Par José D’ARRIGO, rédacteur en chef du Méridional.
Une fiction signée José D’Arrigo, des dialogues imaginaires qui ne sont sûrement pas sans rapport avec le réel. Article paru avant-hier 27 juin dans le quotidien régional en ligne Le Méridional. Titre ami des royalistes d’Action Française depuis toujours.
Attention, amis lecteurs du Méridional, les personnages intervenant dans les dialogues de sourds qui vont suivre étant purement fictifs, toute ressemblance avec des personnes ou des situations existantes ou ayant existé ne saurait être que fortuite.
Il semblerait qu’un de nos journalistes, déguisé en huissier de l’Elysée, ait entendu certains éclats de voix filtrer du bureau présidentiel lors de la réception des chefs de partis politiques après la déconvenue des législatives. Voici certains échos de ces conversations destinées à demeurer confidentielles.
François Bayrou (l’air contrit) : « Manu, je suis de tout cœur avec toi. Je sais que ton élection est légitime mais les électeurs ont décidé de t’imposer une double tutelle à l’Assemblée. Ils ne croient plus à ta doctrine du « en même temps ». Les temps changent. Donc, tu devras plus que jamais compter sur nous, tes amis de la première heure, les centristes.
Emmanuel Macron : Merci, cher François, de ton fidèle soutien. Je ne comprends pas ce que j’ai pu faire aux Français pour qu’ils me détestent autant…
Bayrou : C’est simple, Manu, tu ne les as jamais vraiment écoutés et cette forme altière de dédain de ta part a fini par les exaspérer. Une majorité absolue n’est pas un droit acquis, tu aurais dû t’en souvenir. Même De Gaulle en a fait les frais avec son referendum en 1969 et il a aussitôt démissionné.
Macron : Tu te rends compte François ? Je suis bloqué sur ma gauche avec les rageux de Mélenchon et sur ma droite avec la résurrection partielle des Républicains et la percée historique du camp national. La vérité, c’est que je n’ai pas vu venir la patate. Je ne peux plus bouger un orteil sans mettre le feu et je suis condamné à l’impuissance…
Bayrou : C’est ta faute Manu, pas la mienne. Je t’avais averti : on ne fait pas campagne à la va-vite au pied d’un avion en quémandant une majorité solide. C’est une attitude irrespectueuse. Ce retour de bâton, tu l’as amplement mérité…
Macron : Comment vois-tu la suite des événements, toi, François ? Dois-je former des coalitions au coup par coup, texte par texte, ou bien renoncer à toute réforme ?
Bayrou : Tu dois d’abord t’appuyer sur tes amis. Au Modem, nous avons 48 élus et nous ne sommes plus les supplétifs d’un groupe gigantesque. Nous en sommes un des éléments prépondérants. Pour moi, Manu, ça change tout : tu ne peux plus te permettre de nous regarder de haut. Désormais, sache-le, et tâche de t’en souvenir, je veux ma part, toute ma part…
Macron : François, tu ne vas pas t’y mettre toi aussi ! Tu ne vas pas me rendre la vie impossible ? Tu ne vois pas que je suis plongé dans la panade et que je vais devoir multiplier les acrobaties politiques et idéologiques pour convaincre certains élus socialistes et certains élus Républicains de nous rejoindre ?
Bayrou : Manu, j’ai le sentiment que tu as perdu la main ces derniers temps. Autour de toi, tes meilleurs collaborateurs s’en vont. Tu as cru bon de nommer à la fonction de Premier ministre une technocrate sans relief qui ressemble à un cataplasme sur une jambe de bois. Il ne faut pas être paranoïaque et ne t’entourer que de collaborateurs insignifiants. Ce qu’il te faut pour surmonter cette crise de régime, c’est un homme expérimenté, rompu de longue date aux roueries de la politique, un homme capable de réciter du La Fontaine par cœur. Tu vois qui je veux dire Manu ?
Macron : Tu veux dire Edouard Philippe ?
Bayrou : Non, Manu. Moi je parle d’un homme qui a déjà été ministre à maintes reprises dans plusieurs gouvernements RPR-UDF et qui a fait l’apprentissage de la volonté générale sur le terrain. Ton parti est devenu une baudruche qui se dégonfle à vue d’œil, une coquille vide. La République en Marche n’a fait aucune concession à ses partenaires et aux autres familles politiques. Elle a voulu accaparer à elle seule toutes les sensibilités politiques : c’est la cause majeure de ton échec.
Macron : Bon, François, j’ai compris. Tu veux être Premier ministre, hein, c’est ça ?
