Gabrielle Cluzel a donné sur Boulevard Voltaire le 17 novembre, un commentaire parfait de cet entretien d’Europe 1 – décapant, comme toujours avec Luchini. Nous nous permettons de le lui le reprendre pour le profit des lecteurs amis de Je Suis Français. On sait que les propos de Fabrice Luchini ont fait grand bruit. Entre autres, lorsqu’il déclare qu’il a envie d’étrangler tous ceux qui disent « celles et ceux ». Y compris le pauvre Emmanuel Macron qu’il aurait prié « d’arrêter ça ! ». Pourquoi nous emploierions-nous à défendre notre identité menacée si ce n’était aussi pour sauver notre langue de la médiocrité et notre culture ? Saluons d’un même mouvement Fabrice Luchini, Sonia Mabrouk et Gabrielle Cluzel !
Ce mardi matin du 16 novembre de l’an de grâce 2021 après J.-C., Fabrice Luchini était l’invité de l’excellente Sonia Mabrouk, sur Europe 1, pour évoquer sa dernière pièce : La Fontaine et le confinement. Sacré Fabrice qui s’échappa aussitôt du cadre imposé… Électron libre incontrôlable mais génial, capable de citer fort à propos des vers de L’Ours et l’amateur des jardins, écrit de main de maitre par celui qui sut se moquer des élites courtisanes sans en être disgracié pour autant. « La raison d’ordinaire n’habite pas longtemps chez les gens séquestrés […]/[…] et bien qu’on soit, à ce qu’il semble, beaucoup mieux seul qu’avec des sots […] » en limpide allusion à ce que vous devinez. Alors, comme à son habitude, enivré par sa verve, montant dans les tours et partant à l’assaut des moulins à vent sur sa fidèle Rossinante, sieur Luchini lâcha ses chiens fous sans craindre les foudres présidentielles dont ils mordaient pourtant les basques : « Les hommes politiques, je ne les aborde que dans leur manière de ne pas avoir des tics de langage. Par exemple, « celles et ceux »… j’ai envie de les étrangler ! C’est mauvais quand ça devient mécanique, quand c’est pas habité. » De qui pouvait-il bien parler, dans cet appel au meurtre prononcé au second degré ? Partageant sa pulsion féroce, nous pouvons lui pardonner son dérapage déicide… mais qu’en pensera notre Jupiter outragé ?
En effet, la novlangue comme les tics de langage nous irritent – pour ne pas dire nous rendent fous ! Voici, plus loin, quelques exemples non exhaustifs de cette dérive délétère. Comme l’a dit Lénine, cet homme de déraison pour une fois raisonnable : « Faites leur manger le mot et ils avaleront la chose. »
« Quand on a peur de nommer les choses… », ce qui, comme nous l’a prédit Albert Camus, « …rajoute du malheur au monde », on les néologise, on les anglicise, on les tord en verlan… mais ce ne sont que des subterfuges, des simulacres, des mascarades, des voiles de cache-sexe pour le moins vaporeux. Ils ne font qu’accentuer ce qu’on voulait gommer, révéler ce que l’on voulait faire disparaitre et rendre étranger mais moderne notre lot quotidien.
Dans cette même logique, en toute âme simplette, les enfants se cachent derrière leur petit doigt, imaginant ainsi devenir invisibles… Ne plus voir pour croire ne plus être vus. Pas grand monde n’est dupe et beaucoup, parmi nous, savent encore décrypter la dissimulation ; la dissimulation des mots pour le dire.
