PAR MATHIEU BOCK-CÔTÉ.
Cette chronique est parue dans Le Figaro de ce matin du 11 juin. Mathieu Bock-Côté y revient sur les événements récents du Stade de France qui ont été à la une de l’actualité de la semaine qui s’achève. Son analyse du purement factuel au plan général jusqu’en ses ultimes conséquences, est, une fois de plus, impeccable et profonde. La destruction de la vérité, l’institution du régime dit des fake news est-elle un fait nouveau ou est-elle le propre des totalitarismes modernes à compter de l’instauration de la Terreur par la Convention, jusqu’à ceux du XXe siècle, qui sont aussi par leur ampleur et leur terrible efficacité, ceux de l’ère industrielle ? Mathieu Bock-Côté conduit à se poser cette question alors qu’aujourd’hui c’est à l’homme intégral que s’attaque la révolution postmoderne, ou, si l’on préfère, au cœur anthropologique de nos existences, sociales et personnelles. .
CHRONIQUE – Le régime diversitaire ment en occultant les événements qui le contredisent, mais aussi, en les présentant de telle manière qu’il en inverse le sens.
« Ces voyous conquérants ont souvent pour cri de guerre « nique la France » et cherchent instinctivement à la soumettre, en exerçant sur son territoire une nouvelle souveraineté. »
L’absence de la question de la délinquance dans le débat public a caractérisé la dernière élection présidentielle. L’insécurité n’était plus un phénomène politique, mais se réduisait à une série de faits divers qu’il ne valait pas la peine de placer au cœur du récit médiatique : cette reconstruction du débat public avait pour vocation d’écarter une question censée « faire le jeu » des « populistes » et autres courants politiques peu recommandables. Mais la censure du réel n’est jamais durable, et toujours il resurgit, souvent de manière aussi brutale qu’on l’avait nié, comme on l’a vu au Stade de France, où des groupes de voyous de cités et de banlieues se sont jetés sur les spectateurs, pour les agresser, les détrousser, les rapiner, et cela, au visage de la France entière. Il s’agit de razzias, à travers lesquelles des bandes violentes se livrent au pillage de supporters. Ces voyous conquérants ont souvent pour cri de guerre « nique la France » et cherchent instinctivement à la soumettre, en exerçant sur son territoire une nouvelle souveraineté.
Ce retour brutal du réel n’a pas empêché le pouvoir de s’entêter dans le déni, et plus exactement, de passer du déni au mensonge, en affirmant dans un premier temps que les violences étaient le fait de supporters britanniques et d’un simple problème de faux billets, et d’accuser ensuite ceux qui rectifiaient les faits de tenir des propos très nauséabonds. Plus le récit du vivre-ensemble diversitaire se fracture dans la réalité, plus il doit se maintenir de force, en condamnant à la vindicte publique ceux qui osent rappeler que la réalité existe. Le commun des mortels, qui a pourtant vu ce qu’il a vu, se demande dès lors, avec un mélange de perplexité et de colère, à quel rythme on lui ment aussi ouvertement, et aussi effrontément.
Mais ce mensonge a atteint un stade supérieur lorsqu’on a appris avant-hier, à la stupéfaction générale,que les images de vidéo surveillance des agressions, et particulièrement les images les plus violentes, avaient été détruites, apparemment parce qu’elles n’avaient pas été réclamées – ce qui en plus, est faux, car le Sénat, a-t-on appris, avait demandé aux autorités de réquisitionner ces images.
L’explication officielle est donc celle de l’incompétence. Elle convainc plus ou moins le commun des mortels qui se demande désormais si on lui ment encore, avec un sans-gêne époustouflant. Il ne peut s’empêcher de se demander si ces images n’ont pas été consciemment détruites. Et d’une explication technique de cette destruction d’images, on bascule vers une explication fondamentale: ce qui se dévoile ici, encore une fois, est non seulement la capacité du régime diversitaire à ne pas voir ce qui arrive mais même à empêcher que le commun des mortels ne puisse le voir.
