C’est sur la page Facebook de Hubert Bouccara
Zweig le visionnaire !
C article publié dans L’écho présente « L’uniformisation du monde » de Stefan Zweig, qui paraît aux éditions Allia.
Complètement fulgurant, cet ouvrage n’est d’ailleurs pas à proprement parler un livre mais un article que Stefan Zweig a publié dans une revue berlinoise et que les éditions Allia, qui ont l’art de dénicher des textes de cet acabit, intemporels, essentiels, indispensables — publient dans leur jolie petite collection, dans un format riquiqui qui tient dans la main.
Si nous connaissons l’impérissable romancier, le biographe qu’est Stefan Zweig, nous redécouvrons aussi ces jours-ci le critique littéraire grâce à Albin Michel qui publie une série d’inédits en français, et nous savons qu’à travers tout ce que ce fin lettré écrit, il est toujours essayiste. Parce qu’il n’aura jamais cessé d’éveiller à la beauté, à la richesse de la culture européenne, aux chefs-d’œuvre russes, allemands, anglais, français qu’il chérissait, et il n’aura jamais cessé non plus de nous mettre en garde contre les périls de l’amnésie.
Dans L’uniformisation du monde, il s’alarme de la perte irrémédiable du monde d’hier, un monde où le raffinement, la conversation, la complexité et les identités croisées étaient une richesse, et s’accompagnaient de sollicitations intellectuelles, artistiques, esthétiques qui nourrissaient l’être. Un monde varié qu’il voit sombrer sous le rouleau compresseur de l’uniformisation d’une pensée unique et d’une économie de marché qui nous abreuvent d’un flot continu d’images, de sons, de goûts – de mauvais goût — identiques partout l’on se trouve.
Ce que pointe Stefan Zweig dans cet opuscule, c’est l’américanisation du goût, se désolant qu’on lise tous le même livre au même moment, qu’on parle tous du même film et que tous, nous nous habillons partout de la même manière.
Et cet article, Stefan Zweig l’a écrit en 1925. Il ne sait pas encore que le nazisme l’obligera à quitter l’Europe pour le Brésil où il s’est suicidé, mais à le lire ici, c’est comme s’il savait ce que notre monde allait devenir après. Nous allions nous soumettre volontairement à un lent renoncement général, à un asservissement volontaire, à une tyrannie consumériste qui triompherait avec notre consentement reconnaissant. Reconnaissant car cette mode américaine, dit-il, émane de nos sauveurs, déjà en 1918. « Aucun empereur, aucun khan dans l’histoire du monde n’avait connu une telle puissance, aucune doctrine morale ne s’était répandue à cette vitesse. »
Cette uniformisation du goût, cet asservissement économique à une industrie culturelle ne serait qu’un moindre mal si elle ne s’accompagnait pas, nous dit Stefan Zweig, d’un danger pour l’esprit. L’ennui américain nous menace, dit-il, ce besoin effréné de nouveautés, d’étourdissement, de vaine frénésie, lui qui chérit le temps lent de l’apprentissage, et le temps délicieusement perdu à bavarder au café autour d’une partie d’échecs.
Ce texte de 1925 pourrait être suranné et risible s’il n’était aussi alarmant et visionnaire. Il perçoit de ce qui nous arrive : « Le sentiment de liberté individuelle submerge l’époque », avec ce paradoxe, c’est qu’il s’accompagne en réalité de la perte de « liberté par rapport aux opinions, aux choses /../. Et c’est notre tâche : devenir toujours plus libre, à mesure que les autres s’assujettissent », en savourant presque dans la clandestinité, la variation infinie de la nature, « l’art, qui survit dans l’invention d’êtres continuellement pluriels, la musique et la conversation avec des personnes ouvertes d’esprit. » C’était déjà une urgence en 1925. ■
Belge, Républicaine, anti-cléricale, petite-fille de résistants Juifs déportés par la police de Vichy, fille d’un enfant transgenre (et chéri), il vous déplaira probablement autant qu’à moi de voir figurer mon nom sur votre blog. Je vous saurai gré de bien vouloir retirer « Sophie Creuz nous présente ». Je ne vous présente rien. L’article sur Zweig est paru dans L’Echo, libre à vous de le mentionner. Et Zweig n’a rien dit que je sache sur le « fascisme woke ». Ni moi d’ailleurs.
Merci à vous de bien vouloir tenir compte de ceci.
