PAR MATHIEU BOCK-CÔTÉ.
Cette chronique est parue dans Le Figaro de ce samedi 6 novembre. On discutera encore longtemps – du moins parmi ceux qui ont vécu cette époque – sur ce que fut « le vrai » de Gaulle. Mieux vaut, nous semble-t-il, retenir de la présente analyse l’opposition entre deux conception radicalement antagonistes de la nation et de l’État, l’une fondée sur une France historique remontant pour de Gaulle à Clovis et qui serait résolue aujourd’hui à assurer sa continuité, l’autre rassemblée au nom de quelque contrat improbable par les seules « valeurs de la République » et ouverte à tous ceux qui dans l’univers voudraient – très hypothétiquement – y adhérer. Il est possible, en effet, que de Gaulle ait songé à « restaurer la monarchie sous une forme républicaine ». Il faudrait peut-être alors se résoudre enfin à prendre acte du résultat où a conduit cette gageure après 70 années d’érosion permanente et sans-doute obligée de ce projet aux origines de la Ve République. Ce n’est pas un rêve mais un fait que la France n’a connu d’autre monarchie qui tienne que royale.
« Nos sociétés ne savent plus penser les peuples, ce qui ne veut pas dire qu’ils cessent d’exister. »
Dans un peu moins d’un mois, les Républicains choisiront leur candidat pour la présidentielle. Ce parti se veut l’héritier en ligne droite du général de Gaulle, et ceux qui entendent en porter les couleurs ne cessent, pour de bien compréhensibles raisons, d’y multiplier les références. On se place sous sa protection, on prétend continuer son œuvre, sans qu’on la définisse vraiment. Mais le de Gaulle officiel est souvent un de Gaulle en carton-pâte, déconstruit et reconstruit, sans aspérité, qui ressemble bien peu au de Gaulle historique, qui a modelé les événements, qui a pesé sur le cours de l’histoire. C’est d’ailleurs ce que souligne Franz-Olivier Giesbert, dans un remarquable ouvrage, Le Sursaut, ayant l’immense vertu de nous rappeler l’existence d’une réalité antérieure à son aplanissement par plusieurs décennies de polissage médiatique.
C’est peut-être le mauvais sort réservé aux personnages historiques: c’est en se désubstantialisant qu’ils deviennent consensuels et vénérés par ceux qui, en d’autres temps, les auraient diabolisés. Faut-il vraiment rappeler que le général de Gaulle fut traité de fasciste lors de son retour au pouvoir en 1958 ? Dès cette époque, la référence au fascisme s’était affranchie de toute référence au fascisme tel qu’il s’est manifesté dans l’histoire comme idéologie et servait exclusivement à maudire ceux que la gauche désignait à la vindicte publique.
Peuple historique
Ce grand écart entre le de Gaulle officiel et le de Gaulle historique, on le voit d’abord lorsque vient le temps de définir la nation. La France d’aujourd’hui est souvent définie par ses élites dans le langage exclusif des « valeurs de République ». Cette formule, souvent prononcée de manière incandescente, est censée expliciter le lien entre les Français et définir la part sacrée de l’existence commune. Au fil des années, la référence aux valeurs de la République s’est substituée à celle de l’identité française, ancrée dans un peuple historique, traversant les siècles et les régimes. Il s’agit, au mieux, d’une forme de minimalisme identitaire formaté dans la matrice du contractualisme moderne, incapable de saisir le noyau mythique qui structure la conscience d’un peuple.
De Gaulle, au contraire, s’ancrait dans la profondeur de l’histoire, plongeait au fond des âges, et savait que les peuples ne sont pas des entités interchangeables, qu’on pourrait condamner à cohabiter malgré leur volonté, sans égard pour leur tempérament culturel, leur psychologie politique, leur inconscient historique. Lorsqu’il était question de la définition de la nation, de Gaulle était assez étranger à l’ergotage sur les « valeurs de la République » et savait qu’on ne saurait définir l’identité d’un peuple en faisant appel à de simples abstractions philosophiques. C’est d’ailleurs au nom d’une légitimité nationale plus profonde qu’il s’imposera par deux fois dans la vie politique. Le problème n’est pas exclusivement français: nos sociétés ne savent plus penser les peuples, ce qui ne veut pas dire qu’ils cessent d’exister. Lorsqu’elles s’en rendent compte, elles les traitent comme des réalités résiduelles à balayer de la surface de l’histoire, et n’y voient qu’une coagulation de préjugés à déconstruire.
