Par Bérénice Levet.
Voici que Bérénice Levet nous offre une nouvelle et profonde méditation – puisant aux sources antiques, classiques aussi bien que modernes de notre civilisation – sur les symptômes de son terrible déclin. Nous l’avons déjà dit : Pour Bérénice Levet dont nous suivons depuis assez longtemps la réflexion et les remarquables travaux, la crise que nous vivons est bien davantage qu’une crise sanitaire, économique ou même seulement politique. Il ne faut donc pas manquer de lire ces lignes suscitées par la publication du dernier ouvrage d’Alain Finkielkraut, éclairé, prolongé par sa réflexion propre qui n’est pas, tout au contraire, d’un moindre intérêt. Et, sur tel ou tel aspect des choses où nous pourrions nous trouver en désaccord (par exemple sur le combat pour l’émancipation qualifié de splendide épopée par Alain Finkielkraut) il n’est pas interdit de débattre. [Causeur 14 novembre].
Dans L’après littérature, Alain Finkielkraut déplore la disparition d’une époque littéraire qui ne dictait pas aux romanciers leur façon de dépeindre “la réalité du réel” et ne les terrorisait pas à coup de doctrine néoféministe, antiraciste et wokiste. Or, la société française, la culture européenne ont été bâties par des écrivains capables de dépeindre l’ambiguïté, la complexité et la singularité des choses humaines.
En 1935, dans une célèbre conférence, La Crise de l’humanité européenne et la philosophie, Husserl s’inquiétait du dévoiement de la raison exploratrice des Anciens en raison instrumentale et calculante des Modernes, et rappelait l’Europe à son inspiration et à sa vocation inaugurale. Quelque cinq décennies plus tard, dans un dialogue fécond avec Husserl, Milan Kundera remémorait aux Européens que la modernité ne s’identifiait pas toute entière à Descartes. À l’orée des temps modernes, un autre cavalier, espagnol celui-là, Cervantès, était également parti d’un très bon pas, animé de la passion de voir, de comprendre, d’interroger, qui avait jailli à Athènes au IVe siècle avant Jésus-Christ, poursuivant, prolongeant l’enquête commencée par les premiers philosophes. Ainsi, Socrate n’était pas sans héritiers, mais ses héritiers s’incarnaient dans les romanciers. Et c’est à eux que l’Occident, et singulièrement la France, « confia la garde de son humanité » selon la belle et profonde expression de Marc Fumaroli, c’est à l’autorité de la littérature, que la civilisation européenne s’en remit « pour se reconnaître, se comprendre et s’orienter », ainsi que l’écrit encore l’auteur de Trois institutions littéraires.
Or, c’est cette page que Finkielkraut voit se tourner, c’est cette histoire, longue de plusieurs siècles, que l’auteur de L’après littérature voit s’achever. Oh, assurément, il y a toujours des livres et de « vrais livres » qui s’écrivent, qui sont publiés et même, pourquoi pas, plébiscités, mais ceux-ci « n’impriment plus », selon le mot de Finkielkraut. Ils demeurent sans effet. Philip Roth, Milan Kundera, Michel Houellebecq, Yasmina Reza et quelques autres peuvent bien peindre une réalité complexe, ambivalente, chatoyant de mille facettes, irréductible à l’affrontement de deux forces, mais à peine leurs romans ou leurs pièces de théâtre sont-ils refermés que la machine à fabriquer des généralités, du mélodrame, de l’idéologie se remet en marche, que les catégories forgées dans l’arsenal du féminisme, de l’antiracisme indigéniste et décolonial reprennent tranquillement leur carrière, que chacun se remet à parler la langue du wokisme – diversité, minorité, visibilité, patriarcat, racisme et sexisme systémiques.
Après Muray, Finkielkraut
Où que nous tendions l’oreille, c’est inlassablement la même histoire, celle de l’Occident comme grande fabrique de victimes – les femmes, les Noirs, les musulmans, les minorités sexuelles, et, last but not least, la nature et les bêtes – et, à la manœuvre, invariablement le même protagoniste, l’homme blanc hétérosexuel, chrétien ou juif, ayant pour seul éperon la domination et la prédation de tout ce qui n’est pas à son image.
