Par Régis de Castelnau sur Front Populaire.
Cet article publié le 4 juillet dans Front Populaire mérite d’être connu et lu par les lecteurs de JSF. Il peut surprendre par sa radicalité. Il a néanmoins la précision et la cohérence qui révèle la logique de l’avocat sous la plume d’une sévérité extrême de Régis de Castelnau. Voyons ! La matière est grave, marquée par l’urgence, l’imminence, la lourdeur des menaces qui pèsent sur la France. Elle n’a pas à être enrobée de sucrerie, de gentillesses, de circonlocutions et de concessions. La lucidité assez féroce de Régis de Castelnau est un service rendu au Pays et à se habitants.
OPINION. Emmanuel Macron a donc procédé à un remaniement ministériel, entre deux apparitions médiatiques costumé en chef de la diplomatie du monde libre. Un spectacle qui serait drôle s’il n’était pas tragique.
Il paraît que lorsque le 19 juin au soir, il a appris les résultats des élections législatives qui le privaient d’une majorité parlementaire, Emmanuel Macron aurait dit : « on rentre dans le bizarre ». Si cette anecdote est vraie, elle en dit long sur qui est aujourd’hui à la tête de l’État français. Dont nous avons eu confirmation avec la nomination du nouveau gouvernement d’Élisabeth Borne, lequel témoigne de la véritable infirmité politique de Macron. Il est complètement étranger dans sa pratique à ce que préconisait Richelieu, « la politique c’est de rendre possible ce qui est nécessaire ».
Cela implique de connaître son pays, de bénéficier d’une certaine expérience sociale, de savoir gérer les hommes autrement que par la schlague, d’appréhender les conflictualités inhérentes à la chose publique, en particulier dans une république parlementaire, toutes qualités dont Emmanuel Macron est parfaitement dépourvu. Ce nouveau gouvernement n’est pas une provocation, contrairement à ce que l’on entend beaucoup, mais la conséquence du fait que le Président de la République n’est pas capable d’en composer un autre. Car bien sûr le résultat du 19 juin dernier n’a rien de « bizarre », c’est au contraire celui du 24 avril qui l’est. En lui accordant 58 % des suffrages, après son refus arrogant et méprisant de mener une campagne électorale considérée comme indigne de lui, et grâce à la trahison de Jean-Luc Mélenchon, ce scrutin a masqué la réalité des divisions de notre pays, et l’importance, quoi qu’on en dise du rejet politique dont il est l’objet.
L’arrivée au pouvoir en 2017 grâce à une opération digne d’un coup d’État d’un parfait inconnu totalement dépourvu de la moindre expérience politique, et bénéficiant ensuite d’une Assemblée nationale croupion, a masqué ce qui constitue pourtant aujourd’hui une évidence, depuis le printemps 2017 la France n’a pas à sa tête ce que l’on peut appeler un homme d’État.
J’avais dit dans ces colonnes que face à la nouvelle composition de l’Assemblée nationale, Emmanuel Macron était comme une poule qui aurait trouvé un couteau. Malheureusement je pense que les choses sont beaucoup plus graves.
On va quand même rappeler que depuis le 24 février, avec l’invasion de l’Ukraine par la Russie et les conséquences géostratégiques, économiques et politiques qui s’en sont suivies, l’Occident en général et l’Union européenne à laquelle nous appartenons, se trouvent dans une situation extrêmement délicate. Dès avant le déclenchement de la guerre, Emmanuel Macron nous a fait la démonstration que pour lui, diriger un pays, c’est se mettre en scène se faire filmer et photographier pour ensuite contempler son image boursouflée et parfaitement ridicule.
On se rappelle les reportages photographiques à l’Élysée où on le voyait prendre la pose d’un air pénétré, ce que la presse système chez nous se gardait bien de moquer, au contraire de la presse internationale, même occidentale, qui le tient pour un pitre. Les choses se sont depuis malheureusement aggravées, comme par exemple le voyage assez ridicule en train à Kiev, où il a trouvé le moyen de nous rappeler aussi qu’il était le roi de la papouille, en se jetant sur Zelensky pour le couvrir de baisers. Lequel Président ukrainien tout à fait conscient du caractère grotesque des emportements de son homologue français se débrouillait par ses mimiques pour montrer ce qu’il en pensait. N’importe quel citoyen français ne pouvait qu’être humilié par cet exhibitionnisme. Il y a eu ensuite la calamiteuse séquence du sommet du G7 où on l’a vu tout agité, pitoyable mouche du coche, passer de l’un à l’autre des chefs d’État afin d’être sûr d’être dans l’objectif. Le pire c’est quand on a vu grossièrement interrompre une conversation entre Biden et ses collaborateurs, parlant fort pour être sûr d’être enregistré et faire croire que lui aussi avait la moindre importance dans la conduite des affaires du monde. Indifférence ou sénilité, le président américain l’a regardé d’un œil torve sans rien répondre et l’a planté là.
