PAR RÉMI HUGUES.
Depuis les États-Unis, via l’American Jewish Committee, jusqu’à Israël, en passant – bien évidemment – par la France, beaucoup se sont émus, le jeudi 23 juin 2022, d’une fresque réalisée sur un bâtiment public d’Avignon par le graffeur Lekto représentant le président Macron en polichinelle de Jacques Attali.
Ce dernier, par l’intermédiaire de son avocat, a annoncé le 30 juin porter plainte pour « provocation à la discrimination, à la haine ou à la violence à l’égard d’une personne ou d’un groupe de personnes à raison de leur origine ou de leur appartenance à une ethnie, une nation, une prétendue race ou une religion » et « injure publique ».
Depuis les États-Unis, via l’American Jewish Committee, jusqu’à Israël, en passant – bien évidemment – par la France, beaucoup se sont émus, le jeudi 23 juin dernier, d’une fresque réalisée sur un bâtiment public d’Avignon par le graffeur Lekto représentant le président Macron en polichinelle de Jacques Attali.
Ce graffiti, auquel Lekto a donné le titre de « Bête 2 l’événement », l’agglomération du Grand Avignon voulait le conserver, au nom de liberté d’expression, mais à dû se plier aux injonctions de la préfecture du Vaucluse, qui n’était pas de cet avis. De toute façon, à cause du tapage médiatique, la fresque avait été dégradée dans la nuit du jeudi à vendredi par des inconnus.
Il s’agit dans cet article de fond d’essayer d’indiquer quels sont les éléments factuels qui ont pu amener ce street artist à se représenter ainsi le Pouvoir présidentiel actuel, cette vision des choses s’étant cristallisée dans une œuvre désormais effacée.
Qui est Jacques Attali ?
Né le 1er novembre 1943 à Alger, Jacques Attali est passé par Sciences-Po, Polytechnique et lʼE.N.A. Étudiant brillant, plus enclin à aimer la ratiocination que les travaux physiques, Attali ambitionne de devenir, une fois diplômé, une figure intellectuelle du socialisme français. Sa référence est lʼauteur de LʼOpium des intellectuels, un pamphlet de 1955 qui vise l’intelligentsia française accusée dʼêtre illusionnée par la religion marxiste, Raymond Aron, un atlantiste anti-communiste développant une pensée libérale-conservatrice largement inspirée dʼAlexis de Tocqueville. Il soutint le gaullisme avant de sʼen détacher en 1967, suite aux prises de position clairement anti-nord-américaines (« Vive le Québec libre ! », et surtout dénonciation de lʼhégémonie du dollar) et anti-israéliennes (« un peuple dʼélite, sûr de lui-même et dominateur »).
Juif comme lui, Attali entend être le Raymond Aron de la gauche. Il rejoint le Parti socialiste (P.S.) de François Mitterrand dans les années 1970. Ce dernier lui confie la mission, au tout début de sa campagne victorieuse de 1981, de rencontrer Coluche, lʼhumoriste qui sʼest engagé dans la course en entonnant le refrain populiste du « tous pourris », pour mieux connaître ses intentions. Car une candidature effective de Michel Colucci, craint le camp socialiste, pourrait faire perdre de précieuses voix à son champion.
Mais, menacé de mort, le clown se retire. Mitterrand l’emporte finalement et, avec son sherpa, rentre à lʼÉlysée. Les débuts au cœur du pouvoir sont difficiles pour Attali. Le journaliste « FOG », sur un ton moqueur, met en lumière la nouvelle vie du jeune conseiller du président. Lʼadaptation nʼest pas évidente.
« Chaque fois que François Mitterrand ouvre une porte, Jacques Attali est là, empressé et inquiet. Ce nʼest pas un hasard si le conseiller spécial sʼest installé dans un bureau contigu à celui de président. Moitié salle dʼattente, moitié hall de gare, ce nʼest évidemment pas le meilleur endroit pour travailler. Mais quʼimporte puisque, pour Attali, lʼessentiel est de pouvoir surveiller les entrées et les sorties…
Il est si fébrile quʼil ne peut se servir son café sans tacher son costume. Il est si émotif quʼil somatise pour un rien : un mauvais regard du président et, aussitôt, la grippe le ravage. Cʼest son caractère qui gâche son intelligence, qui, à lʼévidence, est immense. […] Tel est Attali : possessif, exclusif et pathétique. […] Pour se trouver quelques secondes de plus avec François Mitterrand, Jacques Attali est prêt à changer de masque comme de rôle. Il fait donc tour à tour office de concierge, de gourou, de dame de compagnie ou bien de professeur dʼéconomie. Il sʼest même mis au golf pour pouvoir jouer, tous les lundis matin, avec le président et André Rousselet. »[1]
Protégé par des soutiens puissants, par des réseaux de pouvoir très influents, Jacques Attali joue un rôle majeur, malgré ses déboires. Les dossiers qui lui sont confiés traitent des questions économiques et des relations avec le monde anglo-saxon. Sa tâche principale est de préparer le tournant de la rigueur, qui nʼa pas été décidé par la nécessité du moment vers 1983, mais était dans les cartons avant même lʼélection de François Mitterrand. La politique réellement socialiste, consistant notamment à nationaliser un certain nombre de grandes entreprises françaises, nʼétait quʼun leurre censé attirer une part substantielle du vote communiste. Embrasser le Parti communiste français (P.C.F.) pour mieux lʼétouffer : la stratégie fonctionna à merveille.
Ceci nous est révélé par Benoît Collombat : à partir de « mars 1983, cʼest une politique économique de ʽʽrigueurʼʼ qui sʼimpose, après lʼavis ʽʽdéterminant du conseiller élyséen Jacques Attali, selon les mots du président lui-même : maintien dans le serpent monétaire européen, blocage des salaires, etc. »[2] Or « la rigueur socialiste est bien la conséquence dʼun choix idéologique, non dʼun impératif économique. Une histoire secrète dans laquelle Jacques Attali a joué un rôle décisif. »[3] Au même moment que la signature du Programme commun de gouvernement par le P.S. et le P.C.F, lui « qui ambitionne de devenir le ʽʽRaymond Aron de la gaucheʼʼ, met en place à lʼuniversité Paris-Dauphine un groupe dʼéconomistes et de polytechniciens rassemblés au sein de lʼInstitut de recherche et dʼinformation socioéconomique (IRIS). »[4] Un membre de cette coterie dʼexperts a déclaré que « les nationalisations devaient servir à renflouer des entreprises… avant de les rendre au secteur privé »[5], comme Rhône-Poulenc ou Pechiney. Un autre ancien de lʼI.R.I.S., qui le quitta en 1979, explique que « lʼarrière-plan idéologique de lʼIRIS était évident : il sʼagissait de ʽʽréussir ce que la droite était en train de rater. Casser les salaires pour créer un capitalisme modèleʼʼ. Il fallait que la gauche devienne néolibéraleʼʼ, résume Léo Scheer, autre membre de lʼIRIS embauché en 1981 dans le groupe Havas. Une conversion silencieuse, qui ne devait pas entraîner de rupture avec les communistes… »[6]
Cʼest pourquoi un rapport sur les effets de la politique de relance par la consommation initiée par le pouvoir socialiste est passé sous silence… car il montre que celle-ci est une réussite : « Le ministre du Plan, Michel Rocard, demande à Dominique Strauss-Khan, alors au Commissariat au Plan, de commander un rapport à lʼéconomiste américain Robert Eisner, afin de justifier ce tournant. Problème : Eisner aboutit à la conclusion inverse ! Le président de la très respectée Association américaine dʼéconomie estime que la politique de relance produit ses premiers effets, et que le pouvoir socialiste doit continuer sur sa lancée de 1981. Son rapport restera dans un tiroir. »[7]
En dépit de ce qui nous est habituellement dit, la relance de type keynésienne – ou « choc de demande » – amorcée par le gouvernement Mauroy ne fut pas un échec économique. Ni une entrave à la construction européenne : les partenaires de la France au sein de la Communauté économique européenne (C.E.E.), République fédérale dʼAllemagne (R.F.A.) et Italie en tête, voyaient dʼun bon œil cette politique économique qui dynamisait leur industrie. Les gains de pouvoir dʼachat dus à la politique de relance incitaient les Français à consommer plus, à acheter plus de berlines allemandes et de canapés italiens !
