Par Dominique Jamet.
Tribune publiée dans Valeurs actuelles le 17 janvier.
Après qu’il a dénoncé « l’obsession de l’inclusion » et recommandé le placement des enfants handicapés dans des établissements spécialisés, l’ensemble de la classe politique a sauté sur l’occasion pour condamner Éric Zemmour à des fins partisanes, déplore Dominique Jamet.
« Notre France si « solidaire », si « humaniste »… et si féconde en grands mots démonétisés. »
« Pitoyable […] Jusqu’où veut-il aller ? Vers une société où est exclu tout ce qui est différent ? » (Sophie Cluzel, secrétaire d’État aux personnes handicapées). « Je demande des excuses publiques. » (Damien Abad, député LR). « Je suis révulsé. » (Fabien Roussel). « Impardonnable. » (Marine Le Pen). Et pour finir, le coup de grâce : « On ne peut se prétendre amoureux de la France et nier à ce point ce que nous sommes. La France est une nation solidaire, humaniste, qui ne divise ni ne stigmatise. » (Emmanuel Macron).
Rare unanimité. D’un bout et d’un extrême à l’autre, de haut en bas, de long en large et en travers, l’ensemble de la classe politique a condamné la bévue échappée d’Éric Zemmour. Répondant spontanément à une enseignante, le candidat de la droite “hors les murs”, dans le style, tranchant comme un couteau, dont il s’est fait une spécialité, venait de dénoncer « l’obsession de l’inclusion » et de recommander le placement des enfants handicapés dans des établissements spécialisés.
Il n’en fallait pas moins pour mettre le feu aux poudres. Avait-il oublié que nous sommes, et lui au premier chef, en période électorale, et que, postés à la sortie du bois, les chasseurs à l’affût guettent ce perdreau de l’année à la moindre faute et tirent à balles réelles ? Exceptionnellement, Éric Zemmour a tenté d’atténuer son propos, notamment en distinguant handicapés légers et handicapés profonds. Trop tard, le mal était fait et l’erreur dûment exploitée.
De là à insinuer que sont mis en cause les valeurs, les principes de la République, voire la République même et la Déclaration des droits de l’homme, pendant qu’on y est, de là à rappeler, mine de rien, que l’on commence par séparer des enfants sur la base de critères physiques ou intellectuels et que cela finit tout naturellement, de proche en proche, par des camps d’extermination, de là à soupçonner Zemmour des plus sombres dérives et des plus noirs desseins, à tomber dans la facilité éculée de la reductio ad hitlerum, n’y aurait-il pas quelques excès ? Les détracteurs du polémiste ont un peu forcé, n’y sont pas allés de main morte. Focaliser sur le messager est plus tentant que de considérer le message et, en l’occurrence, le problème qu’il évoque. Certaines indignations vont trop loin, surtout venant d’où elles viennent, pour n’être pas quelque peu surjouées. Mais nous sommes en période électorale, n’est-ce pas ? Au bal des hypocrites, les danseurs n’ont jamais manqué.
Zemmour a eu tort, sans doute, et c’est chez lui un travers familier, de généraliser là où il faudrait distinguer et d’assener là où on devrait nuancer. Sous le vocable unique de handicap il y a des situations, des besoins et des solutions différents.
La réponse au handicap physique est dans l’accessibilité et l’aménagement des locaux, dans l’accompagnement des enfants, dans la formation de leurs professeurs et dans l’éducation de leurs condisciples. Faute que ces conditions soient remplies de façon satisfaisante, directeurs d’établissements et enseignants tordent le nez devant l’obstacle et font du cursus scolaire, voire universitaire, un parcours du combattant pour les parents et les intéressés. S’agissant du handicap mental ou psychologique, (autisme, trisomie), des structures spéciales, des moyens matériels à la hauteur et le recrutement de personnels formés et convenablement payés changeraient la donne et allègeraient le fardeau que notre société laisse froidement retomber sur les bras de malheureux parents condamnés par elle à une double peine. L’existence, par exemple en Belgique, d’établissements spécialisés, uniquement accessibles aux familles aisées, ne fait que souligner la persistante déficience, dans ce domaine aussi, de notre France si « solidaire », si « humaniste »… et si féconde en grands mots démonétisés.
Car le handicap fait partie des innombrables “grandes causes nationales” dont cette appellation souligne l’importance et l’urgence, sans en évaluer le coût. L’esclandre zemmourien est l’occasion d’un coup de projecteur sur ce secteur… et le peu de progrès effectués depuis le début du quinquennat qui s’achève. Puisse-t-il ne pas retomber dans l’ombre et l’indifférence lorsque, dans trois mois, seront éteints les lampions de la foire électorale. ■
On peut se rendre compte qu’une phrase peut être sortie de son contexte pour faire une polémique. Juste un petit rappel pour Macron et Cluzel les donneurs de leçons. N’était ce pas le parti comment l’appelle t’on LREM (+ modem) qui à toujours refusé l’augmentation des allocations pour les personnes adultes handicapées alors que tout les autres partis étaient d’accord!!!!!!! On se rappellera l’excellent discourt de François Ruffin.