PAR MATHIEU BOCK-CÔTÉ.
Cette chronique est parue dans Le Figaro de ce samedi matin 7 mai. L’analyse de Mathieu Bock-Côté nous paraît impeccable !
CHRONIQUE – Le noyau idéologique de l’union des gauches se trouve dans ce que l’on nomme pudiquement une rupture avec la laïcité, et qui témoigne d’un rejet profond du peuple historique français.
« Rejet profond du peuple historique français »
En transformant les élections législatives en troisième tour insurrectionnel, Jean-Luc Mélenchon a su placer la gauche au cœur du paysage politique français, alors qu’on la disait morte ou, du moins, végétative il y a quelques semaines à peine. Le renversement est considérable : la gauche retrouve une vraie vigueur et s’empare de l’imaginaire politique français, avec la complicité d’une caste médiatique excitée par la rhétorique révolutionnaire.
La mélenchonisation des esprits est en marche. Alors qu’hier on parlait de la droitisation de la France ,la reconfiguration du débat politique condamne les forces conservatrices à l’invisibilisation. Dans un moment de flottement historique, le jeu électoral peut briser les ressorts d’une famille politique, qui passe de l’espoir du pouvoir à la pénible lutte pour sa survie, et politiquement désorientée.
Si le coup de force est possible, se dit Mélenchon, il ne se l’interdira pas, et il se présente désormais comme premier ministre, avec l’intention affichée de transformer Emmanuel Macron en président spectral, ou, si on préfère, fantomatique. Il s’agit de retourner les institutions de la V République contre son esprit.
Devant cela, pourtant, le mécanisme du front républicain ne semble pas s’enclencher, comme si ce dernier était inimaginable contre la gauche. D’ailleurs, il ne viendrait jamais à l’esprit du service public audiovisuel d’assimiler Jean-Luc Mélenchon à l’extrême gauche et de tendre un cordon sanitaire contre lui. Le front républicain n’est-il pas d’abord et avant tout un mythe incapacitant ayant pour fonction d’inhiber ceux qui ne se contentent pas de modérer la gauche mais qui veulent la combattre ?
La séquence de la dernière semaine marque par ailleurs un renversement historique, à la manière d’un Bad Godesberg à l’envers, la gauche réformiste s’inclinant devant la gauche radicale. La France insoumise est parvenue à soumettre l’un après l’autre les partis de gauche, en commençant par celui qui lui était le plus proche idéologiquement, pour terminer par celui qui se vantait d’avoir encore une culture de gouvernement. D’EELV au PS en passant par le PCF, tous acceptent cette nouvelle dynamique. Il faut dire que la membrane doctrinale entre la gauche gouvernementale et la gauche radicale n’a jamais été aussi étanche qu’on l’a dit. Tout au long du dernier siècle, c’est davantage un désaccord stratégique qu’un désaccord idéologique de fond quia séparé ces deux gauches, qui cohabitent politiquement dans le même parti dans plusieurs autres pays occidentaux.
Un vocabulaire qu’on croyait réservé aux historiens redevient d’actualité: c’est l’heure d’un nouveau programme commun. S’il se noue autour d’enjeux circonstanciels comme la réforme des retraites, sa trame de fond est autre. On parlait hier de socialisme de rupture, on parle aujourd’hui d’écologisme de rupture, intégrant une forme d’anticapitalisme renippé sous le signe de la décroissance, interprétée parla frange religieuse de la gauche comme le prix à payer pour les péchés contre la planète du capitalisme et de la civilisation occidentale. Faut-il rappeler que Jean-Luc Mélenchon n’était en rien indifférent au fantasme bolivarien ? Si le contenu du discours change d’une époque à l’autre, la même structure mentale commande la gauche radicale, hantée par le désir d’une rupture rendant possible le grand recommencement de la société à zéro.