Dans les cénacles néolibéraux dont le credo est le gel des salaires, on considérait que la gauche pouvait faire en mieux ce que la droite nʼavait jamais été capable dʼaccomplir. On se souvient de la hausse importante des salaires accordée par Georges Pompidou, alors Premier ministre, lors des accords de Grenelle en 1968. Attali était le maître dʼœuvre de cette gigantesque tromperie.
En dépit de cela, il sʼest toujours considéré comme un homme de gauche. Être néolibéral et de gauche, ce nʼest en réalité pas contradictoire. Car le néolibéralisme vient du gauchisme, de lʼextrême-gauche, des anarsʼ, trotskos et maos…[8] Dʼautant plus que, comme lʼécrivit Dostoïevski dans Les frères Karamazov, « le socialisme nʼest pas seulement la question ouvrière, ou celle de ce quʼon appelle le ʽʽquatrième étatʼʼ, non, cʼest essentiellement la question de lʼathéisme, la question de la tour de Babel qui se construit, justement sans Dieu, non pour atteindre les cieux depuis la terre, mais pour faire descendre les cieux sur terre. »[9]
Attali ne renie pas en effet lʼétiquette de socialiste, lui qui a consacré un livre au père du « socialisme scientifique », Karl Marx, car pour lui cette idéologie nʼest pas tant le soin apporté aux exploités et la volonté du partage équitable des richesses, cʼest-à-dire la prise en compte de la « question sociale », problème crucial à partir de la Révolution industrielle au XIXème siècle, que lʼédification de la Cité juste, dʼun Éden terrestre où le bonheur devient la règle, par le truchement dʼune réparation du monde – ou tiqoun olam –, concept kabbalistique sʼil en est, où toute idée dʼintervention de Dieu dans la vie des hommes, appelée Providence, est totalement écarté, car il sʼest retiré du monde, dʼaprès un autre concept kabbalistique, le tsimtsoum.
Ce qui intéresse Attali chez Marx, cʼest son cosmopolitisme athée, sa croyance dans le dépassement des nations au profit de lʼavènement dʼune humanité-monde sans foi, si ce nʼest en elle-même. La vision attalienne du monde se situe dans la continuité du socialisme « éthique », néo-kantien, des marxistes allemands Cohen, Natorp et Vörlander. Ce dernier organisa en 1904 une conférence en Allemagne intitulée « Kant et Marx ». Sur ce thème, le passage suivant qui clôture la biographie de Marx « écrite » par lʼancien conseiller de Mitterrand est fort éclairante.
La synthèse des pensées de Kant et de Marx
« Demain – si la mondialisation nʼest pas une nouvelle fois remise en cause – le maintien de la rentabilité du capital ne pourra pas passer par une socialisation mondiale des pertes, faute dʼun État mondial ; […] Lorsquʼil aura ainsi épuisé la marchandisation des rapports sociaux et utilisé toutes ses ressources, le capitalisme, sʼil nʼa pas détruit lʼhumanité, pourrait aussi ouvrir à un socialisme mondial. Pour le dire autrement, le marché pourrait laisser place à la fraternité. […] Comme il nʼy a pas dʼÉtat mondial à prendre, cela ne saurait passer par lʼexercice dʼun pouvoir à lʼéchelle planétaire, mais par une transition dans lʼesprit du monde – cette ʽʽévolution révolutionnaireʼʼ si chère à Marx. […] Tout homme deviendrait citoyen du monde et le monde serait enfin fait pour lʼhomme. »[10]
Jacques Attali suggère quʼune fois la décomposition du capitalisme achevée, à sa place pourrait apparaître une nouvelle ère quʼil nomme socialisme mondial. Convaincu que le système capitaliste dégrade tant lʼenvironnement que les relations humaines, ce qui pourrait lʼamener, dans le cas le plus extrême, à anéantir le monde, Attali ne considère pas que ce système soit indépassable. Il avance que la solution idéale serait la naissance dʼun État socialiste mondial quʼil feint dʼenvisager comme autre chose quʼun ordre global, quʼun pouvoir à lʼéchelle planétaire, afin de rassurer son lecteur.
À lʼimperium du marché succèderait le règne de la fraternité. Tout un programme… qui fleure lʼesprit maçonnique. Ce sentiment de fraternité se manifesterait par lʼexistence dʼune citoyenneté mondiale. Ce qui présuppose la constitution préalable dʼun État mondial. Attali se plaît à user de formules creuses dans le but dʼembrouiller son lecteur. Comme quand, notamment, il dit quʼà lʼère socialiste le monde serait enfin fait pour lʼhomme.
En vérité le monde, entendu comme la création, a été fait pour lʼhomme par le Créateur. Grégoire de Nysse, philosophe du christianisme primitif (IVème siècle), souligne quʼau regard de la création, « dans sa richesse, sur terre et sur mer »[11], lʼhomme, cette « grande et précieuse chose »[12], est « celui dont elle est le partage »[13]. Contrairement à ce quʼaffirme Attali, depuis toujours le monde est fait pour lʼhomme. Mais sous lʼeffet de lʼantique ennemi il est devenu espace de labeur et de souffrances, suite au péché originel.
Lʼhomme doit être le miroir de Dieu, celui sur lequel se reflète Son infinie bonté et Son incomparable magnificence. « Alors Dieu fait paraître lʼhomme en ce monde, pour être des merveilles de lʼunivers et le contemplateur et le maître : il veut que leur jouissance lui donne lʼintelligence de celui qui les lui fournit, tandis que la grandiose beauté de ce quʼil voit le met sur les traces de la puissance ineffable et inexprimable du Créateur. »[14]
Plutôt quʼen un Créateur, en Dieu, Jacques Attali semble croire en un esprit du monde, une anima mundi, dont la substance pourrait être affectée par une modification totale, radicale, une transsubstantiation en quelque sorte, au fil dʼune évolution qui ne serait pas moins que révolutionnaire.
Il fait sienne la loi de lʼHistoire déterminée par Marx où à la fin le bonheur est promis à lʼhumanité ; une humanité unie car disparaîtraient classes et nations. On nʼoserait pas dire races et sexes, mais cʼest bien le dessein de ceux qui entendent, à gauche, prolonger par dʼautres moyens le projet marxiste, soutenus par des chrétiens (certains se disant « de droite ») qui détachent lʼesprit de lʼépître aux Galates de Paul (désormais il nʼy a ni Juifs ni Grecs, ni maîtres ni esclaves, ni homme ni femmes, nous sommes tous un en Jésus-Christ) de la nécessité de faire subsister un ordre naturel, ordre voulu par Dieu.