Bref, à la fin, c’est toujours Virginie Despentes ou Édouard Louis qui gagnent ; c’est dans leurs intrigues simplissimes que le réel se doit d’entrer et que nous nous retrouvons condamnés à vivre. La question reste bel et bien celle que posait Finkielkraut dans Ce que peut la littérature : à quelle bibliothèque confions-nous notre destin ? Il semble que nous l’ayons confié à ces écrivains géomètres, qui ne se regardent plus comme des guetteurs de vie et des chasseurs de vérité mais bien comme des bâtisseurs de grands systèmes, nous conduisant vers l’humaine condition avec des idées simples, désespérément simples.
Après l’histoire, diagnostiquait Philippe Muray, « après la littérature », poursuit aujourd’hui Alain Finkielkraut. Leur objet est le même. L’un comme l’autre explorent cette nouvelle réalité, l’avènement d’un monde qui donne résolument congé au tragique, aux tensions, aux polarités et qui, à « la réalité du réel », l’expression est de Finkielkraut, substitue une réalité virtuelle, un monde parallèle qui a pour vertu d’être d’une cohérence parfaite, de celle qui ne se rencontre jamais dans le monde réel.
Et comme Muray, plutôt que de théoriser et de conceptualiser, Finkielkraut a choisi de s’appuyer sur des choses vues et entendues, qui scandent notre actualité depuis notamment Metoo et, dans son sillage, Black Lives Matter. Ce choix déconcertera certains lecteurs : ils s’attendaient à lire un livre sur la littérature et l’auteur les entretient d’abord du féminisme, de l’antiracisme, de l’écologie – les trois idéologies qui nous assiègent. Mais c’est précisément ce siège, cet assaut de la vie publique et politique, de la vie de l’esprit aussi, par un prêt-à-penser d’une indigence et d’une abstraction redoutables qu’entend faire résonner ici Finkielkraut. La moindre tentative de rapatrier le discours dans le monde concret des hommes, de rendre un visage à cette « paradoxale pluralité d’êtres uniques », selon la belle expression d’Hannah Arendt se voit d’emblée bannie.
Finkielkraut n’a pas d’autre passion ni d’autre tourment que le particulier, l’unique, le visage de l’autre homme, le visage d’un paysage aussi, l’imprévisibilité du réel, son art de triompher de toutes nos attentes et de tous nos calculs : ce n’est pas en esthète qu’il aime la littérature ; il aime les romanciers, les poètes, il a besoin d’eux, impérieusement, ardemment parce qu’ils sont les dépositaires et les gardiens de cette réalité éminemment savoureuse car inépuisable et incommensurable. Il a besoin des écrivains, mais aussi des peintres, des musiciens, autres témoins et sentinelles de la mélodie unique des êtres et des choses.
Le monde d’après
L’objet de Finkielkraut n’est donc pas, ou pas seulement, la fin de la littérature, même s’il observe que la littérature occupe « une place toujours plus marginale dans l’actualité littéraire au profit des témoignages bruts, des livres coups de poing. » C’est ce qui est en jeu dans la littérature : l’humaine condition, l’étoffe dans laquelle nos vies sont taillées. « Rendez-nous le miracle de l’être » – ce miracle de l’être qui n’intéresse pas les idéologies, ainsi que l’avait analysé Arendt : tel aurait pu être le sous-titre du livre de Finkielkraut.
