Par Bruno Lafourcade.
Ce billet bienvenu, bref et décapant est paru sur la page Facebook de son auteur le 29 août.
« Il faut changer de mentalité, a dit Sandrine Rousseau : manger une entrecôte cuite sur un barbecue ne doit plus être un symbole de virilité. »
Il faut avoir vu des maris remuer, dans un geste freudien insupportable, des saucisses sur une plancha, en pérorant sur les résultats OM/PSG, pour y reconnaître la horde primitive discutant, autour du feu, de leur dernière chasse au mammouth.
Les chercheuses les plus avancées comme Priscille Touraille* l’ont prouvé : les mâles paléolithiques se réservaient l’épaule, le jarret et le filet mignon, et abandonnaient la joue, la couenne et le foie à leurs femelles. Privées de protéines depuis l’Aurignacien, moins grandes et moins musclées (voir photo), elles ne purent devenir tourneurs-fraiseurs, ni composer la “Symphonie n°5 en do dièse mineur”.
Mais, pendant que les hommes protéinés inventaient le barbecue, la chaise électrique et la guerre en Ukraine, elles se réservaient l’empathie, l’élevage des enfants et l’autofiction. Depuis, elles ont créé le régime “Comme j’aime” pour que leurs compagnons deviennent aussi minces qu’elles, car la femme est l’avenir de l’homme déconstruit, végan et biodégradable. ■
* Dans sa thèse de doctorat en ethnologie et anthropologie sociale, soutenue en 2005, à l’EHESS, sous la direction de Françoise Héritier.
Écrivain et homme politique Bruno Lafourcade a publié des romans, des essais et des pamphlets ; il a écrit des notes critiques, notamment pour La Revue littéraire, et tient une rubrique, « Nos figures », dans la revue Éléments ; il publie aussi, sur son blog, des textes brefs.
Je suis tout à fait d’accord avec Sandrine Rousseau dans sa dénonciation du barbecue, mais je la trouve un peu frileuse dans sa critique de la domination du mâle blanc. Peut-on encore supporter longtemps la présence de cet effarant symbole phallique qu’est la Tour Eiffel, qui se dresse orgueilleusement dans le ciel de Paris, humiliant par là-même toutes les femmes, y compris les trans. Et que dire des flèches de nos églises gothiques, cumulant la double tare d’être des symboles phalliques et des vecteurs de l’obscurantisme religieux ? Pour ne pas parler du sommet du Mont Blanc ! Je rêve avec Sandrine Rousseau d’une France aplanie où il n’y aurait plus que de douces collines rappelant les seins des femmes (y compris les trans), où les hommes enfin déconstruits pourraient allaiter leurs bébés, en se nourrissant de guimauve, où la consommation de viande aurait été interdite (sauf la viande halal parce que cela concerne alors les dominés, auxquels il ne faut surtout pas toucher).
Soyons sérieux un moment. On pourra remarquer que cette harpie n’a jamais un mot pour dénoncer les mariages arrangés, les mutilations sexuelles des femmes africaines sur notre sol. Bien sûr, la faute n’en incombe pas au mâle blanc hétérosexuel, donc il ne faut surtout pas en parler. Le néo-féminisme woke ou l’indignation à géométrie très variable.
Merci Jean de Maistre tout est dit
Bien cordialement