PAR PÉRONCEL-HUGOZ.
Retour à l’actualité d’une suite de 7 articles savoureux et instructifs sur les origines de la Françafrique, une histoire – vécue par l’auteur – dont l’actualité nous rappelle que – quoi qu’on en ait dit – elle n’est pas finie.
A la fin du XXe siècle, lorsque Le Monde m’envoyait en Afrique pour y couvrir des événements francophones (par exemple le Sommet de Cotonou) ou politiques (la montée d’un Islam extrême au Sénégal et au Mali, ou bien une tournée de Jacques Chirac, Premier ministre), je vis fonctionner la Françafrique qui n’était que la préservation de nos intérêts au sud du Sahara.
Cette attitude paraissait alors normale, chaque Etat de quelque importance en faisant autant à travers la planète. Et puis peu à peu un vent mauvais s’est sournoisement levé, un vent surtout parti de chez nous, de nos partis, de nos médias, de nos associations, voire de nos administrations ; un vent qui s’est intensifié, a nourri évidemment des officines étrangères, ravies d’affaiblir la prépondérance française dans une partie du Continent noir.
Au chœur d’éléments français du type « porteurs de valises » des fellagas (Photo) durant la guerre d’indépendance algérienne (1954-1962), se joignirent bientôt des vautours venus d’autres aires (Etats-Unis d’Amérique, Angleterre, Allemagne, Chine, Algérie, Maroc etc.)
DÉFERLEMENT DES CONCURRENTS
Et ce fut le déferlement médiatique dans un seul et même sens : haro sur la Françafrique, « cette force abusive » charriant « corruption, marchés truqués, ventes d’armes aux dictateurs, corruption, concussion, complicités souterraines » avec des régimes violant les droits de l’Homme etc.
Et puis un jour ce fut fini, des titres parurent dans la « bonne presse » parisienne : « Fin de la Françafrique ! ». Les jeunes républiques noires allaient enfin pouvoir se développer tranquillement, débarrassées du « joug néo- colonial français », les droits de l’homme et la démocratie allaient enfin pouvoir s’appliquer en Afrique francophone. Partout s’installaient, signaient des contrats, Etats-uniens, Chinois, Marocains, etc. etc. Les désillusions ne furent pas longues à venir. Avant avec la France,
c’était mieux ? Fleurirent alors les articles en Afrique et en Europe aux titres étonnants : « Paris abandonne les Africains ; « la France laisse l’Afrique se débrouiller seule ». Bref, honte à « Maman France » qui a largué ses enfants subsahariens. Oui, mais trop tard : réseaux, liaisons, amitiés qui tissaient depuis un siècle et plus le tissu françafricain avaient été déchirés, piétinés par les droitsdelhommistes et les pêcheurs en eau trouble idéologique des deux ou trois continents.
DIEUX POUR UN SEUL HOMME
Maintenant on commence même à regretter les Senghor, Houphouët-Boigny (Photo, avec de Gaulle) et autres Omar Bongo, loyaux piliers disparus de la défunte Françafrique. C’est le moment, je crois, d’apporter mon filet de voix à ce concert, en republiant, sur la Toile de Je Suis Français, mon portrait de 1990 de feu le président Bongo.
Oh ! Ce n’était pas un saint mais – horresco referens par ces temps d’autodénigrement – il était francophile sans complexe et il aidait la France à préserver ses intérêts en Afrique, intérêts qui n’étaient pas opposés, bien au contraire, à ceux du Gabon (Photo avec Sarkory). Requiem pour la Françafrique donc et que Dieu ait l’âme d’Omar Bongo, peu importe que ce soit Jésus, Allah, l’Equerre, les Fétiches ou les quatre à la fois … Puisque Albert-Bernard alias Omar s’en remettait, nous disent ses familiers, à ces quatre recours … ■
Demain mardi : Bongo par Peroncel-Hugoz. Extrait de Villes du Sud, Payot Genève 1990).
Photo en page d’accueil ; Mitterrand et Houphouët Boigny.
Publié le 17.02.2021 – Actualisé le 1.08.2022