Par Marc VERGIER.
Retour sur notre publication Erwan Barillot : « France liquide contre France solide, le nouveau clivage »
Je ne suis pas sûr de tout comprendre. Liquide, ce type ? oui, insaisissable, inodore et sans saveur, mais pas clair, ni franc ni « transparent »: nuageux, opaque, camouflé, invisible, comme le mal, le doute, le virus, la peur. Poison enflaconné dans du cristal et remboursé par l’État. Knock, docteur en « modernité » : « la France est un État précaire qui ne présage rien de bon ».
Quant à l’électorat, il est constitué d’une énorme majorité de salariés. Le poids des classes indépendantes paysans, artisans, libéraux est presque insignifiant. Les médecins, eux-mêmes, on l’a vu clairement, sont pris dans les filets d’une quasi-dépendance. Combien reste-t-il de ces notables cultivés, libre-penseurs, maître-chez-soi, charbonniers de la foi, modestes rentiers, religieux séculiers ou réguliers… qui formaient une bonne part de la société française. De même a presque disparu le prolétariat misérable du dix-neuvième siècle.
Macron est le produit d’une société dominée par l’inquiétude des salariés, les menaces voilées des « managers », l’intimidation moralisatrice et l’objurgation matérialiste et scientiste des médias-de-grands-chemins.
Emmanuel Todd me semble proposer une analyse moins abstraite des résultats du premier tour:
Avec Macron, les vieux, les sûrs d’eux-mêmes, les protégés, les zélotes ou dupes de la religion économique, les profiteurs, les « pourvu que ça dure », les endurcis dans leurs erreurs (on n’en parle pas assez !), les paresseux du bocal, les aveugles du « en même temps », les peureux de leur ombre, les conformistes de la mode.
Mélenchon rassemblerait une bonne part des nouveaux Français et, cohorte sous-estimée par beaucoup, les diplômés précarisés, produits d’un système éducatif dévoyé.
Marine Le Pen gagnerait la majorité de l’électorat populaire « traditionnel » et, entr’autres, ceux qui, inclinant vers Éric Zemmour, auraient choisi de voter « utile ».
Emmanuel Todd – qui dit s’abstenir – insiste aussi sur la pertinence réduite des pesanteurs historiques dont pourtant il s’était fait le spécialiste (structures familiales, traditions religieuses, etc.). Une nouvelle France, liquide si l’on veut, mais surtout bouleversée, décervelée, inquiète, frustrée, démissionnaire. ■
Nous mettons en ligne par ailleurs l’analyse d’Emmanuel Todd ici mentionnée.
Excellent .
C’est très pertinent et c’est ce qui manquait dans l’explication de la réussite Macron . Il faut bien , en effet , et c’est le point crucial puisqu’il y a élection , que le Pays ait changé pour qu’il se trouve suffisamment d’ électeurs susceptibles de reconduire ce Président – candidat avec son bilan .
Depuis que les Français ont refusés « Mastrich » et l’association Européenne qui n’est pas constituée démocratiquement, le peuple de France n’est plus. Et comme dans un rêve nous sommes persuadés qu’un Roi serait plus autoritaire. On ne reconduit pas un président , il s’impose par l’argent mondialisé, plus besoin de peuple. Les Français ont compris, et on le mesure au nombre de non votant. Nous sommes devenus tellement hors sol, que nous ne percevons pas l’indécence de cette invasion en Ukraine. Le reste devient pour nous tous un théâtre de marionnettes tirées au botox, tous les soirs, sur l’écran de la télévision.