Bayrou : Ecoute, Manu, moi je ne t’ai rien demandé, mais si tu juges utile de m’appeler à de hautes fonctions, je ne me déroberai pas. Je te le répète : cette fois, je veux toute ma part, pas la portion congrue. Lors du précédent quinquennat, nous avions cinq ministres affiliés au Modem et il n’y en a plus que deux dans le gouvernement de Mme Borne : Marc Fesneau et Justine Benin qui devra quitter le gouvernement car elle a été battue aux législatives. Je veux donc cinq ministres Modem dans le futur gouvernement et pardon d’insister, de hautes fonctions pour François Bayrou lui-même…
Macron : Voilà que tu imites Alain Delon maintenant et que tu parles de toi à la troisième personne ! Ecoute, je t’appelle à mon retour de l’étranger et on déjeune tranquille à Pau en juillet, d’accord ? »
Notre huissier infiltré voit sortir furtivement François Bayrou du bureau présidentiel et entrer une silhouette dégingandée, barbe poivre et sel, qui n’est autre qu’Edouard Philippe, l’ancien Premier ministre.
Edouard Philippe (faussement enjoué) : « Alors Manu, comment ça va ? Tu n’es pas trop affecté par la ratatouille de dimanche aux législatives ?
Macron : A vrai dire, j’ai un peu de mal à digérer cet affront. Je pense que les Français qui votent contre moi sont des veaux ou des analphabètes. En plus, ce faquin de Bayrou exige cinq ministres Modem et menace de me lâcher si je n’accomplis pas ses quatre volontés. Il est bouffi de prétention, cet olibrius. Il oublie qu’en 2017 c’est moi qui l’ai sorti du trou. J’espère que tu n’es pas sur la même longueur d’ondes que lui…
Philippe : Moi ? Pas du tout, Manu, rassure-toi. Tu aurais dû te rappeler la phrase de Montesquieu : « La démocratie suppose que le pouvoir arrête le pouvoir ». Manu, tu ne peux plus gouverner à ta guise sans prendre en compte la volonté générale des Français. Pardon d’insister : pendant cinq ans, tu as marché sur les pieds de tous les pouvoirs intermédiaires et tu as manifesté une assurance excessive en bafouant les libertés fondamentales. Les Français n’ont fait que te rendre la monnaie de ta pièce. Mais tu peux compter sur mes 27 députés philippiens, ils voteront comme un seul homme tous tes projets de loi…à condition que tu te souviennes de notre pacte.
Macron : Quel pacte ? Que veux-tu dire ?
Philippe : Quand tu as cru devoir me congédier pour mettre un bouseux à ma place, j’ai mis en marche mon parti « Horizons » et si j’avais participé à l’élection présidentielle, tu n’aurais jamais été réélu. Je veux dire que tu me dois une fière chandelle… Ce n’est que lorsque tu m’as promis que ce serait mon tour en 2027 et que tu m’apporterais le soutien de tes troupes que j’ai accepté de me retirer de la course…
Macron : C’est vrai. J’avais oublié notre accord tacite. Je fais tellement de promesses à des tas de gens que tout s’embrouille dans ma tête. Ne t’inquiète pas, mon Philou, je tiendrai parole. Dis-moi plutôt comment me tirer de ce guêpier politique ?
Philippe : La banalisation…
Macron : Quelle banalisation ?
Philippe : Tu dois répéter aux Français que la situation du Parlement n’est pas exceptionnelle en Europe et que de nombreux pays sont dans le même cas que nous, obligés à des négociations, des discussions, des concessions. Il faut que tu leur fasses croire que c’est une situation normale, habituelle, banale. Voilà.
Macron : Pas mal ton astuce, merci mon Philou.
Philippe : Attends, Manu, ne te réjouis pas trop vite. Moi aussi je suis comptable des ambitions de mes 27 députés. Je ne peux pas les laisser sans horizon. Il me semblerait normal que tu nous garantisses trois ministres dans le prochain gouvernement. Ce serait la meilleure façon pour toi d’être certain que nous marcherons côte à côte et non pas face à face. Et puis, si tu peux t’arranger pour démolir au passage Bruno Le Maire, ça me ferait un concurrent de moins pour 2027. Le mieux serait que tu lui confies une tâche impossible à remplir pour ruiner sa réputation aux yeux de l’opinion.
Macron : Là, mon Philou, tu m’en demandes beaucoup. Je verrai ce que je peux faire. Nul n’est à l’abri d’un traquenard en ce bas monde… »
Edouard Philippe s’éclipse à pas de géant du bureau présidentiel et c’est au tour de Stanislas Guerini de pénétrer en catimini dans l’antre du chef de l’Etat.
