Par Front Populaire, La Rédaction.
Article intéressant, concis et vigoureux comme en général ceux signés par la Rédaction de Front Populaire, publié le 21 juillet. Il nous a paru utile de le reprendre pour les lecteurs de JSF.
ARTICLE. Dans une interview accordée au Parisien, le ministre de l’Intérieur affirme toute honte bue qu’il n’y a pas d’augmentation du nombre d’homicides en France. Or le dernier bilan des services de son propre ministère apporte la preuve du contraire.
Le ministre de l’Intérieur serait-il fâché avec les chiffres ? Ou, plus simplement, avec la vérité ? On se souvient de son extrême nervosité en février 2022 sur le plateau de BFM-TV, face à la journaliste Apolline de Malherbe, quand celle-ci avait osé égrener les différentes hausses des indicateurs de la délinquance (homicides, coups et blessures volontaires, violences sexuelles).
Quelques mois plus tard, les débordements autour du Stade de France n’avaient pas sorti le ministre de sa torpeur. Englué dans son déni – ou dans ses mensonges –, Gérald Darmanin a récidivé dans une interview accordée au Parisien le 20 juillet.
Des chiffres manipulés par le ministre de l’Intérieur
« Je m’insurge contre le fait qu’il y aurait une recrudescence des homicides en France. C’est faux. Les chiffres rendus publics par le Service statistique ministériel de la sécurité intérieure (SSMSI), totalement indépendant, prouvent le contraire », a-t-il déclaré au journal francilien. Avant d’ajouter : « Tous homicides confondus, hormis ceux liés au terrorisme, nous en sommes à 936 homicides en 2016 contre 930 en 2021. » Tout cela est bien joli. Mais après la vague d’attaques au couteau aux quatre coins de la France ces derniers jours, ces propos sont contredits par le service de son propre ministère.
Dans son bilan « Insécurité et délinquance en 2021 : bilan statistique » publié en juin dernier, le SSMSI, dépendant du ministère de l’Intérieur (contrairement à ce qu’affirme Gérald Darmanin), fait état d’une progression constante du nombre d’homicides pendant le quinquennat précédent, sauf en 2020, année marquée par les mesures d’exception dans le cadre de la crise du Covid (confinements, couvre-feux). 930 homicides ont été comptabilisés en 2021, contre 854 en 2017.
Les agressions à l’arme blanche se multiplient
Par ailleurs, le ministre s’appuie sur les données de 2016 pour prouver sa bonne foi. Or le chiffre avancé (936) prend en compte le nombre de victimes d’attentats terroristes, ce qui n’est pas le cas pour les années suivantes. Mais Gérald Darmanin ne semble plus être à un mensonge près. Sans les homicides liés au terrorisme, le chiffre de 2016 (847) est inférieur à celui de 2017 (854).
En outre, le ministre a tenté de relativiser la multiplication des attaques à l’arme blanche. « Ce n’est pas parce qu’il y a des drames qu’il faut créer un climat de dramatisation supplémentaire », a-t-il froidement commenté. Mais n’en déplaise à Gérald Darmanin, les chiffres (en l’occurrence, encore ceux du SSMSI) ne mentent pas. De 225.500 victimes de coups et blessures volontaires recensées en 2016, nous voilà passés à 306.700 en 2021. Soit une augmentation de près de 36%, avec une augmentation notable entre 2020 et 2021. Reste à attendre une réponse des pouvoirs publics à la hauteur du problème. ■
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