Si nous avons publié votre texte sur ce livre de Zweig, c’est que nous aimons cet auteur depuis bien longtemps et avons trouvé intéressant en soi ce que vous en avez dit.
Nous ne tenons pas pour un déshonneur ce que vous nous précisez vous concernant personnellement qui ne nous rend nullement désagréable que votre nom figure sur notre blog. Cela dit à titre de simple information.
Nous avons toutefois apporté au texte repris de la page Facebook d’un libraire parisien, dûment cité, les rectifications que vous avez souhaitées, n’ayant aucunement l’intention de vous désobliger.
J’observe que Sophie Creuz s’annonce, notamment comme «fille d’un enfant»; moyennant quoi, le transgenrisme semble avoir mis au point mieux encore que les «hommes enceints» : les enfants parturients – un bel «exploit scientifique», assurément. Malheureuse Belge-républicaine contrainte de vivre dans un royaume, aussi malheureux que je le suis, Français-royaliste, de vivre en république. Nous nous rencontrons donc dans nos malheurs symétriques. Cependant, si la France est une vraie république – avec tout ce que cela suppose de malsain –, la Belgique est un royaume de z’opérette, avec tout ce que cela suppose de mauvais goût.
Cette uniformisation, dont Sophie Creuz rapporte justement qu’elle exaspère Stefan Zweig, nous est promis par le transgenrisme, dans lequel plus rien de sexué ne peut valoir autrement qu’en vertu de l’échangisme potentiel ; ce que, 1947-1948, Antonin Artaud prophétisait cruellement en ouverture de «Pour en finir avec le jugement de Dieu» :
«Parce qu’il faut produire, / il faut par tous les moyens de l’activité possibles remplacer la nature partout où elle peut être remplacée, / il faut trouver à l’inertie humaine un champ majeur, / il faut que l’ouvrier ait de quoi s’employer, / il faut que des champs d’activités nouvelles soient créés, / où ce sera le règne enfin de tous les faux produits fabriqués, / de tous les ignobles erzatz synthétiques / où la belle nature vraie n’a que faire, / et doit céder une fois pour toutes et honteusement la place à tous les triomphaux produits de remplacement / où le sperme de toutes les usines de fécondation artificielle / fera merveille / pour produire des armées et des cuirassés. / Plus de fruits, plus d’arbres, plus de légumes, plus de plantes pharmaceutiques ou non et par conséquent plus d’aliments, / mais des produits de synthèse à satiété, / dans des vapeurs, / dans des humeurs spéciales de l’atmosphère, sur des axes particuliers des atmosphères tirées de force et par synthèse aux résistances d’une nature qui de la guerre n’a jamais connu que la peur. / Et vive la guerre, n’est-ce pas ? » … Prodigieux et déchirant Antonin Artaud !
Je ne suis pas bien sûr que Sophie Creuz sache mesurer tout à fait ce qu’elle lit dans Stefan Zweig. Je la tiens pour une probable «féministe», aussi, lui recommandé-je le très affreux «Vingt quatre heures de la vie d’une femme», dans quoi j’ai lu la plus détestable exposition de la «faiblesse» féminine. Exposition si détestable que, au temps de mes vingt-cinq ans, cette lecture m’a déterminé à expurger ma bibliothèque de tout Stefan Zweig… Néanmoins, «Le Monde d’hier» est tôt revenu sur mes rayons – admirable livre sur les «temps anciens» et ce qu’était la monarchie autrichienne, louée par Stefan Zweige, comme elle le fut par cet autre Autrichien exilé, Arnold Schoenberg, entre mille autres artistes dont se gobergent impudemment les ignorants de la culture dégénérée actuelle. Lisez «La Pitié dangereuse», madame Sophie Creuz, et interrogez-vous sur le niveau de misogynie déplorable dont souffrait ce malheureux Stefan Zweig. À mon sens, c’est cette prodigieuse indélicatesse cérébrale qui l’a empêché d’atteindre un plus haut niveau littéraire. IL est d’ailleurs rare en art de rencontrer ce type de grossièreté intellectuelle, sauf chez Montherlant (que j’apprécie fort peu) et ces autres modernes consommés que je me refuse à lire. Stefan Zweig est le premier des Germains à n’avoir pas su que tout poète doit être chevaleresque, c’est-à-dire en constant sacrifice à ce que Goethe, Nietzsche, Villiers de L’Isle-Adam (les premiers) ont appelé L’ÉTERNEL FÉMININ. Nous en sommes loinsavec cet écrivain dont la manifeste pleutrerie existentielle a voulu se faire accompagner dans le suicide par son infortunée jeune maîtresse du moment. Socrate avait été accusé de «pervertir la jeunesse», sans doute par prémonition antique de la venue moderne de Stefan Zweig. Je vais encore déplaire à beaucoup en m’avançant ainsi ; ne reculons devant rien, aussi affligeant soit ce à quoi nous devons faire face.
