C’est, à propos des événements de l’actualité, un formidable travail de déconstruction de l’héritage révolutionnaire qu’accomplit Michel Onfray, étape après étape, média après média, non, parfois, sans quelques incohérences, mais toujours, en définitive, dans un même sens dont nous ne dirons pas qu’il est méthodiquement contre-révolutionnaire, mais qu’il est toujours hostile aux événements, comme aux racines idéologiques fondamentales de la Révolution en laquelle il voit – comme nous – l’origine des totalitarismes contemporains.
On écoutera donc dans cet esprit le court extrait que nous proposons ici où Onfray distingue la droite ou l’extrême droite du fascisme. De même qu’on lira dans notre publication suivante la première des deux tribunes qu’il vient décrire dans Front Populaire pour dénoncer le mythe robespierriste.
Deux ouvrages d’histoire des idées sur le sujet qui sont passionnants et vont dans ce sens : l’homme régénéré de Mona Ozouf, une grande spécialiste de la révolution française et la politique de la Terreur de Patrice Gueniffey. Il ne faut jamais oublier que chez les bolcheviques, la référence aux terroristes de 93 et aux Jacobins a été permanente et que c’est de là que vient le projet totalitaire de refaire l’homme à partir d’une table rase. Ce projet on le trouve sous une nouvelle forme aujourd’hui dans le wokisme avec son projet délirant d’effacer le passé.
Aux deux livres précités, on peut ajouter celui de Claude Quétel, « Crois ou meurs », publié en 2019, et celui plus ancien de Pierre Chaunu, « Le livre noir de la révolution française ». Aucun de ces livres n’auraient eu d’écho favorable dans les années précédents le bicentenaire de la Révolution. S’ils en ont aujourd’hui, c’est un peu grâce aux réformes successives des programmes d’enseignement de l’Histoire de ces trente dernières années. En les réduisant à presque rien, elles ont aussi, sans s’en rendre compte, heureusement, effacé le mythe d’une révolution globalement bénéfique et heureuse. On peut donc désormais envisager les choses différemment, sans être immédiatement accusé d’anti-républicanisme, et questionner légitimement les fondements d’une République née dans de telles circonstances. De même qu’on peut revisiter les dernières années de l’Ancien régime. La biographie de Jean-Christophe Petitfils, qu’il consacre à Louis XVI, est à cet égard très éclairante.