D’où les mutations sociétales récentes, promues par New York et la Californie, putains babyloniennes de notre temps, qui vont du mariage homosexuel à la théorie du genre en passant par lʼapologie du multiculturalisme et du métissage. Toutes ces ruptures civilisationnelles, Attali les défend bec et ongle.
Ce dernier montre ainsi quʼil espère lʼirruption dʼune révolution mondiale, dans la continuité du communiste Trotsky auquel Staline opposa la voie du socialisme dans un seul pays. Attente dʼune disparition à terme des États-nations quʼil partage avec Marx et Trotsky et qui tire sa source moderne dans lʼilluminisme dʼun Emmanuel Kant. Lʼauteur de la Critique de la raison pure développa lʼidée selon laquelle lʼhumanité, au niveau interétatique, est restée au stade de lʼétat de nature, ce qui explique le déclenchement régulier de guerres. Mais celles-ci auront in fine un effet vertueux sur lʼhomme : le forcer à construire une Société des Nations, un état social géopolitique.
Dans Idée dʼune histoire universelle dʼun point de vue cosmpolitique (1784), Kant détaille cette thèse, où il remplace Dieu par le concept spinoziste de « nature », et annonce que lʼeffacement des États produira un jour une ère de paix universelle caractérisée par lʼavènement de lʼhomme moral, sorte de surhomme kantien. Le progrès touche, en somme, autant lʼhomme dans son individualité que dans sa « collectivité ».
La fin de lʼhistoire dessinée par Kant est une réponse, comme il le signale explicitement, au problème du millénarisme, vecteur de tant de tumultes et de violences durant les XVIème et XVIIème siècles. Il tente de résoudre séculairement, rationnellement, sans appui aucun de la foi, une question éminemment religieuse, qui fut très importante, déterminante même, au sein du protestantisme naissant[15]. Car sʼappuyant en particulier sur les écrits de saint Augustin, lʼÉglise de Rome rejette le millénarisme depuis le concile dʼÉphèse (431).
Le millénarisme protestant ne se distingue du messianisme juif que sur un point : le Messie gouvernant le monde avec ses saints à la fin des temps, à la tête du Cinquième royaume promis par le prophète Daniel, est Jésus-Christ. Pour le reste le millénarisme protestant est identique à la vision dʼIsaïe dʼun monde où coexisteront pacifiquement loups et agneaux, et où les armes seront transformés en instrument de labourage, à laquelle croient aussi les Juifs.
Ce Cinquième royaume, sur le plan politique, est caractérisé par la paix, lʼharmonie entre les hommes, et, au niveau économique, par la prospérité, lʼabondance. Voilà lʼhorizon que regardent avec tant d’émerveillement Kant, Marx, Trotsky et Attali.
Le Messie des Juifs, Attali en est persuadé, a vocation à diriger un gouvernement planétaire depuis Jérusalem, comme il lʼa déclaré sur la chaîne de télévision Public Sénat le 6 mars 2010.
Ainsi il nʼest pas seulement le tenant du socialisme de Marx et de Trotsky qui est censé réaliser à terme lʼannihilation des édifices politiques dʼéchelle stato-nationale (dʼoù les guerres successives contre la Yougoslavie, lʼIrak, la Libye, la Syrie, etc., et plus près de nous la politique de privatisation du post-trotskiste Lionel Jospin entre 1997 et 2002, que lʼex-Premier ministre exprima par ses mots : « LʼÉtat ne peut pas tout », ce qui lui coûta sans doute sa qualification au 2ème tour du scrutin présidentiel de 2002, certains de ses électeurs préférant voter pour un trotskyste pur et dur comme Arlette Laguiller et Olivier Besancenot, qui à eux deux obtinrent près de 10 ¨% des suffrages exprimés).
Un amoureux du judaïsme
Mais Attali est aussi lʼépigone de lʼilluminisme de Kant, mais aussi dans lʼilluminisme du Zohar (qui signifie le « livre des Splendeurs », ou « des Illuminations »), ce qui souligne quʼil est un amoureux du judaïsme, quʼil comprend à la lumière (cʼest le terme idoine !) du Zohar et plus largement de la kabbale, dont le maître incontesté fut Isaac de Louria. Ce nʼest pas tant, en fait, le « talmudisme » que la kabbale lourianique qui inspire Jacques Attali.
Dans son Dictionnaire amoureux du judaïsme, il reprend en utilisant un langage cryptique, ésotérique, la conception propre à Louria de la messianité : elle ne correspond pas à un homme supérieur, un à « Sauveur », mais à lʼensemble de la communauté juive.
Cette « version collectivisée » du Messie, on la retrouve chez ce Karl Marx si cher à Attali, à une différence près : à lʼethnique est substitué le social, à un peuple est substituée une classe, aux juifs est substitué le prolétariat. « Karl Marx, loyal à ses ancêtres sans le savoir ou du moins sans le reconnaître, […] désigne la classe ouvrière comme le Messie et parle, lui aussi, […] de ʽʽpériode de transitionʼʼ, de monde parfait, de gouvernement mondial, […] reprenant ce qui était et reste aujourd’hui la plus belle posture humaine, la seule capable de rendre compatible l’utopie avec l’action politique : peut-être viendra-t-Il, mais je ne dois pas y compter, et agir plutôt comme si j’étais lui…[16] »
À la suite dʼun Emmanuel Lévinas[17] et parallèlement à un Benny Lévy[18], Attali élève sa communauté au rang de peuple messianique, « élu », « responsable », même si en approuvant la politique dʼAngela Merkel dʼaccueil sans réserve des migrants venus des pays du Sud par lʼUnion européenne prouve quʼil lui reste encore des bribes de marxisme. Un marxisme frelaté, édulcoré par son rival le freudisme, celui de lʼÉcole de Francfort, des Marcuse, Habermas, Horkheimer et consorts.
Au tournant des années 1970, sous lʼimpulsion des trotskystes, la gauche a progressivement remplacé dans son discours la figure de lʼouvrier par celle de lʼimmigré (car marginal, au même titre que la femme[19], le pédé, le travloʼ, le drogué, etc.) en tant que sauveur collectif de lʼhumanité. Adepte des provocations discrètement lancées, Attali est allé jusquʼà inciter (et même obliger ?) que les migrants investissent ces villages de France situés à lʼintérieur de la « diagonale du vide », devenus quasiment des « déserts ».
Lʼun de ces arguments est une chutzpah de haute volée : en repeuplant ces villages les migrants créeraient de lʼemploi pour eux-mêmes ainsi que pour les autres, les rares habitants demeurant dans ces communes rurales en voie de désertification humaine. Après le grand remplacement urbain (que personne ne peut nier sʼil sʼest déjà rendu à Paris ou Marseille), Attali propose que vienne le grand remplacement rural, qui pourrait tout à fait se réaliser si dans les années futures les idées de lʼinfluent conseiller des présidents continuent à triompher.
Quant aux adversaires de ses idées dirigées contre la France – idées émanant de lʼun des quatre états confédérés auquel appartient Attali –, ceux qui sont hostiles au mondialisme, doivent élever leur niveau intellectuel au-delà de celui de Jacques Attali, ce qui nʼest pas forcément aisé puisquʼil est indéniablement un grand esprit, un génie, mais de lʼanti-France.