Souveraineté nationale
De Gaulle s’éloigne de nos contemporains sur un autre point central : le rapport à l’État, et plus particulièrement, à la souveraineté. La Ve République avait pour vocation, justement, de restaurer le pouvoir, de lui redonner une capacité. À certains égards, il aura voulu restaurer la monarchie sous une forme républicaine, ce qui était encore une manière, chez lui, de s’inscrire dans une logique de continuité historique. Ceux qui auront, au fil du temps, aliéné la souveraineté nationale et populaire en légitimant une emprise croissante des juges sur le processus politique, au nom du contrôle de constitutionnalité, d’abord, et des engagements internationaux de la France par de nombreux traités, ensuite, n’ont pas actualisé la philosophie politique gaullienne, mais l’ont dénaturée, et peut-être même trahie, tout simplement.
On voit que la référence obsessionnelle au gaullisme est trompeuse, puisqu’elle sert paradoxalement à faire écran sur le noyau philosophique et doctrinal auquel adhérait le général de Gaulle, et qui commandait son action, quoi qu’on en pense. Ce gaullisme, retourné contre lui-même chez ceux qui prétendent le servir et le poursuivre, est étranger et même contradictoire avec la pensée politique du général de Gaulle qui aura commandé son action en 1940, en 1958, en 1962 et en 1969. Osons ce constat : la doctrine de De Gaulle, s’il revenait, le condamnerait sans doute à être classé à l’extrême droite. Il verrait probablement ses contemporains tendre contre lui un cordon sanitaire. C’est même au nom du gaullisme qu’on l’accuserait d’antigaullisme. ■
Mathieu Bock-Côté
Mathieu Bock-Côté est docteur en sociologie, chargé de cours aux HEC à Montréal et chroniqueur au Journal de Montréal et à Radio-Canada. Ses travaux portent principalement sur le multiculturalisme, les mutations de la démocratie contemporaine et la question nationale québécoise. Il est l’auteur d’Exercices politiques (éd. VLB, 2013), de Fin de cycle: aux origines du malaise politique québécois (éd. Boréal, 2012) et de La dénationalisation tranquille (éd. Boréal, 2007). Ses derniers livres : Le multiculturalisme comme religion politique, aux éditions du Cerf [2016] – le Le Nouveau Régime (Boréal, 2017) – Et La Révolution racialiste et autres virus idéologiques, Presses de la Cité, avril 2021, 240 p., 20 €.
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Cette contradiction entre le mythe gaulliste et la réalité est bien définie par le Vice Amiral Muselier dans son livre aux conclusions prophétiques : Émile Muselier, De Gaulle contre le gaullisme, Paris, 1946.
3 faits confortent cette contradiction:
-La dédicace des mémoires de guerre était ( à vérifier évidemment ): 1/ au Pape, 2/ à la Reine d’Angleterre 3/ au Comte de Paris. Si telle était sa pensée profonde, pourquoi n’a-t-il pas remis le Monarque en place dès 1945 ?
– Il prétend avoir trouvé la panacée avec sa Constitution mais rajoute: » Après moi, le chaos » et , de la même eau au sujet de l’élection du Président au suffrage universel: » Ce qui est à redouter, à mon sens, après l’événement dont je parle [sa disparition NDD], ce n’est pas le vide politique, c’est plutôt le trop plein ! ». Il avait donc prévu le capharnaum actuel.
-Il parait faire sienne l’axiome maurrassien: « De toutes les libertés humaines, la plus précieuse est l’indépendance de la patrie. » et il brade, en 1962, notre indépendance énérgétique en livrant notre pétrole saharien à l’ennemi et l’Uranium d’Arlit dans une « Communauté française » caduque dès 1960 car elle prétend reconnaitre la « souveraineté » des peuples de l’Empire, et imposer la primauté de la France.