Le monde de l’après littérature, c’est un monde où l’ontologie du roman, son idée de l’homme, son esprit n’innervent plus notre intelligence des êtres et des choses, et n’ont plus droit de cité. Un monde dont s’efface ce que le romancier Patrice Jean appelle dans un magnifique texte que le lecteur pourra lire sur Causeur.fr, « la morale littéraire », la conscience vive de ce que le monde ne s’épuise pas dans l’alternative du « salaud » et du « juste ». Le monde d’après la littérature que peint Finkielkraut, c’est un monde « sans brouillard », « sans tâtonnement », « sans arbitrages délicats », un monde où Antigone a seule raison et Créon toujours tort. Un monde où la forme n’est plus regardée que comme « rappel à l’ordre » quand elle est « rappel à l’autre », selon l’habile et inspiré jeu de mots de Finkielkraut. Un monde où la France, de patrie littéraire se mue en « société littérale » et tous les mots comptent ici, car c’est bien sous la tyrannie de la société que nous vivons. Ce n’est plus l’État qui ignore le second degré et interdit ou brûle les livres, mais les groupes sociaux.
Un monde d’après la littérature, c’est aussi un monde d’où disparaissent le goût des nuances, le sens de la complexité. Sans doute. On hésite cependant à mettre ce point en avant tant l’éloge des nuances et de la complexité est en passe de devenir la chose du monde la mieux partagée, véritable tarte à la crème à l’ombre de laquelle pénètrent toutes les idéologies. Témoin le ministre de l’Éducation nationale, Jean-Michel Blanquer, qui dans le même temps peut rendre hommage à « Finkielkraut disant avec un sens profond que nous entrons dans l’après-littérature, c’est-à-dire dans la tentation de se passer de la complexité et de la subtilité des textes » et accréditer la thèse d’une langue française sexiste et patriarcale, inhospitalière aux femmes en promouvant l’usage de ce que Finkielkraut qualifie de « bégaiement », à savoir la pulvérisation du masculin à valeur générique en féminin et masculin. Une circulaire ministérielle exhorte en effet à « faire apparaître simultanément les formes féminines et masculines d’un mot », ainsi de « candidats et candidates » ou d’« inspecteurs et inspectrices », « afin de rappeler la place des femmes dans toutes les fonctions ». On regrettera que le ministre ne se soit pas laissé inquiéter par les pages que Finkielkraut consacre à la question : « Le néoféminisme est un vandalisme […], le combat pour l’émancipation achève sa splendide épopée dans l’insondable bêtise d’un bégaiement obligatoire. »
Tante Céline
Cette réflexion sur le monde d’après la littérature, Finkielkraut l’avait amorcée dans Un cœur intelligent – ce don littéraire par excellence, qu’Arendt découvre dans le Livre des Rois alors qu’elle s’interroge sur la capacité de l’homme à dire l’inédit, le sans précédent, de ne pas reconduire l’inconnu au connu, et à laquelle Finkielkraut aura donné une magnifique postérité. « C’est peut-être cela la société post littéraire ou le monde d’après le roman : un monde peuplé d’Emma Bovary sans Flaubert, d’enfants de Don Quichotte sans Cervantès », ou d’Armande, de Cathos et de Magdelon sans Molière, pourrait-on ajouter.
D’autant que les Tante Céline veillent, veillent à ce que personne n’ait la hardiesse de vouloir les empêcher de catéchiser en rond. Le nouvel ordre moral n’est pas sans généalogie en effet. Finkielkraut a découvert son ancêtre : la Tante Céline de Proust. Que demande Tante Céline à la littérature, à Saint-Simon en l’occurrence ? Non pas l’inquiétude au sens étymologique du terme, le non-repos, non pas le tremblement du sens et des sens. Non, Tante Céline exige des écrivains qu’ils viennent ratifier ses certitudes, homologuer ses évidences, bref qu’ils abondent dans son sens. Et, érigée en tribunal, au moindre pas de côté, à la moindre liberté prise par l’écrivain avec la carte routière rigoureusement tracée par l’esprit du temps, elle s’indigne, elle condamne et aujourd’hui efface, annule, biffe l’auteur capable de pareilles témérités.
