Par Philippe Mesnard.
Nous voici à l’aube d’une nouvelle année. Comment dire ? Bonne année ! Et prenons de bonnes résolutions.
Par exemple, je vous promets que je ne comparerai plus le pape François à Emmanuel Macron. Même si l’un explique que tout est de la faute des non-vaccinés si on n’est pas au top de la fête en France (malgré les remarquables, excellents et certifiés confinements, passes et vaccins, tous moyens dont on nous a vanté en leurs temps la radicale bonté et l’absolue fiabilité) et l’autre que tout est de la faute des traditionnalistes si les catholiques n’ont pas encore compris que Vatican II est le truc le plus cool depuis la résurrection du Christ (dont la réalité historique est moins certaine que l’excellence et la fécondité de Vatican II, selon quelques cardinaux) alors que tout est mis en œuvre depuis 70 ans pour en persuader les chroniqueurs religieux du Monde. Je vous promets que je ne comparerai plus ces chefs et leurs lieutenants dans leur manière de protester en permanence du souci qu’ils ont des autres, de l’amour qu’ils leur portent, de la liberté qu’ils chérissent, liberté dont ils accompagnent la croissance en la liant à de beaux tuteurs, passe vaccinal et motu proprio. Je vous promets que je ne dirai plus qu’ils nous étouffent de même manière pour la simple raison qu’il est intolérable aux puissants que tous ne soient pas rangés sous la loi de leur arbitraire, qu’ils ne justifient qu’en grossissant de fumeux périls. Voilà, c’est promis ; je tiendrai bien quelques mois.
Sinon, nous éviterons les sujets qui fâchent. On les épuise dans ce numéro. Vous aurez droit aux mensonges de l’Institut national d’études démographiques (Ined) dont les chercheurs indigénistes tordent les données et faussent les analyses pour nous expliquer à quel point tout est bon au bon pays de France et qu’il n’y a pas plus intégrés que les descendants d’immigrés maghrébins – quoi que les intéressés eux-mêmes puissent dire (rappelons que, selon une étude de l’Ifop, 65% des jeunes musulmans considèrent que « les normes et règles édictées par [leur] religion sont plus importantes que les lois de la République ». Les étudiants catholiques, mieux éduqués, ne sont que 33% à l’affirmer ; mais on va mettre François sur le coup, il a un stock de motu proprio à écouler, on espère tomber à 16% d’ici deux ans). Vous aurez droit à l’indépendance de la Nouvelle-Calédonie et au sort des Outre-mer. En gros, il n’y que les Chinois, l’ONU et les ministres macroniens qui veulent que la France brade ses territoires, les Français préfèrent rester Français. On se demande qui va gagner. Suspense ! On vous parlera aussi de la manière dont le diocèse de Paris avait le choix entre restaurer un édifice éclatant de couleurs, œuvre d’art totale rêvée et réalisée par Viollet-le-Duc, dont le peuple de Paris aurait pu s’emparer, et imaginer un lugubre parcours touristique achevant de dénaturer l’édifice. D’une certaine manière, on n’est jamais déçus, n’est-ce pas. Mais en 2022, que du bonheur !
Taubira, une voie !
Je vous promets aussi que nous parlerons de Christiane Taubira. On effleure à peine le sujet dans ce numéro, nous essaierons d’être plus complets. De méditer ses mots, ses silences, sa ponctuation. Quand 1543 élus de gauche ont appelé à une primaire citoyenne qui permettrait au PS d’éviter un ridicule supplémentaire, Christiane a touité, le 19 décembre : « Nous dépasser, toujours et encore. Pour servir. Nous avons su. Nous saurons. En responsabilité. » Comment ne pas être saisi ? Parce que c’est une dame qui va tout de suite au cœur des choses. Là, par exemple, elle a envoyé paître Jadot, le mieux placé à gauche. Pourquoi ? Parce que c’est une impasse, alors qu’elle est la voie. Christiane s’est engagée à « dépasser le cul-de-sac politique », comme le dit très bien un journaliste de BFM, c’est-à-dire à crever le fond du sac, à tomber très bas. « J’y œuvrerai en loyauté, respect et volonté d’aboutir » a promis Christiane. Promis, on observera.
Puisqu’on en est à prendre ensemble de bonnes résolutions, nous vous promettons que nous continuerons à louer, par de justes critiques, tout ce qu’il y a de remarquable et de beau, de bon et de vrai, dans les arts comme dans les lois – quitte à beaucoup parler d’histoire. Nous continuerons à critiquer les institutions mondialistes non pas tant parce qu’elles transcendent les nations que parce qu’elles cherchent à les détruire, laissant les plus faibles encore plus désemparés. Nous continuerons à critiquer les institutions françaises, c’est-à-dire républicaines. Non pas tant parce qu’elles sont républicaines que parce qu’elles ne réussissent pas à défendre l’intérêt général ni à assurer le bien commun ; c’est quand même bizarre, il y a peut-être une question de régime à creuser. Nous creuserons. ■