démarrage ou à un freinage tardif (le second, par ma faute), le troisième parce que celui qui m’a percuté le fondement s’était endormi au volant et, enfin, le quatrième, parce qu’un cervidé s’est jeté sur le capot (un cinquième, très léger, du fait d’un chevreuil). Jamais, la vitesse ne fut donc en cause.
La seule mesure de «sécurité routière» réellement pertinente, à tous points de vue, est l’introduction de la ceinture de sécurité. Ensuite, évidemment, l’état des routes et l’amélioration des équipements de «sécurité passive» qui ont succédé à la ceinture. Il ne faut pas oublier dans tout cela, les permis obtenus dans «une pochette surprise» : j’ai quelque connaissance de conducteurs complètement ignorants de la conduite, pourtant titulaire du permis, régulièremen,t responsable de toutes sortes d’accidents – généralement, en ville ou en rase campagne, d’ailleurs.
Pardon pour la trivialité de mon intervention, mais elle est liée à la trivialité du prétendu «avis autorisé».
Votre véhémence pour sympathique qu’elle soit nous paraît quelque peu excessive. Oui, Pierre Builly sait de quoi il parle. On peut discuter son point de vue mais pas le traiter par dessus la jambe. Que diriez-vous si quelqu’un mettait en cause la « prétendue pertinence » de votre propos ? Bien à vous.
L’automobiliste est un humain , jeune il est fougueux , vieux il est fatigué. Comme pour l’heure qui nous découpe les journées, l’état du haut de sa puissance imposent une découpe des restrictions routières qui ne sont presque jamais comprises. Quarante deux ans de service pour la route et ses usagers et maintenant ce sont les maires qui imposent leurs soucis , il n’y a aucune continuité routière sur l’ensemble de la France . Un giratoire à deux branches, par exemple?
Une observation: les Allemands sont respectueux des panneaux, pas les Français. Et pour cause l’implantation de restriction de vitesse est aléatoire ,parce que chaque donneur d’ordre voit la route à sa manière. Le déplacement est soit domicile travail ou itinéraire long professionnel ou amateur en vacances. Aucun ne réagit pareil. Il manque à la France un travail d’homogénéité sur l’ensemble des réseaux routiers, puis un apprentissage sérieux sur l’apprentissage du respect social des conducteurs.
Il faudrait arriver à faire admettre qu’un accident même banal fusse considéré par tout individu comme inadmissible. Baisser les vitesses baisse la gravité des accidents. Le permis de conduire à point est aussi imbécile que la quantité de permis nécessaires pour conduire sur la même route des véhicules à deux roues , des bus et des camions de l a remorque. Les points ne font que gêner les jeunes , encore une bêtise d’état, ce serait amusant de mettre aussi un BAC de fin d’études à points. Nous avons passé un examen d’état , il nous appartient à vie. Nous payons cher pour avoir ce petit papier rouge qui nous autorise, même si on en est incapable de conduire. Le permis bateau n’a pas de points, le permis de voler non plus, il est tout autre….Le permis, la voiture c’est dans nos sociétés du vol ou l’incapacité de gérer les gens. Monsieur Zemmour pose la bonne question philosophique, même si elle gène certains étroit d’esprit.
Il faut simplifier toute la philosophie de la conduite routière auto, motos et autres, revoir son apprentissage et les examens de conduite. Il faut revoir totalement la mise en place des panneaux routiers pour une compréhension facile. Il faut apprendre le respect des autres . Nous sommes latins et non germaniques c’est à prendre en compte. Réseau routier, école de conduite et savoir vivre ensemble.
Je disais à mes élèves que la route était le chemin de la vie et non celle de la mort, à eux de bien la tracer. Pour ce qui est des routes sinueuses: si vous manquait un virage pas de soucis il en reste encore d’autres..
Pour répondre à JSF, qui m’a repris pour valider le fait que Pierre Builly «sait de quoi il parle»… Premièrement, je n’aime pas trop m’aventurer dans des comportements de «forumeurs», je ne le fais pour ainsi dire jamais : ce n’est jamais le bon lieu ni les bons arguments ni rien du tout de ce genre. Je m’excuse donc d’avance pour la stérilité inévitable de ce quei risque de prendre l’allure d’une «justification» (ce n’en est pas une) et déclare d’emblée que, pour peu que l’on me “reprenne” une autre fois, je me déclarerai vaincu et battrai ma coulpe pour l’impertinence à laquelle j’aurais pu avoir cédé.
