Le piège russe ? Curieuse formule du Figaro de ce matin, en une. Ce n’est pas la Russie qui a décidé des sanctions. La décision est otanienne, européenne, « atlantiste », comme on voudra, et nous commençons à nous apercevoir qu’elle nous coûte fort cher. A nous Français et Européens. Pas aux Américains qui sont loin du théâtre du conflit et qui ont du pétrole et du gaz à revendre. C’est le cas de le dire, puisqu’ils comptent bien nous en fournir – « pour nous venir en aide », bien-sûr, dixit Sleepy Joe – en lieu et place des Russes, si possible. Comme c’était déjà leur objectif d’avant crise.
Dans cet épisode dangereux de tension internationale grave, les Français, une fois de plus, se laissent aller aux délices de l’émotion, des sympathies ou antipathies qu’ils peuvent éprouver, parfois sur un mode hystérisé, pour l’une ou l’autre, et pourquoi pas ? les deux parties au conflit qui font, l’une et l’autre, preuve de patriotisme, de courage, de vertu guerrière, d’attachement à leur famille, leur terre, leur maison, leurs racines, leur identité… Toutes choses honteuses qui nous sont interdites par la doxa dominante, mais que la même nous vante, nous donne à admirer, à soutenir, à longueur de journée, dès lors qu’il s’agit de celle des deux parties en guerre – la plus faible – qui a fait l’objet de son choix, de sa préférence, de sa propagande.
On a le droit de sympathie pour des peuples valeureux et fiers, qui, de plus, sont demeurés, bien plus que nous, fidèles à la civilisation et à la tradition européenne, que nous devrions partager avec eux.
Mais, face aux risques encourus, notre devoir devrait être de penser d’abord à la France, à ses intérêts matériels et immatériels, à sa sécurité, à sa survie. Et à agir en conséquence, sans se laisser mener par des politiques venues d’ailleurs et des buts de guerre – car, dans le fond nous en menons une, nous aussi – qui ne sont pas les nôtres. Nous sommes encore une trop grande et trop ancienne nation, pour que ce souci puisse nous venir de qui que ce soit d’autre que de nous-mêmes.