Ce nouvel article paru le 8 novembre dans Causeur prolonge la série déjà largement entamée par Didier Desrimais sur les inacceptables et nauséabondes dérives de l’univers médiatique. Il faut en effet continuer à dénoncer ces scandales récurrents comme affaire d’État à traiter dans la future campagne présidentielle. L’auteur, Didier Desrimais, en parle ici avec son talent habituel. Nous conseillons d’ailleurs de suivre ses écrits dans Causeur, et ceux que nous reprenons parfois ici.
Par Didier Desrimais*.
Sur son blog, le prof de gauche Olivier Tonneau a dévoilé le programme (à peine caché) de La France Insoumise, avant de supprimer son article dévastateur…
Mais on avait dit “créolisation”…
Olivier Tonneau est enseignant-chercheur de littérature française à l’Université de Cambridge. Membre de La France Insoumise, il s’est présenté aux élections législatives en 2017. Il a été « éveillé à la politique » grâce à Jean-Luc Mélenchon. Si ce dernier rêve d’une France créolisée, son émule espère de « tout [s]on cœur » son Grand remplacement.
L’émission de trop d’Ivan Rioufol et Renaud Camus
Sur son blog hébergé sur le site de Mediapart, dans un article titré “Vite, le Grand Remplacement!”, Olivier Tonneau écrit n’en avoir pas cru ses yeux et ses oreilles : Ivan Rioufol a eu l’outrecuidance d’inviter Renaud Camus sur CNews ; Renaud Camus a eu l’impudence de dire qu’il entrevoyait une lueur d’espoir face à ce qu’il appelle depuis longtemps le Grand remplacement grâce à Éric Zemmour. « On a franchi toutes les lignes rouges », écrit Olivier Tonneau après avoir listé grossièrement quelques « jalons dans la descente aux enfers des médias français » : Marine Le Pen invitée de Karine Lemarchand en 2017 ; le meeting de campagne de Macron à Bercy (où il a eu la révélation que Macron était « un populiste autoritaire aux tendances fascisantes ») ; les interviews complaisantes du même Macron par Laurent Delahousse. On a déjà vu des enfers plus effrayants.
La France est « dominée par des médias de cette sorte », écrit Olivier Tonneau dont le patronyme le prédestinait à la sortie de piste suivante : les « néofascistes » français qui dénoncent le wokisme, la théorie du genre, le racialisme américains importés en France dénonceraient en vérité une chimère. « Les USA ne sont pas un pays woke mais un pays saisi par une psychose réactionnaire qui s’alimente de la peur de quelques ombres de mouvements progressistes plus ou moins confus. » Olivier Tonneau ignore apparemment que ce wokisme qui n’existe pas, selon lui, fait pourtant la loi dans sa propre université. En effet, l’université de Cambridge a décidé d’étiqueter, sur tous les livres jugés « problématiques », des messages d’avertissement sous le prétexte qu’ils contiendraient des propos considérés aujourd’hui comme « choquants ». Dix mille ouvrages, contenant des passages supposément racistes, sexistes, faisant l’apologie de la colonisation, etc., vont par conséquent être relus avec les lunettes wokistes et moralisatrices de quelques inquisiteurs et redresseurs des torts anciens et se voir infliger une verrue explicative. L’ancien temps a été entièrement fautif ; le glorieux présent rachète ses fautes. De nouveau prêtres compulsent les livres pour les corriger, les censurer, les caviarder, bref, les rendre plus présentables aux yeux des nouveaux paroissiens progressistes. Mais, pense vraisemblablement Olivier Tonneau du haut de sa chaire, ce ne sont là que broutilles, « des mouvements progressistes plus ou moins confus », des peccadilles, et ceux qui s’en émeuvent ne sont que des réactionnaires.
“Faire sauter CNews”
« En France, […] les médias de droite tout-puissants font leurs unes sur la prétendue mainmise de la gauche sur le débat public », écrit l’enseignant qui, tout à sa rage de dénoncer Valeurs actuelles, les yeux embués, y voit de plus en plus mal et inverse la réalité. De son propre aveu il est, comme Jean-Luc Mélenchon, robespierriste. Comme lui il se veut l’être vertueux par excellence dans son essence révolutionnaire. Il est par conséquent prêt à tous les sacrifices. « Le ressort du gouvernement populaire en révolution est à la fois la vertu et la terreur ; la vertu, sans laquelle la terreur est funeste ; la terreur, sans laquelle la vertu est impuissante. La terreur […] est donc une émanation de la vertu » écrivait Saint-Just pour justifier les pires exactions de la Révolution française. La guillotine étant passée de mode, Olivier Tonneau espère une destruction radicale de la France soi-disant réactionnaire et raciste. Dans un accès de fièvre vertueuse et terroriste, il écrit souhaiter « qu’advienne au plus tôt » ce Grand remplacement : « Il faut balayer ces moisissures de l’Histoire, il faut basaner les rues, insulter les mémoires, blasphémer le roman national, chanter Nique la France, appeler ses enfants Mouloud, Rachid, Mohammed et Nedjma. Il faut faire sauter CNews. »
Certains de ses amis ont vraisemblablement averti Olivier Tonneau : « il faut faire sauter CNews » est, possiblement, un appel au meurtre ; un cri excité et haineux contre les médias censés permettre l’expression pluraliste, pour le moins. Charlie Hebdo avait d’abord été détruit par un incendie criminel ; on sait la suite. Quelques heures plus tard on a donc pu lire, à la place de « il faut faire sauter CNews », « il faut déferler sur Cnews. » Mais Olivier Tonneau a dit trop crûment ce que pensent ses amis insoumis qui œuvrent depuis longtemps pour la « créolisation » de cette France qu’ils détestent. Même Mediapart semble s’être inquiété des conséquences de cette tribune hallucinante qui dévoile tout le fond de l’affaire révolutionnaire des insoumis, des indigénistes et des racialistes, qui dit la vérité sur l’objectif, qui révèle le ressentiment et la haine qui habitent l’extrême-gauche. Au moment où j’écris ces lignes, il semblerait bien que ce document soit tombé dans un de ces « trous de mémoire » servant à la destruction des articles devenus contre-productifs ou inutiles à la propagande du régime totalitaire dans 1984 : la tribune d’Olivier Tonneau a en effet disparu du site de Mediapart. ■
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Didier Desrimais
* Amateur de livres et de musique, scrutateur des mouvements du monde.