De cette façon, on croit changer la réalité en euphémisant les mots : incivilités pour sauvageries, déséquilibré pour fou, fou pour terroriste, terroriste pour islamiste, lieu de privation de liberté pour prison, malvoyant pour aveugle, personne à la verticalité contrariée pour nain, à mobilité réduite pour handicapé, malentendant pour sourd, en recherche d’emploi pour chômeur, mal-comprenant pour con, arts premiers pour œuvres primitives, art conceptuel pour de la merde en boîte, homme politique pour politicien, professeur des écoles pour instituteur, technicienne de surface pour femme de ménage, travailleuse du sexe pour putain, senior pour vieux, décédé pour mort, personne en apprentissage de rue pour SDF, SDF pour clochard, exilé pour migrant, migrant pour sans-papiers, sans-papiers pour irrégulier, jeune pour voyou, black pour noir, feuj pour juif, rebeu pour beur, beur pour arabe… et céfran, bouffon ou face de craie pour Français. ■
Il me semble que le premier à avoir osé utiliser le fameux « celle et ceux » par pure démagogie est Giscard d’Estaing et cette horreur s’est généralisée rapidement. De Gaulle aurait dit de son ministre des Finances durant 4 ans ou presque: « Ce type là nous f***tra dans la m*** ». « Il ne croyait pas si bien dire pour les finances avc sa taxe sur les plus values, son emprunt ( entre autres) , mais aussi pour nos institutions elles mêmes avec le regroupement familial, les prérogatives du Conseil Constitutionnel, sa Constitution Européenne retoquée par le referendum et rattrapée par Sarkozy à Lisbonne, le divorce par consentement mutuel et l’Avortement ( où curieusement et au nom de l’égalité républicaine, le consentement du géniteur est exclu !) . Pseudo noble, « Cincinnati »à titre non hereditaire !, ce grand bourgeois était , parait-il, d’un grande intelligence, ce qui prouve qu’intelligence sans bon sens est une catastrophe, en un mot l’inverse de Henri IV qui lui , en 20 ans de règne, a sauvé la France.
Selon certains, c’est à Foutriquet que nous devons aussi l’officialisation, la consécration présidentielle du désaccord entre sujet et participe passé : « les mesures que nous avons pris » d’Estaing ? non ! Giscard-malédiction !
Et une encore qui m’exaspère : les personnes « en situation de… ». Je ne vois pas ce que ça peut apporter à un handicapé, à un pauvre, à je ne sais quoi…
Cheville de langage ou, comme je crois, peur des mots ?
Tout semble avoir commencé à se défaire avec VGE ( pour les temps actuels ) . Il était surprenant d’entendre , de son Président , que la France était une puissance moyenne !
C’était nouveau , également de s’adresser aux Français catégories par catégories au lieu de se contenter des Françaises et Français ( à ne pas mettre sur le même plan que « celles et ceux ») .
Cette segmentation , déplaisante , préparait ce qu’on appelle maintenant séparatisme , par l’effet rajouté d’une immigration encouragée dés cette époque ; immigration dont il fallait être aveugle pour ne pas voir , du fait de son ampleur justement , qu’ elle ne pouvait se passer dans de bonnes conditions d’acceptation par les natifs , d’adaptation pour les arrivants ; lesquels arrivants , du reste , auraient très bien pu revenir au pays plus conforme à leur religion et à leurs coutumes , une fois acquis le fruit de leur labeur.
Cheville de langage aussi que la disparition de l’adjectif possessif « notre » pour faire majestueux. Nos élites ne disent plus » notre programme » , « notre but » mais « le programme qui est le nôtre », » le but qui est le nôtre ». Celà fait plus sérieux et permet de retarder le néant de ce qui va suivre.
il y a aussi les mots « moucheron » qu’affectionnent les jeunes mais pas seulement. En ce moment, c’est » en fait » qui revient sans cesse. Souvent , il n’y a aucun argument factuel qui suive mais cela sert de ponctuation. Auparavant, mais cela s’estompe, c’était » si ça se trouve… » ou encore » Je vais être franc » ce qui prouve qu’on mentait auparavant. Autre locution fréquente: » On va dire ! ». Pourquoi donc dire qu’on va dire ? Etrange …
Chez les jeunes , c’est trop bien au lieu de c’est très bien . Quand cela revient trop souvent , le seul moyen de les calmer un peu est de commenter , ironiquement , par « grave » . Mais parfois , ils tiennent tête et vont chercher une boite de céréales sur laquelle est écrit « c’est trop bon » pour prouver qu’ils ont raison ! Cela va passer se dit on parfois , ce sont des adolescents ; mais non ! A trente ans , c’est encore trop ceci ou trop cela au lieu de très .
Pour revenir à l’ horrible « celles et ceux » dont on peut se passer , puisque le simple « ceux » est compris comme neutre , il est singulier qu’ayant été employé au sommet de l’ Etat il ait diffusé comme une traînée de poudre parmi le personnel politique , les journalistes etc . « Panurgisme » , courtisanerie ? En tout cas , cela va devenir un indicateur , en société : se contenter de « ceux » et l’on sera considéré comme « réac » ( simplement « ringard » auprès des mieux disposés . )
Demeurons de fidèles amoureux de la langue française, et soyons fiers d’être de fidèles « réac », aussi longtemps que règneront la médiocrité et le mauvais goût .
Ne désespérons pas d’en être un jour remerciés et honorés , fût-ce à titre posthume !
Cordialement