Fiche personnage – documents préparatoires de L’Argent de Zola (NAF 10268, f° 341-342) :
« 60 ans. Le type connu du juif de Francfort. Court et trapu, grosse tête carrée, avec de larges oreilles. Nez énorme, yeux à fleur de tête, et très chauve. Grandes mâchoires solides. Je ne le ferai pas baragouiner.
Prendre tous les détails sur le baron de Rothschild (dans Feydeau et ailleurs). Le loger dans un vieil immeuble hôtel de la rue de Provence. Il est marié, a 5 filles et 4 garçons. Trois de ses filles et trois de ses garçons sont mariés, et il a déjà quatorze petits enfants. Cela fait donc, avec ses gendres et ses brus, une famille de 29 personnes, qu’il loge dans son hôtel, tous ; si on les compte, lui et sa femme, cela fait 31. – La vie familiale de tout ce monde. Il est aidé par deux de ses fils et un de ses gendres ; les autres font autre chose.
Lui, très souffrant d’une maladie d’estomac, ne peut plus absolument supporter que du lait. Avec ça, sans passion, n’a jamais touché une autre femme que la sienne, et ne pourrait pas commencer à son âge. Pourtant, au travail dès six heures, mène une vie de chien, n’a jamais goûté la vie et ne la goûte pas. Enfoncé dans un travail que pas un de ses employés ne voudrait faire. Fortune énorme, ne joue qu’avec ses capitaux ; de là la base solide de ses opérations. L’opposer donc à Saccard, passionné : un être froid et entasseur. »
Comme l’atteste ce texte qui a servi de base à la rédaction du livre L’Argent, Émile Zola s’est servi des écrits d’un certain Feydeau pour rendre le plus réaliste possible ce roman qui fait partie de sa série des Rougon-Macquart.
Ce Feydeau, Ernest de son prénom, était le père de l’illustre Georges, auteur de pièces de théâtre à succès telles que Un fil à la patte ou La puce à l’oreille.
Dans Mémoires d’un coulisser, que Belle-de-Mai Éditions réédite près de 150 ans après sa première édition*, il raconte comment, parce qu’il n’arrive pas à vivre de sa plume, il fut introduit dans le monde de la bourse pour devenir agent de change, ou courtier, ce qu’il appelle « coulissier ».
En nous faisant découvrir son métier, il décrit à merveille ce milieux et, plus globalement, met en évidence ce en quoi le XIXe siècle fut un tournant historique, à savoir qu’il s’y produisit la substitution du règne du Sang par le règne de l’Or. ■
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Sans faire partie des meilleurs livres de la série (20 volumes), « L’Argent » est un livre bien intéressant. Dans la série des vingt « Rougon-Macquart », je le place, dans mon orientation personnelle en n°11 de liste.
Merci de cette information.