Par Antoine de Lacoste.
Le néant. C’est ainsi que peut se résumer le bilan de la visite du Président Biden dans le Golfe. Certes, il a rencontré tout le gotha : les dirigeants des six Etats du Golfe (Arabie Saoudite, Qatar, Emirats Arabes Unis, Bahrein, Koweit, Oman) ainsi que ceux de Jordanie, d’Egypte et d’Irak. Mais le but principal de cette tournée proche-orientale était d’obtenir une augmentation de la production de pétrole afin de faire baisser les cours. Or, aucun engagement n’a été pris par les producteurs, Arabie Saoudite en tête.
Pourtant, Biden s’était tranquillement renié pour tenter d’aboutir à ses fins. Pendant sa campagne électorale, il avait fustigé Donald Trump et son refus de condamner MBS (Mohamed Ben Salman) après le meurtre de l’opposant saoudien Khashoggi. Il s’était engagé à traiter en « paria » le prince héritier.
Mais la hausse des cours du pétrole a entraîné une envolée du prix de l’essence et le consommateur américain gronde. A quelques mois des élections de mi-mandat les perspectives ne sont guère réjouissantes pour les démocrates. De plus, la sénilité de Biden est de plus en plus voyante et sa cote de popularité très mauvaise. La médiocrité de la vice-présidente ne permet pas de remonter le courant.
D’où l’idée de cette tournée proche-orientale à usage aussi bien interne qu’externe : montrer aux Américains que le Président préside toujours, développer le projet d’alliance militaire « défensive » entre le Proche-Orient sunnite et Israël face à l’Iran, enfin faire baisser les cours du pétrole.
Sur l’idée d’alliance militaire, l’échec est total. L’Arabie Saoudite a indiqué froidement ne pas être au courant d’un tel projet et les Emirats Arabes Unis ont été plus cinglants encore en affirmant ne pas avoir l’intention de faire partie d’une quelconque alliance militaire. Le Qatar et le Koweit quant à eux entretiennent des relations cordiales avec l’Iran et n’ont pas du tout projeté d’envenimer leurs relations avec la grande puissance chiite. Le rêve américano-israélien d’une sorte d’OTAN moyen-oriental a donc bien peu de chances de déboucher.
Biden n’a rien obtenu sur le pétrole non plus. L’Arabie Saoudite a indiqué qu’une décision serait prise le 3 août à la réunion de l’OPEP+. Et qui dit OPEP+, dit participation de la Russie. Biden doit donc manger son chapeau et attendre cette rencontre où les Russes joueront un rôle majeur.
Très critiquée aux Etats-Unis, la rencontre avec MBS n’a donc débouché sur rien. Autant dire que les répercussions internes en vue des élections risquent d’être nulles voire négatives.
En réalité, le fond de l’histoire, c’est qu’on assiste à un rééquilibrage géopolitique. L’occident semble ne pas vouloir comprendre que la plupart des pays arabes n’ont pas l’intention de se ranger derrière elle dans sa croisade anti-russe. La neutralité semble être leur doctrine et il est peu probable qu’un revirement ait lieu. Après avoir mis l’Arabie Saoudite de côté pensant qu’elle n’avait plus besoin de son pétrole, l’Amérique réalise aujourd’hui son erreur stratégique mais c’est un peu tard et les dégâts sont importants.
De leur côté les BRICS retrouvent une seconde jeunesse. Cette alliance regroupant le Brésil, la Russie, l’Inde, la Chine et l’Afrique du Sud multiplie les contacts et l’Iran frappe à sa porte.
Décidemment, l’opération russe en Ukraine est en train de provoquer un vaste basculement géopolitique. En se rangeant aux ordres de l’Amérique, l’Europe a, une fois de plus, montré son incurie et sa lâcheté. C’est plutôt elle qui est en état de mort cérébrale. ■
Antoine de Lacoste
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Selon Antoine de Lacoste, en « se rangeant aux ordres de l’Amérique, l’Europe a, une fois de plus, montré son incurie et se lâcheté. C’est plutôt elle qui est en état de mort cérébrale ».
Devrait-on en conclure que l’Europe, dont la faiblesse militaire est flagrante toutes nations européennes confondues, dans ce face à face avec la Russie eût mieux fait de prendre le parti de Poutine et laisser ce dernier s’emparer de l’Ukraine sans apporter aucun soutien à cet Etat reconnu par les Nations Unis ou à sa population que Poutine n’hésite pas à massacrer en cas de résistance de sa part ?
Bien au contraire, en refusant de céder à Poutine l’Europe a fait preuve de courage et non pas de lâcheté.
Quant à taxer l’Europe d’incurie, c’est inexact. L’attitude de l’Europe n’est que le reflet de sa faiblesse. L’Europe n’a tout simplement pas les moyens de sa politique.
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La meilleure action aurait consisté à ne pas condamner la RUSSIE, mais essayer de trouver un terrain d’entente entre les 2 pays frères ( ou Etats soeurs comme disait le Marchais de Thierry Le LURON), ne pas livrer d’armes qui font perdurer l’horreur de cette guerre civile. Au fait l’Ukraine est elle Russe ou c’est la Russie qui est Ukrainienne)Tenir une position de neutralité afin d’inspirer confiance aux 2 belligérants, là l’Europe c’est le chihuahua qui cherche la bagarre avec le Pitbull
setadire exprime avec sagesse une position sage et réaliste. Pas celle d’un partisan ou d’un affidé de l’une des parties en conflit.
Biden fut reçu à son arrivée en Arabie Saoudite par une délégation de second ordre. Beaucoup de pays s’alignent maintenant sur la position des BRICS. Poutine lutte contre le fléau nazi toujours existant, il respecte le droit international selon le jugement du tribunal de Nuremberg. Oser soutenir un criminel comme Zelenski c’est être un nazi complice.
Merci Monsieur, la presse de ce jour semble reconnaître la sagesse à propos des livraisons de céréales d’Ukraine et de Russie, en négociant toutes les parties sont gagnantes y compris ceux qui attendent avec impatience les céréales nécessaires à la survie de leur peuple
Les nations européennes , qui ne représentent rien , sur le continent , comme force depuis 1940 pour la France ,1945 pour l’ Allemagne pourraient du moins compter sur le plan diplomatique , et (auraient pu) servir de médiateur en ne s’alignant inconsidérément sur les E.U . Or , E.Macron , aux prémices du conflit ne faisait que sonder V. Poutine pour rapporter à V. Zelinski ; piètre rôle .
La Russie , depuis 1991 , ce n’est plus le monstre soviétique . Curieux tout de même , qu’elle soit surtout critiquée dans les médias depuis la chute du régime communisme .