PAR RÉMI HUGUES.
Le riche homme d’affaires a aussi pointé du doigt qu’il n’y avait pas que les paparazzi qui traquaient le couple Dodi-Diana : les services secrets aussi. Deux chefs du MI6, Richard Spearman et Nicolas Langham, étaient présents à Paris au moment du drame. Le couple était aussi sous l’étroite surveillance de la CIA, qui surveillait Lady Di de près, en raison de son combat contre les mines anti-personnel, qui ne pouvait que nuire aux intérêts du complexe industrialo-militaire américain[1].
Les États-Unis, via la National Security Agency, transmettaient à leur allié britannique les conversations privées des deux amants. Gordon Thomas indique : « À son entrée dans la vie de Diana, Dodi était tombé automatiquement dans le collimateur d’ECHELON[2]. Sans que l’un ou l’autre des amants en eût conscience, chacune de leurs conversations, aussi intime fût-elle, était discrètement enregistrée par les satellites d’ECHELON. »[3]
Cette relation conjugale revêtait une dimension géostratégique – il fallait savoir s’ils allaient se marier, si Diana Spencer était enceinte –, d’autant plus que la famille al-Fayed était liée au monde des marchands d’armes.
La présence d’une Fiat Uno blanche sur le lieu du drame fit couler beaucoup d’encre[4] : à son bord un agent du MI6 couvert par la police française et le « grand-frère » américain parvint-il à faire en sorte que la Mercedes du couple se tamponne contre l’un des poteaux du pont de l’Alma ?
Un ancien cadre de Scotland Yard, John MacNamara, fut chargé par al-Fayed père de mener une enquête parallèle. À Genève il rendit visite à un ex-officier du MI6, Richard Tomlinson qui lui déclara avoir lu dans le quartier général de l’espionnage britannique un texte consistant à planifier l’« assassinat du président serbe Milosevic – plan qui comportait de troublantes similitudes avec la façon dont Lady Di et Dodi avaient trouvé la mort. Le document précisait que ‟l’accident” devait avoir lieu dans un tunnel, où les chances de blessure mortelle sont plus élevées. Il recommandait l’utilisation d’un rayon laser de forte puissance, susceptible d’aveugler temporairement le chauffeur du véhicule cible. »[5]
C’est en 2013 que cette piste a été relancée, lors du procès d’un certain Danny Nightingale, un militaire. Ses beaux-parents ont indiqué que ce dernier aurait confié à son ex-femme que son unité aurait organisé un faux accident. Scotland Yard ne considéra pas que cet élément nouveau devait amener à une réouverture de l’enquête.
Puis en 2017 un octogénaire se disant ancien agent du MI5 – le renseignement intérieur britannique – a avoué avoir assassiné la princesse Diana. Au seuil de sa vie, John Hopkins aurait ainsi voulu soulager sa conscience[6].
En 2019 a été indiquée publiquement l’identité du chauffeur de cette fameuse Fiat blanche : ce serait un maître chien qui rentrait de son travail. Après le crash, il se serait enfui et aurait très vite repeint grossièrement en rouge la carrosserie de sa voiture, afin d’échapper aux radars de la police. Son nom est Le Van Thanh. Il est d’origine vietnamienne, comme son nom l’indique, alors que les témoins dirent y avoir aperçu – avec un gros chien – un « homme européen »[7]. Bizarrement, Le Van Tanh « a révélé que les autorités françaises lui avaient ordonné de ne pas témoigner auprès de la police britannique »[8].
Or un rapport du Mossad ne corrobore pas une telle version. Le voici, traduit en français par nos soins, qui relate en détail les dernières heures de Lady Di :
« Paul était très confiant. Il dit que l’hôtel fournirait deux Range Rovers utilisées comme leurres pour les paparazzi qui étaient postés à l’entrée. Cela lui laisserait suffisamment de temps pour filer. Rees-Jones, a-t-il été rapporté, dit : « le plan me paraît bon ».
Minuit 15 (dimanche 30 août). Dans le vestibule de l’hôtel Henri Paul, par un coup de téléphone, fit partir les deux voitures-leurre.
Minuit 19. Les deux voitures-leurre vrombissaient place Vendôme, face au Ritz. Les paparazzi partirent à leur poursuite.
Minuit 20. À l’entrée arrière de l’hôtel Paul arriva avec la Mercedes. Il avait été vu par l’un des témoins oculaires que le Mossad interrogea ultérieurement en train de ‟taper nerveusement ses doigts sur le volant”.
Minuit 21. En haut de la rue Cambon, un agent du Mossad surveillait. Il indiquera plus tard qu’une ‟Fiat Uno blanche passa en haut de la rue.” Le rapport du Mossad affirme que dans cette voiture il y avait deux officiers de la DST (Direction de surveillance du territoire). […]
Minuit 22. La Fiat Uno blanche passe au feu vert place de la Concorde. La Mercedes d’Henri Paul est contrainte de s’arrêter temporairement au feu rouge.