Laissons les aigreurs nées de l’affaire algérienne. Quand le général est revenu, à la moitié de 1958, il était déjà bien trop tard pour se débarrasser en bon ordre du boulet algérien.
C’est en 1954, mieux en 1945 qu’il aurait fallu commencer à se dégager. Et nous aurions pu alors conserver un lien intéressant et presque harmonieux avec le nouvel État. Ce qui nous aurait permis de surcroît de conserver beaucoup de sous, inutilement investis dans les aventures coloniales qui n’avaient pour but que de porter l’évangile républicain et de piller les autochtones au bénéfice de grandes compagnies capitalistes.
Pour le reste, si Georges Pompidou a préservé à peu prés la structure autoritaire de l’État, l’élection de Giscard avec le concours saumâtre de Chirac à sonné le glas de l’originalité profonde et monarchique de la 5ème. Cela dit, si Chaban avait été élu en 1974, ce n’aurait pas forcément été mieux.
Comme nous ne pourrons pas toujours compter sur une aussi grande figure que le général, il faut instaurer un régime reconstructeur.
Ça ne va pas être simple.
Ces temps sont si lointains (l’époque 194O -1969) et la société a tellement changé. L’énumération serait fastidieuse : la paysannerie : un quart de la population en 58 et environ 15 pour cent, encore en 70 ; l’école avec ses programmes et sa discipline traditionnelle (sans doute aussi les autres grandes institutions étatiques) ; la famille bien structurée ; le code civil encore identifiable au code Napoléon et cetera) qu’il semble bien illusoire de vouloir « retricoter » cette époque (ne parlons pas du parti qui utilise la filiation gaulliste, idéalisée, croyant donner du lustre à la médiocrité de son personnel) .
Par contre, c’est un mouvement de balancier (de mémoire, A. Koestler, dans « le zéro et l’infini » utilisait cette image) qu’il faut attendre tant il a pu se voir dans l’histoire des époques vertueuses et rigoureuses suivre des époques « libérales » devenues dégénérées.
Richard: le balancier ? Cf Montaigne: « Le monde n’est qu’une branloire pérenne: toutes choses y branlent sans cesse, la terre, les rochers du Caucase, les pyramides d’Égypte, et du branle public, et du leur. La constance même n’est autre chose qu’un branle plus languissant. »
P. B: Je me permets de vous rappeler que la conférence de Brazzaville du 30 janvier au 8 février 1944, ‘ destinée à asseoir la légitimité de De Gaulle à la veille du débarquement, conclut que le lien entre la France et ses colonies est « définitif » et la déclaration finale de la conférence rejette catégoriquement « toute possibilité d’évolution hors du bloc français et toute constitution, même lointaine, de self-government ». Comme lucidité, on peut donc repasser… De même, en 1951, à Oran, le même Général salue l’Algérie française et approuve les 2 colléges. Enfin, de janvier 1946 à 1958, le visionnaire de Colombey est , seul ou avec son RPF ( de 47 à 53) , est le principal opposant des gouvernemenrs successifs, l’autre opposition systématique étant le PC. A ce titre, le Général ne cesse de s’opposer aux « séparatistes » et aux « bradeurs » de l’Empire. A quel moment a-t-il manifesté la moindre approbation au démantelement de l’Empire ? A-t-il approuvé Mendés et son collégue Juin pour la Tunise en 1954 ? Edgar Faure et Pinay pour le Maroc en 1956 ? Pire en Indochine, en 1946, il joue Thierry d’Argenlieu contre Leclerc qui veut négocier avec Ho Chi Minh et la » Carme naval » sous l’infleuence de De Gaulle va bombarder Haiphong déclenchant une guerre de 8 ans qui minera notre économie.
