Les Lundis.
Par Louis-Joseph Delanglade*.
San Francisco, Etats-Unis, 2020. L’Etat de Californie n’échappe pas à l’ augmentation considérable de la criminalité qui affecte tout le pays : 21500 homicides dans l’année, soit 59 par jour. On dit pourtant qu’à San Francisco, c’est l’enfer.
Ils sont deux, un homme et une femme, qui au départ ont toutes les qualités aux yeux de la gauche bien-pensante, chacun incarnant une grande partie de ses « valeurs » voire de ses délires. London Breed, une afro-américaine élue maire en juin 2018, et Chesa Boudin, le rejeton d’une longue lignée « progressiste », procureur du district de San Francisco depuis janvier 2020. Tous deux issus du Parti démocrate, dans une ville où Donald Trump n’obtiendra en novembre que 12,5% des suffrages.
Toutes les qualités ? Elle : femme, noire, milieu modeste, une sœur morte d’une overdose en 2006 et un frère toxicomane derrière les barreaux. On voit à peu près le personnage. Lui : enfant de deux membres d’un groupe « anti-impérialiste » (The Weather Underground Organization). Père et mère condamnés en 1981 à 75 et 20 ans de réclusion pour les trois morts d’un braquage. Recueilli et élevé par des universitaires gauchos-bobos du même groupe. On voit très bien le personnage.
Pendant quelques mois, ils (elle et lui) oeuvrent donc plutôt dans la même direction. London Breed profite ainsi de l’épisode George Floyd (juin 2020) pour amputer le budget de la police de 120 millions de dollars. Résultat immédiat : augmentation spectaculaire des homicides (+ 20%). C’est le choc. Peut-être pense-t-elle alors à sa meilleure amie, poignardée à mort en pleine rue. Quoi qu’il en soit, elle change de cap, triple le budget de la police dès septembre 2021 et instaure l’état d’urgence en décembre de la même année. Et obtient des résultats.
Mais elle apprécie moins les mesures très idéologiques de Chesa Boudin, des mesures à faire pâlir d’envie les plus radicaux des maires écolos français : considérant la remise en liberté sous caution comme injuste pour les « pauvres », il demande leur libération sans versement ; considérant que les adolescents ne sont pas des adultes, il interdit de leur faire encourir les mêmes peines ; considérant que l’appartenance à un gang résulte d’une sorte d’aliénation, il supprime le supplément de peine y afférent, etc. Avec les conséquences qu’on imagine.
C’est beaucoup, c’est même trop. Chesa Boudin est donc destitué après dix-huit mois seulement lors de l’ « élection révocatoire » du 7 juin 2022 : destitué par près de 60% des votants, jusqu’à 80% dans les quartiers à majorité asiatique ou afro-américaine ! La maire se félicite immédiatement de cet échec cinglant. Elle le réaffirme : les habitants de San Francisco ont d’abord besoin de sécurité. Elle semble donc considérer que la sécurité ne passe pas/plus par les lubies idéologiques de la gauche radicale.
Moralité : malheur à celui qui s’entête dans son erreur. Ceci n’est ni un conte ni une fable mais ce pourrait l’être. ■
* Agrégé de Lettres Modernes.
Retrouvez les Lundis précédents de Louis-Joseph Delanglade.
© JSF – Peut être repris à condition de citer la source.
Comme quoi l’idéologie socialiste ne marche pas.
Je vois bien plus que le socialisme – qui n’a pas que des défauts au demeurant – là dedans : c’est bien pire….