Minuit 23. La Mercedes approche du pont de l’Alma. Henri Paul voit certainement l’Uno blanche devant lui.
Minuit 24. La Mercedes, roulant à très vive allure, atteint le creux de l’entrée du tunnel. […] Un peu après, selon le rapport du Mossad, l’Uno blanche a été conduite du côté de l’avenue Montaigne. Un camion l’attendait, il abaissa sa rampe. L’Uno fut amenée sur la rampe. Les portes du camion furent fermées. Quelques heures plus tard l’Uno fut agrippée par les pinces d’un broyeur. En un tournemain elle devint un amas de métal broyé, impossible à identifier. »[9] ■ (À suivre)
[1]Gordon Thomas, Gideon’s Spies, New York : Saint Martin’s press, 2015, p. 23.
[2]C’est « un des systèmes d’interception les plus sensibles et les plus confidentiels de la NSA. Ce réseau électronique global affiche des capacités proprement stupéfiantes. Il permet de coupler des satellites à une batterie d’ordinateurs à haute vitesse. Le système permet à la NSA et à ceux avec qui elle veut bien partager ses informations – les services secrets britanniques, par exemple – et ce en temps réel En traquant les mots-clés dont on l’a nourri, ECHELON est capable d’identifier et d’isoler tous les messages susceptibles d’intéresser ses utilisateurs. », Gordon Thomas, Histoire secrète du Mossad, op. cit., p. 21.
[3]Gordon Thomas, ibid., p. 22.
[4]Cf. notamment cet article de Marc Roche, Le Monde, 27 août 2007.
[5]Cité par Gordon Thomas, Histoire secrète du Mossad, op. cit., p. 20-21.
[6]https://www.dailystar.co.uk/news/latest-news/princess-diana-death-mi5-agent-16961110 La vidéo du témoignage supposé est disponible ici : https://www.youtube.com/watch?v=cTTaTA0n6Ko&feature=emb_title
[7]https://www.lorientlejour.com/article/248261/Deces_Diana_%253A_la_these_de_la_Fiat_Uno_blanche_se_renforce.html
8]https://www.sudinfo.be/id142624/article/2019-09-23/ny-allez-pas-les-graves-revelations-du-conducteur-de-la-fiat-uno-blanche-sur-la
[9]Gordon Thomas, Gideon’s Spies, op. cit., p. 23.
À lire de Rémi Hugues Mai 68 contre lui-même (Cliquer sur l’image)
© JSF – Peut être repris à condition de citer la source
Vive le Mossad qui vient ici mettre le grain de sel fameux sur cette affaire qui a passionné les foules et les passionne encore… M’est avisss que ledit Mossad devait travailler à surveiller la pureté sanguine des descendants des tribus perdues, sinon, comment expliquer qu’il eût tant et plus été sur les talons de la circulation de Lady Diana en automobile… Le Mossad la suivait-il donc constamment ? Ou bien ne l’a-t-il suivi qu’à cette occasion ? Et pis voilà que l’encore Mossad rendrait accessibles des informations susceptibles de gêner aux entournures les services secrets britanniques…
Sans se prononcer sur le cas d’un attentat ou non, il y a lieu de s’interroger sur la pertinence des éléments mis à disposition du populo…
Par ailleurs, pour répondre un tantinet aux si dignement raisonnables contempteurs du «complotisme» qui se sont exprimés hier, ici, je me permets de leur rappeller que toute l’Histoire moderne (en tout cas, depuis quelque 2000 ans) est constituée d’une suite ininterrompue de complots ; je ne vois décidément pas comment il aurait pu se faire que, tout soudain, plus le moindre comploteur ne vienne à traîner dans les parages…
Quant à ceux qui vilipendent ce qu’il fut convenable d’appeler les «antivax» (ou quelque chose comme cela), je me permets de leur rappeler la formule de Chesterton : «N’en déplaise aux libres-penseurs, je persiste à me considérer comme libre de penser.» Formule dont je ne me rappelle plus où on peut la trouver ; ce qui ne signifie évidemment pas que quiconque l’eût fabriquée de toutes pièces, sauf à ce que le quiconque ait été passablement bien inspiré.
Cela me remet en mémoire ce qu’annonçait autrefois le grand Roger Blin (acteur et récitant admirable, metteur en scène) aux comédiens réunis pour préparer le travail sur «Macbeth» au Théâtre National de Strasbourg (novembre 1971) – il faut se figurer le propos formulé par un bègue (tout comme comme Louis Jouvet, «dans l’civil», Roger Blin était bègue) : «On croit généralement que “Macbeth” a été écrit par un type nommé William Shakespeare ; c’est totalement faux. En vérité, le drame a été écrite par un tout autre bonhomme… qui répondait également au nom de William Shakespeare.»
Comme à l’époque, ce trait me comble toujours autant d’aise. Je me le répète fréquemment, ce qui permet de corriger certaines idées toutes faites dont je pourrais naïvement croire que je me les serais faites moi-même…