Le plan suivi par Attali nʼest pas infaillible. Son intelligence est loin dʼêtre insurmontable, hors norme : en atteste sa compréhension biaisée du capitalisme. De même quʼil est faux de voir dans la propriété privée la condition de possibilité du système capitaliste, il est inexact aussi de considérer le marché comme une réalité sociale inhérente au capitalisme. Les marchés, lieux physiques (puis abstraits) où offre et demande dʼun bien ou dʼun service se rencontrent – se confrontent même sʼil y a, comme au souk, négociations – sont antérieurs à lʼépopée capitaliste.
Qui pourrait nier quʼil nʼexistait pas des marchés dans lʼAntiquité et durant la période médiévale ? Si le marché nʼest pas nécessairement une instance propre à la vie de lʼhumanité, son existence supposant la rareté, alors quʼil a existé lʼétat dʼabondance (lʼÉden originel), il nʼest pas pour autant lʼélément fondamentalement constitutif du capitalisme.
Rompre avec la logique de lʼusure
En 1784 dans son texte Idée dʼune histoire universelle dʼun point de vue cosmopolitique Kant faisait la remarque que la généralisation de lʼusure était une nouveauté typique de son temps. La pratique du prêt assorti dʼun taux dʼintérêt est en réalité au fondement du système capitaliste. Cʼen est le critère distinctif. Attali, qui a créé une société spécialisée dans le micro-crédit (dont le nom, PlaNet Finance, indique ses inclinations cosmopolitiques) et qui à lʼinstar dʼIsaac Crémieux est lʼun des fidéicommis des champions du méga-crédit, les banquiers Rothschild, créanciers des États désignés par Émile Zola dans LʼArgent comme des « marchands dʼargent »[20].
Jacques Attali, dont les ancêtres son devenus français en vertu du décret Crémieux, est « très lié à David de Rothschild »[21]. Il a fondé PlaNet Finance en 1999 : « le nom lui a été soufflé par Jean-Claude Trichet, alors gouverneur de la Banque de France –, avec le soutien financier du banquier Michel-David Weill, de Benjamin de Rothschild, fils du banquier Edmond de Rothschild, de la banque Dexia, de Capgemini et dʼOrange. »[22]
Lʼinterdiction de ce quʼAristote appelait la chrématistique – lʼusure publique et privée, art non-naturel et donc condamnable de produire des richesses – serait le meilleur moyen de couper lʼherbe sous le pied à ces gens-là[23]. De leur ôter le levier décisif de leur puissance. Ce serait tuer leur poule aux œufs dʼor, à eux qui aiment « traire la vache, mais pas jusquʼà la faire crier ».
Outre l’État d’Israël, dont la naissance doit beaucoup aux Rothschild, en particulier leur branche anglaise – en atteste la déclaration Balfour –, une autre nation rêve d’un gouvernement mondial : le Royaume-Uni. Jacques Attali, nous l’avons vu, était notamment chargé lorsqu’il devint conseiller de François Mitterrand des relations avec nos voisins d’outre-Manche[24].
En pleine première vague de la pandémie de Covid-19, l’ex-Premier ministre travailliste britannique Gordon Brown avait proposé comme réponse politique à la crise sanitaire l’instauration – à titre provisoire – d’un gouvernement mondial[25]. Cette pandémie étant planétaire, le virus n’ayant pas besoin de passeport pour circuler à travers les frontières (dixit Macron), la solution devrait donc, selon le successeur de Tony Blair au 10, Downing Street, se situer à la même échelle : transnationale, globale.
Ne croyez pas que l’impérialisme britannique a disparu avec le mouvement de décolonisation qui commença dans la seconde moitié du XXe siècle et la déconfiture de Suez, en 1956-1957. Il a changé de forme, se dissimulant derrière les États-Unis. Il s’efforce en effet d’en aiguiller les grandes orientations géostratégiques[26]. Avec un atout non négligeable : une langue commune, et, son corollaire, une façon de pensée similaire.
Global Britain, dernier avatar de la politique du Grand Jeu
Depuis le XIXe siècle, le monde vit sous le joug du même impérialisme linguistique. L’imperium de l’anglais est l’une des conséquences notables du nouvel ordre international né de Waterloo. Il a favorisé l’essor d’une culture hégémonique dite anglo-saxonne, ou globale, dont le centre de diffusion principal est aujourd’hui la Californie (Hollywood, Silicon Valley). Et les élites britanniques entendent bien exploiter à fond cet état de fait caractérisé par le rayonnement planétaire de leur langue.
Le Brexit, décidé démocratiquement en juin 2016, a été l’occasion pour l’establishment, qui se concentre autour de la City de Londres, de redéfinir la place du Royaume-Uni dans le monde. Le syntagme « Global Britain » désigne cette nouvelle stratégie, initiée par Theresa May et poursuivie par Boris Johnson.
En matière économique, le but est d’attirer les capitaux, d’être le terrain de jeu idéal pour les entrepreneurs, de capter l’essentiel des flux financiers et des « cerveaux ». En langage plus médiatique, il s’agit de réformer, de moderniser le pays, de le transformer en « Singapour-sur-Tamise ».
Au niveau diplomatique et militaire, la France a réalisé à l’automne dernier que le « Global Britain » ne peut que se déployer qu’au détriment de ses intérêts. L’AUKUS, annoncé le 15 septembre 2021 par Joe Biden a été pour nous un vrai coup dans le dos, pour reprendre les mots du patron du Quai d’Orsay Jean-Yves Le Drian, qui ce jour-là a appris à ses dépens cette cruelle réalité : ils nous voient comme des vassaux, pas comme des alter ego.
L’on peut que déplorer que ces derniers mois les relations franco-britanniques se sont dégradées, voire tendues, à cause en outre de la question des licences de pêche dans la Manche et des problèmes migratoires sur cette zone, que les accords du Touquet sont censés régler.
Dans Kiel et Tanger, Charles Maurras interpella ses contemporains sur le rapport asymétrique qui caractérise l’« alliance » entre le Royaume-Uni et la France :
« Cette union de fait ne ressemble guère à une alliance dans laquelle on voit deux États contracter pour se mouvoir ensemble. Ici l’un est moteur, l’autre est simple mobile et simple protégé. […] La République ne manœuvre plus, mais sera manœuvrée et manipulée par un cabinet étranger. Elle ne fera plus ni combinaisons ni systèmes, mais elle sera d’un système et d’une combinaison : système anglais, combinaison dont la mise en train et la direction lui échappent. »[27]
Il y a lieu de considérer que ces observations ne sont en rien datées. En vérité le régime républicain en France sert les intérêts britanniques. C’est dans ce cadre institutionnel que l’establishment du Royaume-Uni peut le plus aisément placer ses hommes-liges.
Suffrage universel et ingérence étrangère
Effectivement, « quand, à la suite d’une révolution ou d’une autre, l’État ne tient qu’à l’opinion mobile et à la volonté flottante de citoyens éphémères, il devient le jouet d’intérêts particuliers factieux, que l’or étranger domestique facilement »[28], fit remarquer Maurras dans Kiel et Tanger.
N’oublions pas les sommes colossales versées par les donateurs londoniens au candidat Emmanuel Macron pour financer sa campagne de 2017.
