Par Aristide Renou.
(De sa page Facebook le 26 avril).
Au premier tour de l’élection présidentielle qui vient de s’achever, la droite dite extrême a recueilli 32,5 % des voix (c’est-à-dire le total des voix de Le Pen, Zemmour et Dupont-Aignan). Et on pourrait sans doute y rajouter une partie de ceux qui ont voté pour la candidate LR, mais dont le cœur penche plus vers Zemmour que vers Macron.
En 2007, cette même droite soi-disant extrême avait recueilli 11% des voix et en 2017 encore seulement 21%. Le gain atteint plus de dix points en cinq ans.
Maintenant que l’élection présidentielle est perdue et que se profilent les législatives, l’arithmétique électorale élémentaire voudrait que les composantes de cette droite passent des accords pour aller unies à la bataille. Unie, la droite patriote (pour reprendre la manière dont elle se désigne elle-même), représente une force électorale bien plus puissante que le bloc d’extrême-gauche et à peine moins imposante que la coalition d’extrême-centre qui s’est donnée pour chef Emmanuel Macron. Unie, la droite patriote pourrait être la première ou la deuxième force de la future Assemblée Nationale. Désunie, elle parviendra tout au plus à faire élire un poignée de députés et l’extrême-centre règnera à nouveau sans partage pendant cinq très longues années.
L’intérêt électoral bien compris ainsi que l’intérêt supérieur de la patrie semblerait donc exiger que le Rassemblement National tende à la main à Reconquête et à Debout La France, ainsi qu’aux LR qui pourraient souhaiter franchir le Rubicon, et qu’ils se partagent les circonscriptions gagnables.
Mais deux motifs puissants s’opposent à une telle alliance électorale.
Tout d’abord, l’envie de se venger de ceux que l’on considère comme des « traitres » et des « félons », à savoir tous ceux qui ont préféré Reconquête au Rassemblement National : Ah ils ont osé nous défier ? Eh bien nous allons les ventiler électoralement façon puzzle !
Ce désir de vengeance est d’autant plus puissant qu’il parait se doubler, chez une partie des « Marinistes », de ce qu’il faut bien appeler une véritable haine de classe : Zemmour et ses électeurs ? Trop « bourgeois », trop intellos, trop cathos, trop ceci, trop cela, et surtout pas assez comme nous, le « vrai peuple » !
Le second motif est l’intérêt financier.
Le financement public accordé aux différents partis se base sur deux critères. D’une part les résultats aux élections législatives, pour ceux qui ont présenté des candidats ayant obtenu au moins 1% des voix dans au moins 50 circonscriptions, d’autre part le nombre de parlementaires.
Comme l’a dit Marine le Pen lors du débat d’entre deux tours, le RN est un parti pauvre. Un parti pauvre mais qui doit cependant déjà entretenir tout un appareil de cadres et de permanents. L’intérêt économique immédiat des cadres du RN est de présenter un maximum de candidats dans un maximum de circonscription pour recueillir un maximum de voix et donc d’argent. Cet intérêt économique est à très courte vue, mais, comme l’a dit un grand homme d’Etat américain, les signes les plus clairs ne sauraient être lus à travers une pièce d’or.
On peut ajouter à ces considérations un motif d’ordre idéologique : l’idée selon laquelle le RN peut gagner tout seul, en « rassemblant les patriotes » derrière son panache bleu-blanc-rouge, est désormais constitutive de son identité politique et ne sera pas facilement abandonnée, quand bien même cette stratégie n’aurait jamais produit aucune victoire électorale d’importance jusqu’à maintenant.
Tout cela me conduit à la conclusion, que j’espère fausse, qu’il n’y aura pas d’alliance aux législatives et que les passions et les intérêts partisans des partis dits patriotes l’emporteront sur l’intérêt objectif et évident de la patrie.
Et les Ténèbres, et la Ruine, et La République en Marche établirent sur toutes choses leur empire illimité. ■
Le pessimisme électoral d’Aristide Renou est certainement frappé au coin du «bon sens» malheureux…
Il ressort de cela qu’Éric Zemmour a totalement raison, précédé par Marion Maréchal, lorsqu’ils militent pour un rassemblement de la Droite. Après ces élections présidentielles, paradoxalement, il apparaît que Zemmour avait encore davantage raison qu’il ne l’imaginait lui-même, seulement, voilà : la Droite ne s’allie manifestement pas avec elle-même, surtout lorsqu’une partie de cette Droite n’est pas réellement telle ou, du moins, ne sait pas exactement ce qu’elle est. Cela est un peu difficile à expliquer en quelques mots… Je vais donner mon propre exemple, d’un côté, et on verra pour l’autre face de la même médaille si je saurais en dire quelque chose…
Pour ma part, “enfant de la balle” élevé au grain de la pleine gauche, j’ai toujours pensé la même chose ; seulement, j’avais l’illusion de croire que mes pensées relevaient de la «gauche», jusqu’au jour où j’ai réalisé (vers 16-17 ans) que ces gens de gauche ne pensaient pas comme moi, et puis, un peu plus tard, que je pensais comme les gens de droite, voire d’extrême-droite… J’imagine qu’il doit se compter quelques gens supposés «de gauche» qui ne le sont pas plus que je ne l’étais.
