PAR MATHIEU BOCK-CÔTÉ.
Cette chronique est parue dans Le Journal de Montréal du 16 juillet. Nous la reprenons comme bien d’autres depuis assez longtemps, lue dans cette publication d’Outre-Atlantique où Mathieu Bock-Coté semble s’ébrouer avec une liberté et une simplicité de ton peut-être plus grande qu’à Paris. C’est en tout cas fort intéressant et porte sur l’essentiel, analysé avec concision selon la méthode de Mathieu Bock-Côté, sous toutes ses facettes.
Une partie du malaise de notre temps vient de ce mensonge institutionnalisé.
Vous avez souvent l’impression, j’en suis certain, que notre monde est tombé sur la tête. Mais vous savez que nommer ce malaise a un coût, et il peut être élevé.
On en a encore eu la preuve aux États-Unis, ces derniers jours, dans un échange ahurissant au Sénat portant sur la question suivante : est-ce qu’un homme peut être « enceint » dans les suites du jugement de la Cour suprême sur l’avortement ? Cet échange met en scène le sénateur et une « universitaire ».
Le sénateur, c’est Josh Hawley, du Missouri. C’est un conservateur trumpiste, nul ne le contestera. « L’universitaire », c’est Khiara Bridges, une militante d’extrême gauche, professeure à la faculté de droit de l’université Berkeley.
Le sénateur demande à la militante pourquoi elle ne cesse de parler de « personnes ayant une capacité de grossesse ». Il demande, par souci de précision : s’agit-il de femmes ?
Enceint ?
La réponse de Bridges est lunaire : beaucoup de femmes « cis » (des femmes nées dans un corps de femme et qui se reconnaissent comme femmes) peuvent avoir des enfants, beaucoup de femmes cis ne peuvent en avoir, et beaucoup d’hommes trans peuvent en avoir.
Le sénateur insiste un peu : la militante s’indigne et affirme que les questions du sénateur sont transphobes et qu’elles favorisent la violence à l’endroit des trans. Le sénateur semble stupéfait et veut être certain de comprendre : Khiara Bridges considère-t‐elle vraiment qu’il est violent d’affirmer que seules les femmes peuvent enfanter ?
Et l’échange se poursuit, toujours plus stratosphérique. La militante demande au sénateur : croyez-vous que les hommes peuvent être « enceintes » ? Audacieusement, il dit non. Elle y voit une autre preuve de violence transphobe ! Adieu la biologie, la science : contester qu’un homme puisse être enceinte, aujourd’hui, relève du propos haineux.
C’est d’ailleurs ce qu’a suggéré le Washington Post, le vénérable journal américain. Et ces élucubrations idéologiques ne sont en rien exclusivement américaines : elles circulent partout en Occident aujourd’hui.
Il n’est pas inintéressant de noter que la militante d’extrême gauche est une professeure de droit.
Cela nous rappelle que le droit, aujourd’hui, n’a plus grand-chose à voir avec ce qu’on a appelé historiquement le droit. Il s’agit désormais d’une technique d’ingénierie sociale qui transforme par des jeux de langage les besoins en désirs, les désirs en droits, et les droits en droits fondamentaux.
Fake news
Une certaine conception falsifiée du droit ne va plus seulement contre la démocratie, mais contre la réalité. Elle s’oppose à la science, et dans ce cas en particulier, à la biologie. Qui rappelle que le réel existe ici passera pour un phobe, un facho, un type d’extrême droite.
Paradoxe : on ne cesse de dénoncer les fake news, on plaide pour une meilleure connaissance des sciences, mais on se couche devant qui affirme qu’un homme peut enfanter. Une partie du malaise de notre temps vient de ce mensonge institutionnalisé. ■
Mathieu Bock-Côté est docteur en sociologie, chargé de cours aux HEC à Montréal et chroniqueur au Journal de Montréal et à Radio-Canada. Ses travaux portent principalement sur le multiculturalisme, les mutations de la démocratie contemporaine et la question nationale québécoise. Il est l’auteur d’Exercices politiques (éd. VLB, 2013), de Fin de cycle: aux origines du malaise politique québécois(éd. Boréal, 2012) et de La dénationalisation tranquille (éd. Boréal, 2007). Ses derniers livres : Le multiculturalisme comme religion politique, aux éditions du Cerf [2016] – le Le Nouveau Régime(Boréal, 2017) – Et La Révolution racialiste et autres virus idéologiques, Presses de la Cité, avril 2021, 240 p., 20 €.
Sélection photos © JSF
MBC ne manque pas de mordant . Illustration est encore faite que l’Occident , EU en tête recycle toutes les théories délirantes qui ont pu être initiées en URSS : ici , le « lyssenkisme » .
Il nous faudrait un Molière ou un Rabelais pour rire de tout cela
Inutile de discuter avec des fous, leur logique n’est pas la notre comme le savent les psychiatres.
La vérité finit toujours par triompher mais entretemps l’erreur aura fait beaucoup de dégâts
Je vous donne entièrement raison. Ne perdons pas notre temps. Épitre aux Romains 1, 27
Avant toute chose, quel grand plaisir de retrouver les amis de JSF après quelques jours de repos et de réflexion pour nous revenir en pleine forme !!! Qu’y a-t-il a dire sur le sujet de la soi-disant transphobie si l’on dit ou écrit qu’un homme ne peut être « enceint »? Darwin doit de retourner dans sa tombe !!!!!! Depuis la nuit des temps, date du big bang, 12 milliards d’années, depuis la création de la Terre, 4,5 milliards, depuis l’apparition des espèces animales et végétales, il faut des hommes et des femmes (noms communément retenus par l’Humanité pour désigner les procréateurs) pour poursuivre l’aventure des humains sur cette planète ! Il s’agit ensuite, en cas de changement de sexe, d’une simple volonté individuelle distincte d’une volonté générale ! Qu’on arrête de nous bassiner avec ce genre d’aventure personnelle, plus ou moins fondée, sur le changement de sexe ! La Nature n’a jamais prévu qu’un homme soit enceint … Ça devient une véritable dictature de la pensée à laquelle, même les pires régimes dictatoriaux n’avaient osé penser !!!!!
Je comprends tout à fait les inquiétudes de cette universitaire et je les partage. Prenant conscience de mieux en mieux à quel point la réalité peut être réactionnaire et même légèrement facho, comme on dit dans certains milieux, j’ai décidé de créer un nouveau mouvement politique, le P.A.R, Parti pour l’Abolition du Réel. Je rêve d’un monde enfin débarrassé de toutes les formes de discrimination et des pesanteurs du passé (le pass, pouah !) où les chauves puissent se faire des dreadlocks, où les cul-de-jatte puissent enfin courir le 100 mètres haie, où les hommes, je veux dire les mâles de l’espèce puissent enfin couver les oeufs auxquels ils ont donné naissance, où il soit possible de changer de sexe dix fois par jour afin de ne pas être figé dans une identité. D’ailleurs je remarque que les défenseurs des LBGTQIZTHFRZOI ne vont pas assez loin, en effet, iels (voyez comme je suis correct) ne font rien pour lutter contre la dendrophilophobie, la phobie de l’amour des arbres (attention aux aiguilles si ce sont des sapins) contre l’arachnophilophobie. Si on veut aimer une araignée, qui aura le front de vous l’interdire, je vous le demande ! Trêve de plaisanteries, nous sommes dans ce que le très regretté Philippe Muray appelait la cage aux phobes. Assister aux développements de cette pathologie mentale qu’on appelle le progressisme nous donne à peu près chaque jour de nouvelles occasions de nous dérider.