Son rival François Fillon, qui plaida en faveur d’un rapprochement avec la Russie, vit surgir d’innombrables affaires qui lui barrèrent la route de l’Élysée.
Son prédécesseur, François Hollande, avait déclaré en février 2012 au Guardian que les milieux financiers ne devaient pas le voir comme un danger, ce qui lui valut cette remarque sarcastique du président d’alors Nicolas Sarkozy : « Mitterrand à Paris, Thatcher à Londres »[29].
Ce dernier, surnommé Sarkozy l’Américain, qualifié par ses adversaires de néoconservateur américain à passeport français, n’était pas en reste. Le 16 janvier 2009, il fit allégeance au projet « anglobaliste » d’instauration d’un gouvernement planétaire, en précisant qu’« on ira ensemble vers ce nouvel ordre mondial et personne, je dis bien personne, ne pourra s’y opposer »[30].
La « culture-monde »[31] anglo-saxonne, qui irradie l’humanité depuis des décennies prépare insidieusement l’avènement de l’État-monde, ce qui suppose la mise en place d’un impôt mondial et d’une monnaie mondiale, projet qu’ont en tête les élites du Royaume-Uni depuis des lustres.
One State, One Tax, One Money
Il est incontestable que « la Conférence réunie en 1944 à Bretton Woods a eu à choisir entre la thèse britannique, présentée par J.M. Keynes, et le point de vue américain, défendu par White. Keynes propose la création d’une monnaie internationale en papier, le « bancor », qui serait émise par une autorité monétaire mondiale […]. Cependant, la théorie de Keynes a été à l’époque trop audacieuse […] et trop favorable aux intérêts britanniques. »[32]
Depuis ce plan majeur de l’agenda de l’establishment du Royaume-Uni a avancé, à travers l’existence des droits de tirage spéciaux (D.T.S.), initiée par le Fonds monétaire international dans les années 1960, qui est un artefact de monnaie unique planétaire sous la forme d’un panier de devises.
Le général de Gaulle, fragilisé par la crise de mai-juin 1968, dut se résoudre à la volonté américano-britannique qui consistait à remplacer le système du « Dollar Gold Standard » par celui des D.T.S., « monnaie internationale papier, distribués au prorata des quote-parts au F.M.I. » « qui donne une nouvelle facilité aux États-Unis en leur permettant d’économiser l’or restant », en leur donnant la possibilité de les distribuer « aux Banques Centrales qui ne voudraient plus conserver de dollars »[33], ce qui fut acté en 1969.
Révolution arc-en-ciel
Économie, politique, culture, tout est lié : le symbole de cette culture-monde est l’arc-en-ciel. L’étendard de cet État-monde en gestation et aussi celui de la cause LGBTQI+ : l’« anglobalisme » fait de surcroît profession de foi égalitariste. Élisabeth II, aussi surprenant que cela puisse être, a choisi ce symbole dans le cadre de la lutte contre le Covid-19, invitant, le 5 avril 2020, les parents confinés à proposer à leurs enfants de dessiner des arcs-en-ciel pour mieux les aider à prendre leur mal[34] en patience.
Dernier né des apôtres de la foi égalitariste arc-en-ciel, Lil Nas X promeut un genre nouveau, relevant à première vue de l’oxymore, le rap gay, prenant la relève de Lady Gaga, icône gay elle aussi, et adepte elle aussi du travestissement des références bibliques, ce que René Guénon appelait grande parodie, soit « l’imitation caricaturale et ‟satanique” de tout ce qui est vraiment traditionnel et spirituel »[35].
C’est Lady Gaga qui eut l’honneur de chanter l’hymne « God Bless America » lors de l’investiture de Joe Biden. Il s’agit de voir ces fidéicommis de l’antique ennemi comme les polichinelles de la fortune anonyme et vagabonde, dont le quartier général est, tel Janus, bicéphale : la City et Wall Street.
Nul autre ennemi que celui-ci : par ce texte nous entendons apporter notre contribution à la question politique par excellence, la désignation de l’Ennemi, dans la continuité du travail effectué par Pierre de Meuse, qui, dans son essai Idées et doctrines de la Contre-révolution soutient non seulement qu’« on ne peut se permettre de combattre à la fois plusieurs ennemis »[36], mais surtout « qu’un contre-révolutionnaire ne peut bâtir une stratégie durable sur la seule opposition à l’islamisme. »[37]
Quand, quelques lignes plus haut, il écrit que le terrorisme d’inspiration musulmane « sert d’instrument aux desseins machiavéliques des plus puissants »[38], qu’entend-il par plus puissants ? Serait-ce l’ « anglobalisme » qu’il désigne implicitement, ce projet fou clairement assumé par le Financial Times, par la plume de Gideon Rachman, qui le 8 décembre 2008 signa l’article intitulé « And now for a world government » ?
Très proches Gideon Rachman et Jacques Attali sont animés par le même idéal messianique d’Unité politique du monde. Dans un article intitulé « Le mortel déni de réalité » daté du 19 mai 2022, Attali, ce dernier a écrit ceci : « On vit dans l’attente du Messie »[39]. En lui vibre clairement l’attente d’un rédempteur, quand celui dont il a mis le pied à l’étrier dans sa course à la magistrature suprême, à l’Élysée, le président Macron, nous a averti que « la bête de l’événement est là, elle arrive ». Cette phrase, qui a inspiré le titre de la fresque d’Avignon, Emmanuel Macron l’a dite au Financial Times le 16 avril 2020 : « Je crois que notre génération doit savoir que la Bête de l’événement est là, elle arrive, qu’il s’agisse du terrorisme, de cette grande pandémie ou d’autres chocs. Il faut la combattre quand elle arrive avec ce qu’elle a de profondément inattendu, implacable. ».
Dans des temps reculés le prophète Daniel eut la vision d’une petite corne qui « avait avait des yeux comme des yeux d’homme, et une bouche qui tenait des propos délirants » (Livre de Daniel, VII : 11).
Soit quelques jours avant les propos pleins de mystère adressés par Macron au Financial Times, à une journaliste médusée, qui ne peut pas s’empêcher de s’esclaffer quand lors du même entretien il soutient qu’à cause de la pandémie les terriens supporteront moins la sensation d’étouffement causée par la pollution, ce qui les poussera à être beaucoup plus sensibles à la question du dérèglement climatique.
L’Abomination de la désolation, avant le Cinquième royaume
En outre, on peut lire, dans le verset 11 du septième chapitre du livre de Daniel que « la bête fut tuée, son cadavre fut jeté au feu ». Ce qui signifie que la bête sera éliminée par le Christ[40].
Au verset 14, il est indiqué qu’il « fut donné domination, gloire et royauté » à ce Christ, de sorte que cette royauté « ne sera pas détruite ». Ainsi il clôt l’Histoire, car le « Cinquième Royaume » tant désiré par les anabaptistes allemands du XVIe siècle et les puritains anglais du XVIIe siècle, doit demeurer éternellement.
Vladimir Soloviev, qui n’était ni germain ni britannique mais russe, s’essaya à figurer le parcours de l’Imposteur suprême[41]. Il dit aussi quelque part que le seul gouvernement mondial qu’il pouvait accepter serait le gouvernement mondial du Christ.
Jacques Attali, dupé, abusé, désillusionné, évoque un Sauveur « qui viendrait nous accorder la vie éternelle ou la Résurrection » : une sorte de magicien qui, grâce aux recherches des transhumanistes, pourrait enfin réaliser ce rêve immémorial qu’est l’immortalité, tout en aidant une population affamée et affaiblie par les pandémies, les guerres et l’inflation.
