Par Pierre Builly.
Away we go, de Sam Mendes (2009).
Vraiment sympathique.
Voilà un film assez frais, assez lumineux, très sympathique, malgré les réalités et les cheminements qu’il croise, ou peut-être à cause d’eux, un film qui montre un couple plein de charme et surtout d’épaisseur humaine, qui ne dissimule ni ses failles, ni ses blessures, ni ses incertitudes, qui montre avec talent, mais sans pesanteur aucune, ses interrogations d’avenir et ses vraisemblables impasses, mais qui fait le bon pari de la confiance…
Burt et Verona (John Krasinski et Maya Rudolph, impeccables) forment un couple de trentenaires nullement marginal (ils travaillent tous les deux, ils ne paraissent pas avoir une attitude de rebelles), simplement un peu décalé dans le monde ; ils vivent au fin fond d’un coin plat et assez brouillardeux (le Connecticut ?), dans une petite maison inconfortable et s’en satisfont, apparemment.
Jusqu’au jour où Verona devient enceinte ; la nouvelle est suffisamment importante pour justifier un questionnement sur l’avenir du couple : faut-il, doit-on changer de maison, de région, d’habitat, améliorer des revenus stables mais modestes ? Est-ce qu’il existe un modèle familial préférable, meilleur pour le couple et l’enfant qui va naître ? Burt et Verona vont partir, un peu à l’aventure, pour essayer de voir plus clair.
Ce road movie les conduit successivement à proximité de chez eux, chez les parents de Burt, monuments d’égoïsme jovial et de parfaite indifférence au futur des jeunes gens ; puis à Phoenix (Arizona) chez une ancienne amie de Verona, Lily (Allison Janney, absolument remarquable) qui forme avec son mari Lowell et deux enfants déjà obèses et haineux une famille désespérante et dézinguée ; ensuite, c’est Tucson, toujours en Arizona, où vit Grace (Carmen Ejogo), la ravissante sœur de Verona, qui n’est vraiment pas très amoureuse de son petit ami…
Départ pour Madison (Wisconsin), où enseigne une amie de Burt (Maggie Gyllenhaal), richissime irresponsable adepte, avec son compagnon (Josh Hamilton), d’un mouvement pédagogique lunaire et cinglé, le continuum (qui proscrit, pour l’éducation des enfants, le sucre, la séparation et… les poussettes) ; moment très drôle où Burt, excédé par le couple sectaire, fait faire à un de ses enfants une virée en poussette sous les hurlements de la mère affolée).
Dès lors, qu’est-ce qui reste que l’évidence du constat que Burt et Verona n’ont besoin ni de modèles, ni d’exemples, ni de recettes, ni de trucs, mais simplement d’eux-mêmes et de l’enfant qui va venir ? La douceur du retour…
Vraiment très agréable film, qui ne manque ni d’humour, ni de gaieté… ■
DVD : autour de 8€.
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