Féminisme, indigénisme, cancel culture, esprit woke ? « Écumes des choses », ainsi que l’objecta Antoine Compagnon à Alain Finkielkraut à la faveur d’une conversation organisée par Le Monde des Livres ? Le professeur au Collège de France assure que son enseignement de la littérature, y compris aux États-Unis, n’est en rien affecté par ces idéologies. À suivre la série « Un été avec Colette », dont il fut le maître d’œuvre sur France Inter, n’est-on pas autorisé à en douter ? Ce fut souvent une Colette au filtre du féminisme, du Genre et autre militantisme LGBT : « Colette réfléchissait déjà sur le genre », « Lesbos ou les amours saphiques de Colette », « Le phalanstère, refuge pour Colette et ses amies ». Ce ne sont certes pas les seules entrées proposées par Compagnon, mais toutes les occasions étaient bonnes pour rappeler la « fluidité » de l’identité sexuée et sexuelle de Colette.
Une nostalgie vivifiante
Un mot sur la nostalgie d’Alain Finkielkraut – cette belle disposition dont Barthes se faisait l’avocat en 1980, observant que la menace qui pesait sur la France, ce n’était pas un excès de nostalgie mais une « amnésie spectaculaire ». La résistance commence avec la nostalgie.
S’il ne devait en rester qu’un, Alain Finkielkraut serait celui-là. Il ne laissera pas ce continent de la vie explorée par la littérature qu’était l’Europe, ainsi que l’établissait Kundera dans les pages que j’ai mentionnées en ouverture, cette patrie littéraire qu’était la France, s’éteindre, disparaître sans en prononcer le requiem. Requiem, le mot n’est pas excessif car en perdant la vision littéraire du monde, « l’Occident se dit Adieu. Adieu et non au revoir », écrit Finkielkraut. Adieu, mot terrible qui nous remet en mémoire les vers de Mandelstam : « Qui peut disant ce mot savoir / Ce qu’il porte de séparation. »
Plus optimiste que Finkielkraut, plus naïve peut-être, je veux croire que l’éros de la littérature, et donc de la vision littéraire du monde, finira par rejaillir. On s’ennuie vite dans la compagnie des féministes, des indigénistes, des décoloniaux ! L’esprit se dessèche à leur contact et l’expérience s’appauvrit. Morne plaine que leur triptyque bourreau-victimes-domination/prédation ! Ne finirons-nous pas par être las de leur immuable scénario et de leurs lamentables catégories de pensée ? Qui n’est pas encore totalement abasourdi par les échos, extrêmement sonores, de la Caverne et consulte sa propre expérience ne peut que pressentir que la vraie vie est ailleurs, et à l’image de celle que peint et éclaire la littérature. Et c’est cette vérité portée par l’art que, évoquant et convoquant ses compagnons de vie et de pensée que sont Kundera et Roth d’abord, mais Proust, Claudel, Appelfeld, Debussy ou Poussin aussi, Finkielkraut, par contraste avec l’épaisse vanité et le mensonge des idéologies, rend éclatante, en dépit de l’inquiétude et du désarroi qui habitent ces pages. ■
Bérénice Levet
* Bérénice Levet est docteur en philosophie et professeur de philosophie. Elle a fait paraître Libérons-nous du féminisme ! aux éditions de l’Observatoire, 2018. Elle avait publié précédemment « Le Crépuscule des idoles progressistes » (Stock, 2017) et « La Théorie du genre ou Le Monde rêvé des anges », préfacé par Michel Onfray (Livre de poche, 2016).
On oublie bien trop régulièrement que ce que l’on appelle «littérature» a deux sujets : d’une part, ce qu’il reste d’un art (ultime survivance de la poésie et de la philosophie, pour faire court) et, d’autre part, quelque chose de plus pragmatique que je ne saurais rattacher à rien qui fût «ancien». Or, le dévoiement de la «littérature» a connu plusieurs étapes ; rapidement, disons que cela est passé par l’apparition des libelles, par les fadaises pseudo-philosophiques des «Lumières» et par les faux romans axés sur la dénonciation de la foi, avec leur cohorte de religieuses violentées, de curés érotomanes et de familles corrompues ; sans parler du fameux «esprit français» de la conversation – «esprit» s’exerçant dans le ricanement, en général, et les «piques», en particulier. Bref, notre «littérature» est une bâtarde, qui voudrait pouvoir se réclamer d’Homère et de Marx, simultanément – c’est absurde, évidemment. Mais voilà que, parlant à la mode du Maqueron, cette bâtardisation devrait apparaître comme une «réalité complexe»… Eh bien non ! Tout au contraire, il s’agit de la simplification scolaire à quoi la Modernité veut tout réduire.
