Par Antoine de Lacoste.
Voilà un communiqué qui devrait faire du bruit.
Amnesty International a enquêté sur les frappes russes effectuées depuis avril sur les fronts du sud (Mykolaïv) et de l’est, dans l’ensemble du Donbass. Et le constat, publié le 4 août, n’est pas tendre : « le fait de se trouver dans une position de défense ne dispense pas l’armée ukrainienne de respecter le droit international humanitaire » a ainsi déclaré Agnès Callamard, secrétaire générale d’Amnesty.
Le rapport précise que des civils ont été mis en danger par l’installation de bases militaires dans des hôpitaux ou des écoles et par l’organisation de contre-attaques depuis des zones où les civils vivent nombreux.
L’organisation précise notamment que des bases ont été installées dans des bâtiments civils dans 19 villes et villages du front concerné, et que des frappes avaient été lancées depuis ces zones résidentielles.
C’est une situation d’autant plus inacceptable que la plupart de ces installations étaient situées à des kilomètres de du front, précise l’ONG. D’autres options, qui ne mettraient pas en danger la vie des civils étaient donc possibles, ajoute-t-elle. Amnesty précise en outre qu’aucune consigne d’évacuation des civils n’avaient été données. Ses demandes d’explication auprès du ministère de la défense ukrainien sont restées sans réponse.
L’Ukraine a évidemment réagi et le chef de la diplomatie ukrainienne, Dmytro Kouleba, cité par Le Point, s’est déclaré indigné par ce constat « injuste » et, en bon dialecticien, inverse l’accusation et affirme que l’ONG participe « à une campagne de désinformation et de propagande » au service du Kremlin.
Amnesty international agent de Poutine, il fallait y songer mais dans cette guerre de l’information à laquelle nous assistons depuis le 24 février, plus rien ne nous étonne.
Jusqu’à présent, les voix qui détonnaient sur la guerre en Ukraine étaient systématiquement marginalisées et rarement invitées sur les grands medias, à de rares exceptions comme Sud Radio et « Bercoff dans tous ses états ». Les débats sur les plateaux des chaines d’information ont un côté fascinant depuis cinq mois: une sorte de surenchère irréelle entre généraux, journalistes, essayistes, anciens agents du KGB et spécialistes militaires autoproclamés nous expliquant gravement que Poutine était fou et isolé, que, bien sûr la Russie perdrait une guerre qu’elle avait déclenché sans aucune raison comme il se doit.
Ce communiqué sur la stratégie ukrainienne mettant en danger ses propres civils n’est pourtant pas une surprise. Il suffit de suivre quelque peu les opérations militaires pour constater qu’en effet les Russes doivent attaquer les villes et villages où se sont retranchés les soldats ukrainiens, et tant pis pour les civils.
Le communiqué d’Amnesty peut-il légèrement changer la doxa en vigueur ? Il est permis d’en douter.
Certes, la désinformation des guerres passées en Irak ou en Libye a été battue en brèche et la vérité a fini par se faire jour. Mais, des années après, tout reste à faire au Kosovo ou en Syrie où la pensée unique continue à triompher. Ce sera sûrement le cas pour cette guerre qui est géopolitiquement si importante et qui nécessiterait de vrais débats et non des slogans infantiles. ■
Antoine de Lacoste
Retrouvez l’ensemble des chroniques proche-orientales et géostratégiques ’d’Antoine de Lacoste parmi les articles de notre catégorie Actualité Monde.
Pour ceux qui savent ou trouver les bonnes informations, le communiqué de AI ne fait que confirmer ce que nous savions déjà depuis le début. Le chef de la diplomatie ukrainienne se comporte comme les politiques occidentaux à savoir le déni et l’avertion de la réalité!! Probablement un communiqué redigé par les communiquants de Biden.
Je rappelle ma note d’hier 4 août relative aux petites mines anti-personnel « saupoudrées » dans des zones résidentielles du Donetsk. Je les ai improprement appelées « papillon », c’est « tulipe » qu’il fallait lire. Il serait pertinent qu’Handicap International enquête sur ces graves soupçons, comme Amnesty vient de le faire pour les canons prétendument dissimulés dans les hopitaux et autres réservoirs à « boucliers humains ».
La guerre n’est pas une partie de foot bal. La France si elle était France devrait être neutre de ce conflit. Or son très cher président impérial s’est engagé. Nous les petits Français de souches et de papiers sommes pris dans un engrenage bien orchestré par les médias à solde. Français n’oublie pas que la guerre n’est jamais propre, qu’elle ne sert que les plus riches ou les dictatures, et qu’elle tue. Le monde humain se réorganise au dépend de l’Europe et de la France, nous , nous allons commencer par payer, pendant que nos députés ignares virevoltes ou si vous préférez virevoustes.