CHANT POUR ANDRÉ CHÉNIER, PAROLES
Poetica – André Chenier
En 1944, Robert Brasillach, arrêté et emprisonné à Fresnes, est condamné à mort pour sa politique à l’égard de l’occupant et pour ses écrits dans Je suis partout. Ne se faisant aucune illusion sur le résultat des recours déposés par son avocat ou de la demande en grâce signée par les plus grands écrivains français et adressée au général De Gaulle, il attendait son exécution dans sa cellule. Les Poèmes de Fresnes ont été écrits dans cette prison alors que l’auteur n’avait ni stylo ni papier. Il avait réussi à se procurer une plume qu’il cachait dans une pipe et du papier qu’il arrachait d’un carnet. C’est par son avocat que ces poèmes sont sortis de Fresnes.
Nous aimons ces poèmes en raison de leur qualité poétique et des circonstances de sérénité tragique qui ont entouré leur rédaction, Pierre Fresnay en majore d’ailleurs la résonnance poétique et l’intensité dramatique de tout son merveilleux talent d’acteur. Il ne faut pas cacher non plus qu’après sa rupture avec Maurras et l’Action Française le désaccord du Mouvement maurrassien avec l’action politique de Brasillach après la défaite a été total. Dans l’un des poèmes de Fresnes, Brasillach écrira d’ailleurs ces vers en un sens réparateurs :
» Quel don offrir à ma Patrie qui m’a rejeté d’elle-même ?
J’ai cru que je l’avais servie, même encore aujourd’hui je l’aime.
Je ne puis lui léguer ici que mon corps en terre inhumaine ».
Il se trouve que nous avions alors dans ma famille des amis qui connaissaient bien Brazillach. Jusqu’au bout ils ont espéré le sauver mais Il est mort malgré tout dans des circonstances tragiques de détention. Il n’était pas dangereux criminel mais a fait l’objet de brimades inutiles , ainsi il a gardé jusqu’au bout des fers aux pieds qui gênaient sa marche. Il semble que son talent dérangeait plus que ses opinions farouchement anti communistes mais profondément patriote.
On peut se demander comment on pouvait être patriote aimer son pays et accepter la collaboration avec l’occupant . C’est inconcevable de nos jours mais c’était pourtant une vérité qui nous dérange. Un être n’est pas fait d’une pièce , il est à plusieurs facettes et ses motivations sont impondérables.
C’est avec beaucoup d’émotion que mon père Prosper Jardin (1907-1988) écoutait les admirables Poèmes de Fresnes. Mon père, qualifié par Maurice Bardèche historien de notre khâgne, a publié ses souvenirs sous le titre En khâgne avec Robert Brasillach dans les Cahiers des amis de Robert Brasillach. J’ai repris ce texte dans un livre de souvenirs d’enfance et de jeunesse de mon père, préfacé par le cardinal Honoré : Prosper Jardin Mémoires d’un enfant du pays gallo.
Il y a une parenté extraordinaire entre Chénier et Vrasillach : s’ils n’avaient pas l’un et l’autre fauchés avant leur 40 ans, plus personne n’en parlerait. Poète et écrivain de second rang mais hissés l’un et l’autre dans une sorte de martyrologe qui a fait beaucoup de bien à leur renommée…
Je ne suis pas sûr du tout que Chénier ni Brasillach puissent être déclarés « écrivains de second rang », justement parce que l’un et l’autre sont morts, en effet, avant leur 35 ans. En vérité, nous n’en savons rien. Qu’auraient été Voltaire, Goethe ou Hugo s’ils étaient morts à leur âge ? Peut-être des écrivains de second rang.
« La jeune captive » , d’ A. Chénier est un poème magnifique mais , Il en faut pour tous les goûts .
Brasillach , romans excellents : mais là aussi , affaire de choix .
Pour le « père Hugo » , les extraits qu’il faut subir à l’école , au collège , au lycée peuvent suffire à dissuader d’en lire quoique se soit de plus : c’est « le buffet Henri II de la littérature française » !
A propos de buffet , assisté il y a quelques années à une conférence sur le séjour de cette idole de la république à Guernesey : l’on y apprenait , entre autres , que tout son mobilier y était chiffré à ses initiales ; en toute simplicité ! Et son long « exil » n’était , en aucune façon lié à un acharnement de Napoléon III à son encontre , bien au contraire : il lui était demandé de revenir au pays avec les honneurs , mais son refus convenait mieux à sa posture .
Taratata ! Quelqu’un se souvient-il des grands poètes révérés du 18ème siècle ? La Harpe, l’abbé Delille, Parny, Legouvé ? Personne, évidemment puisqu’ils ont eu la chance de vivre et que leur poésie larmoyante est aussi illisible que celle de Voltaire…
Hugo, à 36 ans avait déjà, au théâtre, produit Hernani et Ruy Blas, dans le roman, Les derniers jours d’un condamné et surtout Notre-Dame de paris (ce qui sauva la Cathédrale, qui se ruinait). En poésie Les Orientales, Les feuilles d’automne, Les chants du crépuscule.
Brasillach, s’il avait vécu, serait aujourd’hui regardé comme le sont Édouard Estaunié ou Pierre Benoît ou Maxence van der Meersch… Ce sont d’ailleurs des auteurs très agréables à lire…
@ Pierre Builly
Pour le XVIII , Le Franc de Pompignan ( La Résurrection des Morts ) , Gilbert ( Adieux à la vie ) D’accord : c’est un peu lugubre mais André Chenier !
Victor Hugo a tout de même écrit « Les Châtiments » qualifiés de vers de haine par Lamartine .
Pierre Benoît est en effet très agréable à lire ; comme Brasillach . Il faut y voir un compliment . Faudrait il que la littérature soit soporifique ?
@ Richard : J’aime beaucoup lire Pierre Benoît (un volume en « Bouquins »… mais le tome 2 n’est jamais paru, faute de lecteurs du premier m’a répondu l’éditeur ; j’aime beaucoup Brasillach, j’aime beaucoup des tas d’auteurs mineurs (Duhamel, Béraud,Genevoix et d’autres…) mais ce ne sont pas là des gens qui survivront longtemps, d’autant qu’on lit de moins en moins…
On ne peut tout de même pas placer « Comme le temps passe » au rang d’un des plus beaux romans qui se puisse, toutes époques confondues, « Les deux étendards »… Et la franche canaille collabo a sur vécu….
Injustices de la destinée ? Voire…
@PierreBuilly
S’il n’y avait que les grands auteurs à se faire publier , il y aurait encore moins de lecteur si l’on peut risquer ce truisme .
@Richard : Mais qui vous dit le contraire ? J’ai simplement fait observer que la notoriété d’André Chénier et de Robert Brasillach repose au moins autant sur leur mort prématurée que sur leur talent !!!