Par Jérémy Bouhy
Jérémy Bouhy est agent sportif dans le football et le rugby. Il a publié cette énergique tribune dans Le Figaro du 9 novembre. Les réactions commencent à monter contre la vague woke. Y compris, donc, dans l’univers sportif. Saluons !
TRIBUNE – Devenant des influenceurs et des célébrités à part entière, les sportifs sont de plus en plus sommés de prendre parti politiquement. L’agent sportif Jérémy Bouhy s’inquiète que l’adhésion au politiquement correct importe désormais plus que les performances sportives.
« Au sein d’une corporation majoritairement à gauche, les journalistes qui suivent et font l’actualité sportive revendiquent désormais sans le moindre complexe leur inclinaison idéologique. »
S’il renvoyait autrefois à des valeurs chevaleresques de panache, de prestige, d’affrontement, à un espace à part, sanctuarisé, où était encore acceptée une certaine idée du patriotisme, le sport a basculé dans le grand bain du monde globalisé et les griffes du nouveau catéchisme qui régit l’ordre occidental : l’universalisme, la tolérance, l’ouverture au monde.
Ainsi, à l’instar du milieu universitaire, du monde de l’entreprise, de la culture et plus généralement de tout ce qui compose le paysage audiovisuel, le sport français est aujourd’hui dévoré par le virus contemporain qu’est le politiquement correct.
Le premier niveau de responsabilité touche directement les acteurs du sport : les athlètes, les clubs, fédérations et organisateurs de compétitions.
Si autrefois les recettes financières étaient partagées entre les vainqueurs, les meilleurs, en fonction de critères et facteurs purement sportifs, d’autres considérations sont apparues, époque oblige, et chacun peut désormais tirer un immense parti d’une communication savamment orchestrée autour de la morale, l’éthique, et la vertu, valeurs cardinales recherchées par les publicitaires, piliers du capitalisme mondialisé.
Projets humanitaires, soutien aux minorités, causes politiques en vogue (féminisme, antiracisme, réchauffement climatique)… tous les acteurs du sport, sans exception, se sont laissés emporter dans cette surenchère à l’émotion, pour afficher, exhiber, brandir et revendiquer bons sentiments et supériorité morale, préalable indispensable à tout démarchage de sponsors.
Celui qui ne suit pas le mouvement s’auto-condamne au goudron et aux plumes ; c’est notamment pour cela que la Premier League anglaise de football assiste chaque week-end, impuissante, au spectacle des « minutes de silence et genoux au sol Black Lives Matter » qu’elle ne peut interdire sans déclencher une tempête médiatique et subir des représailles commerciales et financières.
Ce schéma d’aliénation mentale a fini par modifier fondamentalement l’ADN du champion, qui ne brille plus seulement par sa supériorité technique. L’athlète 2.0 doit aujourd’hui être connecté, citoyen du monde, éco-responsable, conscient de ses privilèges, et épris de justice sociale.
Michel Platini a fait chavirer les cœurs de nos pères par ses dribbles et ses buts, mais c’est désormais sur le terrain du sociétal qu’Antoine Griezmann bâtit patiemment son image, en affichant ostensiblement son soutien aux Ouïgours, en condamnant les «violences policières», ou encore en saluant l’illumination du stade de Munich aux couleurs LGBT pendant l’Euro 2021.
Ceci fait le lien avec le deuxième niveau de responsabilité.
De nombreux passionnés s’étonnent de la couverture médiatique dont bénéficient Vikash Dhorasso, Serena Williams et Megan Rapinoe pour parler de racisme systémique, d’inégalités salariales entre hommes et femmes, ou vomir sur Donald Trump.
Au sein d’une corporation majoritairement à gauche, les journalistes qui suivent et font l’actualité sportive (envoyés spéciaux de presse écrite, commentateurs, présentateurs, consultants) revendiquent désormais sans le moindre complexe leur inclinaison idéologique.
Rajeunie, féminisée, très active sur Twitter, emprise (et éprise) de la culture urbaine contemporaine, cette nouvelle génération de journalistes sportifs est à l’avant-garde des nouveaux combats, auto-investie de la mission de diffuser dans le paysage sportif les valeurs humanistes et divers lieux communs du moment.
La ligne éditoriale des revues et émissions phares en est profondément affectée, et les lecteurs de L’Équipe, comme les téléspectateurs de Stade 2, ont compris que le sport n’était plus le cœur des sujets traités mais désormais une simple toile de fond pour développer une thématique politiquement orientée, comme l’homosexualité dans le rugby amateur ou le sort des footballeuses afghanes…
A cette alliance entre libéraux et libertaires s’ajoute comme bien souvent un troisième niveau de responsabilité : le volet institutionnel. Un climat très particulier pèse sur le sport français, mis en coupe réglée par les directives et oukazes de Roxana Maracineanu, ancienne militante d’extrême gauche devenue Secrétaire d’État au Sport.
Obsession monomaniaque du sport féminin, quotas de femmes au sein des instances dirigeantes des fédérations, horaires aménagés et réservés aux femmes voilées, « journées contre l’homophobie dans les clubs »… Il y a dans ces mesures punitives et infantilisantes un indéniable mépris de classe, qui trahit la façon dont les élites nationales voient le passionné de sport (un déviant qu’il faut rééduquer) ; et en filigrane un message subliminal selon lequel le sport français est le dernier vestige de l’ancien monde, l’ultime bastion du patriarcat et du privilège blanc, qu’il faut émasculer et déconstruire, afin de rebâtir une France plus juste, plus inclusive, multiculturelle et paritaire.
La dernière cérémonie des César a scandalisé les Français, et révélé le degré de déconnexion de l’industrie du cinéma, que quarante années d’agenda progressiste ont séparée du pays réel.
Les passionnés doivent prendre la mesure du danger qui les menace, et déclarer une guerre des tranchées à ceux qui engagent le sport sur le même chemin. ■
Certes !!
Mais le sport c’est avant tout le respect des partenaires et de l’adversaire, non ?
La religion, le sexe, les préférences, les ce que vous voulez, c’est important oui, mais le sport avant tout !!
Devant le refus de certaines équipes de Rugby à mettre un genou à terre,maintenant il est imposé une minute de silence avant les matchs internationaux.