En fait le vraie Messie[42] vient réparer la faute d’Adam, au détriment de qui le trône suprême – le gouvernement de la terre – échut à un ange déchu, tout premier être de la création que Carl Gustav Jung affubla du syntagme archôn tou aîsnos toutou[43].
Le Messie, une dyade
La messianité est le truchement par lequel s’opère cette réparation. Elle est semblable à la création, elle est duale : aux couples ange/homme, lumière/ténèbres, espace/temps, humide/sec, nuit/jour, mâle/femelle[44] s’ajoute le diptyque – ou « dyade »[45] chez Pierre Boutang – machiah ben Yosef / machiah ben David[46], lesquels entités existent depuis le commencement.
Le premier est le verbe, cette voix qui résulte de cet acte impératif du Très-Haut : « Qu’il y ait de la lumière ! » (Genèse 1 : 3).
D’où le prologue de l’évangile de saint Jean : « Au commencement était le Verbe, et le Verbe était auprès de Dieu, et le Verbe était Dieu. Il était au commencement auprès de Dieu. Par lui tout a existé, et sans lui rien n’a existé. Ce qui existe était vie en lui, et la vie était la lumière des hommes ; et la lumière luit dans les ténèbres, et les ténèbres ne l’ont point arrêtée.
Parut un homme envoyé de Dieu ; son nom était Jean. Il vint pour témoigner, pour rendre témoignage, à la lumière, afin que tous crussent par lui. Il n’était pas la lumière ; il devait rendre témoignage à la lumière.
La vraie lumière, qui éclaire tout l’homme, faisait son entrée dans le monde. » (Évangile selon saint Jean, 1 : 1-10).
Le verbe est ainsi lumière, à rapprocher de logos, ce vocable grec qui vient de la racine indo-européenne log-lig, signifiant précisément « lumière », qui a donné lux, lucis en latin et son nom au dieu solaire des Celtes Lug.
D’où également cette parole hardie jetée à la face des élites sacerdotales judéennes : « Avant qu’Abraham fût, je suis » (Évangile selon saint Jean, 8 : 57) à l’intérieur du Temple de Jérusalem.
Quant au second, il est « l’Esprit de Dieu [qui] planait au-dessus des eaux. » (Genèse 1 : 2) Lui qui apparaît après Jésus, que ce soit dans le temps historique ou dans la dénomination de la Trinité – « Saint-Esprit » est prononcé après « Fils » – son occurrence est dans le livre de la Genèse antérieure à celle du Logos rédempteur.
Lors de la Cène, d’après l’évangile johannique, Jésus annonça qu’il enverrait un autre défenseur – traduit du grec « parakletos » – et il prévint antérieurement ses ennemis que, contrairement à lui, cet être cherchera la gloire – « Pour moi, je ne cherche pas ma gloire ; il y a Quelqu’un qui la cherche et qui fera justice. » (Évangile selon saint Jean, 8 : 50) – et qu’il rougira de lui et de ses paroles – « Car celui qui aura rougi de moi et de mes paroles au sein de cette génération adultère et pécheresse, le Fils de l’homme aussi en rougira, quand il viendra dans la gloire de son Père avec les saints anges. » (Évangile selon saint Marc, 8 : 38) –, ce qui n’est pas sans rappeler ce passage du livre de Zacharie, où il est question du Messie : « Ce jour-là, les prophètes rougiront chacun de leurs visions quand ils prophétiseront » (13 : 4).
La fonction de Jésus fut d’être tué, la sienne sera de tuer, d’éliminer le Mal, dont la Bête est l’hypostase, de façon à prendre la place de Satan en tant que princeps hujus mundi, c’est-à-dire commandant en chef de notre terre.
La parabole des vignerons homicides
À ce sujet, la parabole des vignerons homicides, que l’on retrouve notamment dans l’évangile selon saint Matthieu (des versets 33 à 42 du chapitre 21) est fort éclairante.
Le propriétaire de la vigne désigne Dieu, et son départ à l’étranger renvoie au tsim tsum[47], au retrait de Dieu de sa création, qui ne doit évidemment pas être compris comme une absence totale. Ses locataires correspondent aux forces du Mal : ils refusent de lui verser le loyer que viennent leur réclamer à sa demande ses serviteurs. Ces derniers sont les prophètes. Les locataires les persécutent, les souffrances qu’ils doivent endurer étant à l’image des épreuves qu’eurent à subir Élie, Jérémie, Isaïe, Ézéchiel ou Job.
Ensuite, le maître de la vigne envoie son propre fils. Dans cette parabole, comme dans d’autres, Jésus-Christ parle de lui-même. Il est ce fils, et annonce sa Passion : en le voyant arriver les vignerons se disent qu’en éliminant l’héritier ils pourront récupérer l’héritage. Ainsi l’exécutent-ils.
Or en faisant mourir son fils, les vignerons poussent le propriétaire à revenir afin de les occire. Ce retour du maître correspond au Second Avènement, événement apocalyptique où tout ce qui s’est lié au Mal doit systématiquement périr, disparaître, être anéanti.
Le Christ est alors Pantocrator, tout-puissant-sur-terre, à côté duquel les innombrables super héros modernes tels que Neo dans Matrix, Superman, Batman, Spiderman, etc., font pâle figure.
René Guénon a appelé redressement le jour où ce dernier exécutera la bête et sa culture anti-traditionnelle, au sens d’antinomiste, qui, en vertu du principe hérité de la scolastique selon lequel ce qui caractérise le Mal est une privatio boni (une absence de bien, absence et donc néant, non-être), est une parodie du système de représentations lié à l’épopée de Noé. Sans cela – ce qui ne conteste en rien la pureté de la foi de celui qui fut élu par Dieu pour être sauvé du Déluge –l’anti-culture de la bête ne saurait être substantielle et donc ne pourrait être objet de désir, d’attraction. Le Règne de la Quantité et les Signes des Temps avait souligné le caractère brutal de l’interruption de ce processus écrasant, ce véritable rouleau compresseur, cette impitoyable entreprise de démolition, à la manière d’une inversion du magnétisme des pôles de la terre : « le triomphe apparent de la ‟contre-tradition” ne sera que passager, et que c’est au moment même où il semblera le plus complet qu’elle sera détruite par l’action d’influences spirituelles qui interviendront alors pour préparer immédiatement le ‟redressement” final »[48].
Chassez le surnaturel, il revient au galop
Émile Zola, dans le roman qui clôt la saga des Rougon-Macquart, Le Docteur Pascal, rapportant les pensées de Clotilde, nièce et amante dudit médecin passionné par les lois de l’hérédité et de la génétique, énonce en filigrane une glose d’ordre théologique qui conteste la synchronicité de l’existence de ces deux principales eschatologique :
« Un élan de ferveur maternelle monta du cœur de Clotilde, heureuse de sentir la petite bouche vorace la boire sans fin. C’était une prière, une invocation. À l’enfant inconnu, comme au dieu inconnu ! À l’enfant qui allait être demain, au génie qui naissait peut-être, au messie que le prochain siècle attendait, qui tirerait les peuples de leur doute et de leur souffrance ! Puisque la nation était à refaire, celui-ci ne venait-il pas pour cette besogne ? Il reprendrait l’expérience, relèverait les murs, rendrait une certitude aux hommes tâtonnants, bâtirait la cité de justice, où l’unique loi du travail assurerait le bonheur. Dans les temps troublés, on doit attendre les prophètes. À moins qu’il ne fût l’Antéchrist, le démon dévastateur, la bête annoncée qui purgerait la terre de l’impureté devenue trop vaste. Et la vie continuerait malgré tout, il faudrait seulement patienter des milliers d’années encore, avant que paraisse l’autre enfant inconnu, le bienfaiteur. »
Or si l’un doit tuer l’autre, comment pourraient-ils vivre à des milliers d’années d’inter-valle ? C’est illogique. Inattendues, quoi qu’il en soit, ces allusions, tant chez Macron que chez Zola… Chassez le surnaturel il revient au galop !
