Les Lundis.
Par Louis-Joseph Delanglade*.
Michèle Tribalat multiplie les exemples de « chercheurs peu scrupuleux » et de « publications scientifiques qui se fourvoient » ; mais aussi de médias, de journalistes, de politiques, de célébrités qui, par complicité idéologique ou simple méconnaissance, leur servent de relais. Jusqu’à des organismes publics ! Pour commencer, un choix dans la cohorte de ceux qui connivent ou qui sont dupes, tous ces exemples étant dûment documentés par Michèle Tribalat. Presse écrite et radio-télévisée : Le Monde, Libération, L’Obs ; France Culture, France Info, Francetvinfo. Journalistes, politiques et intellectuels : Laurent Joffrin, Clémentine Autain, Gérard Collomb, Jean-Paul Delevoye, Bernard-Henri Lévy, etc.
Maintenant deux pontes qui font autorité : François Héran et Hervé Le Bras. Nous avons déjà dit un mot (JSF, 7 février) de M. Le Bras à l’occasion de son passage dans la matinale de France Inter. M. Le Bras, chercheur à l’Ined et enseignant à l’Ecole des hautes études en sciences sociales, y est apparu pour ce qu’il est : un militant prisonnier de ses certitudes idéologiques.
On l’a ainsi entendu, suite à un rapide calcul « à la louche », décréter impossible le Grand Remplacement. Dans le studio de France Inter, il était avec des « connivents ». Mais, ailleurs, quand on le contredit, il peut devenir féroce : il n’avait ainsi pas hésité, pour discréditer Michèle Tribalat, à faire un parallèle quasi stalinien entre les estimations de la population d’origine étrangère données par celle-ci et le protocole de Wannsee (Le Point, avril 2010). On appréciera la valeur scientifique de l’argument qui consiste à faire allusion à la réunion du 20 janvier 1942 où fut mise en œuvre « la Solution finale à la question juive ».
M. Héran, titulaire de la chaire « Migrations et sociétés » au Collège de France, est bien, si l’on en croit son C.V., « une sorte de pape de la question migratoire en France ». Michèle Tribalat l’accuse pourtant explicitement de « négligences » et d’« approximations péremptoires » propres à favoriser « la déculturation technique de la pratique démographique ». Par exemple, il considère l’immigration étrangère comme aussi naturelle, donc inévitable, que le baby-boom ou le vieillissement de la population et invente à leur sujet la curieuse notion de « surcroît démographique inattendu ».
En 2018, paraît La ruée vers l’Europe, La jeune Afrique en route pour le Vieux Continent. L’accueil politico-médiatique est favorable. Mais ce livre qui annonce « la perspective de migrations massives d’Africains subsahariens vers l’Europe » déplaît par là même à M. Héran à l’instigation duquel se déroule une sorte de procès en sorcellerie pour délégitimer et ostraciser l’auteur, l’Américain Stephen Smith, professeur d’études africaines à l’université Duke (États-Unis). Des articles que Michèle Tribalat qualifie de « venimeux » paraissent dans Populations et Sociétés (Ined) et La vie des idées (Collège de France) : « la satisfaction idéologique » et le dénigrement y prévalent sur l’esprit critique, attaques ad hominem à l’appui. Coup de grâce : un certain Julien Brachet, universitaire, n’hésite pas à insulter et diffamer Stephen Smith, niant ses titres et compétences universitaires et le traitant de « xénophobe et raciste » (La vie des idées). Retournement de la presse (Le Monde, Libération, Politis, France Culture). M. Héran, c’est donc aussi cela.
Michèle Tribalat ajoute que la même année, Christophe Guilluy, dont La France périphérique (sous-titre : « comment on a sacrifié les classes populaires ») avait fortement déplu en 2014, publie No society consacré à « la fin de la classe moyenne occidentale ». C’en est trop pour l’intelligentsia des sciences sociales : l’auteur subira le même sort que Stephen Smith. De l’antiracisme comme méthode scientifique…
Enfin, voici le gratin de la statistique publique française : l’Ined (Institut national d’études démographiques), l’Insee (Institut national de la statistique et des études économiques) et le Cnis (Conseil national de l’information statistique). Nous avons choisi dans l’ouvrage de Michèle Tribalat un bon exemple de leur militantisme idéologique. Chacun de ces organismes est partie prenante de l’enquête « Trajectoires et Origines » qui a pour objet la diversité des populations en France. Or, l’enquête est menée à charge. Contre la société française : on sélectionne a priori les groupes censés subir discriminations et racisme ; un questionnaire biaisé présente la société française comme forcément discriminatoire ; une analyse « frauduleuse » conclut que le racisme « fait partie du quotidien des groupes minoritaires ». On ne cherche donc plus à dénombrer, mission essentielle de toute statistique, car « dénombrer, ce serait stigmatiser », mais à souligner la question « morale » des discriminations. « Cette publication de l’Ined est représentative d’une dérive des sciences sociales » peut écrire Michèle Tribalat.
Dérive des sciences sociales : c’est vrai qu’elle dérange ! ■ (Suite et fin).
* L’Artilleur, 20€.
** Agrégé de Lettres Modernes.
Retrouvez les Lundis précédents de Louis-Joseph Delanglade.
© JSF – Peut être repris à condition de citer la source.
Militant ou tout simplement homme, celui qui réfléchit et médite sur « sa part non cessible » avant d’agir à bon escient? Immaturité ou maturité? On peut être un membre d’institutions se voulant prestigieuses et être possédé de vanité suffisante et pratiquer l’entre soi de manière éhontée; être royaliste, c’est avant tout refuser toute idolâtrie de soi, à la base et au sommet. C’est hélas ce que nous observons trop à beaucoup de niveaux surtout en politique, mais qui gagne de plus les s institutions, qui devraient être des garants de notre liberté, mais deviennent auxiliaires de Big Brother .
Lorsque le totalitarisme des antiracistes est à l’affût aucune malhonnêteté ne l’arrête