Cela dit, toute pertinence de propos n’est jamais que «prétendue», la mienne, tout aussi bien que celle de mon éventuel interlocuteur. Sauf la «pertinence» déclarée des proclamés «spécialistes»… Ce nonobstant, en guénonien assumé, je me méfie D’ABORD des déclarés spécialistes et, du reste, avant même d’avoir lu Guénon, à la toute fin de mon adolescence, instinctivement, je savais déjà que les «spécialistes»pouvaient bien souvent réciter une doxa scolaire, sans que cela, pourtant puisse totalement discréditer l’individu dans sa totalité, cela va de soi. Cependant, si nous nous permettons quelquefois de mentionner le peu de «pertinence» de tel macroneux, de tel républicain chevronné, etc., je ne vois pas pourquoi il pourrait nous être reproché d’avoir procédé exactement de même avec l’un de nos amis, pour peu, naturellement que cela puisse rester dans les bornes de la bonne entente et que le propos critique vise seulement un propos, une fonction, une «autorité» déclarée et, donc, ne porte jamais atteinte à l’honneur ou à la dignité de l’individu. J’ose espérer avoir su bien me tenir à ces différents égards.
En outre je faisais allusion à la «trivialité» de la question traitée, trivialité dans laquelle je me suis moi-même inscrit. Depuis, je crois comprendre que cela tourne autour de propos tenus par Zemmour, propos dont je n’avais pas eu connaissance au moment de mon commentaire. Or, si j’avais été au courant de cela, sans nul doute, aurais-je défendu la même thèse, mais selon un discours sensiblement différent et, en l’occurence, ma dernière phrase n’aurait tout simplement pas été écrite de cette façon, car je l’aurais reliée au propos de Zemmour. Bon, voilà qui est dit, j’espère que cela aura été suffisant pour clarifier les choses. Dans l’autre cas, que remontrance me soit faite et, comme je l’ai dit, je battrai ma coulpe.
Je crains de ne pas pouvoir répondre à cette avalanche de commentaires : chacun d’eux mériterait une réponse argumentée, bâtie sur des éléments concrets et sur – ce qui est essentiel – sur la bonne foi.
L’adaptation du réseau routier, qu’évoque l’ami Paul est largement réalisée, mais c’est souvent sur de belles routes droites que l’on se tue – parce qu’il y a une sorte de plaisir prométhéen – à faire vibrer le moteur. Les résultats des Allemands sur les portions d’autoroutes « libres » (qui ne sont pas légion) sont catastrophiques : la vitesse tue, c’est simple à constater. Les pneus neige seront obligatoires dès demain. La fiscalité sur les carburants est d’un autre domaine.
Les limitations de vitesse sont une autre question ; en ville, elles sont la marque de la volonté écologiste d’interdire aux bagnoles de rouler, nullement une mesure de sécurité routière.
Quant à refuser que les spécialistes sachent quelque chose… que répondre. Lorsque vous allez rencontrer un médecin, ou un géomètre, vous contestez ses compétences ?
La sécurité routière est un des rares domaines où je m’autorise à me dire compétent. Malheureusement, la plupart des Français, dans ce domaine, croit l’être.
Il y aura toujours les précautionneux et les autres, pour ma part je n’aime pas l’implantation de ces engins détestables,: les RADARS, pompes à fric, par contre le radar qui indique la vitesse en vert ( bien ) et rouge ( mal) est pour moi PREFERABLA1 aux racketteurs patentés
A titre d’information, j’ai « gagné » 2 radars pour un A et R sur PARIGNY ( 760 kms de chez moi : CALAIS), même à 75 ans j’ai gardé l’esprit jeune avec une belle allemande qui ne demande qu’à rouler, et je suis aussi adepte du vieil adage: va où tu veux, meurs où tu dois
Comment peut-on opposer des opinions ou anecdotes individuelles aux chiffres cités par Pierre Builly: en 1972, 17000 morts, en 2020, moins de 3000? Il aurait dû ajouter qu’entre ces deux dates le nombre de véhicules et les kilomètres parcourus ont été considérablement multipliés (aurait-il des chiffres ?). Dans mon souvenir, c’est la courageuse décision du Président Chirac de mettre un terme à l’hécatombe routière qui a tout changé et assez brutalement. Par la ferme application des lois d’abord et avant tout. Sont venu s’y ajouter, progressivement, l’amélioration des véhicules et du réseau routier. Quant au permis à points, malgré ses défauts, il est moins contraignant que les examens médicaux exigés dans de nombreux pays.