Il est donc facile d’apparaitre comme le pompier sauveur quand, durant 12 ans, on n’a cessé de mettre le feu. Il suffit de lire les éditoriaux du féal Michel Debré dans le « Courrier de la colére » à la veille du 13 mai 1958, qui légitiment, avant la lettre, l’action de la future OAS…
@PBN : Au moins le général a-t-il compris le premier qu’il fallait se débarrasser du boulet ! Car entre 1944 et 1958, le monde avait sacrément évolué : Indépendance de l’Inde en 47, prise de pouvoir de Nasser en Égypte en 1952, conférence de Bandoeng en 1955…
Les carottes étaient d’autant plus cuites que la fournaise était attisée par nos « amis » étasuniens et nos « ennemis » soviétiques…
D’ailleurs, même si le général avait manoeuvré durant toute dette période, voyant bien que l’opinion publique n’était pas prête, gavée qu’elle était du rêve colonial (j’en étais !), il n’en aurait eu que plus de lucidité ; un peu comme notre grand Louis XI qui racontait toutes les salades possibles à ce fier-à-bras de Charles le Téméraire…
Vous avez tous raison, il y a un personnage vécu et un personnage rêvé?.
Ce dernier devant servir la soupe aux prétendants à la présidence de la cinquième république. Pour quelle déraison les Français qui veulent nous en montrer et prétendre nous guider dans l’incertain chemin de la vie en collectivité mondialisée, se servent d’un personnage qui a eu ses heures de gloire.
Ma mère résistait avec un chef capitaine gazé de quatorze en relation avec Londres, aucun ne connaissait de Gaulle à l’époque? L’histoire dit qu’il nous a évité d’être gérer ((colonisé) par les Américains?
Il faut retrouver la mémoire collective de la guerre de 14-18 et le vide laissé dans toutes les familles de France, il faut revoir l’armistice des Généraux devenus Maréchaux responsables de milliers de morts , il faut surtout comprendre l’esprit négatif qui les a mené à 1940 et à la perte de la France. La France, empire colonial a basculé en mai 1940. Ensuite le nazisme a fait éclater l’équilibre mondial instable de l’avant guerre.
Mais c’est bien nous les Français , avec ou sans de Gaulle qui ont abandonné la Patrie. De gauche comme de droite et même ceux qui vont à l’église, chacun inventant sa France, alors il leur faut eux aussi de Gaulle pour incarner un semblant d’unité. Parler d’un homme, qui n’a été qu’un homme, c’est refuser de voir que les tous Français ont perdu (s’il l’avait eu un jour) le goût d’être un peuple.
Nous refusons un roi, mais nous nous soumettons par la république de de Gaulle, à l’autorité des autres. La grande histoire de France, la grande histoire philosophique de nos ancêtres, devraient être les supports de l’avenir, or les Français refusent de les connaître.
Finalement on imagine ce que l’on a pas.
« il faut revoir l’armistice des Généraux devenus Maréchaux responsables de milliers de morts »
Responsables de milliers de morts ? C’est la République qui les sélectionnait et les nommait, C’est elle ( Viviani fondateur de l’Humanité avec Jaurés qui a déclaré la mobilisation générale avec Poincaré en 14) et aussi en 1939, Daladier, lieutenant en 1918. « L’armistice de 40 était indispensable, mais il ne faut pas le dire » C’est ce que dit De Gaulle au général Odic, ancien chef d’état-major de Weygand, qui le rallie à Londres le 20 décembre 1941 . Lisez les mémoires de Joseph Barthelemy, ministre de la Justice du Maréchal et mort dans des conditions immondes à Auch en prison le 14 mai 1945. Pétain qui avait été marqué par le spectacle de ses hommes redescendant décimés de Verdun, depuis la mairie de Souilly, n’avait qu’un but aussi bien en 14-18 qu’en 40-44: épargner le sang des Français. Il n’était pas le seul « général devenu maréchal » dans ce cas: exemple Franchet d’Espérey qui avait perdu son fils à Douaumont et privé de la victoire , un mois avant le 11 novembre par Clemenceau .
