Par Jean Sévillia.
Qui fut saint Pierre, premier des apôtres et premier pape ? Appuyé sur les travaux des exégètes et des archéologues, un historien a brillamment mené l’enquête.
Le 25 décembre 1950, le pape Pie XII annonçait que l’on venait de retrouver le tombeau de saint Pierre. Les fouilles avaient commencé dans le sous-sol de la basilique Saint-Pierre, dès 1939, à l’emplacement de l’autel principal. Une deuxième campagne de fouilles, de 1953 à 1957, et des travaux archéologiques et scientifiques conduits au début des années 1960 permettaient ensuite d’aller plus loin. En 1964, Paul VI approuvait un programme de recherche sur la comparaison du crâne de Pierre conservé à Saint-Jean-de-Latran et des morceaux de crâne extraits des fondations de la basilique Saint-Pierre, pour aboutir, en 1968, à déclarer que les reliques de saint Pierre ont été « identifiées d’une manière que l’on peut considérer comme convaincante ».
Docteur en histoire et spécialiste de la papauté, Christophe Dickès raconte cette séquence aux rebondissements dignes d’un roman dans un ouvrage tout à fait passionnant, où se conjuguent l’histoire, la théologie et l’art. « Tu es Pierre, et sur cette pierre je bâtirai mon Église », a dit le Christ (Mt 16, 18-19) à celui qui sera le premier des apôtres et le premier pape. Mais que savons-nous de lui ? Cité plus de 150 fois dans les Évangiles, les Actes des Apôtres, les épîtres de saint Paul aux Galates et aux Corinthiens, Pierre apparaît aussi dans les récits apocryphes, tandis que les recherches archéologiques ont établi quelques certitudes sur sa vie en Palestine puis à Rome. S’appuyant sur les conclusions les plus récentes des exégètes, des archéologues et des historiens de l’art, Dickès déroule une biographie qui permet de suivre saint Pierre en Galilée alors que, pêcheur sur le lac de Tibériade, la divinité de Jésus lui sera révélée sur le mont Thabor, puis à Jérusalem, avec le groupe des apôtres, jusqu’à la passion du Christ, et ensuite lors de ses missions en Terre sainte, et enfin à Rome où il mourra martyr, lors des persécutions de Néron, crucifié, selon la tradition, la tête en bas. Homme de foi, et aussi homme du doute, sujet à des moments de faiblesse, dont le plus symbolique reste son triple reniement de Jésus au soir du jeudi saint. « Pierre représente chacun de nous », explique l’auteur, dont le beau livre est à la fois l’œuvre d’un historien et d’un chrétien. ■
Jean Sévillia
www.jeansevillia.com
Saint Pierre. Le mystère et l’évidence, de Christophe Dickès, Perrin, 480 p., 25 €. .
Le Figaro Magazine – vendredi 5 novembre 2021