Macron : « Tu vas bien, Stan ? Dis-moi, tu as eu chaud aux fesses, tu es passé de justesse; ça m’aurait ennuyé de te perdre…
Stanislas Guerini : C’est vrai Manu, mais finalement je suis élu, c’est l’essentiel, et ça me permettra de rester un de tes plus zélés serviteurs. Casta le noctambule et Ferrand le mutualiste sont passés à la trappe parce qu’il y a eu de drôles de passerelles entre le RN et les Nupes pour nous éliminer. Ecoute, la situation n’est pas désespérée : nous avons 170 élus et tu peux nommer aisément une vingtaine de ministres issus de nos rangs. Je pense que tu dois désigner comme Premier ministre un fidèle parmi les fidèles de la première heure.
Macron : Toi par exemple ?
Guerini : Pourquoi pas ? Il faudra de la rondeur et du cynisme et je réponds à ces deux critères. Si tu fais appel à moi, je serai disponible. Je suis habitué à parler à la gauche et à la droite sur un même ton et sans fâcher personne. Et puis voilà six ans que je bosse pour toi jour et nuit… »
Stanislas Guerini sort du bureau élyséen en souriant sous cape, content de son petit effet, et c’est Christian Jacob, le patron des Républicains qui toque à la porte.
Macron : « Salut Christian, c’est le ciel qui t’envoie. Je ne vais pas y aller par quatre chemins. Sans l’appoint de tes troupes, je suis cul nu. J’espère que tu vas m’aider à sortir de ce bourbier, hein ?
Jacob (l’air coincé) : T’aider, t’aider ? Tu vas vite en besogne Manu. Nos électeurs sont des opposants. Tu n’as pas cessé une seconde depuis cinq ans de nous harceler et de nous affaiblir. Tu as réussi à débaucher une partie de nos meilleurs éléments à telle enseigne que nous n’avons plus un seul élu dans les Bouches-du-Rhône et dans le Var. Tu passes le plus clair de ton temps à nous décimer et à présent tu voudrais qu’on vienne te sauver la mise ?
Macron : C’est le jeu, Christian, c’est la politique. Tu ne vas pas t’en offusquer ? Maintenant, je vais aller droit au but pour t’épargner les salamalecs que je réserve à mes disciples. Je te propose le marché suivant : dans le prochain gouvernement, je nomme dix ministres issus des Républicains alors que votre score de 61 élus n’en mériterait que sept. Et bien entendu, tu seras ministre d’Etat…
Jacob : Ecoute Manu, ta proposition est alléchante mais si j’acceptais tout de suite, ça passerait pour un reniement ou un ralliement de plus. Je ne veux surtout pas donner l’impression que je suis prêt à trahir mon camp, tu comprends. Ce que je peux te promettre, c’est que nous ne ferons aucune obstruction systématique si tu veux bien prendre en compte nos propositions, surtout celles d’Éric Ciotti en matière de sécurité et d’immigration. Fais gaffe Manu, si tu veux vraiment notre appui, ne vas pas chercher à débaucher des élus socialistes ou communistes, ça ferait une tambouille de mauvais genre et nos électeurs ne veulent surtout pas d’un micmac politicard.
Macron : Christian, tu disposes d’un parti charnière. Désormais, le faiseur de roi, c’est toi. Je paierai l’addition, quel qu’en soit le prix, tu comprends ? En plus, je m’arrangerai pour que vous dirigiez les commissions les plus importantes à l’Assemblée.
Jacob : Je vais te faire une réponse de Normand, ni oui, ni non. On pèsera de tout notre poids au cas par cas, à condition que tu nous écoutes très attentivement, c’est clair ? »
C’est au tour de Julien Bayou et de Cyrielle Chatelain (Europe Ecologie Les Verts) de faire leur entrée dans le bureau présidentiel.
Julien Bayou : « Bonjour M. Le Président, d’abord merci de votre invitation. Mais avec ma collègue Cyrielle nous tenons d’emblée à vous faire savoir que l’élan écologiste est très puissant dans le pays, même s’il ne se traduit pas forcément dans les urnes, et nous voulons participer au prochain gouvernement au titre de la transition climatique…
Macron : M. Bayou, Mme Chatelain, je partage votre souci. Je ne vois pas d’inconvénient à vous faire participer au prochain gouvernement. N’oubliez pas que je suis issu des jeunesses socialistes et que j’ai fait mes classes avec les strauss-kahniens. Ma réponse est nette : vos désirs sont des ordres. Mais ce que je voudrais, en prime, c’est que vous vous émancipiez de la tutelle encombrante de Mélenchon. Est-ce qu’une telle mise à distance vous paraît possible ?