Le permis à point n’à jamais servit à quoi que se soit puisque la minorité qui perd son permis continue à conduire et sans assurance bien entendu. Les services de police vérifient ils que chacun des ces automobilistes utilisent toujours leur véhicule? Et dans le cas ou ils se font prendre que risquent ils? Une amende de 135€ !!!!!!!!! Les sanctions qui doivent être données doivent être exemplaires en terme pécunier et de condamnation. Il y à maintenant de nombreuses années que la vitesse sur les autoroutes est respectés par la majorité des automobilistes, sauf encore une fois une minorité et certains étrangers qui savent qu’ils ne risquent rien. Pour ne prendre qu’un seul exemple que la police sanctionne ceux qui roule au milieux des 3 voies alors que c’est une infraction et je peux dire qu’il y en à beaucoup.
@Marc Vergier. Vous avez tout à fait raison sur le point que vous évoquez. Le 14 juillet 2002, lors de l’interview donné à l’occasion de la Fête nationale, Jacques Chirac décrète la sécurité routière comme une cause nationale. On pourra objecter que ce n’est pas le rôle d’un Président que de s’occuper d’affaires qui relèvent de décisions gouvernementales ; mais là n’est pas la question.
Dès le mois de septembre et bien avant que les premiers radars automatiques soient mis en place (la tâche a été complexe et rude) dès le mois de septembre donc, on a assisté à une baisse spectaculaire de l’accidentologie. Pourquoi ? Parce que les Français se disaient que les Pouvoirs publics prenaient enfin vraiment au sérieux cette politique ; aussi parce qu’il avait bien été indiqué que la fameuse « pratique des indulgences », si facilement sollicitée auprès de son maire ou de son député était proscrite. Je le sais d’autant mieux que c’est moi qui ai rédigé la circulaire du ministre de l’Intérieur aux préfets.
On peut – philosophiquement – penser qu’on a bien le droit de prendre des risques et de se tuer où et comme on veut ; ce serait. plus convaincant si l’on ne tuait que soi-même et pas aussi des braves gens qui voient surgir devant eux un véhicule fou.
Comme toutes les réglementations, celle sur la sécurité routière comporte plein d’inconvénients, de failles et d’anomalies. Certes. La « cause » présente aussi ses extrémistes : ceux qui ont poussé. Édouard Philipe à abaisser la vitesse à 80 Km/h (et pourquoi pas 70 ou 60 ?). Elle concerne des situations tellement diverses, des sujets tellement différents, des acteurs tellement hétéroclites qu’on trouvera toujours telle ou telle disposition, d’autant qu’elle concerne presque tout le monde. il est bien évident, par exemple, que la plupart des gens normaux n’ont rien à voir avec des délits ou des crimes sexuels ; en revanche, nous avons TOUS, absolument TOUS, lorsque nous sommes en voiture, brûlé un feu rouge, franchi longuement une ligne blanche, roulé trop vite, conduit avec un verre de trop dans le nez.
Notre familiarité avec la règlementation est entière et permanente : chaque jour nous pouvons être en infraction : ce qui explique la réactivité sur ce sujet.
À destination de Yves, je signale que l’infraction de conduite sans permis – qui se développe, il est vrai – entraîne la perte de outes les garanties d’assurance ; ce qui fait que, si vous avez le malheur de renverser quelqu’un, en étant dépourvu de permis, vous passerez toute votre vie à payer de considérables indemnités.
Ah, bien sûr, si on se focalise sur les mauvais conducteurs de nos chères banlieues (de nos banlieues couteuses, devrais-je dire !) nous passons à une autre question : mais savons-nous ce qu’il faut faire sur ce sujet, qui concerne plus largement que la délinquance routière ?
La délinquance forme un tout , les amendes, peut-être nécessaires – sont disproportionnées pour 2 ou 3km de vitesse non admises, contrairement à l’Allemagne Le fond du problème étant l’éducation à la maitrise. ( cela est valable pour tous les domaines dans la cité! ) les retraits de permis sont souvent scandaleux pour ceux à qui elles font perdre leur emploi ou la possibilité de se déplacer. dans les campagnes désertifiés en commerce et services publics, cars de proximité , médecins etc. ;Ce mélange de jacobinisme exacerbé, notre héritage et de laxisme aberrant devant les » incivilités » appels au meurtre admis par la justice , laissent un goût amer et conduit à l’affrontement sans issue. C’est toute notre mentalité à revoir. et le recours à la justice, ou savoir diriger la répression quand il y a urgence. .
Moi, je suis plutôt de l’avis de Marc Vergier. En Allemagne ! En Allemagne ! En Allemagne la vitesse n’est pas limitée sur les autoroutes sauf quand elle l’est et c’est très fréquent. En Allemagne quand des mesures sont prises par des gens que l’on considère sérieux et qualifiés, on les applique. En Allemagne, on a l’esprit moins discutailleur que nous. On respecte, en gros l’autorité et on bosse. C’est comme çà qu’on devient puissant. Pourquoi nous plaindre de notre sort ?