Par Stéphane Blanchonnet.
Le 15 décembre 2020, devant 4 millions de téléspectateurs (plus de 20% de l’audience télévisée totale), les Lefèvre, famille française, famille nombreuse, famille « catholique de tradition » (et non seulement « de tradition catholique »), remportait triomphalement le plus populaire télé-crochet du moment, — « La France a un incroyable talent » —, déclinaison française de l’émission américaine « America’s Got Talent », en interprétant des chants religieux, dont certains en latin. Un an plus tard, un chœur d’élèves officiers de l’école spéciale militaire de Saint-Cyr, parvient en finale de la même émission (à l’heure où nous écrivons nous ne connaissons pas encore l’issue de cette finale) en interprétant un chant patriotique en hommage aux soldats français morts en opérations extérieures. Il y a quelques jours,
Éric Zemmour obtenait de son côté un spectaculaire record d’audience sur YouTube, — plus de deux millions de vues en 24h —, en annonçant à un micro imitant celui de De Gaulle en 1940, sa candidature à l’élection présidentielle, lisant sur un ton solennel des paroles graves, assis derrière un bureau de style, posant devant une bibliothèque remplie d’ouvrages aux élégants dos reliés en cuir.
Comment interpréter ces différents signes ? Assistons-nous à un retour du « pays réel », voire de la « France éternelle » ? S’agit-il de l’expression purement folklorique de ce qui fut une identité et une grandeur réelles et ne serait plus qu’un reliquat culturel, quasiment muséologique ? Surtout, s’agit-il d’une tendance de tout le pays ou une énième démonstration de la fracturation de la population en groupes distincts par leurs origines, leur mode de vie, leurs références culturelles ; les Français (ou comment les appeler ? « Les Français de souches » ? « de sang » ? Les « Vieux-Français » ?) formant malgré eux une communauté comme une autre, appelée elle aussi à revendiquer son droit à exister identitairement dans le nouvel « archipel français » ?
L’un des intérêts de la campagne présidentielle qui commence sera d’apporter des réponses à ces questions. En effet, les candidats et les électeurs vont avoir l’occasion de montrer s’ils sont capables de transformer politiquement l’essai de ce frémissement identitaire en lui donnant la force d’un désir, d’une espérance, d’un projet concret pour l’ensemble de la nation et pas seulement le charme séduisant mais vain d’une nostalgie. ■
Stéphane Blanchonnet
Action française
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Un réveil ? Espérons le et souhaitons aussi qu’il ne soit pas brutal. En juxtaposition je lis dans la presse que les Français achètent de plus en plus d’armes. Ce n’est pas une bonne nouvelle mais plutôt celle d’une inquiétude et des clivages qui vont en augmentant.