Mais, à terme, quand les tentatives de rupture socio-économiques avorteront, ce qui n’empêche pas ceux qui les tentent de mener un pays à la ruine et de le soumettre aux délices du matraquage fiscal, la tentation sera forte de s’investir, de manière qui ne sera pas exclusivement compensatoire, dans la part identitaire de ce programme commun. Et comme, en 1983, le mitterrandisme de rupture avait troqué le socialisme pour un antiracisme en guerre contre la nation, le mélenchonisme de demain sacrifiera son néo-socialisme décroissant à l’islamo-gauchisme. Car le noyau idéologique de ce programme commun se trouve dans ce que l’on nomme pudiquement une rupture avec la laïcité, et qui témoigne en fait d’un rejet profond du peuple historique français, transformé en rebut culturel, le nouveau bloc de gauche misant ouvertement sur le vote communautariste musulman.
À la lumière des dernières années ,on dira que le terranovisme culmine dans le mélenchonisme. Le décolonialisme, l’indigénisme, le racialisme trouveront dans ce nouveau programme commun un espace de collaboration politique et de normalisation institutionnelle, la contre-conquête décoloniale s’invitant désormais à grande échelle à l’Assemblée nationale, sous les applaudissements d’une partie de la gauche mondaine qui embrasse la mise en place d’un nouveau pouvoir dont elle pourrait pourtant être victime, s’il parvient à se mettre en place d’ici dix ou quinze ans, et à l’avènement duquel elle aura collaboré. ■
Mathieu Bock-Côté
Mathieu Bock-Côté est docteur en sociologie, chargé de cours aux HEC à Montréal et chroniqueur au Journal de Montréal et à Radio-Canada. Ses travaux portent principalement sur le multiculturalisme, les mutations de la démocratie contemporaine et la question nationale québécoise. Il est l’auteur d’Exercices politiques (éd. VLB, 2013), de Fin de cycle: aux origines du malaise politique québécois(éd. Boréal, 2012) et de La dénationalisation tranquille (éd. Boréal, 2007). Ses derniers livres : Le multiculturalisme comme religion politique, aux éditions du Cerf [2016] – le Le Nouveau Régime(Boréal, 2017) – Et La Révolution racialiste et autres virus idéologiques, Presses de la Cité, avril 2021, 240 p., 20 €.
Sélection photos © JSF
Mélenchon, c’est le Jacques Doriot de l’islam, un individu dangereux, hostile à la nation et à l’identité française. Si le scénario de cauchemar Mélenchon premier ministre se réalisait, on verrait la France soumise aux diktats de l’islamo-gauchisme, comme le dit avec raison Bock-Côté. Mélenchon est allé soutenir en 2019 une manifestation du mouvement islamiste CCIF, depuis interdit par le ministère de l’intérieur. Il trouve qu’en France il y a trop de blancs et rêve d’une France métissée. Ce n’est pas un hasard si cet individu est allé se faire élire à Marseille, le vote musulman a joué à plein. Il ne faut pas oublier d’autre part que Mélenchon est un adulateur des dictatures cubaines et vénézuéliennes, qui ont ruiné leurs pays et leurs économies. Il faut voir les scores de cet individu dans les quartiers islamo-mafieux, tout est dit. Mélenchon au pouvoir et à mon humble avis on ne tarderait pas à voir interdit un site comme Je suis français.
Excellent article . Mathieu Bock -Côté a décidément l’art de trouver les justes formules . Le « mythe incapacitant » ; c’est bien de cela qu’il s’agit , paralysant une certaine droite
Le « Bad Godesberg » à l’envers est aussi fort bien vu .
Pour ce qui est du « matraquage fiscal » , par contre , il ne semble pas que ce la gauche en ait l’exclusive ; ce serait curieux de faire les comptes depuis VGE avec l’instauration de la taxe sur les « plus – values » , la hausse et l’élargissement de la CSG par A.Juppé après l’arrivée de Chirac . Il doit y avoir d’autres « astuces » sur laquelle l’on ne « communique » pas à droite .
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