Macron a quand même fait réaliser et diffuser une vidéo sonorisée du sommet, histoire une fois de plus de se contempler et d’assouvir ainsi son narcissisme pathologique. En nous collant la honte.
L’épisode qui vient de le voir rendre publics des échanges diplomatiques entre chefs d’État procède des mêmes motivations : se mettre en scène en mode petit coq qui se rengorge. En méconnaissance totale des devoirs de sa charge, en violation de tous les usages diplomatiques, Emmanuel Macron a rendu public unilatéralement ses échanges avec le chef d’État russe à propos de l’Ukraine. Il s’agit là d’un précédent invraisemblable qui anéantit, et pas seulement vis-à-vis des Russes, la confiance que l’on peut faire au président français dans les négociations internationales ! Et plus grave encore, avant de publier, il a sélectionné les interventions dont il pensait qu’elles le mettaient en avant et montraient qu’il avait mouché Vladimir Poutine. Au-delà de la grossièreté du procédé, le pauvre Macron n’a fait que se ridiculiser. Dûment chapitrée, la presse système a d’abord souligné le tutoiement inconvenant utilisé, pour ensuite reproduire avec gourmandise la fameuse phrase : « je ne sais pas où ton juriste a appris à faire du droit ». On l’imagine auprès de ses collaborateurs disant : « vous avez vu, je ne lui ai pas envoyé dire au Poutine ». Prononcée alors que le président russe considérait que pour modifier les accords de Minsk, il fallait prendre l’avis des républiques autoproclamées du Donbass, cette phrase est une double insolence. Tout d’abord Emmanuel Macron n’a jamais fait de droit dans sa vie. Contrairement à ce que l’on imagine, on ne fait pas de droit à l’ENA. Macron en a fait la démonstration, puisque pour lui le fait que les républiques séparatistes soient signataires des accords de Minsk n’emportait pas obligationde solliciter leur avis pour leur application. Le chef de l’État français profère une énormité juridique et tient absolument à s’en vanter. Ensuite, il dit implicitement que des accords internationaux signés garantis par la France sont des chiffons de papier que lui peut remettre unilatéralement en cause.
Était-il possible de faire pire ?
La composition du nouveau gouvernement, reconduite caricaturale du pire de la période précédente, témoigne de l’impuissance politique d’Emmanuel Macron qui confine à l’infirmité. Il ne faut pas se tromper, s’il n’y a aucune personnalité nouvelle, aucune tentative d’élargissement, ce n’est pas parce que le Président aurait essuyé des refus, c’est parce qu’il n’a même pas essayé.
Le ciel au-dessus de l’Union européenne est lourd de nuages d’orage. Notre pays ne va pas y échapper, le boomerang des sanctions anti-russes, l’inflation galopante, la récession économique, la crise énergétique, la crise sociale, la crise administrative et maintenant la crise politique promettent des lendemains très difficiles.
Avoir un bateleur à la tête de l’État n’est pas le meilleur moyen de les affronter. ■
Source
« L’arrivée au pouvoir en 2017 grâce à une opération digne d’un coup d’État d’un parfait inconnu totalement dépourvu de la moindre expérience politique » dit cet article parfaitement lucide. Coup d’État est le mot qui convient. Le parquet national financier, cet outil politique créé par Hollande pour nuire à ses adversaires sort l’affaire Fillon avec un parfait timing. Il s’agit d’éliminer ce candidat en le forçant à se retirer, afin que ce soit Marine Le Pen qui soit opposée à Macron. Après le premier tour, on voit tous les médias, d’État ou privés, alors aux ordres de la demi-douzaine de milliardaires amis de Macron qui en sont les propriétaires faire une campagne éhontée pour ce dernier, avec une unanimité digne de la défunte Union Soviétique, et le tour est joué. Macron n’est en effet pas un homme politique et à plus forte raison un homme d’État. Il n’a même pas le sens de la dignité de sa fonction, il suffit de voir ces pitoyables photos où il pose l’air euphorique à côté d’un délinquant torse nu faisant un doigt d’honneur à l’appareil dans un DOM TOM ou ces images du couple présidentiel recevant une bande de chanteurs invertis à l’Élysée à l’occasion de la fête de la musique. Macron n’est que le petit garde-champêtre de l’Union européenne et de la davocratie et il n’a même pas le talent nécessaire pour remplir la tâche que ses maîtres lui ont assignée. Un petit bonhomme, vraiment tout petit.
A mon humble avis cet article lucide n’est pas encore assez sévère. La suite , hélas , nous le montrera. En tous cas contribution bien troussée de Regis de Castelnau.
On ne peut qu’applaudir et partager en lisant l’article qui justifie pleinement l’appellation de « foutriquet » donnée par Michel Onfray a la personnalité présidentielle.. même pas bon acteur parce qu’il « en fait trop » ce figurant prétentieux n’a pas fini d’exhiber « les insuffisances de sa suffisance » mais il plaît à une certaine bourgeoisie pour qui le mot « valeurs » n’a de sens que dans le porte- feuille.