Georges Sorel a retiré de sa lecture Marc-Aurèle d’Ernest Renan que « la recrudescence des persécutions romaines provoquait une recrudescence des idées sur l’apparition de l’Antéchrist, et par suite de toutes les espérances apocalyptiques relatives au règne du Christ »[49]. Clairement, la pandémie de Covid-19 a fait plonger l’humanité dans des temps troublés, dans un état de souffrance généralisée qui a fait sourdre de telles références au plus haut de niveau de l’État, qui ensuite rejaillissent dans l’expression artistique.
Toujours par rapport au Covid-19, le pouvoir politique, en se soumettant aux autorités médicales, est devenu « biopolitique » – selon le vocable du Michel Foucault –, perdant ainsi son autonomie, sa puissance, au profit de l’expertise scientifique : au moment de la crise sanitaire Macron a ainsi été perçu par un certain nombre de Français comme rien d’autre qu’un polichinelle aux ordres de Big Pharma.
C’est cet ensemble de faits, plutôt que le complotisme ou l’antisémitisme qui explique comment l’idée qu’un spectacle de marionnettes nommé « La bête 2 l’événement » avec Macron comme Pinocchio du Gepetto Attali a pu germer dans la tête de Lekto, lequel a opportunément produit ce visuel – très réussi sur la forme – un mois avant le festival d’Avignon, qui transforme l’ancienne Cité des papes en capitale mondiale de l’art dramatique. ■
[1]Franz-Olivier Giesbert, François Mitterrand, une vie, Paris, Seuil, 2011, p. 384.
[2]Benoît Collombat, « Jacques Attali : dans les affaires du Prince, prince des ʽʽaffairesʼʼ » in Benoît Collombat, David Servenay (dir.), Histoire secrète du patronat de 1945 à nos jours, Paris, La Découverte, 2009, p. 340.
[3]Ibid., p. 341.
[4]Ibid., p. 342.
[5]Ibid., p. 343.
[6]Idem.
[7]Ibid., p. 340.
[8]Gérard Mauger, « Gauchisme, contre-culture et néo-libéralisme : pour une histoire de la ʽʽgénération de Mai 68ʼʼ, dans Jacques Chevallier (dir.), Lʼidentité politique, Paris, PUF, 1994.
[9]Paris, Gallimard, 61-62.
[10]Jacques Attali, Karl Marx ou lʼesprit du monde, Paris, Fayard, 2005, p. 502-3.
[11]Grégoire de Nysse, La création de lʼhomme, Paris, Cerf, 1943, p. 88.
[12]Ibid., p. 90.
[13]Ibid., p. 89.
[14]Ibid., p. 90-91.
[15]Et le demeure dʼailleurs dans une large mesure sous le vocable dʼadventisme.
[16]Jacques Attali, Dictionnaire amoureux du judaïsme, Paris, Plon / Fayard, 2009, p. 324.
[17]Difficile liberté. Essais sur le judaïsme, Paris, Albin Michel, 1976.
[18]Le logos et la lettre. Philon dʼAlexandrie en regard des pharisiens, Paris, Verdier, 1988.
[19]Rien nʼest plus faux : les femmes ne sont ni une minorité ni « en marge » de la société. Mais à la suite de Simone de Beauvoir, les féministes ont diffusé un discours qui fait du « sexe faible » une victime, un être dominé. Cʼest dans ce sens que la gent féminine peut être vue comme une marge. Il nʼy a rien en revanche de plus absurde que de dire que les femmes sont une minorité, car, du fait des inégalités de genre en termes dʼespérance de vie, défavorables aux individus de sexe masculin, elles sont généralement plus nombreuses que les hommes au sein des sociétés, à lʼexception notable de la Chine où la politique de lʼenfant unique imposée durant des années par le régime communiste a modifié le cours naturel des choses, provoquant des déséquilibres très dommageables pour le pays.
[20]Le baron James de Rothschild y est rebaptisé Gundermann par Zola, qui a lu attentivement le livre Mémoires dʼun coulissier dʼErnest Feydeau (1873) pour connaître en détail les journées du grand banquier.
[21]Benoît Collombat, ibid., p. 343.
[22]Ibid., p. 344.
[23]Ce que Charles Maurras affirmait sans ambages. Dans « Dictateur et Roi », texte de 1903, il posa la priorité en matière économique : « Questions économiques. — L’usure sera poursuivie. Réprouvant toute philanthropie hypocrite, on défendra le peuple laborieux contre les agitateurs et les démagogues aussi bien que contre les agioteurs. Les abus du capitalisme, étant le prétexte de l’agitation révolutionnaire, seront observés avec vigilance. L’industrie nationale, le travail national seront protégés contre le travail et l’industrie de l’étranger, mais aussi contre les spéculateurs cosmopolites établis au milieu de nous. Un peuple sain et fort élimine de lui-même ces parasites. La « bonne politique » lui rétablira ses finances. L’administration, arrachée enfin au contrôle révolutionnaire du Parlement et à la somnolente routine des bureaux, pourra devenir un auxiliaire utile. Responsables de ces adminis-trations devant la Couronne, les divers ministres seront pressés d’y introduire les réformes souhaitées du public. Une police financière sera constituée sur le type de la police politique, non pour ralentir les transactions, mais pour épargner aux citoyens ces ruines subites dont le pays entier subit le contrecoup. La propriété sera défendue et encouragée sous toutes ses formes, depuis le simple livret de caisse d’épargne, organe élémentaire de la défense personnelle, jusqu’à la propriété territoriale, qui forme la base physique de la patrie. » Analyse on ne peut plus actuelle.
[24]Parmi les pays du bloc anglo-saxon, il semble que Jacques Attali a sa préférence pour la province francophone de l’État du Commonwealth le Canada. Interrogé par Radio Canada, Jacques Attali avait expliqué avoir envisagé plus jeune Montréal comme lieu de refuge potentiel en cas de situation troublée en France, à la suite d’un éventuel coup d’état communiste ou d’un putsch fasciste.
Il voyait au fond le Québec comme un Éden du Grand Nord, une espèce de Terre Promise septentrionale, la sienne, qu’il s’était choisie personnellement.