Monde parallèle
Le régime diversitaire ne se contente plus de dissoudre le réel en produisant une confusion toujours reconduite entre le vrai et le faux. Il détruit désormais les preuves de la société dévastée qu’il engendre. Il détruit les conditions mêmes d’observation de la réalité. Ce qui a eu lieu n’a pas eu lieu, ce qui est advenu n’est pas advenu. Le récit officiel produit par le régime diversitaire à propos de la société est de plus en plus étranger à la vérité des faits: il doit seulement reconduire la validité du dogme. Il s’imperméabilise par rapport au réel et produit un monde parallèle dans lequel tous sont obligés de se mouvoir. Il absorbe la société dans un fantasme idéologiquement programmé et crée les conditions psychologiques d’une invisibilité de ce qui vient le contredire. Il n’est pas surprenant dans cet esprit qu’on réduise l’insécurité à un sentiment engendré par un simple discours anxiogène, et qu’on en appelle à censurer ceux qui le tiennent, en l’assimilant à un discours haineux.
Le régime diversitaire, devenu producteur de fake news, ment en occultant les événements qui le contredisent, mais aussi, en les présentant de telle manière qu’il en inverse le sens. La réalité, dès lors, devient floue, insaisissable. Le commun des mortels est désorienté: entre le monde dans lequel on lui dit qu’il vit, et celui dans lequel il a l’impression de vivre, il sent de moins en moins une correspondance. Une étrange impression d’irréalité s’empare de son esprit. La dépolitisation de la population est la conséquence la plus visible de cette négation du réel. L’esprit de révolte tend à s’aplatir aussi : si le faux est vrai et le vrai est faux, le dernier refuge de l’individu devient une intimité où il s’investit entièrement, et qui devient le seul domaine de l’existence où la réalité et le discours sur la réalité coïncident et où il n’est pas dépossédé de son expérience du monde. ■
Mathieu Bock-Côté
Mathieu Bock-Côté est docteur en sociologie, chargé de cours aux HEC à Montréal et chroniqueur au Journal de Montréal et à Radio-Canada. Ses travaux portent principalement sur le multiculturalisme, les mutations de la démocratie contemporaine et la question nationale québécoise. Il est l’auteur d’Exercices politiques (éd. VLB, 2013), de Fin de cycle: aux origines du malaise politique québécois(éd. Boréal, 2012) et de La dénationalisation tranquille (éd. Boréal, 2007). Ses derniers livres : Le multiculturalisme comme religion politique, aux éditions du Cerf [2016] – le Le Nouveau Régime(Boréal, 2017) – Et La Révolution racialiste et autres virus idéologiques, Presses de la Cité, avril 2021, 240 p., 20 €.
Sélection photos © JSF
On dénonce, on dénonce et puis … et puis rien, rien que des gens qui changent de trottoir, rien que des gens qui baissent les yeux, rien que des gens qui acceptent tout sans rien dire, et sans rien faire. Des gens qui ne sont plus Français, des gens qui ne sont plus rien que des contribuables.
Je me demande si le risque de vos.propos du genre n’est pas de rajouter une dénonciation de plus à ajouter à celles que vous dénoncez. Si vous dénoncez le bla.bla du Pouvoir en place, mille fois d’accord. Si vous dénoncez l’inaction des particuliers, et des associations et mouvements qu’ils ont eux-mêmes formé, alors il faudrait nous dire ce que vous-même faites d’autre et de plus que de dénoncer. En bref, avez-vous pris les armes ?
Je comprends parfaitement votre interrogation et je vous invite à venir chez moi. Ainsi vous aurez la réponse à votre question et vous pourrez rencontrer ceux qui savent se faire respecter et vous constaterez par vous-même qu’il y a encore des hommes qui savent faire front et qui ne baissent pas les yeux devant la racaille.
L’analyse de Mathieu Bock côté est impeccable. A chacun de prendre ses responsabilités.