Bayou : Nous avons de fortes divergences idéologiques avec Mélenchon et nous n’avons aucune illusion sur ses multiples retournements de veste. Donc, M. Le Président, si vous avez l’obligeance de bien vouloir légiférer sur la base de nos propositions concernant le changement climatique, eh bien vous pouvez compter sur notre appui occasionnel.
Macron : Occasionnel ?
Bayou : « Oui. Ou épisodique, comme vous voudrez. »
Le visiteur suivant, visiblement hilare, n’est autre que le socialiste Boris Vallaud, époux de l’ex-ministre de l’Éducation nationale sous François Hollande, Najat Vallaud-Belkacem.
Macron : « Comment tu vas, camarade Boris ? Tu te rappelles nos sorties et nos divagations quand on était aux jeunesses socialistes ? On avait l’impression de pouvoir changer le monde. On nageait dans l’utopie. Dommage que ce pistachier de Strauss-Kahn ait été dézingué en plein vol !
Vallaud : Manu, je ne t’envie pas. Avec cette Assemblée disparate et ingouvernable, je sais que tu vas être ballotté entre des courants contraires. Ce que je sais aussi, c’est que sans l’appoint de nos 26 députés socialistes tu ne pourras pas former une majorité. Nous, on veut simplement que tu te souviennes que tu es un vrai socialiste et que tu partages comme naguère toutes les options de ton camp.
Macron : Ecoute Boris, tu ne vas pas toi aussi commencer à m’échauffer les oreilles. Je suis dans la situation très pénible d’un homme prêt à toutes les concessions et à toutes les compromissions pour avancer. Oui, bien entendu, je reste un socialiste et je puis t’assurer d’ores et déjà que tu seras ministre dans mon prochain gouvernement. Et si ton épouse a besoin d’accéder à de hautes fonctions, sache que j’ai toujours en réserve une usine à gaz à sa mesure, genre Ségolène au pôle Nord… »
Boris Vallaud sort du bureau en se frottant les mains et c’est au tour de Marine Le Pen d’y entrer en arborant un large sourire.
Marine Le Pen : « Bonjour Manu. Comment vas-tu depuis notre pseudo débat à la télé ? Te voilà coincé entre le camp national et le camp des islamo-gauchistes. Je sens que tu vas être gêné aux entournures, non ?
Macron : Certes, c’est le moins qu’on puisse dire. Toi, en revanche, tu t’en sors bien avec tes 89 élus. Je pense que tu dois une fière chandelle à Éric Zemmour car c’est lui qui est passé pour un extrémiste avec sa radicalité identitaire et il t’a fait passer pour une modérée. Bref, il a été le grand défricheur de la droite, celui qui a réussi à faire péter le plafond de verre qui empêchait ta progression.
Marine : Zemmour a eu les yeux plus gros que le ventre. On a vampirisé son électorat. Il n’a plus aucun espace politique. En ce qui nous concerne, nous ne ferons pas d’opposition systématique, surtout si tu viens sur notre terrain, celui de la sécurité et de l’immigration.
Macron : Marine, tu constates comme moi que l’Assemblée est très divisée et qu’aucun parti ne dispose d’une majorité absolue. Cet émiettement peut aussi être une chance. Sache que je ne peux absolument pas te rendre service publiquement, ce serait un suicide politique, mais hors caméras tu peux entrer dans ce bureau quand tu le souhaites et sans même t’annoncer, je te recevrai toujours avec la plus grande bienveillance…
Marine : Nous, sache-le, on jouera à fond notre rôle d’opposant, mais sans bloquer l’institution. Dans ton dernier discours à la télévision, tu n’as prononcé le mot « sécurité » que du bout des lèvres alors que c’est une des principales préoccupations des Français et tu n’as pas dit un mot sur l’immigration invasive qui est à la source de tous nos problèmes. Faut-il que nous soyons 200 ou 300 élus pour que tu t’appropries enfin nos thèmes de prédilection ?
Macron : Ecoute, Marine, je ne vais pas te mentir : on ne sera jamais d’accord tous les deux sur l’immigration car pour moi l’immigration est une chance pour la France. Ce que je te demande, c’est de la mettre en veilleuse sur les sujets économiques et sociaux. Est-ce que cette discrétion te paraît possible ou pas ?