Vive Dieu, la France et le Roi ! (Tant pis pour les Sophie Creuz, lesquelles, étymologiquement, devraient répondre à Sage-Croix)
Pour Zweig et sa fidélité,
Je remercie d’abord JSF d’avoir attiré notre attention sur ce passage prémonitoire de Stefan Zweig, qui montre la disparition programmée de « la vieille Europ » au profit d’une barbarie naissante<
Une première remarque, un écrivain appartient d’abord à ses lecteurs, non à des commentateurs qui peuvent le défigurer au nom de leur doxa, Je songe à cette scène fabuleuse du film « le cercle des poètes disparus » où le professeur fait déchirer par ses élèves le commentaire pédant et boursouflé , qui défigure la vraie poésie.
Est-il besoin d’affirmer que Stefan Zweig n’apparait en rien républicain, lui qui a assisté, les larmes aux yeux, au départ de l’Empereur Charles, chassé de son pays par les « Alliés » et le parti catholique de Vienne ?. Comme son compatriote Joseph Roth qui , lui aussi était juif, qui a vu sa, un vie basculer après 1918, nostalgique d’une patrie perdue, noyant son chagrin dans l’alcool, mais restant désespérément fidèle à la double Monarchie jusqu’à sa mort en 1938 après l’Anschluss ( voir sa déchirante nouvelle la crypte des capucins), Zweig reste après la chute de son pays « un mort vivant » :de I918 à sa mort à Petrópolis, réfugié à Salzbourg, puis quand la république de son pays, ne pouvant plus le protéger du rouleau compresseur du nazisme montant ,Stefan Zweig devient juif ferrant, terminant son périple à Petrópolis, non avoir serré dans ses bras quelques jours avant sa mort Bernanos, autre exilé et le louant pour « son journal d’un curé de campagne » ; c’est raconté excellemment par Sébastien Lapaque dans son livre ; « Sous le soleil de l’exil ». En réalité par son suicide à Petrópolis ne tente-t-il à sa manière de nous transmettre un dernier message pathétique, : nous avons tué la « vieille Europe, trahissant son origine ,l’Europe de l’esprit, celle d’Erasme, l’Europe ….?
Par ailleurs je ne suis pas d’accord malgré toute l’ amitié que lui porte avec David Gaettegno sur son interprétation de Zweig. Ce dernier est un fabuleux conteur, il a un toucher merveilleux et met à nue notre âme, en suivant Dostoïevski , qui l’a beaucoup impressionné. Il semble avoir tout compris sans avoir pu fonder, il est vrai un monde. . Non , » vingt-quatre heures de la vie d’une femme « , n’est pas » la détestable exposition de la faiblesse humane de la vie d’une femme « mais au contraire le récit palpitant d’une femme qui s’engage totalement pour sauver un jeune homme de son démon du jeu, jusqu’à lui offrir tout ce que une femme peut donner, ne jouant pas à ce moment. La nouvelle « lettre d’une inconnue » est aussi brûlante, car elle révèle la faiblesse de l’homme dans sa relation avec les femmes, un trop mondain à succès- on croit le reconnaitre ou le deviner aujourd’hui, se rend compte au soir de sa vie qu’il a, par pure frivolité, qu’il a raté la seule femme qui aurait pu vraiment l’aimer, et n’est ce – à travers cette nouvelle très émouvante, une terrible leçon pour notre masculinité, qui met le doigt sur une forme d’inconsistance ?.