La «littérature» a le choix entre les deux «voies» dont elle est issue, celle entrant dans la «Forêt morale et spirituelle» (selon le titre de Claudio Monteverdi pour le recueil de ses œuvres sacrées) ou celle voulant «faire du plus laid avec du laid», pour reprendre la formule de Léon Daudet visant l’École du Naturalisme français… Le sympathique Finkielkraut n’a pas tout à fait tort et l’Antoine Compagnon, non plus, mais, malheureusement, l’un et l’autre ne veulent ou ne peuvent pas regarder la réalité, qui leur apparaîtrait non si complexe qu’ils l’imaginent, pour peu que, «culturellement», ils soient capables de consentir à explorer certaines «œuvres» qu’ils semblent tenir à exclure de leur réflexion… L’exemple le plus frappant est présenté par Antoine Compagnon, lequel, dans son livre «Les Antimodernes», d’une part, ne craint pas de mettre quasi sur le même plan Joseph de Maistre et Roland Barthes, afin de les introduire dans son système et, ainsi de réduire le premier au second, au lieu qu’il faut évidemment les opposer ; d’autre part, récitant ces «antimodernes», il s’abstient soigneusement d’observer un tant soit peu le seul «antimoderne» capable de se mesurer à Joseph de Maistre, à savoir René Guénon, lequel René Guénon ne saurait être inconnu à Antoine Compagnon, sauf à ce que ce dernier eût tout simplement été inculte en la matière qu’il entendait traiter…
Je veux donc dire que les Fienkielkraut et autres Compagnon suivent scrupuleusement le dévoiement qu’ils feignent de dénoncer ou d’analyser de manière «critique». Leurs façons de penser et de faire collaborent quasi jointivement à leur objet, et ce, parce que, au fond, ils en sont les produits et que, surtout, ils bénéficient de l’héritage que cela leur réserve.
La question du «Don Quichotte» de Cervantès, évoquée par Bérénice Levet, saurait d’ailleurs être bien enseignante, pour peu qu’on l’observât très scrupuleusement : s’agit-il d’une espèce de «rabelaiserie» ambiguë déplorant l’état de l’Humanité en train de venir, ou bien une «charge» dirigée contre certains esprits «réactionnaires» ou «passéistes» d’alors ? La question est insoluble et l’ambiguïté qu’elle porte est justement celle de la «littérature», laquelle, dans tous les cas actuels, ne veut plus souscrire à la règle franciscaine d’Obéissance (qui comprend l’impératif article : «Désobéir!») – on ne saurait ici observer cette donnée des Frères mineurs, mais il fallait la mentionner. Il fallait mentionner cette donnée parce que, pour résumer notre «critique» des Finkielkraut et Compagnon, ceux-là obéissent à leur moi et désobéissent à Dieu, croyant opérer l’inverse, et ce, pour cette raison – distillée par la modernité outrecuidante – qu’ils associent l’idée actuelle, qu’ils entendent combattre, précisément à l’idée antérieure, que les «philosophes» des Lumières voulaient se faire de ce qu’ils tançaient en tant que «religion», tandis que l’individualité des uns et des autres, tout spécialement la leur, leur apparaît «souveraine» – au sens, finalement, du fallacieux «peuple souverain» de la démocratie. La notion de «hiérarchie» est fondamentalement absente de chez toute cette gent, or, désormais, c’est sensiblement la seule qui permettrait aux «ceuss» de notre époque que nous sommes d’y voir un peu clair dans l’anarchie des décompositions, intellectuelle et artistique, qui composent exactement le désordre de la littérature…