Marine : Comme tu l’as dit toi-même, chacun à l’Assemblée devra faire preuve d’un esprit de responsabilité et de dialogue. Nous devons ensemble trouver les voies du dépassement politique. Tu as souligné que les accords éventuels allaient prendre du temps. Tu as raison, nous prendrons tout notre temps. Tu te rappelles quand François Mitterrand affirmait « qu’il faut laisser du temps au temps ». Lui aussi jouait sur le temps long pour se donner de l’air.
Macron : Là, pour une fois, je suis d’accord avec toi. Heureusement qu’il n’y a pas de journaliste ici pour m’enregistrer sinon je serai aussitôt cloué au pilori par les hystériques de Mediapart. Oui, parfois, je me dis que je laisserais volontiers la place à un homme de la trempe de Mitterrand. Lui, il savait s’arranger avec Dieu et avec le diable, mine de rien. Ecoute, on peut s’arranger, est-ce que tu es prête à coopérer, au moins sur certains textes anodins ?
Marine : On verra ça au cas par cas. Nous sommes des opposants résolus, pas des maquignons. Nous ne pouvons pas te suivre lorsque tu veux qu’on trouve ensemble le chemin de la réussite collective. Je sais que certaines formations minoritaires sont déjà prêtes à toutes les compromissions en échange de prébendes. Ce ne sera pas notre cas.
Macron : Si tous mes opposants sont aussi coriaces que toi, je serai obligé de dissoudre l’Assemblée dans moins de six mois. A ton avis, quel est mon avenir en tant que président ? Celui d’une potiche genre René Coty ou celui d’une légende genre De Gaulle ?
Marine : Je crois que tu as clairement été désavoué par le peuple et que tu devrais démissionner pour demander la confiance des Français. Je pense que tu as une reconversion toute trouvée dans l’art théâtral car tu n’as pas ton pareil pour mystifier les foules et leur faire prendre des vessies pour des lanternes. »
Marine Le Pen est exfiltrée par une porte de service pour ne pas attirer l’attention du personnel et c’est au tour de Jean-Luc Mélenchon, les poings tout faits, de se diriger, l’air furibard, vers le bureau présidentiel.
Jean-Luc Mélenchon : « Alors, gamin ! T’as vu les gens ? Ils t’ont renvoyé à tes chères études, hein ? Ça t’apprendra à te moquer du peuple; ça fait drôle hein de perdre une élection pour la première fois ?
Macron : Ecoute, Jean-Luc, inutile de vociférer comme un damné, avec moi ça ne marche pas. Permets-moi de te saluer à la façon de Mitterrand face à Chirac : bonjour monsieur le Premier ministre !
Mélenchon : Si tu m’as invité pour te payer ma tête, je rentre tout de suite chez moi.
Macron : Mais non, mais non, reste quelques instants. Je plaisantais, voyons. Je sens qu’on peut s’entendre, toi aussi tu as été un fervent socialiste avant de claquer la porte de Solférino. Si tu parvenais à raboter un tant soit peu tes propositions économiques et sociales les plus farfelues, on pourrait peut-être s’entendre. Qu’en dis-tu ?
Mélenchon : Gamin arrête ton char ! N’essaie pas de me corrompre avec tes boniments ! Avec moi, ça ne marche pas. Ta politique, c’est un fiasco depuis cinq ans. Tu n’as fait que colmater les brèches, tu n’as aucune vision de la France à long terme. Ton programme, c’est une succession de caprices à la con. Ta seule issue, ta seule solution, c’est d’obéir à mes affiches et de me nommer Premier ministre !
Macron : C’est impossible Jean-Luc. Je passerais pour un magouilleur de première, un homme sans foi ni loi. Ce que je peux te proposer, ce sont des petits arrangements entre amis, dans l’arrière-salle du conseil. Mes bienfaits ciblés pourraient conforter ton assise politique et enraciner ta capacité d’influence. Mais ces marques d’amitié ne doivent pas passer pour des connivences entre factions opposées. Est-ce que tu comprends ?
Mélenchon : Merci Manu de te soucier de mon sort, mais à soixante et onze ans, je n’ai plus guère de temps devant moi. J’ai passé l’âge du clientélisme à la petite semaine. Si tu ne redeviens pas un homme de gauche, sache que j’irai jusqu’au bout pour faire échouer cette législature. Et si ça ne te plaît pas, c‘est pareil ! Tchao, Manu, démerde-toi; cette crise tu ne la surmonteras pas parce que les gens ne le veulent pas. Moi je suis avec les gens, pour les gens et ton cirque, tu peux te le garder. J’ai déjà largement donné en la matière par le passé. Mes amitiés galantes à Brigitte. T’es foutu Manu… »
PCC. José D’Arrigo, rédacteur en chef du Méridional ■
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