« Mais la réaction de Moscou justifie une condamnation appuyée ».
Par Ted Galen Carpenter,
Senior Fellow du Cato institute, cénacle influent de tendance conservatrice et libertaire.
https://www.cato.org/commentary/us-nato-helped-trigger-ukraine-war-its-not-siding-putin-admit-it#
Article publié le 7 mars 2022 dans Newsweek
Traduction de Marc Vergier.
La décision de Vladimir Poutine de lancer une invasion à grande échelle de l’Ukraine est une agression monstrueuse créant un péril pour le monde. De quelque façon qu’on la juge, cette décision était une réponse disproportionnée à des provocations ukrainiennes ou otanniennes. Dire cela n’est pas dire qu’il n’y ait pas eu provocations, selon la thèse défendue ces temps-ci par de trop nombreux décideurs et experts politiques occidentaux
Dans ces milieux, il devenu de bon ton d’insister que l’élargissement de l’OTAN jusqu’à la frontière russe n’est en rien responsable de la crise actuelle en Ukraine. Beaucoup rejettent les arguments contraires comme faisant écho aux « éléments de langage de Poutine », « prenant son parti », « relayant la propagande et la désinformation russes ». Sans parler des effluves de McCarthisme enveloppant ces allégations, les arguments proposés à leur appui sont contraires aux faits.
Les dirigeants russes et plusieurs experts politiques occidentaux alertèrent il y a plus de vingt ans que l’élargissement de l’OTAN aurait des effets négatifs, déclenchant une nouvelle guerre avec la Russie, froide, dans le meilleur des cas, très chaude, au pire. Ils ne faisaient, évidemment, écho ni à Poutine, ni à quiconque. George Kennan, le maître à penser de la politique d’endiguement (« containment ») de la Guerre Froide, prévit lucidement en 1998 lors d’une interview du New York Times ce que ce mouvement de l’OTAN vers l’est entraînerait : « Je pense que c’est le début d’une nouvelle guerre froide … Je pense que les Russes réagiront de plus en plus mal et en altéreront leur politiques. Je pense que c’est une erreur tragique »
Les dirigeants U.S. et européens brûlèrent les feux rouges les uns après les autres.
Kennan réagissait à la première vague d’admissions de la Pologne, la République Tchèque et le Hongrie. Les entrées dans l’alliance des républiques baltes et d’autres pays d’Europe de l’est qui ont suivi furent considérablement plus irritantes. Les tentatives subséquentes de Washington pour faire admettre l’Ukraine et la Géorgie firent fi des intérêts vitaux de la Russie. Les plaintes et avertissements de Moscou se firent, eux aussi, de plus en plus vifs
Nonobstant, les dirigeants U.S. et européens brûlèrent les feux rouges les uns après les autres. George W. Bush commença à traiter la Géorgie et l’Ukraine comme de précieux alliées politiques et militaires des U.S.A ; en 2008, il fit pression sur l’OTAN pour l’admission de l’Ukraine et de la Géorgie. Inquiets, les Français et des Allemands obtinrent un sursis mais le communiqué final du sommet de l’OTAN affirmait que les deux pays avaient vocation à entrer dans l’alliance.
Dans ses mémoires, titrées « Devoir », Robert M. Gates, secrétaire de la défense des deux Bush et d’Obama, reconnut qu’ « essayer d’admettre la Géorgie et l’Ukraine dans l’OTAN était d’une ambition vraiment exagérée ». Une telle initiative, concluait-il, « dédaignait imprudemment ce que les Russes considéraient leurs propres intérêts nationaux ».
C’était pourtant le cas et Moscou commença à s’y opposer. Poutine profita d’une folle provocation du gouvernement pro-occidental de la Géorgie pour lancer une attaque et pénétrer profondément dans le pays. Victorieuse, la Russie s’arrogea un protectorat permanent sur deux régions enclines au séparatisme.