[25]https://www.theguardian.com/politics/2020/mar/26/gordon-brown-calls-for-global-government-to-tackle-coronavirus
[26]C’est la logique de Nassau, en référence à la capitale des Bahamas où le 21 décembre 1962 furent conclus par Kennedy et MacMillan les accords de Nassau, qui scellaient l’alliance renouvelée entre les États-Unis et le Royaume-Uni. Les Britanniques concèdent la prééminence de l’ancienne colonie non sans arrière-pensées, qu’Alexandre Adler résume ainsi : « Il faut maintenant passer le témoin aux États-Unis. Mais seuls, les Américains n’y arrivent pas parce qu’ils ne sont pas assez malins. Et heureusement nous avons encore, nous les Britanniques, nous avons encore toute notre tête et nous avons des individualités exceptionnelles qui, grâce à cela, conduisent l’Amérique sur le chemin du bien et de vrai. », https://www.youtube.com/watch?v=R87aYafgxa0. Voir aussi : Vernant Jacques, « La logique de Nassau », in : Politique étrangère, n°6 – 1962 – pp. 507-515.
[27]Charles Maurras, Kiel et Tanger 1895-1905 La République française devant l’Europe, Marseille, Belle-de-Mai Éditions, 2021, p. 240.
[28]Ibid., p. 419.
[29]https://www.lepoint.fr/presidentielle/sarkozy-vs-hollande-comment-faire-de-la-caricature-avec-du-flou-20-02-2012-1433369_3121.php
[30]https://www.elysee.fr/nicolas-sarkozy/2009/01/16/declaration-de-m-nicolas-sarkozy-president-de-la-republique-sur-les-priorites-et-defis-de-la-politique-etrangere-de-la-france-a-paris-le-16-janvier-2009
[31]Jean-François Sirinelli, Mai 68. L’événement Janus, Paris, Fayard, 2008, p. 38.
[32]Marc Nouschi, Régis Bénichi, La croissance au XIXème et XXème siècles. Histoire économique contemporaine, Paris, Ellipses, 1990, p. 331.
[33]Ibid., p. 338.
[34]La présence d’une étoile inversée, ou pentacle, dans les images illustrant cette invitation à dessiner des arcs-en-ciel donne à cette allocution des airs sinistres, rendant à la fois crédible et actuelle la thèse développée par Léon Bloy dans L’Âme de Napoléon sur ce que représente réellement le Royaume-Uni du point de vue théologique : l’Île des Saints devenue l’Île du Diable. Juste avant que figure ce pentacle une personne extrêmement juvénile et aux traits féminins, visage à la fenêtre, « Messie » d’Attali, Macron, Rothschild et consorts, de tous ceux qui ont vendu leur âme dans le cadre d’un pacte faustien, destiné à vomir des propos délirants (Livre de Daniel VII : 11) a fait une apparition publique subliminale dans la vidéo de ce discours de la reine Élisabeth II diffusée quand l’Europe était confinée. Personne ne semble avoir relevé ce détail que dissimulent des arcs-en-ciel dessinés par des enfants dans ce discours de la reine, symbole noachide, autrement dit associé, comme la colombe et le rameau d’olivier, à l’épopée de Noé narrée dans la Genèse, qui a été récupéré au XXème siècle par les promoteurs de l’homosexualité. Si leur « Messie » est vivant, il n’a donc pas plus de dix ans, et sa vocation est de diriger le monde, d’être le chef d’un gouvernement planétaire, mais pour un temps seulement, car le Christ doit le mettre à mort.
[35]René Guénon, Le Règne de la Quantité et les Signes des Temps, Paris, Gallimard, 1972, p. 265. L’auteur relie cette grande parodie à l’imposture « de l’Antéchrist lui-même prétendant instaurer l’‟âge d’or” par le règne de la ‟contre-tradition”, et en donnant même l’apparence, de la façon la plus trompeuse et aussi la plus éphémère, par la contrefaçon de l’idée traditionnelle de Sanctum Regnum. », ibid., p. 268-269.
[36]Poitiers, Dominique Martin Morin, 2019, p. 316.
[37]Ibid., p. 198.
[38]Idem.
[39]https://www.attali.com/societe/deni/
[40]Cf. les passages suivants du livre de l’Apocalypse de Jean : XVII : 12-14 et XIX : 11-21.
[41]Lire à ce sujet cet excellent article : https://philitt.fr/2021/06/07/vladimir-soloviev-et-le-mystere-de-lantechrist/
[42]Le Messie des « noachiens » est l’Antéchrist des « rimbaldiens ». « À leur rainbow nous préférons Rimbaud » avais-je écrit dans cet article : https://vigile.quebec/articles/l-illumination-de-baviere
[43]Soit, en français, « seigneur du siècle présent », Carl G. Jung, Psychologie et alchimie, Paris-Buchet-Chastel, 2014, p. 274.
[44]Dieu « a établi les deux sexes dans tous les êtres produits », est-il écrit dans le troisième verset de la sourate « Le Tonnerre » (Coran de La Mecque, sourate XVIII).
[45]Métaphoriquement ces dyades sont pour Boutang des îles jumelles. Il les définit de la manière suivante : « des couples de séries […] qui se croisent sans avoir de terme commun univoque », Ontologie du secret, Paris, PUF, 2016, p. 43.
[46]Une telle dichotomie messianique est présente au moins depuis la cabale lourianique (d’Isaac de Louria, qui, au XVIème siècle, fit de Safed, ville du Proche-Orient, le nouveau centre spirituel du peuple juif) mais pas nécessairement dans le Talmud. Par exemple, dans le traité Sanhédrin (97-98 ; 98b) nulle mention n’est faite d’un Messie de la maison de Joseph. On retrouve cette dichotomie dans un texte du XVIIème siècle associé au mouvement sabbataïste Guey Hizayon (La vallée de la vision) qui, bien plus tard, a été inséré dans le recueil intitulé Qobets ’al Yad, publié en 1949. Rabbin vivant dans la province grecque de l’Empire ottoman au XVIème siècle, Hayin Ha-Kohen, disciple de David Vital, estime dans Torat Hakham que le Messie de David est un « héros victorieux » et le Messie de Joseph « celui qui tombera dans la bataille », cité par Gershom Scholem, Sabbataï Tsevi. Le messie mystique, Paris, Verdier, 1983, p. 69. Ce qui est identique à la thèse d’Albert Schweitzer, un Allemand, luthérien de confession, prix Nobel de la paix en 1952 et auteur de La Quête du Jésus historique telle que l’historien israélien Scholem la résume : « « Si lors de son premier avènement Jésus avait été le serviteur souffrant, jusque dans la mort, dans le Second Avènement […], il apparaît en vainqueur et juge du monde. », ibid., p. 106. La commentant, Scholem souligne qu’elle « présente des affinités évidentes avec la conception juive de l’âge messianique. », ibdi., p. 108.
[47]Vocable hébraïque « que les Pères grecs traduisent kénosis, et que nous pouvons exprimer par les idées de contraction, limitation, concentration de Dieu dans Sa Création. », Annick de Souzenelle, La lettre chemin de vie. Le symbolisme des lettres hébraïques, Paris, Albin Michel, 1993, p. 293. « Sans le retrait d’Elohim, la Création ne pourrait s’accomplir », p. 267, note-t-elle quelques pages avant.
[48]Paris, Gallimard, 1972, p. 256.
[49]Georges Sorel, Réflexions sur la violence, Marseille, Belle-de-Mai Éditions, 2022, p. 314.
À lire de Rémi Hugues Mai 68 contre lui-même (Cliquer sur l’image)
© JSF – Peut être repris à condition de citer la source
Attali marionnettiste certes, mais également marionnette de l’Ecole de Francfort, matrice intellectuelle de tous les « gauchismes » depuis le guerre.