France Inter a publié le 7 mars, sans y prendre garde, ce billet qui a les allures de la propagande antiparlementariste d’époques lointaines et, bien-sûr, réprouvées. Du style : « Tous les députés à la lanternes » et autres menaces à l’encontre de ces êtres malfaisants. Annie Chapelier ne va pas jusque là. Mais ce qu’elle a vécu à l’Assemblée lui est resté en travers de la gorge et ce qu’elle en dit a la puissance du véridique. Si le Pays n’allait pas aussi mal, si ne planaient pas sur lui des nuées si inquiétantes, internes et externes, l’on pourrait se contenter d’en rire. Mais ce n’est vraiment pas le moment, et pas du tout à la hauteur des circonstances. Sombre régime !
Même si leur mandat prend fin en juin, certains députés savent déjà qu’ils ne reviendront pas à l’Assemblée nationale : ils ont décidé de ne pas se représenter. Parmi eux, Annie Chapelier, qui porte un jugement sans appel sur le fonctionnement du Parlement.
Elle était l’un de ces nouveaux visages, l’un ces élus venus de la société civile, entrés en politique dans le sillage d’Emmanuel Macron en 2017. Annie Chapelier nous reçoit dans son (tout) petit bureau de l’Assemblée nationale. « J’avais un bureau très confortable, avec un lit. Lorsque j’ai pris un pied-à-terre, j’ai dû déménager. On m’a donné le choix entre deux placards, j’ai pris celui-là », lance-t-elle dans un éclat de rire. La députée de la 4e circonscription du Gard y a passé du temps, dans ce bureau. « Il m’est arrivé deux ou trois fois de dormir sur la moquette », s’amuse l’infirmière-anesthésiste de profession, qui raconte « les semaines de 60 heures minimum, parfois plus de 100 heures ». Elle quitte les lieux « la conscience tranquille » mais surtout « extrêmement amère ». Quand on lui demande si elle a le sentiment d’avoir été utile, la répond fuse : « Non ! »
« C’est totalement dysfonctionnel »
De là vient son envie de « dénoncer » tout ce qui, selon elle, ne tourne pas rond au Palais Bourbon. D’abord, un univers qui reste « très masculin » malgré la féminisation de l’hémicycle qui s’est encore accélérée il y a 5 ans (224 députées sur 577). « Cela a beaucoup évolué », reconnaît Annie Chapelier. « Mais cela ne signifie pas que le rôle des femmes et celui des hommes sont équilibrés ».
Ensuite, une Assemblée qui vote trop de textes (environ 500 par mandature) pour peu d’efficacité. « On avance sur certains points, on fait des petits pas », admet-elle, citant l’allongement du délai de l’IVG. « Mais au prix de combien d’efforts ? Combien de personnes mobilisées ? Quel coût financier ? C’est totalement dysfonctionnel. La moindre entreprise qui fonctionnerait avec la même rentabilité mettrait la clé sous la porte au bout d’un an ! »
Une majorité trop « docile »
Dans son viseur aussi, ses collègues marcheurs. La députée du Gard avait claqué la porte du groupe La République en Marche en janvier 2020, dénonçant un manque de démocratie interne. Celle qui siège aujourd’hui au groupe Agir – la droite macroniste – est toujours aussi cinglante, même si elle est restée dans la majorité présidentielle : « C’est l’une des rares réussites de LREM… Ils ont perdu une cinquantaine de parlementaires, mais ils ont réussi à fabriquer des gens très dociles, aussi. »
De son expérience d’élue déçue, Annie Chapelier a tiré un livre, qu’elle espère publier avant l’élection présidentielle : « Un Parlement en toc ». Un titre volontairement provocateur, inspiré par la statue de Montesquieu qui trône dans le jardin du Palais Bourbon. « La tradition veut que si un député lui caresse le pied, il aura un texte de loi voté à son nom », raconte-t-elle. « J’ai découvert que la statue était en toc. C’est du plâtre, l’original est dans les caves de l’Assemblée. Si vous tapez dessus, cela sonne creux… »
Constat sévère, qu’elle espère salutaire : Annie Chapelier veut alerter sur la nécessite de renouveler d’urgence les institutions démocratiques, un « rendez-vous manqué » du quinquennat d’Emmanuel Macron. Comme elle, une trentaine de députés de la majorité sont tentés de ne pas se représenter. ■
Il faut également noter que l’interdiction du cumul des mandats a été une folie.
Dans un Parlement où, comme c’est le cas maintenant, le Gouvernement dispose d’une forte majorité, le député n’est qu’un pion infime et inutile ; ses électeurs ne peuvent pas venir lui demander ce que les électeurs ont toujours, naguère, demandé à leurs élus : un logement, une formation professionnelle, une aide sociale, une décoration (mais oui…) ; comme ils demandaient jadis une affectation dans un régiment proche lorsque cette saloperie de service militaire existait encore.
Les personnalités importantes de tous les camps ont bien compris qu’il était beaucoup plus intéressant, pratique et efficace de diriger les féodalités locales : mairies de grandes villes (Aubry), Conseils régionaux (Wauquiez), conseils départementaux.
La stupide décentralisation a créé des principautés qui se fichent bien pas mal de ce qui se passe à l’Assemblée nationale…
Cela étant, ce que décrit Mme Chapelier est un phénomène ancien qui n’a fait que s’accentuer. Je me souviens que dans la chambre « introuvable » de 1993, très marquée à Droite, quelques députés RPR étaient passés sur le fil du rasoir (genre 50,1%) dans des circonscriptions historiquement ancrées à gauche (genre la 5ème du Gard – Alès, La Grand Combe, etc.).
Le brave député Danilet se battait comme un beau diable, mendiant avec courage subventions, décorations et tout le toutim… Mais à l’État-Major, on savait bien que la circonscription était d’avance perdue pour le prochain scrutin ; alors à quoi bon gâcher trois sous, une médaille, un déplacement ministériel pour une défaite certaine ?
Et de fait, en 1997…
La démocratie serait finalement une chose bien rigolote si elle ne jouait pas avec l’avenir du pays…
Saluons au moins le courage et l’honnêteté de madame Annie Chapelier, elle a osé , elle constate qu’elle s’est trompée elle s’en vat. Respects.!!
Combien suivront son exemple…? n’attendons pas de miracle…les élus par la volonté du peuple..( à voir..??) pour servir le peuple…( on a vu..) …trop occupés à beurrer leur tartine….pour être un peu honnête envers le peuple…! Misère morale quand tu nous tiens..! H.D
Elle a raison de partir. Mais, qu’elle ne croit pas que les français de souche ou de cœur, oublieront la vaste escroquerie qu’a été l’arrivée du Mozart de la finance à la tête du pouvoir et de l’élection de ses députés godillots sous la bannière LREM. Tous ceux la et leurs prédécesseurs dans la fonction, seront conduits sur la place de grève. Et le Rhône, le Rhin, la Seine et autre Loire et Garonne, charrieront pendant 5 mois la couleur de la vengeance des français de la vraie France. On changera ainsi les amateurs et leurs prédécesseurs parlementaires qui nous ont asservis et ruinés pendant 40 ans et qui nous laissent le chaos politique et le néant spirituel comme héritage. Les survivants de ces renoncements aux valeurs ancestrales de la France chrétienne vérifieront que les paroles de la bible « Malheur au pays dont le prince est un enfant » sont exactes.