Par Jean des Cars.
Journaliste, historien et académicien français, Bainville est né le 9 février 1879 à Vincennes et décédé également un 9 février, à Paris, en 1936.
En 1900, à 21 ans, l’ancien élève du lycée Henri-IV, qui avait commencé des études de droit, publie un premier livre, Louis II de Bavière, à la suite d’un voyage au pays de cet étrange mais attachant souverain ayant construit de spectaculaires châteaux. Coup d’essai, coup de maître : cet ouvrage sera une référence.
C’est aussi une révélation, car, jusque-là, ce fils de famille attaché à la république – et dont l’esprit serait voltairien – n’avait pas montré un intérêt pour l’histoire, avouant même qu’elle « lui inspirait de l’ennui »…
Par un remarquable ouvrage sur un personnage réel mais romanesque, le jeune biographe se découvre une curiosité pour le passé des peuples. Elle deviendra une passion, révélant chez lui de profonds sentiments monarchistes.
Une nostalgie ? En partie, sans doute. Mais c’est aussi parce que le jeune auteur est inquiet du rayonnement de l’Allemagne impériale, unifiée depuis 1871 par la défaite de Napoléon III. La puissance économique de Berlin ainsi que son pouvoir fort et stable dominent la France républicaine, amputée de l’Alsace-Lorraine. La France vaincue est « la fille de Bismarck », écrira-t-il dans Bismarck et la France (1907), une République qu’il juge gouvernée par des politiciens médiocres et un régime fragile. Jacques Bainville, impressionné par l’Allemagne, considère qu’elle est une menace catastrophique pour la France, et il érige l’antagonisme franco-allemand en une constante du destin national français.
Bainville, d’un tempérament pessimiste, pressent une guerre mondiale. Sa rencontre avec Charles Maurras en 1900, au Café de Flore, avait été décisive. C’est dans cet établissement, ouvert à la fin du second Empire, qu’avaient été écrits les premiers articles de la revue L’Action française. Maurras, qui venait de publier son Enquête sur la monarchie, confie à Bainville la rubrique de politique étrangère dans L’Action française, alors bimensuel et qui deviendra un journal quotidien en mars 1908.
On trouvera aussi la signature de Jacques Bainville dans Le Petit Parisien et La Nation belge. Ses articles sont parmi les plus lus, et ses jugements sont considérés comme avisés. Après la victoire de 1918, Bainville fait campagne, en vain, pour le démembrement allemand, dénonçant le traité de Versailles de 1919 qui maintient l’unité allemande et détruit l’Autriche-Hongrie catholique dans laquelle il voyait le contrepoids de l’influence prussienne. Visionnaire, le journaliste prévoit « les conséquences politiques de la paix » dont il juge les conditions économiques trop sévères pour l’Allemagne.
Ses ouvrages Histoire de France (1924), Napoléon (1931) et sa Troisième République (1935) s’attachent à démontrer, avec un esprit polémique, la supériorité de la royauté héréditaire sur la république, tout en fustigeant le péril allemand.
Bainville passe pour nationaliste avant tout, mais c’est une erreur : l’historien voit dans le nationalisme « une attitude de défense, rendue nécessaire par la faiblesse de l’État ». Bainville est d’abord et uniquement profondément royaliste. Ses livres, d’une incontestable qualité d’écriture claire, et ses propos, souvent critiques mais empreints de nuances, obtiennent un grand succès, ainsi que la Revue universelle qu’il a créée en 1920.
Même lorsqu’ils ne partagent pas ses opinions, les gens « en place » lisent ses observations avec attention. En son temps, Jacques Bainville exerce une influence considérable sur la jeunesse. La plupart de ses ouvrages sont traduits en anglais, en allemand et en italien. Le 25 mars 1935, par vingt voix sur vingt-sept votants, il est élu à l’Académie française au fauteuil de Raymond Poincaré, décédé un an plus tôt, cette candidature et ce succès n’étant évidemment pas un hasard. ■
Publié le 3 avril 2022 dans Le Royalisme
La défaite de 1871 ne devrait elle être attribuée à la république , puisque les combats ont duré , encore des mois , après la chute du second Empire ; ce serait rendre à la république ce qui revient à la république .
Qui sont tous les personnes sur la photo ?
Quelle tristesse que Jacques BAIVILLE nous ait quitté si tôt, car en 1940/44 je pense qu’ il aurait persuadé les dirigeants dc l’AF de quitter le camp des vaincus en 1942, lors de l’invasion de la zone libre, et l’AF serait restée dans le camp des vainqueurs
Très juste remarque, Setadire !
Bainville n’aurait pas laissé Maurras s’engluer dans le malencontreux vichysme. Nous en payons encore le prix aujourd’hui.
Oui , au fait , la légende de la photo indique Jacques Bainville ( portant déjà le masque de la maladie bien avancée ) et le président des étudiants français lui donnant l’épée d’académicien . Ne serait-ce Charles Maurras au premier plan ? Mais , quid de l’autre personne du premier plan , et quid de l’homme au veston noir entre Bainville et ce représentant des étudiants français ?
J’ai présenté cette photo sur ma page Facebook (21.02.2022) en écrivant ceci :
« François Léger au nom de la jeunesse d’Action français remet à Jacques Bainville, vieilli par la maladie qui l’a emporté peu après, son épée d’académicien. J’ignore qui est le barbu qui sépare les deux hommes. Quelqu’un me le dira peut-être*. Maurras, tranquille, lit on ne sait quoi**. Je devais rencontrer François Léger quarante ans plus tard, au Comité directeur de l’Action française où il siégeait et moi aussi, accessoirement. La photo me paraît émouvante. Il faudrait la montrer à Zemmour qui se réclame couramment du « grand Bainville*** ».
* Odile Gourinard a répondu : « M. Bonvoisin, maire de Vincennes, remet lui aussi, l’épée d’académicien à Jacques Bainville. (Vincennes, ville natale de Jacques Bainville).
** Maurras est au premier plan de la photo, en bas à gauche.
*** J’ai ajouté ceci en commentaire : « Zémmour a l’intelligence et le courage de se réclamer du grand Bainville. Mais sur Napoléon, il ne l’écoute pas et il a grand tort. Dommage pour lui. »
Quant aux autres personnes présentes sur la photo, nous éclairera qui peut. Presqu’un siècle a passé.
Gérard POL
pour Je Suis Français
Merci pour les informations complémentaires de cette photo ; belle photo , au demeurant .