A mon sens, l’œuvre de Stefan Zweig culmine dans ce roman fabuleux « La pitié dangereuse « « œuvre où lui, le juif agnostique explore le tréfonds de la charité, où il faut savoir aller jusqu’au bout, mise à mal par la faiblesse de son héros, par son souci mondain de sa réputation,, qui aboutit à la catastrophe ; Ne nous reconnaissons pas un peu en lui ? Dans ce roman en creux Zweig l’agnostique ne se montre –t-il pas plus soucieux d’explorer la vraie charité que bien des chrétien ? (Albert Camus n’a-t-il pas, lui aussi, été plus chrétien par sa phrase célèbre « je préfère ma mère » ( sous entendu à cette fausse justice ) que bien des clercs porteurs de valise ? . Là aussi sur ce roman je suis en désaccord avec Davis Gaettegno : . ce roman – à mon sens -, loin de révéler une quelconque « mysogynie « , »un refus de l’Eternel Féminin, » déroule avec une précision, qui fait peur, combien nous pouvons nous montrer lâches devant une femme, qui n’attend qu’un signe pour enfin agir sur nous et nous révéler à nous même. L’image de la Chevalerie de David est certes fort belle et inspirante, à condition de ne pas rendre la femme purement passive, enfermée dans son image, privée de sa faculté d’accoucher en nous notre vocation .En tous cas ce roman haletant peut aussi se lire comme une gifle pour nous En outre ce roman par son héroïne Edith abandonnée symbolise le destin de l’Autriche massacrée par les traités et même explore aussi par la figure de ce magnat hongrois fastueux la judéité de Stefan Zweig.
Que conclure sur Zweig : loin de le voir parfois comme un écrivain complaisant ; au contraire découvrir en lui un écrivain, qui n’a jamais si baissé la garde sur ce son art, sur ce qui donnait sens à sa vie, la vraie vie de l’esprit , le témoin d’une Europe en train de disparaitre, la nôtre. Son cœur comme son œuvre, est brûlant, ne serait-il pas temps d’y reconnaitre la source cachée qui l’a iridié, celle d’une Europe aux racines chrétiennes, actuellement désavouées, je ne crois pas qu’il m’aurait désavoué ;
Henri me rectifie très justement, sans le savoir exactement : j’ai mentionné «Vingt-quatre heures de la vie d’une femme» quand je pensais à «Lettre d’une inconnue»… Henri a raison, quasi en tous points, pour ce qu’il dit de Zweig, seulement, comme souvent, il n’y a pas qu’une seule «version» pour envisager une œuvre littéraire ; sauf dans le cas d’œuvres qui relèvent impeccablement du «génie», celles inspirées par Dieu, la Vierge Marie, telles : «L’Élu» de Thomas Mann ; «Les oiseaux s’envolent et les fleurs tombent» d’Élémir Bourges : «Faim», «Pan», «Victoria», «Mystères» de Knut Hamsun ; «Crime et Châtiment» de Dostoïevsky ; «Le Maître et Marguerite» de Mikhaïl Boulgakov ; TOUT Adalbert Stifter, sans doute, le plus possédé par la haute bonté ; «Henri d’Ofterdingen» de Novalis ; «Le Naufrage de l’Hanna-Hollmann» de Gustav Frenssen ; «Le prisonnier qui chantait» de Johann Böjer ; et quelques autres que ma passoire de tête laisse échapper… Je précise que l’absence du nom de Bernanos ne tient pas à l’ustensile culinaire citée mais, plutôt, à l’écumoire : je ne fais nullement entrer Bernanos dans l’univers des «grands écrivains», tant pour des raisons littéraires strictes que pour des motifs d’honorabilité du talent concerné ; en effet, sur ce dernier point, j’ai honte pour lui de son attitude autour de Maurras, cela le discrédite intellectuellement à mes yeux et fait office de révélateur artistique ; pour son œuvre, «Monsieur Ouine», qui m’avait semblé, à première lecture, un grand roman, s’est finalement révélé ensuite sous les atours d’une «fabrication», d’ailleurs, plutôt mal ficelée… Mais ce n’est pas le sujet, quoique Henri eût mentionné l’entrevue Zweig-Bernanos et que celle-ci mériterait d’être observée «symboliquement», dans la période historique concernée.
