PAR PÉRONCEL-HUGOZ.
Retour à l’actualité d’une suite de 7 articles savoureux et instructifs sur les origines de la Françafrique, une histoire – vécue par l’auteur – dont l’actualité nous rappelle que – quoi qu’on en ait dit – elle n’est pas finie.
AU ROYAUME DE BONGO.
LIBREVILLE : et puis voici des banques et des palais !…
Apparemment la capitale du Gabon n’a rien à dire, fille avouée du seul argent, posée comme par étourderie, un jour de fièvre financière aiguë, au ras bord d’un rivage fin et résistant comme du papier-monnaie. Banques, hôtels, ministères et palais narguent tranquillement l’éventuel raz-de-marée : leurs coffres-forts sont garantis étanches. Le gouvernement donne le ton puisque est au pouvoir le PDG (Parti démocratique gabonais)… Le seul édifice du centre qui n’ait pas l’air d’un établissement bancaire est la mosquée chérifienne offerte par Hassan II, avec en prime une garde prétorienne pour Omar (ex-Albert-Bernard) Bongo, ainsi doublement récompensé de sa conversion à l’islam, en 1973, conversion au demeurant aussi insolite, dans ce pays chrétien à 96 % (dont 65 % de catholiques), que si le roi d’Espagne ou le président italien en faisaient autant… Il n’y a pas 5 000 musulmans sur le million d’habitants, et encore la plupart des membres de cet infime minorité sont originaires d’Etats sahéliens. Les Gabonais ne sont pas moutons de Panurge comme les Russes qui, vers l’an mille, changèrent en bloc de religion pour imiter leur prince, Vladimir le Grand devenu chrétien.
« Toutes ces comparaisons sont oiseuses », estimait un ancien ambassadeur de France à Libreville qui se flatte d’être ami d’Omar Bongo, « du moment que le vieux fonds de paganisme africain est heureusement resté bien vivace, sinon croyez-vous que le président aurait fait démolir sa nouvelle résidence de Franceville, dans sa province natale, sur le simple soupçon qu’elle était fétichée*. Et n’oubliez pas, pour compléter le tableau de la large tolérance gabonaise, que le président est au Grand-Orient bien que l’Islam actuel soit hostile aux francs-maçons ! » Quand la rente pétrolière a diminué c’est tout de même un « ramadan financier » que M. Bongo a annoncé à ses compatriotes… (À suivre, demain mercredi ) ■
* Le docteur Albert Schweitzer (1875-1965), prix Nobel de la paix 1952, fondateur du célèbre hôpital de Lambaréné au Gabon, écrit dans À l’orée de la forêt vierge (Récits et réflexions d’un médecin en Afrique-Équatoriale française), Albin Michel, 1952 : « Un fétiche se compose d’une série d’objets réunis dans un sachet, une corne de buffle ou une boîte. Ses éléments habituels sont des plumes d’oiseau rouges, des petits paquets de terre rouge, des griffes et des dents de léopard et… des clochettes européennes de forme ancienne provenant du commerce de troc du XVIIIe siècle (…) Il y a de grands et de petits fétiches. Un grand fétiche comprend d’ordinaire un fragment de crâne humain. Mais il faut que l’homme sur lequel on l’a prélevé ait été spécialement tué dans le but d’acquérir un fétiche >>.
Repris de Villes du Sud (Payot, Genève, 1990).
Publié le 18.02.2021 – Actualisé le 2.08.2022
Pour les amoureux de l’Afrique, superbe ouvrage
https://www.amazon.fr/Afriques-Panafrique-racines-%C3%A0-larbre/dp/2849224987/ref=sr_1_1?dchild=1&hvadid=80195698927049&hvbmt=be&hvdev=c&hvqmt=e&keywords=afrique+panafrique&qid=1613634656&sr=8-1&tag=hydfrmsn-21
Vous nous avez recommandé un livre, hier, avec un lien, comme on dit, pour en savoir plus. Nous l’avons ouvert. Et nos lecteurs qui l’auront voulu, en auront fait autant, votre commentaire étant en ligne. Nous vous en remercions.
La France Afrique n’a jamais cessé d’exister elle est convoitée par tous les faiseurs d’argent qui détournent des millions de subventions, d’aide venant des bailleurs à aux seuls profits des dirigeants que nous avons formés car issus des rangs de l’AOF et de l’AEF.
Le temps de la probité n’a pas encore atteint les nouvelles classes dirigeantes car elles se perpétuent de père en fils.
Triste destin pour cette Afrique bien malade que j’ai bien connu….
Il y a bien longtemps lu que , « l’ Afrique , c’est une noix de coco pourrie » , dans un article sur les liens entre la France et ce continent.