Le lecteur jugera. Nous avons trouvé tout à fait intéressante cette analyse vigoureuse de Vincent Trémolet de Villers en une du Figaro de ce matin.
Intéressante mais contradictoire. Intéressante par tout ce qu’elle décrit lucidement de la crise démocratique où le Pays s’enfonce. Contradictoire par sa conclusion dont l’altitude nous paraît fort médiocre en regard des motifs réels et sérieux correctement recensés ici, qu’ont les Français de ne plus se reconnaître dans la République. Sauf si l’on prenait République au sens ancien de Bien Commun ou Chose publique qui s’incarnait jadis dans la fonction royale et qui, de nos jours, ne s’incarne plus nulle part. En tout cas qui ne s’incarne plus dans aucunes des Institutions qui constituent le Système.
C’est pourquoi la tarte à la crème de l’appel au vote salvateur qui conclut cette juste évaluation de la situation, nous apparaît passablement dérisoire. Le Bien Commun français, la Chose publique nationale, si l’on sait « dépasser le désespoir »*, c’est nous, c’est le principe national, c’est le Prince. Mais la République au sens que l’Histoire des deux derniers siècles a tissé pour ce mot, non, ce n’est pas nous. Usée jusqu’à la corde, la République est-elle même sauvable ? Peut-être a-t-elle épuisé son temps de parole et d’action dans l’Histoire. Que les Français aillent voter ou non dimanche ne nous semble de peu d’importance. Ils ont surtout envie de changer d’air. Et – pourquoi pas ? – le cas échéant, de régime.