Il faut encore citer «Combat avec le démon» de Zweig, dans quoi il parle, au fond, très exactement de ce que j’évoque en disant «génie»… Très bel «essai» sur Nietzsche, Hölderlin et Kleist, dont l’inspiration est observée en opposition avec celle «olympienne» de Goethe et par référence à un «démon» que chacun des trois autres aurait eu à combattre, ce qui, selon Zweig, a su fonder leur grandeur artistique. C’est un très bel essai, dont je crois qu’on ne le trouve plus à l’état natif mais morcelé en trois opuscules distincts, si bien que la préface essentielle, qui trace la ligne à partir de Goethe, ne peut qu’avoir disparu (à vérifier)… Le chapitre «Nietzsche» est le mieux venu, très beau, très pénétrant… Seulement voilà, Zweig est désespéré, au fond, c’est-à-dire «agnostique» (ce qui signifie ignorant, non-connaissant), aussi ignore-t-il le fondement de ce qu’il appelle «démon», à la manière moderne du terme – «démon» signale le ferment de l’enthousiasme (se rappeler «le démon de Socrate», dernier élément «culturel» encore un peu répandu auquel on sait encore vaguement se référer. Or, il faut le clamer haut : on ne «combat» pas l’enthousiasme, on accepte d’en être possédé, on accueille Dieu dans son cœur, dans son âme… Ce à quoi Zweig a eu le malheur de ne pas savoir se livrer, me semble-t-il ; au contraire, entre autres exemples, de deux de ses compatriotes contemporains, des Juifs-Autrichiens, comme lui : Franz Werfel, qui oscilla toujours entre sa judaité et une éventuelle conversion au christianisme, celle-ci ne survint jamais dans sa vie mais hante toute son œuvre ; Arnold Schoenberg, converti au christianisme puis retourné à sa foi d’origine pour les seules raisons très honorables de sa fidélité à la religion dont il souffrait qu’elle fût persécutée. Plus tard, le même Schoenberg, réfugié aux USA, déclarait ne pas vouloir se mêler de politique car il était monarchiste, fidèle à l’Empire austro-hongrois, en dépit de son démantèlement fatal après 14-18, et que, à ce titre, il n’avait pas à interférer dans les affaires d’un pays qui l’accueillait…
Il faut encore lire le divin Hugo von Hoffmannstahl, Autrichien d’origine juive, tertiaire franciscain, inhumé dans sa bure, qui a écrit les mieux inspirés des textes et discours sur la NATION, en louant la sienne, sa culture, sa langue, ses fondements historiques et religieux… Il faut, d’ailleurs, lire ce qu’écrit Zweig du gamin en culottes courtes surgissant on ne sait d’où dans une brasserie du Prater, à Vienne, et déclamant des poèmes inouïs dont les «poètes», ici présents reconnus, déclarent qu’ils n’ont, effectivement, jamais rien entendu de pareil ; on trouve cela narré dans «Le Monde d’Hier». C’est bien de l’HIER qu’il s’agit, et l’«Europe» envisagée relève de l’idée d’Empire, principalement celui des Habsbourg, certes, mais Empire : «Tout dans notre monarchie autrichienne, dit Zweig en 1939, vieille de près d’un millénaire semblait fonder sur la durée, et l’État lui-même paraissait le suprême garant de cette pérennité. […] Chaque chose avait sa norme, sa mesure et son poids déterminés. […]» On ne saurait se montrer plus «réactionnaire», assurément.
Je sais combien Henri est attaché à ce «monde», aussi m’excusé-je, auprès de lui et auprès de ceux qui ont cette belle sensibilité, de ce que mes propos aient pu leur sembler offensant pour ce qu’ils chérissent.
Je me permets d’intervenir dans cette discussion de haut niveau entre David et Henri sur des écrivains que je n’ai jamais lus, pour la plupart (et qui pourtant m’intéressent… paradoxe ridicule), pour signaler que le grand Max Ophuls a réalisé en 1948 « Lettre d’une inconnue » avec Joan Fontaine et Louis Jourdan qui est un. film admirable.
Au cas où ça vous intéresserait, voici ma critique : http://www.impetueux.com/lettre-dune-inconnue/
Max Ophuls aimait tant la France qu’il a demandé lors de sa naturalisation en 1938, il a demandé que de Ophüls son nom devînt Ophuls, sans tréma, sans « Umlaut » puisque désormais dans sa langue choisie, il n’en aurait plus besoin.