La réaction du Kremlin aurait dû alerter même les plus lents à comprendre des dirigeants Américains que l’époque était finie où les Russes se limitaient aux protestations verbales contre les empiétements répétés de l’Occident dans leur sphère de sécurité. Pourtant, et de façon surprenante, l’administration Obama persista à convertir l’Ukraine en atout politique et militaire de l’OTAN. Fin 2013 et début 2014 les U.S.A. et plusieurs gouvernements européens s’ingérèrent sans vergogne au secours des manifestants réclamant le départ du président ukrainien Victor Yanoukovitch, plutôt pro-russe, deux ans ou presque avant la fin de son mandat.
Cette ingérence était particulièrement mal avisée puisque Yanoukovitch avait été élu en 2010 dans un scrutin que même les observateurs de l’U.E. et d’autres nations avaient considéré raisonnable et juste. Dans un système démocratique, démettre un président, selon sa constitution, peut se faire par l’élection, par une motion de censure parlementaire ou par destitution. Les manifestations de colère sur la voie publique n’entrent dans aucune de ces catégories. Pour autant, les U.S.A. et leurs alliés encouragèrent ces mouvements illégaux. Dans une conversation scandaleuse enregistrée et « fuitée », la sous-Secrétaire d’État Victoria Nuland et George Pyatt, Ambassadeur des U.S.A. en Ukraine, ont confirmé l’ampleur de l’ingérence de Washington dans les affaires intérieures d’un pays souverain.
Cet épisode ukrainien fut vécu par la Russie voisine comme une intolérable provocation. Poutine répliqua par l’annexion de la stratégique Crimée et les U.S.A. et leurs alliés de l’OTAN imposèrent des sanctions économiques à la Russie. La nouvelle guerre froide avait bel et bien commencé.
Mais Washington persista. Mieux, les administrations Trump et Biden déversèrent des armes en Ukraine, approuvèrent des exercices militaires communs U.S.A.-Ukraine et encouragèrent même leurs alliés à inclure l’Ukraine dans les simulations (war games) de l’OTAN.
Fin 2021, il était clair qu’on avait épuisé la patience du Kremlin. Moscou exigea des garanties de sécurité comprenant un retrait des forces déjà déployées dans les pays de l’est membres de l’OTAN. Concernant l’Ukraine, l’exigence était très claire et entière : Kiev ne devait jamais être invitée à adhérer à l’OTAN ; les armes et les troupes de l’OTAN n’avaient rien à faire sur le sol ukrainien. L’Occident ne répondant pas à ces exigences, Poutine déclencha sa grande guerre dévastatrice.
Cette réaction excessive de Moscou justifie une condamnation appuyée. Pour autant, la culpabilité des U.S.A. et de leurs alliés de l’OTAN n’est pas mince. Étendre une alliance dominée par une grande puissance jusqu’à la frontière d’une autre grande puissance est, en soi, déstabilisant et provocant.
Une familiarité élémentaire avec les relations internationales suffit pour le comprendre. Que tant de dirigeants des U.S.A. et de l’OTAN ne l’aient apparemment pas compris est inexcusable.
On peut imaginer sans difficulté comment les Américains réagiraient si la Russie, la Chine, l’Inde ou un autre concurrent de même poids incorporait certains états de l’Amérique centrale ou des Caraïbes dans une alliance militaire qu’il dominerait ; puis entreprendrait d’ajouter le Canada, officiellement ou de facto, à cette alliance. Alors que l’Ukraine a pour la Russie une importance comparable à celle du Canada pour les U.S.A. nos dirigeants comptaient que Moscou ne réagirait pas à un empiètement grandissant.
Ils ont eu tort, provoquant un désastre et par leur ineptie rendent le monde bien plus périlleux. ■
Comment réagiront ils quand ils sauront, quand ils verront, quand ils liront les informations TV, les bâtiments laboratoires de bioterrorisme, les documents US de destructions de toutes les sources virales laissés par les ukrainiens nazis financés par leur CIA aux ordres de madame Nulland?.
Est-ce qu’ils répondront aux chinois pour l’accusation de l’arrivée du virus du covid19 en même temps que les jeux olympiques militaires à Huhan?.
Grace à Poutine le monde a échappé à de multitudes pandémies super-mortelles. Qu’ils le remercient et qu’ils nous laissent, français de souche, libérer notre France d’un enfant immature pour diriger un grand peuple « démocratique ».