La Reine n’est plus, la Reine est morte. Ce n’était pas notre reine, et pourtant les Français se sentent en deuil car ils regrettent obscurément leur propre Roi et ce qu’il représentait. Un monde s’écroule. Il y avait la Reine, comme nous avons eu avant la funeste Révolution le Roi. Elle était une femme exceptionnelle, précisément parce qu’elle avait accepté sa charge, sa mission en offrant sa vie à la tête d’un empire déclinant.
Élisabeth II incarnait la permanence des institutions supérieures de l’État, inaccessibles aux aventuriers de passage et qui donnent son unité au pays. Nous, Français, ne pouvons nous empêcher d’envier les Anglais qui ont gardé une monarchie respectée dans le monde, certes sous une forme réduite qui ne saurait être la forme française, mais capable quand même d’inscrire toute une nation dans la continuité et donc dans l’Histoire.
D’autant que la longévité de la reine Élisabeth lui a permis d’être le témoin de soixante-dix ans de l’histoire du monde, durant lesquels, loin de se contenter de jouer un rôle de simple figurante, elle a su se comporter très honorablement, devenant pour le peuple Britannique un exemple et un sujet d’admiration.
C’est pourquoi l’Action Française rend hommage à cette Reine qui aura si bien tenu sa place dans cette fiévreuse planète, et adresse au roi Charles ainsi qu’au peuple britannique ses plus sincères condoléances. La Reine est morte, vive le Roi ! ■
Traversée des villages écossais vers Edinbourg.
Pourquoi la monarchie parlementaire ne serait-elle pas possible en France ? C’est ce vers quoi tendait le régime lorsque la disparition du grand Dauphin est venue tout remettre en question. Puis à la Restauration l’assassinat du duc de Berry ; puis la mort accidentelle du duc d’Orléans etc.
J’approuve le communiqué de l’Action Française en émettant une modeste réserve cependant quant à ce que pourrait être une monarchie française qui ne saurait avoir la forme britannique selon, a contrario, ce qui est exprimé dans le communiqué.
Je suis intimement convaincu qu’une monarchie en France si elle était rétablie trouverait beaucoup de bénéfice à s’inspirer grandement du modèle britannique qui par son pragmatisme, sa modération, sa dignité et une forme de modestie sur le fond a su la rendre acceptable pour le peuple et lui permettre de perdurer.
Postérieurement à la Révolution, les diverses restaurations monarchiques en France (à l’exception de celle de Louis XVIII) ont échoué parce que le roi voulait prendre trop de pouvoir politique comme une revanche contre la Révolution (Charles X) sans avoir su se faire aimer par le peuple pour le sauver d’un mauvais pas (Louis-Philippe). Je laisse de côté le Premier et le Second Empire qui ont échoué à cause des guerres perdues par excès d’ambition (Napoléon Ier) ou insuffisante préparation de son armée (Napoléon III).
Cela dépend : entendez-vous par là une monarchie où le pouvoir serait détenu par le Parlement ? Elle est possible en France, mais pas souhaitable à mon avis. Notre tempérament national préférerait plutôt une monarchie où le trône ne serait pas un fauteuil vide (comme disait Guizot).
Vous pensez par ailleurs que le grand Dauphin aurait désiré une telle évolution ? Je suis surpris de l’apprendre et cela m’intéresse.
Dans la ligne de mon commentaire d’hier (voir plus haut), j’ai lu une libre opinion de Jean Garrigues dans Le Monde des 11 et 12 septembre, intitulée « La reine d’Angleterre, une leçon d’incarnation pour les présidents français » – pardon par avance à ceux des lecteurs de JSF qui abominent ce quotidien néanmoins écrit en bon français – dans laquelle sont comparés les mérites d’une monarchie dont le souverain ne dispose que du droit d’être consulté, d’encourager et de mettre en garde, ce qui paraît dérisoire, en face de l’omnipotence de l’hyperprésidence du chef d’état à notre mode républicaine. Le résultat étant qu’avec peu de pouvoirs en théorie, un monarque digne et avisé peut maintenir l’unité d’une nation et s’en faire aimer mieux qu’un président élu au suffrage universel.
Il y a eu aussi un texte formidable de Gilles-William Goldnagel dans « Le Figaro ».