« L’empire colonial a basculé en 1940 » ? Basculé où ? Rappelons qu’en Janvier 1941, la flotte de Vichy partie de Saigon inflige à Kho Chang ( Siam allié au japon) la seule victoire navale français des 2 guerres mondiales ! Au contraire , grace à Pétain et Franco ( d’un commun accord) , Hitler a été détourné de l’AFN où Mohamed V l’attendait les bras ouverts. Quel aurait été le sort des 500.000 Juifs d’AFN si il était entré au Maroc en 1940 ? Il suffit de voir ce qui advint aux Juifs de Tunisie en 6 mois d’occupation allemande de novembre 42 à Juin 43, alors que les Allemands subissaient leurs premières défaites, en Tunise , en Cyrénaïque et à Stalingrad. C’est grace à qui, si le 3 Novembre 1943, de Gaulle a pu déclarer Alger capitale de la France libre ? D’abord aux Américains qui ont débarqué en AFN le 8 nov. 42, mais aussi à l’Armée d’Afrique formée par Weygand et Juin et puissamment armée par les USA
Quant au mythe de l »homme qui nous a empéché d’etre colonisé par les USA » en 1945, rappelons que, dix-sept jours après avoir permis aux États-Unis – à travers la création du commissariat au Plan (3 janvier 1946) – de placer leur représentant officieux, Jean Monnet, à la console de commande de l’économie française, Charles de Gaulle a donc démissionné, nous abandonnant en rase campagne., nous laissant, en plus de Jean Monnet, Félix Gouin, Léon Blum qui va courir à Washington pour obtenir de Truman les 2 milliards de dollars necessaires pour survivre quand De Gaulle précédemment et du même , n’avait eu que 600.000 dollars dilapidés pour calmer le parti communiste.
Juste « merci » pour ce que vous avez le courage de dire . La vérité est dangereuse.
Cincinnatus, j’avais 10 ans en 1945 qaund mon père avocat à Oran est rentré alors que je buvais mon café aux pois chiches grillés ( ni lait ni café bi beurre durant 5 ans) avant de partir à l’école . Il était tout pâle et son client ( il était commis d’office) le tirailleur algérien qui avait tiré, le 28 Aout 1944, sur le général Giraud en résidence surveillée à Mazagran , venait d’êtrte fusillé sous ses yeux malgré la lettre de demande de grâce de Giraud lui-même. Le soldat n’évoquait qu’Allah et le dossier était vide. J’ai su bien plus tard par un des magistrats militaires que le dossier avait été caviardé , en particulier la déposition d’un adjudant qui avait poussé le tireur sur ordre d’Alger. Le nommé Bouali Miloud était pour moi un Bonnier de la Chapelle arabe, ce malheureux manipulé lui aussi pour éliminer, le 24 decembre 1942, l’Amiral Darlan et fusillé 48 h après. J’avais horreur du personnage depuis cette date. J’avoue qu’en 1958, j’ai cru que les 12 ans d’exil à Colombey avaient changé l’homme. Mon père que son métier avait formé, me dit : » Vous ( les Français d’Algérie) votez De Gaulle ? Vous allez pleurer des larmes de sang.. »
Militaire dans le Constantinois en 1959, j’ai vite compris que nous étions trahis , que De Gaulle s’était servi du bourbier algérien pour revenir au pouvoir, bourbier qu’il avait savamment entretenu depuis Colombey durant 12 ans, et qu’il n’avait qu’un but : donner l’Algérie au FLN. Mon régiment l’a protégé en Petite Kabylie lors de sa fameuse et honteuse messe à El Kseur au PC de Challe , fin Aout 1959, où il déclara : » Moi vivant, jamais le drapeau FLN ne flottera sur Alger », devant un parterre de généraux dont certains l’avaient rejoint dès 1940 ! Au même moment, il savait que Ben Bella serait adoubé par ses manoeuvres, comme il l’a dit à son féal Jean Méo, polytchnicien que cela amusait beaucoup. Les 20 malheureux qui tombaient inutilement chaque jour, face à la MG 42 des SS, à la frontière tunisienne entre autres, étaient moins « amusés ».
Je passe sur ses choix en 1945, puis en 1958. Notre situation actuelle est en germe dans cette époque…