Merci à >David de ses précsions et de relancer le débat. J’aime .beaucoup Zweig , mais j’ai quand même précisé que « conteur fabuleux, il avait tout compris mais rien fondé. » C’ est vrai, , en politique , il n’a rien fondé, ce n’était pas sa vocation, et il n’a pas créé non plus un monde romanesque comme les écrivains qu’il admirait, Dostoievesi , Tolstoï, Balzac etc.. Mais avec sa sensibilité maladive il pénétre nos coeurs, du moins je l’espère, et peut nous faire évoluer, ou nous inviter enfin à admettre » notre incomplétude » comme son grand maître ………. C’est finalement un essayiste mais ses romans ou nouvelles sont écrits comme un opéréa dont il donnerait la musique, et. laissent un souvenir brûlant. Comme chrétien je condamne absolument le suicide, mais devons nous pas suspendre notre jugement devant les souffrances endurées, personnelles faisant écho au destin de l’Europe ? Et enfin ouvrir les yeux. Et puis qui est le plus chrétien, celui qui se contente de l’affirmer ou celui qui creuse avec lucidité et bienveillance tout ce qui peut nous sortir de nos déchirements et contradictions de vie, nous délivrer du prurit ambiant!, Et nous donne le courage de contiuer à lutter. il a manqué cette force ultime à Zweig, raison de plus pour continuer le combat. Merci à David.
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Merci à Pierre Builly de nous signaler ce film admirable en effet de Max Ophüls, film à mulitiples facettes. Ce film, musical dans son climat est poingnant et permet de plonger dans l’oeuvre de Zweig.
J’avais vu jadis, adolescent, cette «Lettre d’une inconnue» d’Ophuls… Mais, je n’avais su que rattacher le film à la nouvelle lue peu de temps auparavant ; elle faisait suite à «Amok ou le fou de Malaisie» (même volume, chez Stock, sauf erreur), mes deux première(s) lectures de Zweig, à l’incitation de mon père, autour de mes dix ou douze ans. À l’époque, «Lettre d’une inconnue» m’avait beaucoup ému… Bon, mais que je dise plutôt que la critique du film d’Ophuls à laquelle Pierre Builly nous a donné accès me donne grande envie de le revoir aujourd’hui… Je me demande s’il n’y a pas eu, aussi, une adaptation de «La Pitié dangereuse» (???).
Puisque je tiens ici Pierre Builly, je vais en profiter pour abuser de ses lumières cinéphiles : auriez-vous, cher ami de par ici, connaissance visuelle de l’adaptation télévisée (1980, scénario d’Alexandre Astruc) de «Comme le temps passe…» de Robert Brasillach ? Si oui, que cela a-t-il valu, selon vous ?
Pour ne pas encombrer JSF de discussions individuelles, vous pouvez me répondre sur david.gattegno@wanadoo.fr
Avec tous mes remerciements.
@David Gattegno : Je connais (et possède même en VOD) cette adaptation du beau livre de Brasillach, adaptation que je juge un peu mièvre. Je vous réponds sur votre adresse.
grain de sel ou petite pierre :
Une excellente copie du film « Lettre d’une inconnue » est visible sur Youtube en VO, sous-titrée en portugais.
https://www.youtube.com/watch?v=sLTBYaKfbLY
Pour Pierre Builly : au générique, vous pouvez voir qu’il avait ausi abandonné le « h » d' »Ophuls » pour n’être que Max Opuls.
Autre curiosité : la musique est signée Daniele Amfitheatrof !
Le « coup » de l’orthographe Opuls est une négligence étasunienne contre quoi le cinéaste a infructueusement protesté. Hélas ils ont recommencé le truc pour le film suivant, « Caught » (Pris au piège) mais pas pour le suivant, « les désemparés ».
Dieu merci, il est revenu en France pour nous donner quatre merveilleux films, « La ronde », « Le plaisir », le chef-d’oeuvre « Madame de… » et « Lola Montès »…
Comme je ne suis pas sûr que chacun ici possède la langue de David Beckham et apprécie de lire des sous-titres dans la langue de Cristiano Ronaldo, je signale qu’il y a une excellente édition Bluray au prix modeste de 22,62 € sur le site de la FNAC.
Superbe discussion, en effet. Merci Messieurs. Elle me paraissait un peu raide au début puis s’est équilibrée, nuancée, enrichie. Bravo !
J’ai laissé quelques fautes, excusez-moi, mon ordi à la campagne est fatigué et parfois difficle à relire.
A tout hasard j’auilu dans les cahiers du cinma , il y a cinquante sept ans , je crois, des extraits des mémoires de Max Ophüls-cinéaste que j’ai découvert et aimé au ciné -club de Metz à 18 ans– qui raconte qu’il obtenu en douce un visa pour partir aux E.U. via l’Espagne , j’imagiine, en furetant dans les bureaux de Vichy. .
Ces mémoires existent, il doit être possible de vérifier l’information, même si le sujet est quelque peu délicat.
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Ophuls, cher Henri, et non pas Ophüls !!!
Je vais fouiller