Le mythe du congélateur plein
On pourrait objecter à François Bousquet qu’on ne détruit vraiment – n’est donc mort – que ce qu’on a été capable de remplacer. Et, d’autre part, qu’il est douteux qu’un « un gris linceul de parpaings et de tôles ondulées » puisse durablement servir de fondement à la civilisation d’un continent qui est ou même fut l’Europe. Lisons son analyse qui est excellente. Mais, comme le ferait sans-doute Buisson, objectons le multa renascentur. On peut aussi, et c’est fort intéressant, lire l’article intégralement…
À ce petit jeu des comparaisons, Marine est imbattable. Elle a fini sa campagne tambour battant sur le thème de l’indice des prix. Ses intentions de vote ont grimpé aussi vite que le cours du brut. On lui a reproché de ne pas aborder les enjeux de civilisation. Mais pourquoi l’aurait-elle fait ? Jordan Bardella s’en est chargé avec une efficacité redoutable. Pendant ce temps-là, elle faisait le plein des voix, comme son électorat, parce que lui aussi passe son temps à faire le plein : le plein de la bagnole, le plein du caddie, le plein du tabac à rouler, le plein du congélateur. Il y aurait une mythologie à écrire sur le congélateur dans la France périphérique. La peur de manquer. L’électeur de Marine, c’est le congélateur. Le congélateur, c’est l’assurance de pouvoir acheter en gros les produits d’appel des marques distributeurs. Marine a tout compris de ce monde, c’est le sien désormais, ontologiquement. Son programme, elle le sert à la pompe. Zemmour dans des services en argent Premier Empire. Forcément, il ratisse moins large. Sauf à s’imaginer que les « fins du monde » sont plus nombreux que les « fins de mois ».
Zemmour s’est replié sur son noyau dur qui pouvait faire 200 km pour assister à ses meetings. Un public d’aficionados qui connaissait par cœur les répliques. Marine a fait une campagne laminoir, escargot, centrifuge. Son sillon est moins profond, mais plus large. Moyennant quoi, son assise électorale s’en est trouvée renforcée. Son cœur de cible, c’est la France pavillonnaire. Or, cette France est très peu villes d’art et d’histoire, au grand dam des zemmouriens qui nourrissent une nostalgie pour la France des clochers et des calvaires.
On peut pleurer autant qu’on voudra ce monde-là, il est mort. Constat terrible, j’en conviens. Mais aujourd’hui ce n’est plus un blanc manteau d’églises qui recouvre nos campagnes, comme le disait le moine Raoul Glaber au XIe siècle, c’est un gris linceul de parpaings et de tôles ondulées. ■
Zemmour est un intellectuel littéraire, il parle à notre esprit notre cœur notre âme..Marine parle à notre porte feuille notre confort notre congélateur. Deux France différentes, deux France qui se rejoignent car l’une ne va pas sans l’autre pour faire une nation , un homme, , un ensemble, un tout.
Peut -être même que pour quelques – uns d’entre -nous l’esprit tient plus de place que le corps, ceux qui se nourrissent d’Histoire de littérature et de grands sentiments et qu’on a bercé de valeurs héroïques , pour ceux là Zemmour reste indispensable et s’il n’existe pas il faudra en inventer un autre.
Comme toujours avec «Éléments», avec la «Nouvelle droite», cela ressemble beaucoup à l’ancienne gauche, la tolérance en plus, cela ne fait aucun doute et, à ce dernier point de vue, on ne peut qu’apprécier la bonne éducation de ces gens-là, mais voilà, ils sont indécrottablement de gauche et, d’ailleurs, depuis quelques années, Alain de Benoist le laisse assez clairement filtrer, quand il ne le formule pas tout simplement. Mais c’est d’la gauche d’université et de colloques (ceux d’hier, certes, mais universitaires et colloqueux, ils sont et resteront). Alors, je ne m’étonne pas des poses du journaliste d’«Éléments», disant que «la France des clochers et des calvaires» serait bel et bien morte. Je gage qu’il s’en réjouit à part lui (sauf pour la décoration), parce que n’oublions pas que ces gens d’«Éléments» sont nouvellement droitiers, c’est-à-dire, simultanément, peu enclins aux vieilleries catholiques et royales, en d’autres termes, très-très éloignés des préoccupations qui sont les nôtres… Exactement comme le Maqueron est ET de droite ET de gauche, c’est-à-dire, tout simplement démocrato-républicain, gaullo-mitterandien, chiraco-jospiniste, sarkoso-hollandais et autres buses de même farines du même temps, les nouveaux droitiers appartiennent au courant fascisant, à cette gauche quelquefois sympathique, assurément, mais congénitalement athée et autoritaire, exactement comme le Maqueron est athée et autoritaire, vaguement teinté d’européisme démocrate-chrétien, tandis que les gens d’«Éléments» sont des européistes déguisés en néo-païens.
Vive le blanc manteau d’églises !