Inversement, tout petit bourgeois plus ou moins bien nanti s’imagine plus ou moins de droite, sans voir que les nantissements satisfaisants émanent de procédures mentales reposant sur une idéologie de gauche, idéologie qui ne se «droitise» en rien, mais apprécient que ses revenus augmentent un tant soit peu et entendent que cela fructifie encore.
«Les» Droites ne sont pas toutes réellement «de droite», c’est la raison majeure pour laquelle elles ne sauront s’unir – d’un côté les cathos, intellos, etc., qu’Aristide Renou tient pour sensiblement incompatibles avec l’électorat «populaire» de Marine.
Cet électorat «populaire» se laisse “créduliser” lorsqu’il voit Zemmour comme lui étant sociologiquement adverse ; seulement Zemmour se “crédulise” à son tour lorsqu’il s’obstine à remonter l’Histoire, à parler Civilisation ou, plus anecdotiquement, prénoms ; pourtant, il ne peut pas s’abstenir d’aller à l’essentiel, compte tenu que ce sont ces éléments qu’il s’agit de mettre en lumière. Du reste, le début de sa «campagne» en a administré la preuve : montée considérable et, surtout, il a imposé les thèmes en question. Mais, comme tout est affaire de propagande, le moment de la propagande venu, c’est-à-dire la foire électoraliste, l’exercice des manipulations d’opinion – le «viol des foules» – s’est mis en branle… C’est cet exercice de propagande (sous forme “éducative”, pour l’enfant que j’étais alors) qui me persuadait, jadis, que je pensais à gauche. Zemmour a encore raison quand il engage un combat «culturel», seulement, ce n’est pas à coups de culture que l’on fait entrer celle-ci dans des cervelles non adaptées à en recevoir la forme des morceaux introduits (rappelons-nous les éducatifs “kidicrafts” d’il y a 50-60 ans, qui devaient initier les enfants en bas âge à la perception synthétique des formes géométriques).
Plus Zemmour se révèle avoir raison, à proportion, ses potentiels électeurs risquent de se détourner pour aller vers Marine, car la propagande nous donne l’illusion que notre vote sera plus “utile” ici que là (je me suis laissé prendre à cela au premier tour, par crainte de voire un Mélenchon à la place de Marine mais, au fond, cela n’aurait-il pas mieux fais sonner l’alarme ?)… En dépit de tout mon respect pour Marine, je pense que Zemmour a encore raison lorsqu’il martèle qu’elle ne sera jamais élue, ni elle ni quelqu’un qui lui serait semblable. Il faut, d’une part, une union des Droites et, d’autre part, une union de ceux qui, comme dit l’excellent Didier Raoult, aspirent à avoir «le droit d’être intelligents».
J’ai donc décidé, hier, pour les législatives, de voter pour les candidats de “Reconquête”, quelque propagande me vienne envahir l’analyse : mieux vaut quelques députés «qui montent» que davantage qui stagnent.
Enfin, il faut bien considérer que Mélenchon et Maqueron sont effectivement alliés, complices, entendus ; la politique de l’un prépare la politique de l’autre, ou l’accomplit, la justifie, la soutient… Si bien qu’il va bien falloir que des mélenchonistes, convaincus ou approchants, réalisent une bonne fois pour toutes qu’ils ne sont pas «de gauche», absolument pas ! Et je ne vois pas d’autre alternative.
Zemmour a-t-il les capacités d’amender plus adroitement ses discours et débats ? Pour ma part, je ne serais pas capable d’accomplir cet effort et, compte tenu des malheureuses petits années que Zemmour comptent en moins que les miennes, je le crois lui aussi «trop vieux» pour savoir y parvenir. Alors, peut-être, dans la jeunesse qu’il a su réunir…
Rien de nouveau depuis Guy MOLLET: En FRANCE, la DROITE la plus bête du monde. MELANCHON est en passe de rassembler toute la gauche, alors la Droite Nationale: n’oubliez pas :l’intérêt de la France passe avant celui des partis
C’est une forme d’ état des lieux de la Droite actuelle qu’établit avec brio Aristide Renou . Il y a bien en effet un tiers de l’ électorat « patriote » puisqu’il est légitime d’additionner les voix des trois représentants du courant national qui sont cités (mais un tiers , ne fait pas une majorité et il ne faut rien attendre de ce qui reste de LR : ceux qui devaient quitter ce parti l’ont déjà fait )
Il est aussi juste de voir ce qui peut séparer intellectuellement et sociologiquement , si l’on peut dire , ces trois groupes et , là , il n’y a rien à faire .
Il faudrait reprendre l’histoire de la Droite( des droites ) , ne serait-ce qu’à partir de la chambre « bleu horizon » : n’y avait il déjà des divisions ? Après 45 , encore de l’embrouille.
La parenthèse « enchantée » De Gaulle aura duré à peine plus de 10 ans -entre 1958 et 1969- (du reste les lames ont continué d’être affûtées durant la période) .
Rien de nouveau sous le soleil .
Une note d’espoir cependant : la Gauche , avec son comportement , pousse tels et tels à devenir de Droite par réaction , ceci venant en complément de ceux qui le sont (de Droite) par prédestination . Il n’y a donc pas vraiment de souci à se faire pour l’avenir .